L'HOMME QUI VECUT DEUX FOIS
Vo. I’ve Lived Before
Année : 1956
Pays : Etats-Unis
Genre : fantastique
Durée : 1 h 28 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Richard BARTLETT
Scénario : Norman JOLLEY, William TALMAN
Acteurs principaux :
Jock MAHONEY (John Bolan), Leigh SNOWDEN (Lois Gordon), Ann
HARDING (Jane Stone), John McINTIRE (Dr. Thomas Bryant), Raymond BAILEY (Joseph
Hackett), Jerry PARIS (Russell Smith), Simon SCOTT (Robert Allen).
Musique : Herman STEIN
Photographie : Maury GERTSMAN
Producteur : Howard CHRISTIE
Compagnie productrice : Universal International Pictures
(UI)
Avions :
- - Douglas DC-2-142/R2D-1, « N28569 »
- - Moth DH-60GM Gipsy Moth, N916M
Notre avis :
Voltaire disait : « La résurrection est une idée toute naturelle ; il n'est pas plus étonnant de naître deux fois qu'une ». Le réalisateur du film connaissait sans doute cette citation qui est à la base du scenario…
En avril 1918, en France, le pilote de chasse Peter Stephens est abattu. En 1931, à Schenectady, aux Etats-Unis, lors d’un meeting aérien, un jeune garçon de 12 ans, John Bolan, fait atterrir un avion de façon parfaite et avoue n’avoir jamais pris de leçons de pilotage. Des années plus tard, Bolan, commandant de bord de la compagnie « Federal Airways » part pour New-York. Dans la cabine il remarque une passagère, Jane Stone, en place 2B, qu’il croit avoir déjà vue. Questionnée plus tard, elle lui avoue qu’elle ne le connaît pas et n’a jamais pris l’avion. Mais cela l’intrigue alors qu’il pilote. En approche de New-York, il est subitement perturbé et il se voit en train d’être abattu par un chasseur pendant la première guerre mondiale ! Il pousse à fond le manche en avant et ce n’est qu’en le mettant KO que le copilote parvient à faire atterrir l’avion sur le ventre, sans aucun blessé à bord. Bolan finit par reprendre ses esprits à l’hôpital, mais il a encore des souvenirs du pilote décédé de la Première Guerre mondiale et se sent la réincarnation de cet homme. Un des amis vérifie les informations données par John et découvre que le pilote abattu était un certain Peter Stevens. John ne veut pas passer sa vie à être hanté par cet homme qu'il n'a jamais connu, et croit que la passagère Jane Stone est la clé de ce qui se passe, puisque la voir et sembler la reconnaître est ce qui a provoqué son "attaque" dans le poste de pilotage. La fiancée de Bolan, Lois Gordon, rencontre cette femme qui accepte de se rendre à New York dans le cabinet du Dr Thomas Bryant. John se rappelle que Stevens avait donné à sa fiancée un bijou. C’est alors que Jane Stone lui confie qu’elle était fiancée à Peter Stevens ! Elle sort de son sac un bijou qu’il lui avait offert et demande à John de le décrire sans lui montrer. C’est ce qu’il fait précisément ! Le Dr Bryant en conclut que tout est possible et que les recherches sur ce problème doivent continuer…
Ce film centré sur un pilote de ligne s’intéresse uniquement à ses problèmes psychologiques. Au bout de onze minutes, plus d’avions, et tout le reste du film va se passer à l’hôpital, dans des salons ou dans des bureaux où ont lieu de longs dialogues sur la possibilité pour une personne de commencer une nouvelle vie et d'innombrables débats sur l'état psychique du pilote.
Les avions du film :
Les premiers avions aperçus avant le générique, nous emmènent en avril 1918 en « France », à « Villars », une commune située dans l’Eure-et-Loir, bien loin du front.
Les avions sont extraits des films « Hell’s angels » (1930) et « Ace of aces » (1933) dont les images sont mélangées. On reconnait ainsi un Sikorsky S-29 entouré de chasseurs virevoltant, puis, des Waco INF « français » (vu les cocardes) rompant leur formation pour attaquer les Allemands. Peter Stephens /Bolan se heurte à un Fokker D.VII, qui l’abat. L’aile de l’avion abattu, au sol, montre une étoile américaine qui avait été remplacée en février 1918, par une cocarde tricolore (centre blanc, milieu bleu, extérieur rouge.)…
Le jeune Bolan, en 1931, atterrit parfaitement, en légère glissade, sur le terrain de « Schenectady » avec un Moth DH-60GM Gipsy Moth, immatriculé « N916M ». Construit en 1929 (c/n 117), aux USA par la Moth Aircraft Co. à Lowell (Massachusetts), son premier propriétaire fut en 1930, L.C. Wilson, de Berkeley (CA). En 1932, il fut vendu à Leroy Youngman, de Crocket (CA) et en février 1941, à Arrigo Balboni, surnommé “The Flying Junkman”, un récupérateur d’épave de Los Angeles. L’avion démantelé, fut acquis en 1946 par Edmund L. Clark Jr. de Torrance (CA). Après avoir été stocké, il fut restauré utilisant les pièces d’un autre Gipsy Moth « NC236K ». C’est alors qu’il apparut en 1956 dans le film. En 1956, il était la copropriété d’Edmund Clark et de l’acteur/pilote Hank Coffin basé au Whiteman airport (CA) qui le pilota dans le film « Tarnished angels » en 1957. En 1961, l’avion volait avec le nom d’ « HoneyBabe ». En 1964, il fut remis au nom d’Edmund L. Clark, puis, fin 1970, à celui de Gary E Clark de La Cresenta (CA). Mais il fut gravement endommagé quand Ed Clark se crasha à ses commandes lors du tournage de l’épisode 1.12 « The Return of Estaban » de la série TV « Bearcats ! ». Radié en juillet 1978, son épave fut stockée. En septembre 2006, elle fut acquise par David A Watson, de Santa Paula (CA) qui l’entreposa dans les ateliers de son entreprise. En mai 2016, il la vendit à Bruno Rodrigues de Sao Paulo et elle fut livrée en octobre 2016, en vue de sa reconstruction. Mais on ne sait ce que l’avion est devenu depuis…
En arrière-plan, près de la banderole « Air Show Today », se trouve un biplan, ressemblant fort à un Waco 10.
Le commandant Bolan de « Federal Airways » embarque sur l’aéroport de Van Nuys (CA) (vu l’arrière-plan), dans un Douglas DC-2 hybride. Il possède une dérive modifiée avec une arrête frontale comme un DC-3, mais son gouvernail est bien celui d’un DC-2. Ces détails particuliers permettent de l’identifier, alors que son matricule « N28569 » est faux. Il s’agit du DC-2-142, construit en 1934, à Santa Monica (CA) comme un Douglas R2D-1 (c/n 1404) pour l’US Navy qui le réceptionna à Anacostia (Washington DC) le 7 septembre 1934, avec le BuNo. « 9993 ». Déclaré surplus, le 8 août 1944, il fut vendu en janvier 1946 à Hollingstead Corporation avec le matricule « NC39165 ». En 1953, il fut acheté par North American Aviation, puis, en août 1954, par D. W. Mercer ; en août 1955, il fut mis au nom de sa compagnie charter Mercer Enterprises de Van Nuys (CA), toujours avec le même matricule. C’est alors qu’il apparut dans le film, portant le nom de la compagnie fictive « Federal Airlways ». Quelque mois, plus tard il participa au tournage de « Back from eternity » avec son vrai matricule. En septembre 1968, il fut revendu à un collectionneur d’avions anciens, Colgate W Darden III, de Cayce (SC).
En septembre 1983, il rejoignit en vol Amsterdam avec le matricule néerlandais « PH-AJU », le numéro « 44 » et le nom « Uiver », pour commémorer le 50ème anniversaire de la course aérienne Londres-Melbourne de 1934. L’arête de sa dérive était enlevée, les antennes du cockpit modifiées et deux phares étaient installés dans le nez de l’appareil, comme l’original construit par Fokker. L'avion représentait ainsi celui de la KLM utilisé dans cette course et qui arriva en seconde place. Le vrai « PH-AJU » fut détruit dans un accident en Irak, peu après la course. Après son retour de Melbourne en mars 1984, le « PH-AJU/N39165 » fut exposé sur l’aéroport de Schiphol. En 1999, il fut vendu au musée néerlandais Aviodrome de Lelystad où il était maintenu en état de vol. Depuis septembre 2011, il est au nom d’Aircraft Guaranty Corporation Trustee d’Oklahoma City (OK), toujours avec son matricule d’origine (N39165). En 2023, il était garé dans un atelier du musée Aviodrome, sans ses capots moteurs et n’avait pas volé depuis 2016.
Quand Le DC-2 vole, pique vers le sol et se pose sur le ventre, il est remplacé par une maquette. Notons qu’un DC-2 comme un DC-3 pouvait atterrir sur le ventre sans trop de dégâts, les roues de leur train principal restant en partie sorties, une fois le train rentré. En outre, leur roulette de queue n’était pas rétractable.
Les vues de la cabine n’appartiennent pas à celle d’un DC-2, dont la cabine n’a que deux sièges de front. Elles ont donc été prises dans celle d’un DC-3.
Christian Santoir
*Film disponible sur YouTube
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