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L’AUTRE AILE

 L’AUTRE AILE

 

Année : 1923
Pays : France
Durée : 1 h 15 min.
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur : Henri ANDREANI
Scénario : Ricciotto CANUDO, Charles-Félix TAVANO

Acteurs principaux :
Marthe FERRARE (Hélène Tarnière), André BERTOUX (Raymat) Claude FRANCE (Comtesse d'Aibet), Jean MURAT (Robert Vraie), Charles VANEL (Gaston Lager), Mary HARALD (Diane de Kenn)

Photographie : Albert COHENDY, André DANTANProducteur : A. Dal MEDICO
Producteur : A. Dal MEDICO
Compagnie productrice : Dal Films

Aéronefs :
- Blériot-SPAD 33, F-FRES
- Blériot-SPAD 33, F-FREA, en arrière-plan
- Bleriot-SPAD 33, F-FREN, en arrière-plan
- Bleriot-SPAD 33, F-FRER, en arrière-plan
- Breguet 14T bis, F-ADBO, en arrière-plan
- Caudron C.61, F-AFCQ
- Dorand AR.1, F-CAFU, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-ADAY, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-AEEE, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-AEFN, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-FARH, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-FHMY, en arrière-plan
- Farman F.60 Goliath, F-GEAO, en arrière-plan
- Farman F.61 Goliath, F-AECU, en arrière-plan
- Farman F.61 Goliath, F-AEFC, en arrière-plan
- Farman F.70 F-AEFD, en arrière-plan
- Handley Page W.8, G-EAPJ, en arrière-plan
- Morane-Saulnier type AV (MS 39)
- Morane-Saulnier AR.35, F-ADCY, document
- Nieuport-Astra 29C1, F-ADD, document
- Potez IX, F-ADBG
- SPAD 42, F-AEHO
- Zodiac type Vedette, document

 

Notre avis ;

 Ce film muet, sorti moins de cinq ans après la fin de la guerre de 14-18, soi-disant « la Der des Ders » (un vœu pieux…), montre derrière une histoire d’amour, l’évolution de l’aviation de l’après-guerre avec la concurrence acharnée des compagnies de transport nouvellement créées, celle des constructeurs d’avions, le sort difficile des pilotes démobilisés et l’intérêt accru des femmes pour l’aviation.

 Hélène Tarnière est une jeune femme amoureuse d’un pilote, Raymat, qui se tue lors d’une exhibition aérienne. Totalement traumatisée par le décès de son amant, elle cherche un moyen de surmonter sa douleur. C’est alors qu’elle décide de devenir pilote ! Le directeur d’une compagnie d’aviation, Robert Vraie, accepte d’être son moniteur. Dès qu’elle aura son brevet, elle restera dans sa compagnie. Mais une forte jalousie s’installe alors entre Vraie et son ami Gaston Lager, un pilote d’une compagnie concurrente, également attiré par Hélène. Sa maîtresse, Diane de Kenn, va tout faire pour saccager la carrière d’Hélène. Avec la complicité d’un mécano qu’elle a séduit, elle fait incendier son avion dans un hangar. Puis, lors d’une compétition d’avions commerciaux, Vraie et Lager vont s’affronter dans des exercices acrobatiques, puis lors d’un raid Paris-Nice, aller et retour. Mais Diane a fait saboter l’avion de Vraie qui s’écrase peu après son décollage. Lager se précipite sur le lieu du crash et parvient à extraire Vraie de l’épave. Vraie s’en sort avec de légères blessures. Les liens avec son ancien ami se sont recréés. Vraie reste avec Hélène qui va s’occuper de lui, et, peut être, oublier son ancien amant…

 Le roman, dont s’inspire le scénario (« L’autre aile » de Ricciotto Canudo, publié en 1922), et le film rappellent la fascination qu'ont pu exercer les aviatrices de l’après-guerre, telle que Raymonde de La Roche (dont les beaux atours évoquent ceux créés par le couturier Paul Poiret pour le film), Marie Marvingt ou encore Adrienne Bolland, qui traversa la Manche, puis la Cordillère des Andes en 1920. Sa coiffure ébouriffée semble avoir été copiée par Hélène.

 Les anciens pilotes héros de la guerre devaient se reconvertir en pilotes de spectacle, de raid, de transport ou en pilotes d’essais. Ce fut le cas d’Albert Deullin qui pilota les avions du film. Commandant de la Spa 73 en 1917, c’était un as ayant remporté vingt victoires homologuées. Deullin était en 1923, chef pilote de la Compagnie Franco Roumaine de Navigation Aérienne qui prêta quatre de ses avions pour le tournage ; ils ont été filmés au sol, dans les hangars de la compagnie ou en vol. Ce film est pour Deullin quelque peu prémonitoire, puisqu’il perdit la vie le 29 mai 1923, peu après la fin du tournage, en essayant un prototype de chasseur (SAECA De Marcay type 4) !

 Le tournage eut lieu en mai 1923 sur l’aéroport du Bourget où étaient basées de nombreuses compagnies de transport, dont la Franco Roumaine, mais aussi Air Union, la Cie Aérienne Française, la Cie des Grands Express Aériens, la Cie des Messageries Aériennes (CMA), dont on aperçoit les avions au sol. Plusieurs scènes furent filmées devant le vrai petit bâtiment en planches abritant les bureaux de la Compagnie des Messageries Aériennes et de la Compagnie Franco Roumaine et qui, dans le film, passent pour ceux de la compagnie de Vraie.

 Le consultant aéronautique du film était le commandant Antonin Brocard, l’ancien chef des « Cigognes » en 1915. Le principal acteur, Jean Murat, fut pendant la guerre, pilote de bombardier, à la Br 129, en 1918.

 

Les avions du film :

 Cinq avions furent utilisés par la production :

 Le principal est le SPAD 42 « F-AEHO »  (c/n 3), un des dix construits, enregistré en novembre 1922 au nom de Pierre Claret de Fleurieu, le fondateur de la compagnie Franco Roumaine de Navigation Aérienne (CFRNA), basée à Paris/Le Bourget. Notons que Pierre de Fleurieu était un ancien pilote de chasse qui, blessé, avait été amputé du bras droit ce qui ne l’empêcha pas de piloter après la guerre. En octobre 1927, l’avion changea de propriétaire. Il fut rayé des registres en novembre 1934. C’est l’avion dans lequel se tue Raymat, mais on le revoit plus tard, notamment quand Hélène fait son premier vol solo avec…Avant de percuter le sol, avec son moteur en feu, il est remplacé par un avion bizarre ressemblant fortement à un Hanriot HD.3 (vu sa dérive et son moteur en étoile), mais avec un train de Breguet XIV muni de roues minuscules qui le rendent dysfonctionnel. Il porte le matricule du SPAD (est-ce une maquette ?).

 Robert Vraie s’envole à bord d’un avion de sa société, un Potez IX. Il fut immatriculé en juillet 1921 « F-ADBG » (c/n 159) au nom de la Cie. Franco-Roumaine de Navigation Aérienne. Il sera radié en juin 1924, suite à un accident survenu en Pologne, près de Zdonskawla. Sur les 17 construits, la CFRNA en reçut 13. Le prototype fut piloté par Albert Deullin.

 Vers la fin du film, c’est un trimoteur Caudron C.61 qui est filmé au sol, de nuit et que Vraie doit piloter. Sur les 12 appareils construits, six furent acquis par la CFRNA et entrèrent en service en 1923 pour les vols de nuit entre Belgrade et Bucarest. C’est le « F-AFCQ », (c/n 11/5377) acquis en avril 1923 par la Cie Franco-Roumaine. En octobre 1927, il sera mis au nom de la Cie Internationale de Navigation Aérienne (CIDNA), le nouveau nom de la Franco Roumaine depuis 1925. Il fut détruit en novembre 1929.

 Toujours, vers la fin du film, Lager embarque dans un Blériot-SPAD 33 « F-FRES » (c/n 35/3059) de la Cie Franco-Roumaine. Avant de rejoindre cette compagnie, il avait été exposé au 7ème Salon de l’Aviation du Grand Palais, en novembre 1921. Accidenté le 20 août 1923, son fuselage aurait été utilisé pour construire le SPAD 46 « F-AGAY ».

 Le cinquième avion utilisé par le tournage est le très rare et unique Morane-Saulnier type AV (MS 39), tout blanc, un avion offert à Hélène. Il fut présenté au Salon de l’Aviation de 1922 et fit son premier vol le 24 avril 1923. Dans le film, Hélène nous montre sa cabine et son cockpit avec un seul manche à gauche et un tableau de bord plutôt succinct. Le panneau carré dans son centre contient tous les instruments moteurs et se retire avec le bloc moteur, dont il constitue une partie prenante. Exposé de nouveau au Salon de 1924, il n’eut aucun succès…

 Tous les autres avions sont vus en arrière-plan sur l’aérodrome du Bourget.

 Lors d’un meeting aérien apparaissent deux dirigeables Zodiac type Vedette, l’un avec une dérive supérieure (VZ-5), l’autre, qui décolle, sans dérive supérieure (VZ-2/4). En arrière-plan, on peut distinguer de loin, le Farman F.70 « F-AEFD »  (n° 4) appartenant à la  Cie Aérienne Française, dont le Bourget était une de ses nombreuses bases. Cet avion fut accidenté à Drancy en septembre 1924. Réparé, il fut radié en juin 1934.

 Un autre Farman décolle. C’est le Farman F.60 « F-AEEE » (n° 11) inscrit au nom de la compagnie Farman de Toussus-le-Noble, en juin 1922, puis à celui de la Cie Aérienne Française en décembre. Il se crashera au meeting de Valenciennes le 15 juillet 1923.

 Un Morane-Saulnier AR.35 « F-ADCY » (c/n 38) de la Société Morane-Saulnier de Puteaux fait de la voltige au début du film. Il fut réformé en octobre 1931. Puis le Farman « F-AEEE » fait un passage bas.

 On peut voir toute une rangée d’appareils différents vus d’un peu loin : une berline SPAD S.33 (dont 20 appartinrent à la compagnie Franco Roumaine), un  SPAD XX militaire, le Morane-Saulnier AR.35 (F-ADCY), deux Hanriot HD.14, un Caudron C .60…

 Sur le tarmac de l’aérodrome du Bourget, des passagers embarquent à bord du Handley-Page W.8 « G-EAPJ » (W.8/1) de Handley Page Ltd. Construit en 1919, il eut le nom de « Newcastle », puis « Duchess of York et fut mis en service sur la ligne Londres-Paris en octobre 1921. Il fut accidenté en juillet 1923, suite à une fuite de carburant, et dut atterrir dans un champ à Poix (Picardie), ses occupants étant sains et saufs. L’avion fut rayé des registres en novembre 1923.

 Hélène et Vraie sont filmés devant un Dorand AR.1 immatriculé « F-CAFU » (c/n 416) de la Compagnie Aérienne Française (dont on voit le hangar en arrière-plan) entre 1922 et 1924. Il sera ensuite enregistré au nom de l’aéroclub de Perrégaux en Algérie avant d’être rayé des registres en décembre 1931.

 A l’intérieur d’un grand hangar du Bourget, on peut apercevoir de loin, le Farman F.60 Goliath « F-FHMY » (c/n 6844/21) inscrit d’abord au nom de la société Farman basé à Toussus-le-Noble, en juillet 1920, puis, en avril 1921, à celui de la Cie des Grands Express Aériens du Bourget, dont il porte la livrée (bleu horizon, toit blanc). En février 1924, le « F-FHMY » sera enregistré au nom d’Air Union, baptisé « Anjou », toujours utilisé sur la ligne Paris-Londres. Le 14 novembre 1924, il devra se poser dans la Manche, au large de Boulogne. Récupéré, gravement endommagé, il sera reconstruit. Le 1er juin 1926, il est de nouveau accidenté à l’atterrissage, à Saint-Galmier. Le 24 septembre 1928, il doit se poser en plein champ, à Landelle. Ramené au Bourget, il est converti en F-63bis (c/n 2) avec des moteurs Jupiter 9Aa en novembre 1929. Le 10 février 1930, il sera détruit par accident sur l’aérodrome de Mraden (Kent), deux passagers étant carbonisés…

 Dans un hangar de la compagnie Franco Roumaine sont garés trois Blériot-SPAD 33, dont le « F-FREA » (c/n 17/3032). Pris en compte en août 1922, il sera transféré  en janvier 1925 à la Cie Internationale de Navigation Aérienne (CIDNA), le nouveau nom de la Franco Roumaine. Il sera réformé en octobre 1929.

 Sur le tarmac du Bourget, devant un hangar, se trouvent trois Farman Goliath. Le Farman F.61 Goliath « F-AECU »  (n° 60) enregistré en mai 1922 au nom de la Compagnie des Messageries Aériennes, En janvier 1923, il fut transféré à Air Union et baptisé “Normandie”, l'enregistrement de ce changement de situation étant effectué en août 1923, en même temps que sa conversion en F.60, équipé de moteurs radiaux Salmson. Le 6 mars 1928, il fut légèrement endommagé après un atterrissage forcé près de Hythe (Kent). En 1929, il ne servira qu’a transporter du fret et sera radié en décembre 1932.

 Il est garé devant le Farman F.60 « F-FARH » (n° 25) immatriculé en mai 1921 et enregistré au nom de Farman, basé à Toussus-le-Noble. Il fut mis par Farman à la disposition de la Compagnie des Messageries Aériennes sur la ligne Paris-Londres. Vu les surcapacités sur cette ligne, il est réformé et radié des registres, en octobre 1923.

 Pus loin, on voit le Farman « F-FMHY » déjà aperçu.

 Toujours sur le tarmac du Bourget, Vraie marche devant les grands hangars. Derrière lui on peut identifier quatre autres avions, de gauche à droite :

 -Le Farman F.60 Goliath « F-AEFN »  (n° 63). produit en F.61 (Goliath-Renault), il est enregistré en août 1922 au nom de  la Compagnie des Messageries Aériennes, et basé au Bourget. En janvier 1923, il est transféré à Air Union. En janvier 1924, l'appareil sera radié pour une raison inconnue (suite à un accident ?).

 -Le Blériot-Spad 33 « F-FRER » (c/n 34/3058) de la Cie Franco Roumaine de Navigation Aérienne. Converti en octobre 1930 en SPAD 66, il sera mis au nom de la Cie Internationale de Navigation Aérienne (CIDNA) et réformé en décembre 1931.

 -Le Farman F.60 Goliath (n°32) « F-GEAO » enregistré en juin 1921 au nom de la  Cie des Grands Express Aériens, du Bourget, et en janvier 1924 à celui d’Air Union, Après un atterrissage brutal le 22 janvier 1924 à Croydon, l’avion est entièrement calciné sans dommage pour les passagers.

 -Le Farman F.60 Goliath « F-ADAY », (c/n 6833/39) construit en 1920 et acquis par la Cie Messageries Aériennes (CMA), En octobre 1927 il est mis au nom d’Air-Union, après la fusion de la CMA et des Grands Express Aérien, avec le nom  “Alsace”. Le 24 mai 1926, il s’écrase en phase d’atterrissage près de Littlestone (Kent). En octobre 1927, l’avion est reconstruit et il devient un F.63bis. Il finit sa carrière comme avion postal et n’apparait plus sur les registres en octobre 1931.
 
 Hélène donne à manger à son petit singe, à côté de son Spad 42; on aperçoit, plus loin, un Blériot-Spad 33 « F-FREN » (c/n 30/3054) de la  Cie Franco-Roumaine, depuis mai 1921, Transformé en  S.66 en octobre 1931, il sera enregistré au nom de la Cie Internationale de Navigation Aérienne. Il sera détruit en décembre 1931. 

 Vraie est filmé en train de lire un document devant le Breguet 14T bis « F-ADBO », (c/n 1914) de la Cie des Messageries Aériennes (dont voit le logo sur la dérive). Enregistré en octobre 1931 au nom d’Air-Union, il sera réforme en octobre 1931.

 Avant la compétition entre Vraie et Lager, apparait en arrière plan, le Farman F.61 Goliath (Renault) « F-AEFC » (c/n  62/6943) de la  Cie des Messageries Aériennes, depuis août 1922. En janvier 1923, il fut transféré à la  Cie Air Union avec le nom de “Provence”, converti en F.60. En avril 1927, le F-AEFC fut modifié en avion-couchettes. Le 10 mars 1928, il s’écrasa par mauvais temps au large du Cap Gris Nez, les pilotes, seuls à bord, sont tués.

 Enfin, à la fin du film, lors du vol de compétition, apparaissent plusieurs appareils monomoteurs et multimoteurs, vus de très loin et non identifiables. Seul l’un d’entre eux est vu de plus près, très rapidement, mais, bizarrement, c’est un Nieuport-Astra 29C1 (c/n 490), immatriculé « F-AFDD » au nom de la société Nieuport en mai 1923 et réformé en octobre 1931.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur www.cinematheque.fr/

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