LA GRANDE VOLIERE
Année : 1948
Pays : France
Durée : 1 h 30 min.
Genre :comédie dramatique
Noir et blanc
Réalisateur : Georges PECLET
Scénario : Jacques CHABANNES, R. GRASSET
Acteurs principaux :
Albert PREJEAN
(lieutenant Bataille), Line NORO (Mme Garnier), André LE GALL (Martin), Huguette FERLY (Estelle), Luce
FEYRER (Simone), Paul RENOIR (Vallette), Robert MONCADE (Brécourt)
Producteur : Hubert VINCENT-BRECHIGNAC
Musique : Henri FORTERRE
Photographie : Claude RENOIR
Compagnie productrice : C.E.C.A.
Avions :
-Avro 352 Anson Mk.I, en arrière-plan
-Castel 25S
-Caudron C-800 Epervier
-Martin B-26C Marauder, en arrière-plan
-Morane Saulnier MS.230E
-Morane Saulnier MS.315
-Nord 1101 Noralpha
-Stampe et Vertongen SV-4C,
F-BDGA, F-BCLX, F-BDMD
Notre avis :
Le titre de ce film s’applique à l’Ecole de l’Air qui, en
1946, avait retrouvé son ancienne base de Salon-de-Provence. C’est un film de
propagande pour l’Armée de l’Air qui participa au tournage et qui commençait
tout juste à se reconstituer avec un matériel disparate et de nouveaux pilotes
qu’il fallait former. Le scenario a été écrit par un pilote de chasse, Robert
Grasset, porté disparu près de Tobrouk, le 17 juin 1941, et non en 1943, comme
indiqué dans le générique...
Un jeune pilote civil, Martin, rejoint l'Ecole de l’Air de
Salon-de-Provence. Ayant 150 heures de vol à son actif, il se croit supérieur à
ses camarades, ce qui lui vaut maintes brimades. Il a aussi quelques problèmes
avec la discipline et il a donc des relations délicates avec ses supérieurs.
Néanmoins, ceux-ci reconnaissent qu’il est doué. En dehors de la base, Martin
et ses collègues rendent souvent visite à Mme Granier, dont le mari, un pilote
militaire, a été tué au combat. Ce sont ses deux nièces Estelle et Simone qui
attirent les élèves. Martin et son collègue Brécourt sont tombés amoureux
d’Estelle, mais cette dernière préfère Martin, ce qui rend Brécourt très
jaloux. Lors d’un vol d’entraînement, l’avion du chef de patrouille, le
lieutenant Bataille, a un grave accident. Bataille est hospitalisé avec son
pronostic vital engagé. Brécourt rédige un rapport rendant Martin responsable
de la chute de l’avion de Bataille. Martin est alors mis en instance de
radiation, ce qui le bouleverse au point de penser à se suicider. Mais quand
Bataille récupère et peut de nouveau s’exprimer, il signale au capitaine chargé
de l’enquête que Martin n’a rien à voir dans cet accident. Plus tard, Brécourt,
saisi de remords, avoue au capitaine qu’il a faussement accusé Martin, suite à
leurs relations tendues. Enfin, l’enquête technique trouve que c’est un gant de
vol qui a bloqué les commandes de profondeur de l’avion de Bataille ! Martin
est lavé de tout soupçon et sa radiation est annulée. Fou de joie, il va
rejoindre Estelle et lui jure qu’il va la revoir, après sa première affectation
outre-mer. Il se réconcilie avec Brécourt qui lui avoue son acte inamical. Les
élèves ayant reçu leur brevet de pilote partent tous vers leurs différentes
affectations. La porte de la volière est grande ouverte !
Le tournage eut lieu d’août à octobre 1947, en grande partie
sur la base de l’école de l’Air de Salon-de-Provence. Avions et acteurs furent
filmés principalement devant les hangars à l’ouest de la base et au bord de la
piste « 35 », comme marqué sur la tour de contrôle (16/34 aujourd’hui). Le
grand bâtiment central, le BDE (Bâtiment de la Direction de l’Enseignement) et
les hangars n’ont guère changé depuis, à l’exception de la petite tour de
contrôle en bordure de piste qui a été remplacée et déplacée.
La base avait été gravement endommagée et pillée par les
Allemands. En 1945, la restauration avait commencé, mais en 1946 il y avait
encore beaucoup de travaux à effectuer. Néanmoins, malgré la pénurie, les
élèves avaient quelques avions pour s'initier au pilotage. L’Ecole put
accueillir la première promotion d’élèves d’après-guerre, baptisée « commandant
Saint-Exupéry », en octobre 1946, suivie par celle du « commandant Thollon » en
1947. Mais l’école n'avait pas encore toute son autonomie, les élèves devant
toujours suivre leurs cours de perfectionnement aux Etats-Unis.
Les avions du film :
Dès le début du film on voit atterrir un planeur Castel 25S
et, peu après, deux autres planeurs, au sol, des Caudron C-800 Epervier, qui
équipaient l’armée de l’Air.
Martin atterrit sur le terrain de son « aéroclub » avec un Stampe SV-4C portant le
matricule « F-BDGA » (c/n 630). Construit en 1947 par la SNCAN, il appartenait
à la Direction Technique et Industrielle de l’Aéronautique, et basé à
Vélizy-Villacoublay. En 1965, il fut transféré à l’Armée de l’Air qui utilisa
ce type d’avion d’entraînement entre 1949 et 1966. Il fut vendu en 1965, à
l’association Armor Aero Passion basée
sur l’aérodrome de Morlaix-Ploujean, avec le nouveau matricule « F-BMMA ». Il
est toujours en état de vol.
Une fois au sol, le Stampe change de matricule et devient le
« F-BCLX »…Cet avion construit par la SNCAN en 1947 (c/n 327), appartenait au
Service de l’Aviation Légère et Sportive
et avait été affecté au Centre de Vol de
Castelnaudary-Villeneuve. Il fut accidenté en août1948 à Epernay-Plivot
(Marne). Il fut radié en novembre 1966, suite à un autre accident survenu
le 26 juin 1965 à Limas (Rhône), et lors
duquel il fut gravement endommagé et jugé irréparable.
Mais quand le Stampe s’arrête, il est devenu le « F-BDMD »
!! Construit en 1947 (c/n 634) par la SNCAN, ce SV-4C appartenait, comme le
précédent, au Service de l’Aviation Légère et Sportive. Il fut accidenté en
août 1948 à Saint-Valéry-Vittefleur (Seine-Maritime). En mars 1956, il fut
affecté à l’aéroclub d’Esbly, près de Meaux. L’avion fut réformé en mai 1977.
En juillet 1989, il fut vendu à un Allemand avec le nouveau matricule « F-BUDY
» et basé sur le terrain de La Mole/Saint-Tropez. En mai 2002, l’avion
transféré en Allemagne reçut le matricule « D-EBSH ». En juin 2006, c’est un
particulier de Meschede, en Rhénanie du Nord, qui l’acheta et il est
toujours en état de vol.
Martin atterrit sur la base de Salon-de-Provence, avec un
autre Stampe sans matricule apparent, mais avec son gouvernail portant le
drapeau tricolore, comme un avion appartenant à l’armée de l’Air. Notons que le
Stampe fut utilisé par les élèves de l’école de Salon, à partir de 1946.
Mais le principal avion du film que l’on voit depuis le
générique, pendant tout le film, est l’avion d’entrainement Morane-Saulnier
MS-230. Il est filmé au sol mais aussi en vol, en train faire de la voltige ou
en survolant la base. La mauvaise qualité de notre copie du film ne permet pas
de bien discerner leurs numéros de série et leurs codes. On peut distinguer
seulement le numéro « 248 » et le « 8 »…Cet avion qui fit son premier vol en
1929, continua à être produit après la guerre ; 48 MS.230 furent construits par
Levasseur entre 1946 et 1948 et 59 exemplaires par la SFAN (Société Française
d’Aviation Nouvelle). En tout, environ 1 100 MS.230 furent construits. Ils
servirent dans l’armée de l’Air de 1930 à 1947. La promotion «Saint- Exupéry»
de 1946 commença sa formation sur Morane 230. Certains ont leur cockpit arrière
munis d’une capote permettant de le recouvrir pour l’entraînement au vol aux
instruments. C’est avec un MS.230 que Martin fait un atterrissage moteur coupé.
Vers la fin du film, lors de la séance d’entraînement de vol
en formation, on reconnait, au sol, des Morane MS.315 reconnaissables par leur
gouvernail à corne débordante, un appareil plus puissant que le MS.230 et plus
fiable. On ne peut distinguer que le n° « 270 » ; en 1941, il y avait un MS.315
n° 270 au Maroc, à l’école de Meknès, peut-être est-ce le même... L’avion dans
lequel se crashe Bataille est un MS.315. Mais en l’air, ces MS.315 sont
remplacés par des MS.230 vus auparavant. La promotion «Thollon» de 1947
s'initia sur Morane 315.
Un pilote d’essais atterrit à Salon de Provence avec un Nord
1101 Noralpha, comme indiqué par un des élèves (mais les militaires
l’appelaient « Ramier »). Martin va
l’emprunter à l’insu de son pilote…Cet avion, la version française du
Messerschmitt Me.208, sorti en 1946, restera en service dans l’armée de l’Air
jusqu’en 1966.
A la fin du film, les pilotes rejoignent leurs affectations
sur des Avro 652 Anson Mk.I, vus en arrière plan, tout au long du film. 223
exemplaires furent livrés à l’armée de l’Air entre septembre 1945 and mai 1947,
pour équiper l’Ecole des Mitrailleurs, Navigateurs, Bombardiers de Cazaux,
l’école de pilotage avancée de Cognac et l’Aéronavale, entre autres. A l’Ecole
de l’Air de Salon, ils servirent à l’initiation à la navigation. Ils seront
tous retirés du service au plus tard, début 1951. Ils avaient conservés leur
numéros de série de la RAF ; on ne peut distinguer que les avions portant les
serials et codes « R9812 -AL » (construit en 1939, arrivé en France en juin
1946), « EG542 -AF » et « LT290 »
(construits en 1940).
On peut voir plusieurs fois, en arrière plan, des Martin
B-26 Marauder. Martin est filmé devant l’un d’entre eux dont on ne voit que le
dessous du fuselage et son train d’atterrissage…Ces anciens bombardiers
américains livrés à la France servaient en 1947 comme avion de transport de
passagers, regroupés au sein du GMMTA (Groupement Militaire de Moyens de
Transport Aériens) et, fin 1946, ils commencèrent à être remplacés par des AAC
1, Toucan, dont la fabrication avait repris en France.
Enfin, au début du film, on aperçoit dans un hangar le
fuselage d’un North American P-51 Mustang, sans son empennage ni ses ailes,
mais ayant toujours son étoile américaine et son code « H-MX ». Il s’agit d’un
P-51K de l’USAAF affecté en juin 1944 au 82nd Fighter Squadron (78 FG, 8th AF)
une unité basée en Angleterre en 1944 et 1945, puis en Allemagne en 1946 et
1947. Il avait le serial « 44-11620 » et était baptisé « Barbie’s boy ». Cet
ancien chasseur de l’USAAF vient sans doute d’arriver à Salon où il est en
cours de révision, avant de recevoir ses marques françaises. Ce type d’avions
équipa l’armée de l’Air entre 1945 à 1952.
Christian Santoir
*Film disponible sur https://ok.ru/video/
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