LA LEGION SAUTE SUR KOLWEZI
Année : 1980
Pays : France
Durée : 1 h 36 min.
Genre : guerre
Couleur
Réalisateur : Raoul COUTARD
Scénario : André G. BRUNELIN, Pierre SERGENT
Acteurs principaux :
Bruno CREMER (Pierre Delbart), Jacques PERRIN (L'ambassadeur
Berthier), Laurent MALET (Damrémont), Pierre VANECK (Colonel Grasser), Mimsy
FARMER (Annie), Giuliano GEMMA (Adjudant-chef Federico), Jean-Claude BOUILLON
(Maurois), Robert ETCHEVERRY (Colonel Dubourg),
Musique : Serge FRANKLIN
Photographie : Georges LIRON
Producteur : Georges de BEAUREGARD
Compagnies productrices : Société Nouvelle de
Cinématographie (SNC), France 3, Bela Productions
Aéronefs :
- Airbus A-300B2, F-BUAD, en arrière-plan
- Aérospatiale MBB C-160F Transall
- Douglas DC-8-62F, F-RAFD
- Morane-Saulnier MS.230, F-BGMQ, en arrière-plan
- Nord 262D-51 Frégate
- Sud Aviation SA313B Alouette II
Notre avis :
Comme son titre l’indique, ce film a pour sujet
l’intervention de l’armée française, en 1978, sur la ville zaïroise de Kolwezi,
dans le Katanga, envahie par des milices rebelles venues d’Angola, soutenues
par les communistes cubains.
En mai 1978, à Kolwezi, au Zaïre, Pierre Delbart, conducteur
d'engin pour une compagnie minière belge qui emploie de nombreux Européens,
s'apprête à quitter le pays tout en accueillant son remplaçant, le jeune
Danrémont. Mais il ne partira pas. La ville est envahie par des rebelles,
hostiles au gouvernement zaïrois, qui ne tardent pas à prendre les Européens en
otage tout en provoquant un bain de sang, en exécutant les Blancs comme les
Noirs. Cette situation dramatique alarme les autorités zaïroises, ainsi que le
colonel français Grasser qui s'en entretient avec l'ambassadeur de France à
Kinshasa. La majorité des Européens étant des Français, la France envisage
d’intervenir. A Kolwezi, Delbart parvient à sauver sa peau après un jugement
sommaire. En France, la légion est en alerte ; après plusieurs atermoiements,
elle obtient enfin le feu vert des autorités françaises et zaïroises et elle
est parachutée sur Kolwezi. Elle libère les Européens qui, emprisonnés,
craignaient pour leur vie, menacés par une population noire en délire. Annie,
une Américaine blessée, dissimulée dans un plafond en compagnie de son fils et
d'un docteur zaïrois, peut enfin sortir de sa cachette pour se faire soigner.
Après des combats qui se soldent par la débandade des Katangais, les Européens
sont évacués par l'armée belge dont des contingents ont été parachutés à cette
fin. A l'aéroport, Danrémont, qui s’est épris d’Angélique, une jeune fille
noire, belle-sœur de Delbart, lui promet de revenir...
Cette opération appelée « Bonite » en France, « Léopard » au
Zaïre, est relatée de façon exacte par le film qui s’étend sur les souffrances
des expatriés menacés par les tueurs katangais, l’improvisation de l’opération,
les tergiversations entre les Français et les Belges, et celles entre les
officiers basés en France et ceux en poste au Zaïre. L’opération Bonite fut
retardée et perturbée par la divergence entre l’armée française et l’armée
belge. Cette dernière désirait évacuer les civils sans plus, en restant «
neutre », sans attaquer les rebelles, ce qui était jugé impossible par les
Français qui maintenaient que les rebelles ne livreraient jamais leurs
prisonniers qui étaient en fait des otages permettant de faire pression sur les
Zaïrois comme sur les pays européens. En outre, les rebelles ne se contentaient
pas seulement de les emprisonner, mais ils en massacraient tous les jours de
façon gratuite, le temps pressait donc. Les soldats français n’hésiteraient pas
à tirer sur les Katangais qui étaient aidés par les Cubains, les Allemands de
l’est et les Soviétiques. La coopération entre les « DSE » (Disunited States of
Europe) est toujours aussi compliquée 45 ans plus tard…
Le scénario fait allusion à l’aide américaine ; nos
parachutistes n’ayant pas de parachutes, ce furent les Américains qui leur en
fournirent...Les Américains utilisèrent également de gros avions de transport
militaires pour acheminer matériel et munitions au Zaïre, ce qui ne put être
montré par le film.
Le film est aussi à la gloire de la Légion étrangère, du 2°
REP, ce qui a provoqué de nombreuses critiques, certains accusant le film
d’être pro-colonialiste ! Tous les problèmes évoqués par ce film, se répèteront
douze ans plus tard, dans une autre ancienne colonie belge, au Rwanda, où les
Français n’avaient rien à faire a priori.
Le tournage eut lieu principalement en Guyane, mais aussi
sur un terrain militaire difficilement identifiable, peut-être la base
d’Orléans-Bricy où étaient basés les avions filmés au sol, en 1979.
« La légion saute sur Kolwezi » reçut la collaboration du
ministère de la Défense, de l’Armée de Terre, de l’Armée de l’Air et de la
Gendarmerie Nationale qui fournirent hommes et matériel.
Les avions du film :
Les avions employés par la production correspondent mal avec
les vrais avions qui servirent à transporter les troupes à Kolwezi.
Le premier avion aperçu, au pied duquel se massent des
parachutistes devant partir au Zaïre, est un Douglas DC-8 marqué « République
Française ». C’est un avion du GLAM (Groupe de Liaisons Aériennes
Ministérielles) de l’Escadron de Transport 3/60 Estérel, basé en 1979 à
Villacoublay. Il s’agit du DC-8-62 CF « F-RAFD » dont on entrevoit les deux
dernières lettres du matricule sur les portes du train avant. Construit en 1969
(c/n 46043), il fut acquis par la compagnie Finnair en mars 1969, et baptisé «
Jean Sibelius », au nom d’un musicien finlandais, avec le matricule « OH-LFS »,
puis « OH-LFV », en avril 1969. Acquis en octobre 1975 par l’Armée de l’Air, il
fut réceptionné par l’ET 3/60 le 26
janvier 1976 (F-RAFD). En 1982, l’avion fut remotorisé par UTA, avec des
réacteurs CFM56 plus silencieux et moins polluants et devint un DC-8-72CF. Il
fut retiré du service en octobre 1983 et remis à la disposition du transport
aérien militaire, le 4 avril 1984. Il quitta l’Esterel le 27 mai 1995 et fut modifié
par l'AIA (Atelier Industriel de l’Aéronautique) de Clermont-Ferrand en
SARIGuE-NG, un avion de renseignement électronique. Il opéra ainsi au sein de
l'escadron EE.51 Aubrac. Réimmatriculé « F-ZVMT » en 1999, le F-RAFD, fut
retiré du service, le 17 septembre 2004, après une courte carrière, et quitta
la base d’Évreux pour son ultime vol vers Châteaudun. N’ayant pas trouvé
d’acheteur, le DC-8-721 F-RAFD fut démantelé sur le site de Châteaudun par la
société Europe-Aviation associée à la société Bartin, entre le 15 novembre et
le 22 décembre 2006.
Des DC-8 participèrent bien au transport de troupes, mais ce
furent un D.C-8 du COTAM de l’Armée de l’Air, trois D.C-8 de la compagnie
U.T.A. et un Boeing 707 d’Air France, réquisitionnés, qui acheminèrent les soldats
français au Zaïre à partir de la base corse de Solenzara. Le matériel militaire
français fut transporté au Zaïre par plusieurs Lockheed C-141 Starlifter et un
Lockheed C-5 Galaxy de l’USAF.
Le DC-8 est garé devant un Airbus A300B2-103 que sa décoration
très colorée permet d’identifier comme étant le « F-BUAD », le troisième
prototype de l’A-300B2. Sorti de l’usine de Toulouse en 1973 (c/n 03), il fut
immatriculé au nom d’Airbus Industrie, « F-ODCX », en janvier 1975, puis «
F-BUAD » en septembre 1978 au nom de SA Novespace de Bordeaux. Il fut alors
utilisé par le CNES pour des essais de vol en apesanteur. General Electric
l’employa également dans le désert Mojave (CA) pour des essais moteurs, dans
les années 80. En 1996, il fut employé par EADS Sogerma Services. Il fut
réformé en avril 2015 et préservé sur l’aéroport de Cologne, où il est exposé
sur un parking. Il ne vole plus.
Les autres appareils du film appartiennent à l’Armée de
l’Air comme le Nord 262D-51 Frégate, ayant le code « HM » peint sur le nez,
d’où descend un officier supérieur. Cet avion (c/n 106) a été ferraillé et n’existe plus.
On voit au sol cinq Aérospatiale MBB C-160 Transall et plus
tard, trois en vol, lors du parachutage sur « Kolwezi ». Les scènes de
parachutage sont extraites de documentaires. On peut identifier les avions
portant les codes « 61-ZO », « 61-ZG » et « 61-MH » qui sont tous des avions de
la 61ème Escadre de Transport d’Orléans-Bricy.
Le « 61-ZG » est le C-160F (c/n 89) fut construit en 1970
par la SNIAS de Bourges et porta le numéro de série F-89, puis R-89 après avoir
été rénové et dénommé C-160R, en 1999. Retiré du service en 2014, il fut stocké
à Orléans-Bricy.
Le « 61-MH » est le C-160F (c/n 13), numéro de série F/R-13,
fut construit en 1967 par Vereinigte Flugtechnische Werke (VFW) de Brême.
Réformé en 2006, il fut ferraillé à Châteaudun en 2021.
Le « 61-ZO » est le C-160F (c/n 97) construit en 1970
également par VFW. Il recevra le code « 61-ZO » puis « 61-ZA » et sera réformé
en juillet 2019, à Evreux-Fauville.
La soute d’un Transall a été filmée ainsi que le cockpit.
En réalité, comme indiqué par un officier dans le film, six
avions participèrent au parachutage de troupes françaises sur Kolwezi. Il
devait y avoir deux Transall, mais l’un tomba en panne au dernier moment. Le
seul qui restait eut un problème au décollage avec un pneu dégonflé qu’il
fallut réparer rapidement. C’était le PC volant qui ne transportait aucun
parachutiste, mais des caisses de munitions. Les cinq autres avions étaient des
Lockheed C-130 de l’armée de l’air zaïroise d’où sautèrent les légionnaires. Le
seul Transall utilisé était le F/R18 (61-MM). Construit à Bourges en 1967, il
fut affecté en 1969 à la base d’Orléans-Bricy. En 1978, il appartenait à
l’Escadron de Transport 3/61 Poitou. Il fut retiré du service en 2012 et confié
au musée de l’Air et de l’Espace de Paris-Le Bourget, le mercredi 22 août 2012.
Exposé à l’extérieur, il reçut alors le nom de « Ville de Kolwezi » ; il porte
les écussons du 2° REP et de l’ET 3/61 Poitou,
Un hélicoptère Sud Aviation SA.313B Alouette II, sans aucune
marque visible, apparait deux fois, derrière un officier qui explique
l’opération, puis, vers la fin du film, quand il atterrit sur un parking,
devant un bâtiment, en Guyane.
Enfin, dans un hangar où les légionnaires perçoivent leurs
parachutes américains, on voit le long d’un mur, le fuselage d’un
Morane-Saulnier MS.230 démonté, sans aile, sans train et sans empennage. Il
porte sous le cockpit arrière l’insigne de
l’Ecole de l'Air comme le MS-230 Et 2 « F-BGMQ » (c/n 1048) exposé (à
l’envers) au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. Il s’agit sans doute du
même appareil. Construit par l’entreprise Levasseur, sans doute en 1941, sous
la contrainte des Allemands, il aurait été utilisé par la Luftwaffe avec le
code « BD+IF » comme avion d’entrainement ou remorqueur de cible. En janvier
1953, il fut acquis par l’aéroclub de la compagnie UTA (F-BGMQ) basé sur le
terrain de Mitry-Mory. En 1971, il était exposé au Musée de l’Air de
Chalais-Meudon et en mai 1976, il avait été remis en état de vol. En novembre
1978, il aurait été vendu en Angleterre, mais en 1979, il était, selon le film,
toujours en France. En outre, il n’est jamais apparu sur les registres anglais.
C’est en juin 1989, qu’il a été récupéré par le musée du Bourget.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
Enregistrer un commentaire