BERLINGER
Année : 1975
Pays : Allemagne de l’ouest
Durée : 1 h 55 min.
Genre : drame
Couleur
Réalisateur : Alf BRUSTELLIN, Bernhard SINKEL
Scénario : Alf BRUSTELLIN, Monika GRUBE, Bernhard SINKEL
Acteurs principaux :
Martin BENRATH (Lukas
Berlinger), Hannelore ELSNER (Marlit
Berlinger / Maria), Peter EHRLICH (Johannes Roeder), Tilo PRÜCKNER (Laski), Martin LÜTTGE (Pfeiffer), Elisabeth
VOLKMANN (Halm).
Musique : Joe HAIDER
Photographie : Dietrich LOHMANN
Producteurs : Heinz ANGERMEYER, Alf BRUSTELLIN, Bernhard
SINKEL
Compagnies productrices : ABS Filmproduktion, Independent
Film, Zweites Deutsches Fernsehen (ZDF)
Aéronefs :
- - Bücker Bü.181 Bestmann
- - Fieseler Fi-156 Storch, en arrière-plan
- - Piper L-18C Super Cub, en arrière-plan
- - Putzer Elster B, en arrière-plan
- - Stampe SV-4A, D-EODN
- - WDL Luftschiff, D-LDFM
Notre avis :
En 1942, dans le sud de l’Allemagne, la femme de Lukas
Berlinger, un ingénieur chimiste très talentueux, est arrêtée par la Gestapo et
se suicide. Berlinger est également arrêté, mais parvient à s’enfuir en
dérobant un avion sur un aérodrome. Il ira s’installer en Amérique du sud.
Berlinger était le fils de parents fortunés et avait pour ami Johannes Roeder,
provenant d’un milieu très modeste. Dans les années trente, Roeder n’avait pas
réussi à convaincre Berlinger de s’inscrire au parti nazi. Roeder, avait gravi
les échelons de sa carrière jusqu’à la direction de l'usine chimique ayant
appartenu au père de Berlinger. Mais, après la mort de la femme de Lukas,
l'amitié entre les enfants Lukas et Johannes se transforme en une profonde
inimitié, entre les deux hommes adultes. Berlinger a fui le régime nazi, laissant
à Roeder la direction de sa société. En 1968, Berlinger est revenu en
Allemagne. Apolitique et toujours très indépendant, il refuse toujours de
renoncer à sa vie très libre ; il passe beaucoup de temps aux commandes de son
avion. Ses rêves sont plus importants pour lui que ses obligations et les
attentes placées en lui. Il n'est pas intéressé par la reconstruction de
l'usine de son père. Ses plans, ses inventions peuvent très bien se réaliser
dans une ruine ! Il entreprend la construction d’un dirigeable. Roeder, en
revanche, a bien survécu à l'interruption de sa carrière redoutée en 1945. Il
est même devenu sénateur et directeur d’une société qui veut construire un
vaste parc d’attractions, pour la réalisation duquel il a absolument besoin de
l'ancien site de l'usine Berlinger. Mais Berlinger n'est pas prêt à lui céder.
Pendant ce temps, il y a une nouvelle femme dans sa vie: Maria ; elle est
enseignante et idéaliste. Lorsque les partenaires commerciaux de Roeder
découvrent qu’il envisage de construire sur un terrain qui ne lui appartient
pas, ils font pression sur lui. Roeder essaie à nouveau de persuader Berlinger
de lui céder sa propriété. Au grand malheur de Berlinger, son dirigeable
terminé est détruit par les flammes quand il est frappé par la foudre.
Berlinger ne se présentera pas pour signer le contrat qui scellerait la vente
de sa propriété. Catastrophé, il monte dans son avion et après un long vol, il
s'écrase dans un arbre et se tue ! Le sénateur Roeder attend en vain Berlinger
et sa signature. Son entreprise est insolvable et il est ruiné…
Ce film comporte de nombreux retours en arrière ce qui ne
facilite pas la compréhension du scénario. Plus que l’opposition entre ces deux
amis d’enfance, c’est le pilote Berlinger qui nous intéresse le plus. Son vieux
biplan apparait tout au long du film, quand il fait de voltige au-dessus des
paysages et des châteaux de la Bavière (Neuschwanstein, Hohenschwangau, palais
de Linderhof…) ou quand il passe sous un pont, ou fait du rase-mottes pour
effrayer les gens…
Le tournage eut lieu en grande partie sur l’ancien terrain
d’aviation de Schleissheim, au nord de Munich, plus exactement, devant ses
vieux bâtiments à moitié en ruine en 1975 et qui passent pour l’usine
Berlinger. Après avoir failli être détruits, leur restauration commença en
1982 et ils devinrent le site du musée
d’aviation, Deutsches Museum Flugwerft, qui ouvrit en 1992.
Des scènes furent également filmées sur l’aérodrome de
Jesenwang (on reconnaît ses hangars et l’église St. Maria de Bergkirchen, située
non loin de la piste 07).
Les avions du film :
Berlinger, sur un aéroport non identifiable, en pleine nuit,
passe devant deux Fieseler Fi-156 Storch
portant les codes fictifs « FE+ ? » et «
KA+TL ». Il s’empare d’un Bücker Bü.181 Bestmann ayant le code tout aussi
fictif « DU+VE ». Sa swastika n’est pas conforme et son camouflage marron et
jaune est de style libyen…On ne sait d’où viennent ces avions, peut-être du
musée des Transports de Munich qui possédait ce genre d’avions.
L’avion de Berlinger est un Stampe SV-4A immatriculé «
D-EODN » (c/n 113). Construit en 1947, il fut livré en avril au Service de
l’Aviation Légère et Sportive français, avec le matricule « F-BCFY ». Il fut
prêté à l’aéroclub « Sadi Lecointe », basé sur le terrain de Lognes-Emerainville
(77). En mars 1972, il fut vendu en Allemagne à un particulier non identifié.
Cet appareil apparut fréquemment partout en Allemagne. En 1976, il apparut dans
le film franco-allemand «Le coup de grâce
/ Der Fangschuss») où il passe pour un avion russe qui bombarde des
maisons, en 1919... En août 2020, il ne volait plus et était entièrement
démonté sur le terrain de Nordhorn-Lingen, peut-être pour une révision
approfondie.
Quand Berlinger se pose pour faire le plein, à Jesenwang, on
voit en arrière plan deux avions de la Luftwaffe. Il y a un Piper L-18C Super
Cub ayant le code « 96 +33 » et le
numéro 529 (c/n 18-3457). Cet ancien
avion de l’USAF (s/n 54-757) construit en 1959,
fut transmis à la Luftwaffe qui lui attribua les codes « « AS+539 »,
puis « AC+539 », « NL+112 », et enfin « 96+33 ». Retiré du service en
1980, il fut enregistré sous le
matricule civil « D-EFBR ». En 2014 il volait toujours à Furstenfeldbruck. En
2021, il portait son ancien code « AC+539 ».
L’autre avion est un Putzer Elster B codé « 97+23 », un
avion en service dans la Luftwaffe de 1971 à 1980.
Berlinger a « construit » un dirigeable qui est en fait un
WDL Luftschiff qui, selon sa décoration (dérive rouge) est celui immatriculé «
D-LDFM » de la société ouest allemande « Theodor Wüllenkemper GmbH ». Construit
en décembre 1972 (c/n 100), le D-LDFM (= Luftschiff Der fliegende Musketier/
Dirigeable des Mousquetaires volants) porta le nom de son premier annonceur
" Wicküler ", une marque de bière. L'appareil fut détruit, non pas
par la foudre, comme dans le film, mais
par une tempête, en décembre 1972. Reconstruit, il repartit en tournée
de 1973 à 1975 pour « Wicküler », marque effacée dans le film. Le dirigeable
fit de la publicité pour diverses entreprises en Afrique (1976), au Japon, en
Europe et aux USA. Il fut détruit définitivement au Texas, à San Antonio, en
1989, par un ouragan sur son mât d'amarrage.
Enfin, sur le terrain d’aviation de Jesenwang d’où décolle
Berlinger dans son Stampe, on voit de loin, en arrière plan, un Dornier Do.27,
un Cessna 172 et un Morane-Saulnier 880 Rallye.
Christian Santoir
*Film rare
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