MERCENAIRES
Vo. Stealth Fighter
Année : 1999
Pays : Etats-Unis
Genre : action
Durée : 1 h 28 min.
Couleur
Réalisateur : Jim WYNORSKI
Scénario : Lenny JULIANO, T.L. LANKFORD, John A. SANDERS
Acteurs principaux :
Ice-T (Owen Turner), Costas MANDYLOR (Ryan Mitchell), Erika
ELENIAK (Erin Mitchell), Sarah DAMPF (J.P. Mitchell), William SADLER (Amiral
Frank Peterson), Ernie HUDSON (président Westwood), Andrew DIVOFF (Roberto
Menendez).
Musique : Alex WILKINSON
Photographie : J.E. BASH
Producteur : Jim WYNORSKI
Compagnies productrices : Cinetel Films, Artisan
Entertainment, Grey Matter Entertainment
Aéronefs :
- Cessna A150L Aerobat, N9828J, extr. de films
- Cessna 340, N340AG, en arrière plan
- Cessna 175A, N7991T, en arrière plan
-General Dynamics
F-16 et F-16A, extr. de films
- Grumman A-6E Intruder, extr. de films
- Lockheed F-117, réplique
- Sikorsky SH-3H Sea King, document
Notre avis :
Selon son titre, il s’agit d’un film mettant en scène le
fameux avion furtif Lockheed F-117 Nighthawk qui fit son premier vol en 1981 et
fut réformé en 2008, mais certains exemplaires volaient encore en 2022 pour des
misons expérimentales. Cet avion au look très particulier est apparu dans plus
d’une vingtaine de films, dans des extraits de documentaires, ou sous forme de
maquettes, de répliques, plus ou moins conformes.
En 1986, lors d’une attaque du Nicaragua par deux
bombardiers de l’US Navy, pilotés par deux copains, Owen Turner et Ryan
Mitchell, l’avion de Turner est abattu par la DCA. Seul Mitchell peut revenir sain et sauf sur son
porte-avions. Plus tard, aux Philippines, la base de Clark Field est attaquée
par un commando de mercenaires qui veulent s’emparer de l’avion furtif qui est
stationné. L’opération réussit. L’avion est piloté par Turner qui a survécu et
qui s’est mis au service, moyennant finance, du chef d’un réseau de
terroristes, un certain Menendez résidant en Angola, un trafiquant d’armes
auquel les Etats-Unis s’étaient adressé dans le passé. Il a à sa disposition un
puissant satellite appelé « Thanatos », capable de détruire des bateaux, des
avions, comme des bâtiments, sans être repéré. Il commence ainsi par perturber
tous les systèmes électroniques d’un sous-marin nucléaire de l’US Navy, l’USS «
Normandy », qui s'échoue au fond de la mer. Puis, Turner, sur ordre de Menendez
détruit avec l’avion furtif plusieurs groupes de trafiquants concurrents. C’est
alors que Menendez s’adresse directement au président américain Westwood pour
récupérer de grosse sommes d’argent en menaçant les Etats-Unis, à commencer par
l’USS « Normandy ». Le président n’accepte pas de négocier avec cet escroc. Il
faut trouver un moyen de l’éliminer, lui et ses complices. C’est alors qu’un
officier général appelle Mitchell qu’il juge comme un excellent pilote et
combattant. Il lui propose une mission consistant à débarquer au Liban pour
attaquer une base de Menendez où se trouve l’avion furtif. Il accepte. Le
combat est très dur ;Turner peut s’envoler avec l’avion et va couler l’USS «
Normandy » en représailles. Menendez contacte de nouveau le président et lui
annonce que Thanatos va détruire dans une heure l’aéroport international
d’Atlanta ! C’est alors que Turner tire sur Menendez et le tue, il tue
également sa femme. Il demande alors une dizaine de milliards de dollars et
accuse l’amiral Peterson d’avoir fourni des codes de la Marine pour rendre
Thanatos si efficace. Ce dernier devient fou et déclare que ces bandits
menaçaient sa famille qu’ils étaient prêts à la tuer s’il ne leur obéissait
pas. Puis il se suicide devant le président. Pendant ce temps, Mitchell est
parvenu dans le repère de Menendez, et trouve l'ordinateur qui commande le
Thanatos, et, grâce à l’aide d’un officier de l’Armée, il peut provoquer son
autodestruction. Puis il veut récupérer l’avion furtif. Après une bagarre avec
Turner, il est mis KO et le truand peut décoller avec l’avion, laissant son
ancien ami en vie. Ce dernier s’empare d’un autre avion et part à sa poursuite.
Il le rejoint alors qu’il se dirige vers Cuba et l’abat. Puis, des avions de
l’US Navy détruisent la villa de Menendez. A la fin du film, Mitchell peut
retrouver sa fille et sa femme qui commençait en avoir assez de sa vie avec un
mari souvent absent, mais cette fois, il s’agissait de sa dernière mission, ce
que lui avait accordé le président.
Ce film est bourré d’invraisemblances, à commencer par
l’attaque du Nicaragua par l’US Navy qui n’a jamais eut lieu. En 1986, le
Nicaragua était dirigé par les sandinistes que le président républicain Ronald
Reagan (loin d’être un président afro-américain qui n’arriva au pouvoir qu’en
2009) n’appréciait guère et contre lequel il finançait ses opposants, les
Contras, par l’intermédiaire de contrats d’armements via l’Iran…
En outre, dans ce film, il est difficile de savoir où se
passent les scènes d’action. On vole un avion aux Philippines, puis on ne sait
où il se trouve, en Angola, où vit Menendez et Turner (et où doit donc être
stationné l’avion furtif), mais l’US Navy débarque au Liban où on retrouve
Menendez, Turner et l’avion... Mitchell qui, a priori, n’est pas retourné sur
sa base, est donc resté au Liban, mais il se retrouve peu après dans la villa
de Menendez en Angola, à la fin du film…C’est
dur à comprendre, on a l’impression que des scènes ont été coupées.
L’avion furtif, le F-117, qui a une autonomie maximale de 1
720 km, vole, sans escale, des Philippines en Angola, puis de l’Angola au
Liban, de l’Angola à Cuba...
Ce film utilisa de nombreux extraits de films antérieurs.
Ainsi le fameux satellite tueur « Thanatos », est extrait du film de James Bond
« Les diamants sont éternels » (1971) qui lui aussi détruit un sous-marin.
Autre problème, comment Menendez a-t’il pu construire un tel satellite et d’où,
et comment, l’a-t-il lancé dans l’espace ? Les scènes aériennes sont également
extraites d’autres films. Ce qui fait que le tournage de ce film, centré sur
des aviateurs de l’US Navy, n’utilisa aucun véritable avion !
Cependant, une partie du tournage eut lieu visiblement sur
l’aéroport civil de Whiteman (Pacoïma-CA) et peut-être sur celui de Van Nuys
(CA), dont on reconnait des hangars typiques.
Les avions du film :
Les douze premières minutes du film sont consacrées à
l’attaque du Nicaragua par deux Grumman A-6 Intruder qui décollent, de nuit,
d’un porte-avions difficilement identifiable, vu la mauvaise qualité de
l’image, mais qui ressemble à l’USS « Independence » (CV-62) qui apparut dans «
Le vol de l’Intruder » (1991), d’où sont extraites les scènes de combat.
Ces A-6E Intruder, biplaces côte à côte, portent différents
modex : « 502 » et « 520 », et quand un
seul revient à bord, il porte le « 505 ». On entrevoit également, très
rapidement, une partie du fuselage d’un autre Intruder dont le modex finit par
le chiffre « 3 », et dont le nom fictif
de son pilote « Sammy Lundeen » inscrit sous le cockpit, en font le « 503 »
extrait du film « Le vol de l’Intruder » (1991). Comme dans ce film, les avions
portent sur la dérive le code « NK » du squadron d’attaque VA-196, basé à terre
sur la NAS Whidbey Island (WA) et sur l’USS « Independence » (CVW-14).
Deux Intruder A-6E portèrent le code « NK-503 », le
BuNo.154156 (c/n I-291) et le BuNo. 164383 (c/n I-723), tous deux ferraillés en
2018 et 2016 par la société de recyclage HVF West de Tucson (AZ).
Deux autres Intruder A-6E portèrent le code « NK-502 », le
BuNo. 151564 (c/n I-46) et le BuNo.162210 (c/n I-703) qui finirent également
ferraillé à Tucson par HVF West.
Il en est de même du « NK-505 » qui pouvait être le
BuNo.155656 (c/n I-382) ferraillé par HVF West en 2015, ou le BuNo.158792 (c/n
I-528) coulé à Ponce de Leon Inlet (FL), comme refuge de poissons…
L’Intruder « NK-520 » BuNo.151801 porta ce modex entre
novembre 1979 et juin 1980, à bord de l’USS « Coral Sea » (CV-43) lors d’un
déploiement dans l’océan Indien. Mais il s’agissait d’un ravitailleur portant
quatre gros réservoirs suspendus sous les ailes et pas de missile AGM-45
Shrike, comme aperçu dans le film…
Les avions sont armés de missiles AGM-45 Shrike anti-radar
et des bombes freinées Mk.82 de 227 kg. Ils doivent affronter une DCA très
dense équipée des mitrailleuses quadruples de 12.7 mm, de 20 mm, des canons de
gros calibres et des missiles sol-air russes S-75 Desna / V-750 ; ces missiles
étaient commandés par radar et ne pouvaient être démolis par des leurres
infrarouges, comme dans le film. On n’est plus au Nicaragua, mais au Vietnam du
nord !
Sur la base de l’USAF de « Clark » aux Philippines (plutôt
l’aéroport de Whiteman, à Los Angeles), un commando de mercenaires s’infiltre,
la nuit, et tue les gardes. Ils passent devant des avions civils immatriculés
aux USA, comme le Cessna 340 « N340AG ». Ils viennent pour dérober un Lockheed
F-117 ou plutôt sa copie approximative (train d’atterrissage non conforme,
dérives trop plates…). Il comporte une bosse derrière le cockpit, comme le
F-117 « Remora » du film « Executive decision » (1996), qui était l’emplacement
d’une trappe d’où pouvait sortir un petit tunnel qui s’élevait et permettait de
monter, en plein vol, dans un autre avion qui volait juste au-dessus de lui !
Son cockpit a été reconstitué en studio.
Selon le générique de fin, cette maquette a été fournie par
la compagnie productrice de la série
télévisée « The JAG » (1995-2005) centrée sur le personnel juridique de
l’US Navy; l’avion furtif apparait dans l’épisode « The black jet »
(24/11/1998) de la saison 4, où on voit le F-117 atterrir sur un porte-avions !
Mais, quand il sort de son hangar, roule et décolle, il
s’agit d’un vrai F-117 filmé sur sa base de Tonopah Test Range (NV), des
extraits de documents apparaissant dans plusieurs films comme « Storm catcher »
en 1999. Après avoir décollé de « Clark AFB », il atterrit sur la piste 14 de
Tonopah après des milliers de kilomètres
! Mais dans le film, il est censé
atterrir plus à l’ouest, en Angola…
Le F-117 ne fut jamais utilisé par l’US Navy, uniquement par
l’USAF et ne fut jamais basé aux Philippines. Turner détruit le sous-marin
immobilisé sous l’eau, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, avec un
missile air-sol AGM-65 Maverick ce qui est impossible, le missile ayant explosé
en touchant l’eau. En outre, ce missile n’a jamais été monté sur le F-117. A la
fin du film, Turner demande aux armuriers de charger deux missiles AGM-65 et
deux bombes nucléaire B-83 qui n’équipèrent que les B-52, B-1 et B-2. Par
contre, il pouvait emporter deux bombes atomiques B-61, moins lourdes et moins
puissantes. Mais le F-117 ne pouvait lancer que deux bombes ou deux missiles,
logés dans deux baies séparées.
Bref, dans le film, le F-117 est un avion miracle,
lourdement armé, pouvant se déplacer seul, partout sur la planète, totalement
indétectable, ce qui est faux, car dans les films on confond souvent « furtif »
avec « invisible ».
Plus tard, le lieutenant Mitchell emmène faire de la voltige
avec sa fille JP (sans boucler leur ceinture d’épaule…); il pilote un Cessna
A150L Aerobat « N9828J ». Mais les vues du cockpit sont celles d’un Cessna 172,
comme celui vu au sol (de l’arrière et non identifiable) à la fin de la
séquence. Ses images en vol au milieu de montagnes arides ont déjà été vues
dans plusieurs films comme « Iron Eagle » (1986), « The zone » (1995), « Black
Thunder » (1998). Il fut construit en 1975 (c/n A1500637). Entre 1984 et 1992,
il appartint à CC Air Corporation de Los Angeles et en mars 1999 fut enregistré
au nom d’Albatros Corporation de Los Angeles (CA). Sur ce terrain (Whiteman airport
?) on voit en arrière plan d’autres Cessna, comme le C-175A, « N7991T » basé à
Glendale (CA).
Un hélicoptère Sikorsky SH-3H Sea King de l’US Navy décolle
du l’USS « Coral Sea » (CV-43) (dont on nous montre les vrais images) avec
Mitchell et un commando à son bord. Il a le code « 01-508 ».
A la fin du film, Mitchell part à la poursuite du F-117 avec
un General Dynamics F-16B Fighting Falcon, trouvé dans le même hangar (on nous
montre une photo d’un grand hangar situé sur l’aéroport de Van Nuys ayant été
occupé par le 148th FW de la California ANG dans les années 50). Le F-16B porte
un camouflage de type israélien et le code « BA » sur la dérive, comme les
trois F-16A qui vont détruire la villa de Menendez (scène issue de « Danger
immédiat » -1994) ; ce sont des avions extraits d’autres films où ils sont
souvent montrés, à commencer par « Iron Eagle » (1986). Notons que ces
appareils ne correspondent pas aux F-16 de l’US Navy, dénommés F-16N et TF-16N
(biplaces), des avions non armés qui servirent uniquement pour l’entraînement
des pilotes de chasse entre 1987 et 1995.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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