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NABAT

NABAT

Vo. Набат

(Sirène d'alarme)
 
Année : 1983
Pays : URSS
Genre : action
Durée : 1 h 05 min.
Couleur
 
Réalisateur : Vladimir ZLATOUSTOVSKY
Scénario : Vladimir ZLATOUSTOVSKY   
 
Acteurs principaux :
Vladimir ANTONIK (Andrey), Natalya VARLEY (Tatyana), Vadim ZAKHARCHENKO (Foureyes),  Yelena ANTONENKO     (Katya), Pyotr VELYAMINOV (Petrov), Aleksandr GORBENKO (Valeriy)
 
Musique : Vladimir DAVYDENKO
Photographie : Georgiy KOZELKOV, Vladimir LIPOVOY
Compagnie productrice : Kinostudiya imeni M. Gorkogo
 
Aéronefs :
  • -Antonov An-24B
  • -Mil Mi-8T, CCCP-25364
  • -Tupolev Tu-134B, CCCP-65716
 
 
Notre avis :
 
Ce film a été produit par le ministère de l'Aviation civile soviétique. Il était destiné à la formation du personnel navigant en cas de détournement terroriste. Pendant les sept premières minutes du film, on a droit à un exposé d'un officier des services de sécurité sur l'importance des actes terroristes contre le transport aérien en URSS, comme ailleurs dans le monde. Puis, commence le film. Il a été principalement tourné comme un manuel de formation pour le personnel de l'Aeroflot et n'a donc été diffusé à grande échelle qu'au début des années 1990.
 
Tout commence par le fait que l'hôtesse de l'air Katya Vasilchikova ait accepté de transporter une valise à bord de son avion, où il y avait a priori des cognacs de collection pour les jeunes mariés Andrei et Tanya. Mais, l'hôtesse de l'air est devenue une complice involontaire de terroristes. Andrei et Tanya, des gens fichés par la police, sont sous les ordres d'un autre homme, plus âgé, qui a également embarqué dans le même vol, tout en restant seul à sa place. Une fois en l'air, Andrei récupère les armes et menace les passagers, puis ordonne au commandant de bord de changer de destination et de se rendre en Turquie, alors qu'ils survolent la Géorgie. Le commandant fait semblant d'accepter, mais déclare qu'il doit d'abord compléter son plein de carburant. Deux passagers essaient de maîtriser Andrei, mais ils sont finalement abattus. L'avion atterrit sur son aéroport de départ sans que les pirates s'en aperçoivent. Lors du ravitaillement, les policiers s'approchent de l'avion. Certains passagers sont libérés par Andrei. Le pilote démarre les moteurs, mais l'appareil reste sur place et les policiers s'infiltrent à bord et neutralisent les trois terroristes, après un bref échange de coups de feu. 
 
Ce film destiné au personnel navigant de l'Aeroflot, servit, en réalité, d'abord à informer des terroristes ! Avant la sortie du film, des Géorgiens avaient pu, grâce à leurs relations, visionner ce film après en avoir obtenu une copie. Sept d'entre eux, détournèrent un avion parti de Tbilissi en direction de Leningrad, le 18 novembre 1983, pour se rendre en Turquie ! Comme dans le film, ils avaient utilisé une hôtesse de l'aéroport qui aida deux jeunes mariés à partir en «voyage de noces», sans examiner leurs bagages…Mais le reste fut différent. Ils pénétrèrent dans le cockpit en tuant deux membres d'équipage. L'avion était un Tu-134A et non un Tu-134B, comme dans le film, c’est-à-dire qu'il comportait un navigateur positionné dans le nez vitré, ce que les pirates ignoraient; mais le navigateur, étant armé, il tua l'un d'eux, l'autre se réfugiant dans la cabine. Les pirates furent plus violents que dans le film; ils tuèrent une hôtesse et un passager et en blessèrent grièvement deux autres, soupçonnés d'être des policiers en civil. De retour à Tbilissi, annoncé comme "Batoumi" par le pilote, pour un ravitaillement en carburant fictif, la police put les neutraliser. Un des terroristes se suicida. Ils voulaient aller dans un pays "libre" pour fuir l'URSS. Ils appartenaient à la bourgeoise géorgienne. Le chef du groupe était le fils d'un célèbre professeur qui travaillait comme artiste dans un studio de cinéma. Parmi ses complices figuraient de jeunes étudiants en médecine, un acteur et un étudiant de l'académie des Arts. Il y avait aussi une jeune fille, Tinatin, 19 ans, étudiante, elle aussi, à l'académie des Arts. Un des leurs se suicida après avoir compris l'échec de leur détournement.
 
Le KGB a immédiatement interdit le film, mais des copies ont été envoyées à tous les aéroports de l'URSS, sous forme de manuel. 
 
L'intrigue du film est proche d'un film d'action avec des éléments d'un roman policier. Le film montre à quoi conduit la perte de vigilance des employés de l'Aeroflot (en particulier la négligence de l'hôtesse de l'air Katya), comment l'équipage doit agir en cas d'urgence, comment signaler la situation au centre de contrôle aérien, à quoi faire attention lorsqu'il s'agit de terroristes. Mais il est étonnant que dans ce film les terroristes n'entrent pas dans le cockpit, le copilote, qui est armé, servant d'intermédiaire entre eux et le commandant de bord.
 
Il y a aussi une instruction pour les passagers, à savoir que les tentatives de neutralisation des pirates de l'air par eux-mêmes, sont très dangereuses et inutiles. En même temps, il est montré comment les services au sol fonctionnent pour aider les pilotes.
 
Le tournage eut lieu apparemment sur l'aéroport de Moscou-Domodedovo dont on reconnait la tour de contrôle en arrière-plan et l'immense hangar (portes n° 3 et 4) possédant deux tours de contrôle à ses extrémités, devant lequel se pose un hélicoptère.
 
Les avions du film :
 
Au tout début du film, lors de l'exposé d'un officier de la sécurité, on nous montre sur des extraits de films d'actualités plusieurs avions. On voit d'abord un Let 410 Turbolet, puis un Douglas DC-7 posé sur le ventre. Cet accident n'a rien à voir avec un détournement ou un acte de terrorisme. Il eut lieu en 1957, à Los Angeles, suite à une panne moteur qu'avait subi cet avion d'United Airlines. Par contre, le Boeing Vertol CH-46D Sea Knight des Marines en vol stationnaire juste devant l'hôtel "Downtown Howard Johnson" de la Nouvelle-Orléans, fut bien employé pour éliminer un sniper qui s'y cachait, le 7 janvier 1973. Mais l'Airspeed Ambassador qui s'écrase sur l'aéroport d'Heathrow, le 8 Juillet 1968, n'a pas été abattu par un tireur au sol, comme on nous le montre, Cet avion eut un problème de corrosion au niveau de ses volets dont l'un était resté bloqué en position d'atterrissage… Peu après, on voit l'épave du Trident "G-ARPI" que l'Ambassadeur avait heurté. Enfin, c'est un De Havilland DH-106 Comet qui décolle.
 
Les autres avions ont été filmés au sol : un Ilyushin Il-62, à coté duquel est contrôlé un membre d'équipage, un Antonov An-24B qui décolle avec deux hommes ayant emporté des armes cachées dans des livres. Cet appareil ayant le matricule "CCCP-46372" (s/n  07306003) appartenait à L'Aeroflot d'Ukraine depuis mai 1970; en août 1993, il aura le nouveau matricule "UR-46372" au nom de la compagnie Air Ukraine (Avialini Unkrayiny) et sera réformé en 1999, puis stocké à Kiev.
 
Un Tupolev Tu-134A non identifiable atterrit lors d'un exercice de police, puis l'aile gauche d'un Antonov An-24 s'enflamme, le soir, suite à l'explosion d'une bombe, juste au début du générique…
 
Mais l'avion principal du film est un Tupolev Tu-134B (nez non vitré muni d'un radar) qui décolle avec les trois terroristes à son bord. Le tournage eut lieu dans le vrai cockpit et la vraie cabine. Mais on ne sait s'il s'agit du même avion qui atterrit (sur l'aéroport de Moscou-Domodedovo) vers la fin du film et dont on peut voir le matricule.
 
Il s'agit du Tu-134B "CCCP-65716" (c/n 61 03 63595) construit en février 1981 et affecté à l'Institut de Recherche de l'Aviation civile de Moscou. Il ne sera enregistré au nom de l'Aeroflot que le 7 juillet 1982. En avril 1985, il sera affecté à l'Aeroflot d'Azerbaïdjan à Bakou, puis à l'Aeroflot de Lettonie à Riga, et, en avril 1986, à l'Aeroflot des Komis, basé à Syktyvkar. En février 1994, il sera transféré à Komiavia avec le nouveau matricule "RA-65716". En avril 1999, Komiavia deviendra Komiinteravia, puis, en juin 2005, la compagnie fut rachetée par UTair, qui deviendra UTair Express en juillet 2010, toujours basé à Syktyvkar. En juin 2014, il fut retiré du service et stocké, puis ferraillé en octobre.
 
L'autre aéronef utilisé par la production est un hélicoptère Mil Mi-8T, qui atterrit sur l'aéroport de Moscou-Domodedovo (devant le hangar n°3) et d'où descend le chef de la sécurité. Immatriculé "CCCP-25364" (s/n 9 82 06842, c/n 59-35) il fut affecté, lui aussi, en août 1982, à l'Institut de Recherche de l'Aviation civile de Moscou. En juin 1986, il fut transféré à l'usine d'hélicoptères de Moscou dépendant du Ministère de l'Industrie aéronautique. En septembre 1993, il fut transféré à Vnoukovo Airlines avec le nouveau matricule "RA-25364", basé sur l'aéroport international de Zhukosky (Moscou). Il fut modifié par Interaviagaz en Mi-8TG, propulsé par des réacteurs alimentés en gaz. Il apparaîtra en 2000, lors du salon "Vysokiye oboronnyye tekhnologii - 2000" (Haute Technologie de Défense -2000) à Moscou-Krasnaya Presnya. En 2008, il sera rendu à l'usine Mil de Moscou, et parqué à Tomolino où il était encore, sans son rotor, en 2018.
 
On peut apercevoir rapidement, d'autres avions au sol, sur le tarmac enneigé de Domodedovo, un Tupolev Tu-114 et une rangée d'Ilyushin Il-62. Plus tard, apparait, en arrière-plan, un Antonov An-8 "CCCP-79161" (s/n 1Z 34 40) du ministère de l'Industrie aéronautique.
 
Christian Santoir
 
*Film disponible sur YouTube

 

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