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UN AMOUR EN L'AIR

UN AMOUR EN L'AIR

Vo. Die grosse und die kleine Liebe

 

Année : 1938
Pays : Allemagne
Genre : comédie
Durée : 1 h 22 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Josef von BAKY
Scénario : Heinrich OBERLÄNDER

Acteurs principaux :
Jenny JUGO (Erika Berghoff), Gustav FRÖHLICH (Prince Louis Alexandre/Dr. Alexander Bordam), Rudi GODDEN (le radio), Maria KOPPENHÖFER (la mère du prince).

Musique : Hans SOMMER     
Photographie : Friedl BEHN-GRUND         
Producteur :  Eberhard KLAGEMANN, Helmut SCHREIBER
Compagnie productrice : Klagemann-Film GmbH.

Avions :

  • -Douglas DC-2-115D  SP-ASJ, s/n 1318 (en arrière plan) 
  • -Junkers Ju 90 D-AALU, Wnr. 4913
  • -Junkers G 38ce  D-APIS, Wnr. 3302 (en arrière plan)
  • -Junkers Ju 86 B-0  D-AFAF, Wnr. 860014
  • -Junkers Ju 52-3/m D-ADER, Wnr. 5120 (en arrière plan)
  • -Junkers Ju-52 3/m D-ARVU, Wnr. 6790 (en arrière plan)

 

 
Notre avis :

En 1938, soit huit ans après Boeing Air Transport, la Lufthansa recruta ses premières hôtesses, une vingtaine, choisies sur près de deux mille candidates. Après une formation exigeante, elles commencèrent leur service sur les Focke-Wulf FW.200 Condor et les Junkers Ju.90. Ces jeunes femmes gracieuses, sanglées dans des uniformes stricts, ne manquèrent pas de susciter un intérêt certain chez les passagers mâles, dans l'Allemagne nazie, comme dans les autres pays. Ce film, paru le 29 avril 1938, est sans doute le premier film allemand à  mettre en scène une hôtesse de l'air, alors que celle-ci était déjà  sur les écrans d\'outre Atlantique depuis 1933 (Cf. "Air Hostess").  

Lors d'un vol à destination de Zürich, le Dr. Alexander Bordam tombe sous le charme de l'hôtesse, Erika Berghoff, et ne peut s'empêcher de flirter avec elle. Habituée par ce genre de comportement, elle le repousse poliment. Mais, lors d'une autre escale, à  Zürich, elle accepte son invitation à  passer la soirée ensemble, dans un bar à  vin. Erika, qui est naturellement d'un comportement très réservé, doit admettre un peu plus tard, qu'elle est tombée amoureuse de cet homme séduisant. Mais elle ne sait pas que le "Dr Bordam" est en fait un noble de grande famille, le prince Louis Alexandre, qui utilise ce faux nom pour éviter d'être reconnu. Quand elle découvre, dans un journal, sa véritable identité, Erika tombe malade. Averti qu'elle est à  l'hôpital, Alexandre lui rend visite et les deux décident de passer leurs vacances ensemble, dans un village de pêcheurs, sur la Riviera italienne. Erika peut se rendre compte qu'Alexandre l'aime vraiment, jusqu'au jour où elle apprend qu'il est fiancé à  la princesse Irina ! La famille d'Alexandre n'apprécie guère cette liaison avec une hôtesse de l'air et fait répandre, par la presse, la rumeur qu’Erika n'est qu’un maître-chanteur, désirant lui soutirer de l'argent. Erika s'explique alors franchement devant les journalistes. Alexandre qui a rompu ses fiançailles, appelle Erika et lui demande de l'épouser, le lendemain, à  Londres. Ils passeront leur lune de miel sur la Riviera italienne, comme de bien entendu.
 
Le tournage débuta le 20 septembre 1937 et prit fin le 7 février, 1938. Il eut lieu, en partie, sur l'aéroport de Berlin-Tempelhof, qui remplace l'aéroport de Zürich ou de Gênes. Les extérieurs furent également tournés en Italie, où on reconnait les petites villes de Portofino et de Santa Margherita, en Ligurie. L'Italie, était à l'époque, un lieu de vacances favori pour l'élite allemande. Hermann Göring allait, d'ailleurs, séjourner à San Remo, en mars 1939.


Les avions du film :

L'avion vedette du film, filmé au sol à Dessau, à l'atterrissage comme au décollage, mais aussi en l’air, pas toujours sous la forme de maquette, est le gros quadrimoteur Junkers Ju 90 V1 "D-AALU" (Wnr. 4913), portant le nom de "Grosse Dessauer" (les usines Junkers étaient implantées à  Dessau). Il s'agissait de la version civile du bombardier Ju 89 V-3, le Ju 90 V-1, un prototype qui ne fut jamais pris en compte par la Lufthansa. Il fit son premier vol le 28 août 1937, équipé de moteurs en ligne Daimler-Benz DB 600, sur lesquels on voit les mécaniciens se pencher. Il fut détruit le 7 février 1938, lors d'essais de décrochage, soit le jour de la fin du tournage... Néanmoins, la Lufthansa mit en service onze de ces gros porteurs (40 passagers), entre 1937 et 1940.

Si le cockpit a visiblement été reconstitué en studio, il semble bien que la cabine, qui était large (3 m) avec des fauteuils dignes d'un wagon (de première classe, bien sûr) et des porte-bagages situés entre les sièges, a été mieux reconstituée. Quant au galley (situé derrière le cockpit), il est digne d\'une cuisine d'une maison bourgeoise (avec le panneau d'appel de la servante/hôtesse); il est reconstitué également en studio, car juste de l'autre côté, il y avait la cloison de la soute à bagages. On voit que l'hôtesse servait aussi de dactylo pour les passagers, qui pouvaient, en outre, envoyer et recevoir des messages. Les bagages sont descendus d'une soute, accessible par une porte ouvrant vers le bas, située à  l'avant gauche de l'appareil, juste derrière le cockpit. A cette occasion, on constate que les hommes de piste de la Lufthansa étaient habillés en matelots, avec bonnet et col marin ! Mais ces uniformes, comme ceux de l'équipage, sont tout à fait fantaisistes.

Le prince lit dans l'avion, le magazine "Die Luftreise", le numéro d'octobre 1937, 24 pages sur l'actualité de l’aviation civile, comportant de nombreuses illustrations, avec un magnifique Heinkel He 70 sur la couverture.

Autre très gros avion, avec une aile de 290 m2, aperçu sur l'aéroport de Berlin, est le Junkers G.38ce "D-APIS" (Wnr. 3302), mis en service par la Lufthansa en juin 1932 (D-2500) avec le nom Generalfeldmarschall Hindenburg. En avril 1934, il fut modifié en G.37ci, avec l'installation de nouveaux moteurs Jumo 204A et le nouveau matricule "D-APIS". En août 1937, peu avant le tournage, il avait accumulé 3 280 heures de vol. En avril 1940, il fut réquisitionné par la Luftwaffe et reçut le code "GF+GG", mais le 17 mai 1941, il fut détruit au sol par un raid de la RAF, à  Athènes. Cet avion apparut dans de nombreux documentaires et bandes d'actualité.

L'amie française du prince descend d'un autre Junkers, plus petit, un Junkers Ju.86 B-0 (D-AFAF, Wnr. 860014) portant le nom de Watzman, mis en service par la Lufthansa, en juillet 1936. Il sera versé à  la Luftwaffe en 1940.

Peu avant ce Junkers, on aperçoit un Douglas DC-2, moteur tournant. Il est tout alu, sans aucune marque apparente (l'aile cache la majeure partie du fuselage), et on ne voit qu’un début de matricule. D’où vient cet avion ? En fait, l'image de l'avion a été montée à  l'envers et les deux éléments du matricule aperçus ne sont pas "LS", comme on croit le voir, mais "SJ". Il s'agit d'un avion de la compagnie polonaise LOT (Polskie Linie Lotnicze), le "SP-ASJ ", un Douglas DC-2-115D (s/n 1318) construit sous licence, en 1934, par Fokker. C'était le seul des trois DC-2 de la compagnie à n'être pas équipé de moteurs anglais Bristol Pegasus, construits par Skoda. Cet avion avait été acheté par la Lufthansa en 1935 (D-ABEQ) et dénommé "Taunus"; elle l'avait revendu à  la LOT, en février 1937. Il s'écrasera par mauvais temps, dans le massif montagneux des Rhodopes, en Bulgarie, le 23 novembre de la même année, donc pendant la période de tournage.

Le prince descend d'un Junkers Ju 52-3/m (D-ADER, Wnr. J5120), le Hans Wende, exploité par la Lufthansa depuis 1935. En 1938, il sera cédé à  la filiale brésilienne de la compagnie, le Syndicato Condor, qui le baptisera "Yarassu", avec le matricule « PP-CBE ». Syndicato Condor deviendra en janvier 1943, Serviços Aéreos Cruzeiro do Sul, et l'avion sera vendu en août 1947, à  la Force aérienne argentine (T-169) qui le transférera au Ministère de l'Agriculture, en avril 1950 (LV-ZBM). Réformé en janvier 1956, il sera ferraillé à  Esquel, en janvier 1958. Un autre Ju 52 portera le nom de Hans Wende, le D-ARVU (Wnr. 6790), pris en charge par la Lufthansa en 1939.

Sous le fuselage du Ju 90, on aperçoit, au loin, un autre Ju 52 (D-A*AM) difficilement identifiable, la seconde lettre du matricule étant masquée par un homme de piste.


Christian Santoir

*Film à  visionner sur YouTube






 

 

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