Vo. La colomba non deve volare
Année : 1970
Pays : Italie, Allemagne
Durée : 1h 41 min.
Genre : guerre
Couleur
Réalisateur : Sergio GARRONE
Scenario : Tito CARPI, Sergio GARRONE, Giuseppe MASINI,
Mario di NARDO
Acteurs principaux :
Horst BUCHHOLZ (Pablo Vallejo), Sylva KOSCINA (Anna Matera),
William BERGER (major Harris), Riccardo GARRONE (major Stefano Ridolfi), Howard ROSS (Venier), Giuseppe CASTELLANO (Davison).
Musique : Riz ORTOLANI
Photographie : Franco Delli COLLI
Compagnies productrices : Produzioni Atlas Consorziate
(P.A.C.) , Inter West Film
Avions :
- -Savoia-Marchetti SM-79, répliques
- -Supermarine Spitfire Mk.I/II, document
Notre avis :
Le scénario s'inspire très librement d'un fait historique
peu connu de la seconde guerre mondiale, le bombardement des puits de pétrole
du Bahreïn par quatre bombardiers italiens, le 19 octobre 1940. Mais le film
commence à Aden en 1943, comme indiqué…
A Aden, en 1943, une série de meurtres d’agents secrets
allemands est organisée par le major Harris, le chef du contre-espionnage
anglais. Seul, l’agent espagnol franquiste Pablo Vallajo qui travaille pour les
Italiens, peut en réchapper. Mais Harris, suit sa trace. Pablo est en contact
avec Anna, une employée diplomatique, qui, à son insu, sert de personne de
contact pour les services secrets italiens à Bahreïn. Pablo est censé
l'utiliser pour obtenir un colis avec les dernières instructions. Il est
capable de convaincre Anna de ses intentions et apprend qu'il doit organiser un
ravitaillement de carburant pour des bombardiers italiens et le transporter
dans un endroit secret dans le désert. En juillet 1943, cent mille soldats
italiens et allemands affrontent, en Sicile, les Anglo-américains. Pour rendre
leur situation moins désespérée, il n'y a qu'un seul moyen : interrompre
l'approvisionnement en carburant des forces alliées, en détruisant les puits de
pétrole des îles de Bahreïn. La tâche de mener à bien cette mission difficile a
été confiée à l'escadron aérien du major Ridolfi, qui s'est immédiatement
déplacé en Crète, tenue par les Allemands. Compte tenu de leur autonomie
limitée, les avions italiens ont besoin d'un ravitaillement en plein désert.
Une tâche très difficile pour Pablo, puisque le major Harris et ses hommes le
suivent de près. Les Italiens parviennent à se ravitailler, mais au moment du
décollage des avions, Harris survient avec un groupe d'hommes armés. Après une
fusillade acharnée, les Italiens ont le dessus et, ayant repris leur mission,
ils la mènent victorieusement à son terme.
On notera que les bombardiers italiens ne décollèrent pas de Crète, mais de l’ile
de Rhodes, occupée par les Italiens, pour bombarder les raffineries de Manama,
au Bahreïn. Il s‘agissait d’un vol de 4 200 km, soit environ 15 heures de vol en
continu. Bénéficiant d’un vent arrière favorable, les avions surchargés de carburant (5 900 litres), n'emmenant chacun que 1 500 kilos de petites bombes explosives et incendiaires, parvinrent, par
surprise, à leur destination sans problème, et ne rencontrèrent aucune
opposition, contrairement à ce que l’on voit dans le film. Ils ne firent aucune escale de ravitaillement en plein désert. Ils atterrirent ensuite
à Zula, en Erythrée, contrôlée par les Italiens, sans revenir à Rhodes.
Leurs réservoirs contenaient alors moins de 180 litres. Contrairement au film, les dégâts causés furent très faibles, mais obligèrent
les Anglais à renforcer la protection de Bahreïn, en dispersant encore plus les
ressources des forces alliées.
"La colomba non deve volare" est dépeinte d'un
point de vue italien. L'officier du renseignement britannique, le major Harris,
est classé comme un méchant, un assassin. En revanche, l'agent espagnol Pablo
Vallajo est montré comme un homme séduisant et résolu. Aux côtés de Pablo,
l'officier de l'armée de l'air italienne, le major Ridolfi, qui dirige le raid
aérien, est le véritable héros du film. En 1940, le chef du raid sur Bahreïn,
était le lieutenant-colonel Ettore Muti, qui fut, en 1939-1940, le secrétaire
du parti national fasciste italien...
Ce drame italien, soi-disant "factuel", comme le
souligne le texte d'ouverture qui honore les hommes des services secrets,
devient parfois ridicule à cause d’un budget très faible. Aucun avion ne fut
employé par la production, tout au plus, a-t-on fait fabriquer des répliques de
qualité médiocre. Les autres avions apparaissent, en noir et blanc, sur de très
nombreuses séquences d'archives filmées, certaines très connues, qui ne
correspondent ni à l’époque, ni aux lieux de l’action. On eut recours à des
cascades de montage pour faire coïncider les images d'archives avec l'intrigue,
pas toujours avec succès.
Les avions du film :
Le principal avion du film est le Savoia-Marchetti SM.79-I Sparviero.
Le véritable raid sur Bahreïn, fut exécuté par des Savoia-Marchetti SM-82 Marsupiale, un
trimoteur dont on ne disposait que de peu de documents filmés.
Trois SM-79 apparaissent dans le film, au sol, notamment
celui portant le numéro « 137 » (qui réapparait toujours après avoir été
détruit plusieurs fois…). Ce sont, en fait, des répliques, plus ou moins
exactes comportant certains défauts :
-les ailes trop épaisses, toutes bosselées, penchant vers le
bas (dièdre négatif !)
-le train d’atterrissage simplifié
-la porte du fuselage trop carrée
-pas de contrefiches soutenant l’empennage horizontal
Il en est de même pour l’intérieur de l’avion reconstitué en
studio et qui apparaît plutôt vide, alors qu’il était très compartimenté. Il
n’y avait pas deux places assises derrière les pilotes, mais une cloison,
derrière laquelle se tenait, à droite, le radio qui actionnait aussi la
mitrailleuse supérieure tirant vers l’arrière.
Le tableau de bord, aperçu de temps en temps, est très
simplifié, tout comme le clavier de 12 touches qui commande le largage des 12
bombes de 100 kg logées verticalement dans des tubes situés à l’aplomb des
ailes.
Les images de ces répliques sont mélangées avec celles, en
noir et blanc, des vrais avions figurant sur des documentaires d’époque. Ces
SM-79 sont vus en vol, à l’atterrissage comme au décollage. Mais à deux
reprises, ils sont remplacés par des Fiat BR.20, bimoteurs…
Quant l’avion de Ridolfi ouvre les portes de sa soute à
bombe, on voit en fait, sur un document, s’ouvrir la soute d’un Boeing B-17
Fortress, filmée à partir du poste du mitrailleur ventral. Suite à des
problèmes de moteur, un SM-79 quitte sa formation et quand il part en piqué, il
devient un Vickers Wellington, puis un Junkers Ju-88 de la Luftwaffe, avant de
s’écraser au sol !
Au début du film, comme à la fin, les avions italiens sont
attaqués par une escadrille totalement hétéroclite, composée de plusieurs
avions de toutes origines. Les plus nombreux sont naturellement des avions
anglais, des Supermarine Spitfire Mk.I/II portant des cocardes de 1939-1941.
Ils ne décollent pas du Bahreïn, mais de pistes en herbe, en Angleterre, au
début de la guerre. Ils apparaissent sur des extraits de documentaires que l’on
retrouve souvent dans d’autres films.
Les autres avions sont vus lors de leur passage ultra rapide : un
Vought F4U Corsair, un Focke Wulf Fw-190 avec un capot jaune, un Douglas SBD-5
Dauntless, un Messerschmitt Bf.110 ! Les avions italiens, après avoir bombardé,
sont attaqués, par un Nakajima Ki-84 Hayate, vu de face, un Fw-190, déjà aperçu
sous le même angle, au début du film, et un North American P-51 Mustang ! Il y
a également des bouts de films de cinémitrailleuses montrant des combats ayant
lieu en Europe, mais aussi dans le Pacifique...
Christian Santoir
*Film disponible sur YouTube
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