NEBO
Vo. Небо
Pays : Russie
Année : 2021
Durée : 1 h 50 min.
Genre : guerre
Couleur
Réalisateur : Igor KOPYLOV
Scénario : Igor KOPYLOV
Acteurs principaux :
Igor PETRENKO (lieutenant-colonel Oleg Soshnikov), Mariya
MIRONOVA (Jelena Soshkinova), Ivan BATAREV (capitaine Kostya Muravyev), Sergey
GUBANOV (Zakharov), Dmitriy BLOKHIN (Linkov), Marina MITROFANOVA (Anastasia
Muravyev), Stanislav SOLOMATIN (Sashka) Glafira KOPYLOVA (Arina)
Musique : Maksim KOSHEVAROV, Aleksandr MAEV
Photographie : Evgeniy KORDUNSKIY, Garik ZHAMGARYAN
Producteurs : Igor KOPYLOV,
Sergei SHCHEGLOV, Inessa YURCHENKO
Compagnie productrice : Central Partnership
Aéronefs :
-General Dynamics F-16C, image
-Ilyushin Il-76
-Ilyushin Il-22, en arrière plan
-Kamov
Ka-52K
-Kamov
K-27, document
-Mil Mi-8AMT
-Mil Mi-24, en arrière plan
-Sukhoi Su-24M
-Sukhoi Su-27UB, document.
-Sukhoi Su-25
-Tupolev Tu-154, en arrière plan
-Tupolev Tu-160S, document.
-Tupolev Tu-214PU-SBUS, en arrière plan
Notre avis :
Ce film patriotique, inspiré de faits réels et dont l’action
se déroule principalement lors de la guerre en Syrie (commencée en 2011), est
centré sur l’histoire d’un pilote russe, le lieutenant colonel Oleg Soshnikov
dont le film nous fournit la biographie, depuis son entrée à l’école militaire
jusqu’à sa mort en Syrie.
Le film commence avec deux aviateurs russes, le lieutenant
colonel Oleg Soshnikov et le capitaine Kostia Muravyev, descendus en parachute
et qui se font poursuivre par une bande de guerriers islamistes. Après s’être
séparés, ils sont finalement capturés. Mais il ne s’agit là que d’un exercice.
Oleg revient chez lui où sa famille l’accueille chaleureusement, mais sa femme,
Jelena, lui demande si, à 45 ans, il ne ferait pas mieux de démissionner de
l’armée et de passer dans l’aviation civile. Il rencontre alors le directeur
d’une compagnie aérienne qui lui propose un bon poste, bien rémunéré, mais à
l’étranger. Après réflexion, Oleg préfère continuer à servir son pays. Puis, on
lui annonce que l’aviation russe va envoyer des avions en Syrie; Oleg se porte
volontaire et il choisit Kostia comme navigateur. C’est par la femme de Kostia
que Jelena apprend que son mari doit partir en Syrie ! Elle revient furieuse à
la maison. Elle devra rester seule, anxieuse, à attendre son mari, comme elle
le fait depuis des années…Pour l’instant, elle s’occupe de la rénovation de son
restaurant, le « Nebo ». Après une soirée avec leurs amis dans le restaurant, Jelena et Oleg se séparent
réconciliés. Une fois arrivés en Syrie, Oleg et Kostia participent à une
première mission d’appui pour un commando devant capturer un chef djihadiste.
Une seconde mission est dirigée contre
une zone contrôlée par des rebelles, très proche de la frontière turque. C’est
à ce moment que Jelena, en Russie, a un mauvais pressentiment…Après l’attaque
d’un convoi, l’avion d’Oleg et de Kostia est abattu par un chasseur turc. Ils
s’éjectent, mais Oleg est mitraillé à partir du sol par les rebelles et meurt.
Kostia parvient à s’enfuir, mais il est blessé à une jambe. Une opération de
secours est aussitôt lancée par l’armée russe et des commandos syriens. Ils
parviendront à le retrouver et à l’exfiltrer. On apprend alors à Jelena que son
mari est mort, ce à quoi elle s’attendait. Le corps d’Oleg est ramené en Russie
lors d’une grande cérémonie où il est déclaré héros de la Fédération de Russie.
Son jeune fils se dirige alors vers le cercueil de son père, lui fait un salut
militaire et lui promet d’être un officier de valeur comme lui…
Le film s’inspire d’un événement réel survenu le 24 novembre
2015, quand un chasseur F-16 turc abattit un Sukhoi Su-24M qui avait pénétré d’un peu plus de 2 km sur le
territoire turc. Ce n’était pas la première fois que cela était arrivé, mais
sans conséquence grave jusque-là. Les Russes s’éjectèrent, mais le pilote, Oleg
Peshkov, fut tué par des rebelles syriens, alors qu’il était suspendu à son
parachute. Le navigateur, Kostia Muraktin, fut récupéré, mais un soldat russe
fut tué alors que son hélicoptère avait été endommagé par les rebelles. Le
Su-24 fut touché en Turquie, dans la région de Yahialdagi, sur le territoire
d’Hatay (dont la nationalité est contestée depuis des années par la Syrie) et
il s’écrasa en Syrie dans la zone des montagnes Turkmen, dans la province
syrienne de Latakié. Sa chute fut entièrement filmée du sol par les rebelles.
Les rebelles de la communauté Turkmen de la Syrie, dont les villages auraient
été, selon la Turquie, bombardés peu de temps avant par les avions russes,
ouvrirent aussi le feu sur l’avion, alors qu’il tentait de rejoindre une zone
tenue par les forces pro-gouvernementales.
Le film contient certaines erreurs. Ainsi, les tirs du vrai
F-16 turc furent très rapides, le Su-24 ne bénéficiant d’aucune escorte. Dans
le film, c’est plus long (un premier missile air-air turc est détruit par les
lance-leurres du Su-24, mais le second fait mouche). L’opération spéciale de
secours du navigateur Muraktin fut dirigée par le commandant du Corps des
Gardes de la révolution islamique d’Iran, le général Qasim Suleimani, un
partisan de Bashar el Assad. Le pilote russe ne fut pas capturé par les
rebelles pro-turcs grâce à ses gens appartenant au groupe pro-iranien du
Hezbollah qui connaissait bien la zone. Des commandos russes et syriens
éliminèrent les poursuivants de Muraktin. Mais dans le film, il n’y a aucune
mention du Hezbollah ou des Iraniens, seule, la collaboration des services de
renseignements syriens et les force spéciales russes, est évoquée.
Autre erreur, plus petite, les cadets des années 90 portent
encore leurs uniformes soviétiques, alors que le pays était devenu la
Fédération de Russie et qu‘on peut voir dans le bureau du directeur de l’école
militaire, le portrait du président de l’époque, Boris Yeltsin (1991-1933).
Le film est saturé de patriotisme, mais aussi d’émotion,
suscitée par l’histoire du couple d’Oleg et Jelena. L’éclatement de l’URSS est
évoquée, mais en même temps, la loyauté et le devoir envers la mère patrie. Il
est n’est pas seulement dédié à Oleg Peshkov, mais aussi aux milliers
d’officiers russes qui, même dans les dures années 90, ne renièrent pas leurs
serment à la patrie, ne partirent pas à l’étranger, ne trahirent pas l’armée.
La Fédération de Russie semble avoir conservé toutes les « valeurs » et les
principes de l’Union soviétique dont les services (comme le KGB), voire les
présidents, n’ont fait que changer de nom. L’ « empire russe » est toujours
là...
Tout au long du film, des flashbacks remontant au début des
années 90, nous montrent Oleg quand il était cadet au moment de la dissolution
de l’URSS et quand beaucoup de ses camarades démissionnaient. On évoque aussi
la montée de la criminalité urbaine due à un relâchement policier. C’est aussi
l’époque où Jelena rencontra Oleg, ce qui lui revient à l’esprit, face au
cercueil de son mari.
La réalisation employa peu d’images ou d’extraits de
documentaires; les explosions sont bien réelles. Les épisodes de combat, les
scènes aériennes, les rapports complexes entre l’armée russe, les services de
renseignement syriens, les forces spéciales syriennes et les rebelles de toutes
sortes, sont bien représentés. Comme le dit un ami d’Oleg : « aujourd’hui, ton
allié peut être, demain, ton ennemi »…
Ce film patriotique russe reçut la collaboration du
ministère de la Défense de la Fédération de Russie et de la force aérienne
russe. Le tournage commença en octobre 2020 en Crimée, puis il se déroula à
Moscou, à Leningrad et à Lipetsk. Il fut filmé sur plusieurs bases en Russie,
dont celle de Chkalovsky, à l’est de Moscou, mais principalement sur celle de
Khmeimim, située sur l’aéroport international de Latakié, en Syrie.
Les avions du film :
Le premier avion aperçu, un MiG-15UTI, code « 75 » blanc,
exposé sur un piédestal dans une école militaire non identifiable.
Puis, on voit cinq Sukhoi Su-24M, parqués à côté de Sukhoi
Su-25. Le Sukhoi S-24M est le principal avion du film. On voit ainsi les avions
portant les codes « 56, » « 55 », « 54 », « 51 » « 46 », « 41 » bleus, marqués « ВВС РОССИИ » (Force aérienne russe)
sur la dérive, avec des étoiles rouges. Ils portent l’insigne rouge et blanc du
constructeur Sukhoi sous le cockpit. Les mécaniciens font les pleins, chargent
le parachute de freinage, fixent les missiles sous les ailes et le fuselage…On
a plusieurs vues du vrai cockpit du Su-24M et de sa planche de bord tout au
long du film.
Dans un premier temps, le Su-24 d’Oleg qui est initié à la
zone de combat par un collègue, est escorté par deux Sukhoi Su-27, dont le “01”
rouge (c/n 36911020413). Les trois avions survolent à très basse altitude la
couche des nuages sur laquelle on remarque leurs traces de sillage. Plus tard,
au sol, on voit un autre Su-27 « 01 » bleu sur la base de Khmeimim.
Le Su-24M « 48 » bleu (RF-92035, toujours en service) part
appuyer les forces spéciales russes attaquant le chef djihadiste Abu Firas al
Hourani. Il est armé de quatre bombes BETAB-500 destinées à percer les
structures bétonnées et de deux réservoirs extérieurs de 3000 litres.
L’attaque de l’hôtel transformé en fabrique d’armes
chimiques est surveillée par un drone russe à long rayon d’action, un Kronstadt
Orion, qui envoie les images de l’objectif aux troupes au sol. Mais il
n’apparut en Syrie qu’en 2019, pour des vols d’essais d’attaques au sol.
Lors de sa dernière mission, le Su-24 d’Oleg est le « 83 »
noir, armé de 4 missiles air-sol Kh-25 et de 2 bombes (non identifiables). Le
vrai Su-24M qui fut abattu était immatriculé « RF-90932 » avec le code « 83 »
blanc (c/n 0615326), mais portait le code « 23 » blanc avant de partir en
Syrie.
Le General Dynamics F-16C turc qui abat le Su-24M a été
reconstitué en images de synthèse.
L’avion d’attaque Sukhoi Su-25 apparaît également tout au
long du film, mais au sol, et le plus souvent en arrière-plan. Une douzaine de
Su-25 furent employés en Syrie, basés à Khmeimim.
Lors de l’attaque finale contre les djihadistes, on voit un
Sukhoi Su-27 et un Su-27UB biplace, qui décollent sans armement ! Des
bombardiers Tupolev Tu-160S, dont le RF-94112 (?), vus sur un documentaire,
attaquent les zones détenues par les troupes islamistes, avec des bombes et des
missiles de croisière furtifs Kh-101 de grande précision. Ces bombardiers
intercontinentaux ont bien participé à la guerre en Syrie et ont frappé 448
cibles de Daech, en quelques jours.
Les Ilyushin Il-76 apparaissent souvent. On en voit un en
arrière-plan de quelques Sukhoi Su-24 et Su-25. C’est un Il-76 qui emmène les
pilotes en Syrie. C’est l’Il-76MD « RA-78847 » (c/n 1003404132) qui rapatrie le
corps de Soshnikov, lors de la scène finale représentant la vraie cérémonie
organisée pour Oleg Peshkov qui eut lieu le soir du 30 novembre 2015 sur la
base de Chkalovsky, comme dans le film.
L’Il- 76 (c/n 10034 04132), dont on ne voit que la partie arrière, fut d’abord
immatriculé « CCCP-78847 » au nom de l’armée de l’air soviétique en septembre
1990, puis « RA-78847 » en avril 1993, et basé à Novgorod. En 1997, il était en
service avec une unité spéciale, le 223ème détachement aérien du ministère de
la Défense, basé à Chkalovski, où il est toujours en service.
En arrière plan, on distingue (mal) un des deux Tupolev
Tu-214PU-SBUS, un avion de commandement aérien portant une livrée civile.
Vers la fin du film, sur une base russe (Chkalovsky ?), on
aperçoit de loin une rangée d’Ilyushin Il-22 (postes de commandement aériens)
reconnaissables grâce à leurs dérives, parqués à coté de plusieurs Tupolev
Tu-154.
Le film compte également de nombreux hélicoptères.
Plusieurs Mil Mi-8AMTSh survolent la base de Khmeimim. On
les revoit plus tard armés de mitrailleuses de 7.62mm et de deux nacelles
B8V-20A de lance roquettes, quand deux d’entre eux (« 54 » et « 58 » bleus)
partent à la recherche des pilotes abattus. Le « 58 » touché par des tirs venus
du sol, doit se poser en urgence.
Des Mil-Mi-24 survolent, en arrière plan, la même base.
Un autre Mil-8AMT désarmé, en version de transport, se pose
sur le toit d’un immeuble du ministère de la Défense à Moscou.
Lors de l’attaque finale de la zone détenue par les
rebelles, des Kamov Ka-52K "Katran" (dont le « 11 » bleu) armés de
pods de lance-roquettes s’envolent, ainsi que deux Mil Mi-28.
Un Kamov Ka-27 décolle de la frégate « Amiral Essen », mise
en service en 2016 et qui participa effectivement à la guerre de Syrie en
lançant des missiles.
Christian Santoir
*Film disponible sur https://ok.ru/video
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