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LE DETOUR

LE DETOUR

Vo. The snow walker

 

 Année : 2003
Pays : Canada
Durée : 1h 43 min.
Genre : aventure
Couleur

Réalisateur : Charles Martin SMITH<
Scénario : Charles Martin SMITH, Farley MOWAT

Acteurs principaux :
Barry PEPPER (Charlie Halliday) Annabella PIUGATTUK (Kanaalaq), James CROMWELL (Walter Shepherd),  Kiersten WARREN (Estelle), John GRIES (Pierce), Robin DUNNE (Carl), Malcolm SCOTT (Warren).

Musique : Mychael DANNA
Photographie : David CONNELl
Producteurs : Ellen DINERMAN LITTLE, Rob MERILEES, Michael OHOVEN, Barry PEPPER, William VINCE.
Compagnies productrices : Infinity Media, Téléfilm Canada, Canadian Television Fund, British Columbia Film

Les avions :

  • -Britten-Norman BN-2A-27 Islander, C-GSAD, c/n 7, en arrière plan
  • -De Havilland Canada DHC-2 Beaver, C-FIFJ, c/n 831
  • -Noorduyn Norseman Mk.V, C-FJIN, c/n 55
  • -Noorduyn Norseman Mk.VI, C-FGYY, c/n 427
  • -Stinson 108-2 Voyager, en arrière plan
 

Notre avis :

 En 1953, à Yellowknife, dans le nord du Canada, Charlie Halliday, est un pilote de brousse et un vétéran de la seconde guerre mondiale, travaillant pour une petite compagnie de transport. Comme la plupart des Blancs de la région, il a peu de contact avec les autochtones Inuit, excepté quand il s'agit de faire des affaires avec eux...Lors d'un vol à but personnel, il rencontre une famille de pécheurs nomades. Une jeune femme du groupe, Kanaalaq, est malade; Charlie pense qu'elle a la tuberculose. Ses parents lui demandent de l'emmener à Yellowknife pour y être soignée. Il accepte de l'emmener à l'hôpital, contre deux défenses de morse, en ivoire. En route vers la ville, il est forcé de se poser en urgence suite à une panne moteur.  Bien qu'ils ne soient pas blessés, Charlie et Kanaalaq se retrouvent au milieu de nulle part. La radio ne marche plus et ils n'ont que peu de vivres à disposition. La position de l'avion est vraisemblablement inconnue de ses collègues, vu qu'il s'est volontairement éloigné de sa route habituelle. Kanaalaq ne parle que quelques mots d'Anglais, alors que Charlie ne connait aucun mot de la langue de Kanaalaq. Dans un premier temps, il décide, aidé d'une carte, de rejoindre Yellowknife, seul, en laissant Kanaalaq près de l'épave. Mais au bout de quelques jours de marche sur un terrain difficile, il s'effondre au milieu d'une nuée de moustiques. Par bonheur, Kanaalaq l'a suivi et lui vient en aide. Charlie remarque ses capacités à survivre dans ce milieu inhospitalier; elle peut pécher, piéger et chasser les animaux, pour se nourrir et se vêtir. Un jour, en entendant un avion haut dans le ciel, il comprend qu'il vaut mieux rejoindre l'épave de l'avion qui est plus visible du ciel que deux personnes isolées. Ils finissent par la retrouver. Mais les jours passent, sans que les secours arrivent. Le moral de Charlie se dégrade. La seule solution est de repartir à la recherche d'un village ou d'un campement. Kanaalaq est toujours à ses cotés et, peu à peu, Charlie, grâce à elle, s'adapte au milieu polaire en apprenant les techniques de survie qu'elle lui transmet. Mais l'état de santé de Kanaalaq se dégrade et il doit la trainér sur un chariot improvisé. Un matin, il découvre qu'elle est partie pour  ne plus être à sa charge. Il suit ses traces dans la neige qui le conduisent à un harfang des neiges...Par respect pour elle, il va l'inhumer à la façon inuit. Au bout de trois mois d'errance, Charlie rencontre enfin un camp d'Inuits qui l'accueillent.

 Le scenario de "Le détour" (titre québécois) n'est pas original et s'inscrit dans la liste des films du genre catastrophe où les survivants d'un crash aérien, en zone hostile (forêt, désert, mer, montagne, zone polaire...) ne doivent compter que sur eux-mêmes pour s'en sortir, n'ayant pu être localisés par les secours. Ici, ce qui est différent c'est le dialogue entre deux cultures, voire deux mondes, très différents, interprété de façon "non-hollywoodienne". Beaucoup de films qui mettent en scène des gens qui n'ont pas la même origine, ont tendance à utiliser deux éléments majeurs pour rendre l'histoire plus excitante. Le premier est le "choc des civilisations" opposant, parfois violemment, des individus d'origine diverses, le second, est le plus souvent une histoire d'amour. "The snow walker" ne fait pas appel à ces clichés, bien que l'histoire prenne place dans les années 50, à une époque où le mâle blanc était fort peu tolérant, tant envers les femmes, qu'envers les "gens de couleur"... Ici, pas d'affrontement culturel et pas de romance, entre les deux principaux personnages. Au lieu de cela, le film raconte une histoire de confiance, d'amitié, et de compréhension mutuelle, entre deux étrangers, obligés de survivre ensemble. La simplicité de l'histoire crée un message beaucoup plus puissant que certains des autres films traitant de ce thème.

 Le film fut tourné dans le nord du Canada, à Churchill (MB), Rankin Inlet (NU) et en Colombie britannique. Les séquences aériennes ont été filmées avec des hélicoptères des compagnies Hudson Bay Helicopters de Churchill et Customs Helicopters de Winnipeg (MB). Comme dans tous les films de ce genre, les avions ne sont vus qu'au début du film. Une fois que l'avion s'est écrasé, tout se passe au sol...

 

Les avions du film :

 L'avion avec lequel Charlie se crashe est un Noorduyn Norseman Mk. V (C-FJIN  c/n 55) de Chimo Air Services, piloté par Dave Robertson. En 1941, ce Norseman Mk.IV fut livré à la RCAF avec le serial 2482, au n° 1  Training Command Communications Flight. Il connut par la suite d'autres affectations : n° 1 Air Command, en janvier 1945, n° 6 REMU (Reserve Equipment Maintenance Unit), de Mont Joli (Québec), en novembre 1945, n° 11 Technical Support Unit (Canadian Car and Foundry), le 12 novembre 1951, n° 6 Repair Depot, le 23 Juin 1952, n° 98 Iberville Squadron Royal Canadian Air Cadets. Il fut envoyé plus tard à l'Accounting Station de St. Hubert (Quebec), code "596B", puis "A596". Réformé le 24 novembre 1953, il fut vendu en 1957 sur le marché civil avec le matricule "CF-JIN", et converti en Mark V, la version civile du Norseman, par Austin Airways de Sudbury (ON) qui le garda jusqu'en 1969, date de son accident à Nakina (ON). Renvoyé chez Noorduyn pour y être réparé, il fut revendu en mai 1972, à Labrador Mining and Exploration, de Montréal. De nouveau accidenté, il fut vendu à Norco Associates, en février 1973. A partir de 1981, il passa de mains en mains : John Bigley (Norco) de Pembroke (Ontario), avec le matricule "C-FJIN",  en septembre 1981, 589321 Ontario Ltd., en juillet 1983, Sky-North Ltd., de Red Lake, en juillet 1985, puis, Red Lake Airways, en août 1987, de nouveau Sky North en avril 1988, et Red Lake Airways,en octobre 1988. En décembre 1995, il fut vendu à Chimo Air Services, toujours à Red Lake, tout en conservant son matricule "CF-JIN" (mais inscrit "C-FJIN", dans le film, comme avant 1957). En 2017, l'avion fut endommagé par une tornade. Chimo Air Services fut racheté par Superior Airways, en 2018, mais pas le Norseman... En 2019, son sort est incertain, après 78 ans de bons et loyaux services.

Le crash montré dans le film est assez spectaculaire et plutôt bien réalisé, notamment avec des maquettes, mais cela reste du cinéma et ne correspond pas à la réalité. Un Norseman, un avion particulièrement rustique et robuste, un vrai "bush plane", est toujours contrôlable quand son moteur s'arrête, ceci étant d'ailleurs valable pour un Rallye ou un Piper. L'avion peut continuer à voler, stabilisé sur une pente lui permettant d'avoir assez de vitesse pour atterrir sans problème (et sans piquer dans l'eau, comme on le voit faire, tout en conservant son hélice intacte !), d'autant que la visibilité est bonne et que la surface des lacs est totalement plane. Un Norseman n'est pas comme un Boeing ou un Airbus, le moteur n'a aucune liaison avec les commandes des surfaces de contrôle, actionnées par des câbles et des poulies et pas par des ordinateurs.

 L'épave est celle du Noorduyn Norseman Mk VI, "C-FGYY" (c/n 427) fournie par Kuby's Aircraft Ltd. de Kenora (ON). Elle fut transportée jusqu'à Rankin Inlet, où elle fut utilisée pour les scènes impliquant l'avion accidenté, et elle retourna à Kenora après le tournage. Le C-FGYY commença sa carrière avec l'USAAF, en tant qu'UC-64A, construit en mars 1944 et livré le mois suivant (s/n 43-35353) sur la base de Perry (FL). Il fut affecté au 1st Fighter Squadron, 2nd Air Commando Group, de Lakeland (FL). Le 26 août 1944, il fut accidenté à l'atterrissage, à Gainsville (FL). Après avoir été transféré à la 451st Base Unit de Salinas (CA), il fut de nouveau accidenté, par mauvais temps, à Lemoore (CA), le 12 décembre 1944. Après la guerre, il fut envoyé à la  Reconstruction Finance Corporation, d'Augusta (GA), le 15 septembre 1946, comme surplus. Il fut vendu à Walkers Airways de Detroit (MI) et immatriculé "NC63743". Le Norseman Mk. VI retourna au Canada, acquis par Queen Charlotte Airlines de Vancouver (BC) avec le matricule "CF-GYY", le 20 septembre 1951. Entre 1951 et 1979, il connut de nombreux propriétaires, parmi lesquels, Sault Airways, Ltd., Kyro’s Airways, Gibson Airways, Thousand Lakes Airways, W.H. Lytle et R.C. Richards, et de nouveau, Thousand Lakes Airways, tous situés dans l'Ontario. Le 25 juin 1985, un flotteur se détacha au décollage, par fort vent, à Bishop Lake (Ontario) et l'avion capota ! Le Norseman ne revolera plus. Cet hydravion a donc joué, en quelque sorte, son propre rôle, dans le film. Il fut signalé en 1992, laissé à l'abandon, chez Kuby's Aircraft Ltd. de Kenora, où il resta stocké à l'extérieur pendant des années. Il fut radié des registres en 2001. En 2017, le Montreal Aviation Museum acheta à Kuby's Aircraft l'épave du C-FGYY qui fut acheminée sur le campus de l'université McGill à Ste-Anne-de-Bellevue (Montréal). Ce Mk.VI doit être restauré et exposé pour figurer le Norseman "CF-AYO", le premier exemplaire construit en 1935 et qui apparut dans "Les chevaliers du ciel" (1942).

L'avion qui part à la recherche de Charlie est un autre classique des cieux canadiens, un De Havilland DHC-2 Beaver (C-FIFJ, c/n 831) construit en 1954. Son premier propriétaire fut la compagnie Wardair Canada Ltd. de Yellowknife (YT), en décembre 1955, avec le matricule "CF-IFJ". En décembre 1968, c'est La Ronge Aviation Services de La Ronge (SK) qui s'en porta acquéreur. En juin 1990, il fut vendu à Point North Air Services de Saskatoon (SK), avec la matricule C-FIFJ, puis, en mai 1993, à P & D Aircraft Leasing Ltd (Eagle Air Services) de Wollaston Lake (SK), à Northern Dene Airways Ltd., de Prince Albert/Stony Rapids (SK), en juillet 1994, compagnie qui était son propriétaire au moment du tournage. En juin 2005, il sera vendu à Transwest Air Ltd. Partnership, de Prince Albert (SK) auquel il appartenait toujours en 2017.

Dans le hangar de la compagnie fictive "Golden North Air Charter", on aperçoit, à travers la vitre du bureau, le matricule "C-GSAD" sur le fuselage d'un avion qui est un Britten-Norman BN-2A-27 Islander (c/n 7). Construit en 1967, il appartient à la compagnie charter Gillam Air Services (MB) depuis 1990. Portant d'abord le matricule temporaire "G-AVRB", il fut exporté au Venezuela (YV-T-MTM) vendu à Madriz Construction C.A. En février 1975, il fut exporté aux USA (N32JC), acquis par un résidant de la Floride. Il le revendit en 1977 au Canada, à la compagnie Muskwa Flying Services Ltd de Fort Nelson (BC). En 1983, il fut acquis par un particulier du Manitoba qui le céda, en 1988, à Borealis Exploration Ltd. de Calgary. L'année suivante, c'est Western Arctic Air d'Inuvik (NWT) qui s'en porta acquéreur, puis Gillam Air Serces de Gillam (MB), en mars 1990.

Sur le tarmac de "Robinsko Air Service" et, plus tard, dans le hangar de "Golden North Air Charter", on aperçoit un Stinson 108-2 Voyager, muni de flotteurs, au matricule malheureusement illisible.

 L'épave retrouvée par Charlie est celle d'un Swaeringen SA26T Merlin IIB, qu'il prend pour celle d'un Beech 18 ! Il oublie que les Beech 18 sont bi-dérives, alors que l'épave est un bimoteur mono-dérive...Le Swearingen SA26 était un avion utilisé par les petites compagnies canadiennes et dont plusieurs épaves parsèment les solitudes du Manitoba et des Territoires du Nord Ouest.

 Enfin, quand Charlie cauchemarde, il se revoit aux commandes d'un Martin B-26 Marauder portant les bandes du Débarquement et le code "WT" du 456th Bomb Squadron (323rd BG), basé en Angleterre à Earls Colne, en juin 1944.

 

 Christian Santoir

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