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L'INSPECTEUR AIME LA BAGARRE

 
L’INSPECTEUR AIME LA BAGARRE

 

Année: 1957
Pays: France
Genre: policier
Durée: 1 h 43 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Jean DEVAIVRE
Scénario : Pierre APESTEGUY, Jean DEVAIVRE, Gabriel GERMAIN

Acteurs principaux :
Nicole COURCEL (Hélène Davault), Paul MEURISSE (L'inspecteur Morice), Louis VELLE (Jacques Pile / Georges Pile), Jean TISSIER (Jules - le valet de chambre), Roland TOUTAIN (Gilles Fokkerman), Bernard DHERAN (Barat)

Musique : Joseph KOSMA
Photographie : Christian GAVEAU
Productrice : Simone DEVAIVRE
Compagnies productrices : Neptune, La Société des Films Sirius

Aéronefs :

  • -Caudron Simoun, en arrière plan
  • -Cessna C.195, en arrière plan
  • -Convair 440, OO-CSL
  • -Dassault MD.450 Ouragan, document
  • -De Havilland DH.100 Vampire, document.
  • -English Electric Canberra, document.
  • -Fokker S.11-1, PH-NDX., document.
  • -Gloster Meteor F.4, document
  • -Locheed F-80B Shooting Star, document
  • -Nord 1201 Norécrin, en arrière plan
  • -Nord NC.853, F-BHHC, en arrière plan
  • -Ryan Navion F-BESR, en arrière plan
  • -SNCASO SO.6020 Espadon F-WFOV, document.
  • -SNCASO SO.1221 Djinn

 

Notre avis :

Le scenario de ce film policier est basé sur le vol des plans d’un moteur nucléaire susceptible d’équiper un chasseur français. Ce genre de moteur fut évoqué dans plusieurs films à la fin des années 50 et dans les années 60 (Cf.  Nathalie agent secret-1959, Dieu pardonne, elles jamais-1962, Barer neizvestnosti-1962, When the bullet fly-1966). Si ce type de propulsion fut bien étudié aux USA, comme en URSS, entre 1955 et 1960, il ne pouvait propulser, vu sa masse, que des bombardiers. Mais ce projet fut abandonné au début des années 60, à cause de ses nombreux problèmes.

Le film commence sur l’aéroport de Paris-Orly, lors d’un meeting officiel. Jacques Pile, ingénieur en aéronautique, est sommé par deux malfrats de dérober les plans secrets d’un moteur à réaction atomique : s’il accepte, on effacera ses dettes de jeu, s’il refuse, tout sera révélé à son futur beau-père, le célèbre constructeur d’avions André Davault (un nom qui rime avec Dassault…). L’intrigue se tisse lorsqu’on découvre que Jacques a un frère jumeau, Georges, un sosie parfait. Les jumeaux, Jacques et Georges Pile, ont été séparés à la naissance. L’un, Jacques, vit à Paris, alors que l’autre, Georges,  a été élevé à Bruxelles, chez sa mère, où il est devenu commissaire de police. Lorsque Jacques est soupçonné du meurtre d’André Davault et du vol des plans secrets, il panique et prend la fuite, Hélène la fille du constructeur d’avions, le croyant coupable rompt ses fiançailles avec lui. Georges va venir à son secours en se faisant passer pour lui. Le policier belge va tenir tête à la police française, comme à la bande de malfrats qui cherchent à obtenir les plans pour les revendre à bon prix. Sa ressemblance extraordinaire avec son frère va lui permettre de les tromper tous, y compris Hélène. En fait, Jacques n’est pas l’assassin, mais c’est bien lui qui a dissimulé les plans. Regrettant son geste, il ne les livrera pas aux bandits. Georges parvient à résoudre toutes les situations et arrive à mettre la main sur les précieux plans. Les truands seront arrêtés après une longue course poursuite sur la Seine. Hélène, qui n’a pas cessé d’aimer Jacques, lui pardonnera, tandis que Georges s’envolera vers de nouvelles aventures…

Dernier réalisation de Jean Devaivre, ce film policier, s’inspire des films noirs américains. Entre bagarres et courses-poursuites (sur les Champs-Elysées, la nuit, sur l’autoroute de l’ouest, sur la Seine), l’action est au rendez-vous !

Pour les amateurs d’aviation, l'intérêt de ce vieux film, où on voit le Paris d’autrefois et même une des premières DS-19 prêtée à la production, par la société Citroën (non citée dans le générique), est de voir de nombreux avions des années 50, mais seuls, un avion de ligne étranger et un hélicoptère de l’Armée de Terre ont réellement participé au tournage.

On remarquera Roland Toutain qui joue le rôle d’un pilote, rôle que ce cascadeur aérien a tenu dans plusieurs films avant-guerre (Rouletabille aviateur-1932, L’équipage-1935, La règle du jeu-1939).

Le « film a été tourné à l’AEROPORT DE PARIS », comme mentionné dans le générique de fin. « Aéroport de Paris » était une société qui gérait, en 1956, les aéroports d’Orly, du Bourget et de Toussus-le-Noble, ce dernier étant classé comme un aéroport d’affaires, Les rares scènes tournées sur un aérodrome avec les acteurs, l’ont été à l’évidence, sur ceux du Bourget et de Toussus.

 

Les avions du film:

Dès le générique, les avions apparaissent et ils sont nombreux. Ce sont majoritairement des avions militaires extraits de documents filmés, non pas en 1956, mais en 1950, lors de la Fête Nationale de l’air, s’étant tenue sur l’aéroport de Paris-Orly, le 11 juin 1950.

Quatre Gloster Meteor F Mk.IV décollent, dont ceux portant les codes « KR -T » et « KR-J » du 226 OCU (Operational Conversion Unit) de la RAF. Le « KR-J » s’écrasera à l’atterrissage en janvier 1951, sur la base de Stadishall (Suffolk). Ils effectuent plusieurs passages bas et quelques figures acrobatiques. Peu après, apparaîtront d’autres Gloster Meteor F Mk.IV, ceux de la patrouille acrobatique de la force aérienne belge, qui deviendra en 1951, les « Acrobobs ». Cette patrouille est composée de deux groupes de trois appareils, avec, en plus, un appareil solo. Elle appartenait à l’escadrille 356 (code « MN »).

Après les Meteor anglais, surgit, en vol bas, un Dassault MD.450, Ouragan n° 02, suivi plus tard, par le n°03. Le n° 01 participa au meeting, mais on ne le voit pas. Il s’agit des trois premiers prototypes construits en 1949 ; le MD-450 02 possédait une cabine pressurisée et le 03 était équipé d'un réacteur Nene 104 construit sous licence par Hispano-Suiza. Cet appareil marqua le renouveau de l’aéronautique française, en étant le premier avion militaire à réaction de conception française à être produit en série et même exporté.

Mais en 1950 l’Armée de l’Air est équipée de nombreux De Havilland DH.100 FB.5 Vampire, dont des dizaines survolent la foule ; 42 participèrent au meeting. Ils sont filmés d’assez loin et on ne peut distinguer que le Vampire codé « A-NL » du Groupe de chasse II/2 Alsace, dont 18 assureront la clôture de la manifestation.

Le commentateur présente un English Electric Canberra B2, ayant un « P » sur le fuselage indiquant qu’il s’agissait d’un prototype. C’était le quatrième prototype (c/n 7004, serial VN850) ; il venait directement du terrain de Warton, la base d’English Electric. Après de nombreux essais, il sera ferraillé à Hucknall, en août 1960.

« Et voici le dernier né des bolides supersoniques, le L.3000 » comme annoncé par le commentateur. C’est en fait le SNCASO SO.6020-02 Espadon, immatriculé « F-WFOV » (c/n 2), piloté par Jacques Guignard qui lui avait fait faire son premier vol le 16 septembre 1949. Il s’agit du second prototype muni d’entrées d’air placées sur les flancs du fuselage et plus en dessous, comme le prototype n° 01. Ce « L.3000 » (« L » pour Lavault, au lieu de Davault ; dans le film, Davault est transformé en Lavault…) ne fut jamais supersonique et ne reçut pas de moteur atomique comme le laisse entendre Davault au ministre. Il servit de banc d’essais pour des sièges éjectables, des systèmes embarqués et pour différents moteurs ;  il participa à l'exploration systématique du domaine subsonique supérieur, jusqu’en en 1956, date de sa réforme.

Enfin, apparaissent quatre Lockheed F-80B Shooting Star (FT-3xx) de la patrouille acrobatique de l’USAF en Europe, les Skyblazers, qui en comptait huit. Cette patrouille fut créée en 1949, par des pilotes du 22rd Fighter Squadron (36th Fighter Wing) basé en Allemagne, à Fürstenfeldbruck.

Les autres avions sont vus au sol, sur l’aérodrome de Toussus-le-Noble, quand Barat exige  de Jacques de lui fournir les plans du moteur atomique de Davault. On reconnait ainsi, en arrière plan :

-le Ryan Navion NAV.4  « F-BESR » (c/n 831) Construit en 1948, il était basé, en 1956, à Lille/ Marcq en Barreuil, et appartenait à la Société Voyages Wasteels, située à Metz, Il sera radié en décembre 1976 après un accident et vendu à l’état d’épave.

-Garé à coté du Navion, un Cessna 195, non identifiable.

-En face d’un hangar, un Caudron Simoun, non identifiable

-un Nord 1201 Norécrin, vu de face, non identifiable

-le SNCAC NC.853N Norclub « F-BHHC » (c/n 1). Il fit son premier vol le 19 janvier 1955, enregistré en février 1955, au nom de l’aéro-club « Roger Janin », des Mureaux (78). Seul exemplaire construit, il  sera détruit en janvier 1974.

Sur l’aéroport du Bourget, Georges Pile est filmé descendant d’un Convair CV.440-12 Metropolitan de la SABENA. Seule la dernière lettre « L » de son matricule flou est visible (après travail sur l’image), ce qui en fait le « OO-SCL » (c/n 336).  Construit en 1956, il fut livré le 17 juillet de la même année (lors du tournage) à la SABENA, qui l’exploita jusqu’en 1967. Il fut alors converti en CV.580 avec deux turbopropulseurs Allison, et vendu à Frontier Airlines en mars 1968, avec le matricule « N73160 ». Il connut ensuite plusieurs propriétaires : Combs Airways en octobre 1983, Metroflight Airlines en octobre 1985, SAAB en septembre 1987, Sierra Pacific Airlines en mars 1988. Loué en septembre 1988 à Aspen Airways, il sera détruit à l’atterrissage de l’aéroport de Buena Vista (CO), le 20 janvier 1989, sans aucune perte pour les passagers.

Seul autre aéronef ayant vraiment participé au tournage, un SNCASO SO.1220 Djinn (monodérive) portant le numéro de série « 8000-056 » et le code fictif « XV », avec les cocardes de l’Armée de l’Air. Il s’agit du Djinn (c/n FC10, n° 07) ayant le vrai code « YC » qui fit son premier vol stationnaire le 28 juillet 1955. Le 7 septembre 1955, il fut affecté au Groupe d’Hélicoptères n° 1 de l’ALAT, au camp de Satory (78). En 1957, il fit une mission aux îles Crozet dans l’océan Indien, avec le code « YM ». En septembre de la même année, il rejoignit l’Ecole de Spécialisation de l’ALAT, puis fut exposé au 7ème Groupe de l’ALAT, à Aix-les-Milles (13). Il fut réformé en avril 1962 et a disparu depuis. Quand le Djinn va décoller, sans doute du camp de Satory (vu l’environnement), on voit un militaire quitter précipitamment le cockpit. Aucune mention de l’ALAT ne figure dans le générique qui ne remercie que le « gracieux concours de la S.A.B.E.N.A (Lignes aériennes belges) ».

C’est Roland Toutain, et pas Velle, qui, à la fin du film, passe du Djinn à une vedette lancée à pleine vitesse sur la Seine et vice-versa, avec une échelle de corde, A 51 ans (porteur d’une prothèse de jambe) ce fut le dernier exploit à l'écran du comédien-cascadeur, un modèle pour Jean Marais ou Jean-Paul Belmondo que l’on verra plusieurs fois suspendu à une échelle sous un hélicoptère.

Gil Fokkerman emmène Georges à Bruxelles avec son…Fokker S.11-1 Instructor, immatriculé en Hollande (PH-NDX, c/n 6190). Cette immatriculation a été attribuée en décembre 1949 au nom de Fokker, à cet avion d’entraînement qui était d’abord destiné à l’Armée de l’Air hollandaise. Mais, dès le 9 juin 1950, il fut ré immatriculé « PH-UEU », au nom du RLD (Rijks Luchtvaart Dienst), le Service National de l’Aviation, et rendu, dès le 17 juillet à Fokker avec le nouveau matricule « PH-NED ». Il eut ensuite trois nouveaux propriétaires avec le même matricule et fut détruit par l’incendie de son hangar, le 19 septembre 1968, sur l’aérodrome de Seppe (Hollande). Cet avion est donc vu sur un extrait de film d’archives le montrant en train d’effectuer un vol de démonstration, avec des virages à très grand degré d’inclinaison, à basse altitude (une voltige très risquée), sur un terrain inconnu, au-dessus d’un Morane-Saulnier MS.500 Criquet et d’un Norécrin, en train de rouler. On ne voit jamais Georges ou Gil, à côté de ce biplace.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur https://ok.ru/video

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