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UN DE NOS AVIONS N'EST PAS RENTRE

 

UN DE NOS AVIONS N'EST PAS RENTRE

Vo. One of our aircratf is missing

 

Année : 1942
Pays: Grande-Bretagne
Durée : 1 h 42 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateurs : Michael Powell, Emeric Pressburger
Scénario : Emeric Pressburger , Michael Powell

Acteurs principaux :
Godfrey Tearle (Sir George Corbett, mitrailleur arrière), Eric Portman (Tom Earnshaw, copilote), Hugh Williams (Frank Shelley, navigateur), Bernard Miles (Geoff Hickman, bombardier), Hugh Burden (John Glyn Haggard, Pilote), Emrys Jones (Bob Ashley, radio), Pamela Brown (Els Meertens), Joyce Redman (Jet van Dieren),

Photographie : Ronald Neame
Producteurs : John Corfield, Michael Powell, Emeric Pressburger
Compagnie productrice : The Archers, British National Films

Avions :

  • Short Stirling I , en arrière-plan
  • Vickers Wellington Mk IC

 

Notre avis :

« Un de nos avions (et souvent plus) n'est pas rentré» était une phrase malheureusement assez fréquente dans les communiqués de la B.B.C. après des raids de bombardements sur l'Allemagne. Ce film, dont le titre reprend cette phrase, sortit à Londres le 27 juin 1942. C'était le premier film du tandem Powell-Pressburger et de leur compagnie The Archers, les deux associés partageant l'écriture du scénario, la production et la réalisation. En 1941, ils avaient déjà collaboré dans « 49° parallèle » qui avait un scénario inverse de celui-ci, s'agissant de la fuite d'un équipage de sous-marin allemand. «Un de nos avions n'est pas rentré » est centré sur l'évasion d'un équipage anglais abattu au dessus des Pays-Bas. Le film est ainsi dédié à la résistance hollandaise. On montre au début du film un document du gouvernement néerlandais (en exil) signalant l'exécution par les Allemands, lors de l'été 1941, de cinq fermiers accusés d'avoir aidé à s'échapper un équipage anglais.

La RAF (squadron N°16) participa au tournage en fournissant des hommes pour la figuration. On notera que le film n'a pas de musique, le son des moteurs en tenant lieu dans la première partie.

En 1942, l'équipage du bombardier «B pour Bertie» est envoyé en mission au dessus de Stuttgart. Il y a John Haggard, le pilote et le plus jeune de tous, Tom Earnshaw, le copilote, un homme d'affaires du Yorkshire avant guerre, Frank Shelley, le navigateur et un acteur marié à une chanteuse, Bob Ashley, le radio, un champion de football, George Hickman, le bombardier, un ancien garagiste, et sir George Corbett, le mitrailleur arrière, un membre du Parlement qui s'est engagé dans la RAF dès le début de la guerre. Bref, un échantillon représentatif de la société britannique... Au retour de la mission, l'avion est touché par la DCA et le commandant de bord ordonne l'évacuation alors qu'il survolent la Hollande. L'avion, sur pilote automatique, continue seul sa route et va s'écraser en Angleterre. Au sol, l'équipage se réunit pour constater que le radio manque à l'appel. Les aviateurs sont recueillis par les habitants d'un village dont une institutrice qui parle l'anglais. On leur procure des vêtements civils et des faux papiers pour rejoindre la côte. Les Anglais protégés par la population (un bourgmestre, un prêtre, un organiste…) parviennent à force de ruses, dans une maison située dans un petit port de la mer du Nord où il retrouve le radio qui avait été recueilli par un autre réseau. Cette grande maison qui héberge le quartier général de la Gestapo, est habitée par un femme qui dirige une pêcherie. Grâce à ses bateaux de pêche, elle organise, à l'occasion d'une alerte aérienne, l'évasion des Anglais. Un chalutier les emmène jusqu'à une bouée de secours allemande ancrée au milieu de la mer du Nord. Grâce au poste de radio qui s'y trouve, ils peuvent alerter le services de la Royal Navy. Ils sont bientôt recueillis par une vedette rapide. Quelques semaines plus tard, le même équipage s'apprête à monter à bord d'un grand quadrimoteur. Objectif Berlin !

Ce film contient certaines invraisemblances et inexactitudes. A part les coiffures et les uniformes toujours impeccables des fugitifs, on notera l'équipement des soldats allemands qui daterait plutôt de la première guerre mondiale. Les Anglais n'avaient pas encore eu l'occasion de mettre la main sur beaucoup de matériel allemand en 1942... Ainsi, les automitrailleuses sont des Humber Mk.IV anglaises. On ne comprend pas bien pourquoi le Wellington qui rentre au bercail tout seul, sur pilote automatique, n'aurait pas pu emmener son équipage qui aurait ainsi pu sauter au-dessus de l'Angleterre. En fait cette bizarrerie fut volontaire, l'Air Ministry répugnant à voir un avion de la RAF abattu, ce qui apparaissait trop «défaitiste».

Dans la Hollande occupée, les rassemblements de civils sont trop importants (notamment le convoi de bicyclettes) et n'auraient pas manqué d'attirer l'attention de l'occupant. Quand le camion transportant les aviateurs est arrêté par une sentinelle, celle-ci ne contrôle pas le chargement ! Les fugitifs ne trouvent apparemment que des Hollandais catholiques alors que la majorité du pays était protestante. Leur escapade aurait donc eu lieu dans la moitié sud du pays…

Malgré ces petites imperfections, le film montre un détail intéressant. Lors du tournage, l'Amirauté britannique informa les réalisateurs de l'existence, dans la Manche et en mer du Nord, de grandes bouées de sauvetage pouvant abriter des pilotes abattus. Le scénario fut réécrit pour faire d'une de ces bouées le moyen par lequel l'équipage est recueilli par la Navy. Il faut mentionner que la bouée vue dans le film est d'origine allemande…Ce sont en effet les Allemands qui en eurent les premiers l'idée et qui mouillèrent, dès octobre 1940, une soixantaine de bouées à l'aplomb des principales routes aériennes. Ces bouées en formes de kiosque de sous-marin étaient appelées «Rettungsbojen Generalluftzeugmeister » ou plus familièrement «Udet Bojen» du nom de l'inspecteur général de la Luftwaffe, Ernst Udet. Les Anglais les appelaient avec humour, «Lobster pots» (casiers à homards) ! Peintes en jaune, elles contenaient quatre couchettes, des couvertures, des vêtements secs, de l'eau et de la nourriture, ainsi que de signaux de détresse. Des vedettes ou des hydravions Heinkel visitaient régulièrement ces bouées. Comme elles pouvaient recueillir aussi bien des Allemands que des Anglais, la Royal Navy se mit à les contrôler à son tour. Comme on le voit dans le film, les rescapés ne savaient jamais quel camp allait être le premier à les récupérer ! Elles eurent relativement peu de succès. Elles partaient à la dérive en cas de tempête et elles étaient mouillées trop près des côtes, d'où un amerrissage était facilement observable. On ne parle pas du mal de mer garanti pour leurs occupants !

Les critiques furent unanimes pour saluer ce film qui semblait fondé sur des faits. Ce fut cependant le dernier film de la guerre où le Bomber Command joua un rôle clé. En réalité, tourné sous l'autorité du « Ministry of Information» , ce film de propagande est à mi chemin entre la rigueur documentaire d'un « Target for tonight»  (1941) et les péripéties délirantes de «Desperate journey» (1942). «Un de nos avions n'est pas rentré» fut projeté en France le 29 Octobre 1944, deux mois après la libération de Paris.

 

Les avions du film :

L'avion du film est, comme le «F pour Freddie» de «Target for tonight»  (1942), le bon vieux «Wimpy», autrement dit un Vickers Wellington Mk IC, avec la lettre d'identification individuelle «B pour Bertie». Un appareil complet fut livré aux studios de Denham pour les prises de vues à l'intérieur du fuselage, avec sa structure «géodésique» si caractéristique. L'Air Ministry veilla à ce que les caméras ne fournissent aucun détail susceptible d'intéresser l'ennemi. On a une vue de la planche de bord, placée devant le pilote, le copilote (quand il y en avait un) n'ayant pas grand chose devant lu,i si ce n'est l'accès à la tourelle avant. Assis sur un strapontin, il devait laisser le passage au bombardier qui regagnait son poste à l'avant de l'appareil, après le décollage. Lors de l'abandon de l'avion, l'équipage évacue par une trappe de secours située vers l'arrière, au fond du fuselage, à l'exception du mitrailleur arrière qui sort par la porte de sa tourelle pivotée à 90°.

Les extérieurs furent tournés sur la base de la RAF de Marham (Norfolk) avec les appareils (dont Q pour Queenie, T pour Tommy) du squadron N°.115 (code KO).

La mission du B pour Bertie est typique des débuts de la guerre. Les bombardiers ne volent pas en formation et attaquent de façon isolée. La mission se déroule la nuit, de préférence lors des nuits de pleine lune (bomber's moon), ce qui assure une bonne observation des repères sol et l'identification aisée de l'objectif. On notera qu'avant d'atteindre l'objectif, on lance des tracts sur les villes survolées, un membre de l'équipage en profitant pour lancer une bouteille ! En 1940, pendant la drôle de guerre, les Français lançaient aussi des tracts et certains, pour augmenter l'impact de cette action «psychologique», y ajoutaient des pavés ! A l'approche de l'objectif, le film montre bien la gêne occasionnée par les projecteurs qui empêchaient les bombardiers d'effectuer une bonne visée, sans parler d'une Flak toujours très précise.

La scène finale, placée après le générique de fin, fut tournée sur la base d'Oakington (Cambridgeshire) où l'on voit les «new kites» (nouveaux zincs) de la RAF, des Short Stirling I du Bomber Squadron No.7 (code MG). Cette unité fut la première escadrille du Bomber Command à être équipée d'un quadrimoteur. Les Stirling firent leur première mission sur Berlin, le 17 avril 1941, dix mois avant la sortie film.

 

 Christian Santoir

 * Film disponible sur amazon.com

 

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