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ACE OF ACES

 

ACE OF ACES

 

Année : 1933
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 16 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : J. Walter Ruben
Scénario : John Monk Saunders, H.W. HANEMANN

Principaux acteurs :

Richard Dix (Sous lieutenant Rex 'Rocky' Thorne), Elizabeth Allan (Nancy Adams), Ralph Bellamy (Capitaine/Major Blake), Theodore Newton (Lieutenant Foster 'Froggy' Kelley), Nella Walker (Mme. Adams), Anderson Lawler (Sous-lieutenant Tim 'Tombstone' Terry), Frank Conroy (Major/Lieutenant Colonel Wentworth), Joe Sawyer (Capitaine Daly), Arthur Jarrett (Sous-lieutenant. James 'Jenny' Lind), Claude Gillingwater Jr. (Lieutenant Tommy Gray).

Photographie : Henry Cronjager
Producteur : Merian C. Cooper
Compagnie productrice : RKO pictures

Avions :

  • Garland-Lincoln LF-1, N75W
  • RAF S.E.5, maquettes
  • Travel Air 4000
  • Waco 7

  

Notre avis :

"Ace of aces" est basé sur l'histoire originale, "Birds of prey", de John Monk Saunders, un ancien pilote instructeur de l'Armée. C'est le cinquième des dix huit films d'aviation consacrés à la Grande Guerre, tournés pendant les années trente. Ce véritable cycle avait commencé avec "Wings" (1928) et "Hell's angels" (1930). Comme les films précédents, son thème est pacifiste et dénonce les horreurs de la guerre, plus particulièrement, l'avilissement de l'homme au contact des combats. C'était déjà le thème de "L'aigle et le vautour" de la Paramount, d'après un scénario du même auteur, paru cinq mois plus tôt. On voit ici, un pacifiste devenir, par amour, une véritable "bête de guerre", autrement dit, un héros, au point que sa fiancée ne le reconnaît plus. Le film pose aussi le problème de la "noblesse" du combat aérien dont parlent tous les films d'aviation sur la Grande Guerre. S'il y eut effectivement des comportements chevaleresques, de part et d'autre, ils restèrent exceptionnels (c'est d'ailleurs pourquoi on s'en est souvenu...); au fur et à mesure que la guerre avançait, les combats devinrent de plus en plus acharnés et impitoyables. Les "duels" aériens, les missions solitaires, comme en fait le héros du film, étaient de plus en plus rares. En 1918, les combats aériens voyaient s'affronter des formations importantes, respectant une discipline de vol plus stricte, sous le commandement d’un leader. Lors de la bataille de la poche de St Mihiel, en septembre 1918, les Français et les Américains engagèrent plus de 1000 avions.

Après l'entrée en guerre des Etats-Unis, Nancy Adams devient une infirmière de la Croix Rouge, pendant que son fiancé, Rex "Rocky" Thorne, poursuit sa carrière de sculpteur. Désappointée par son refus de s'engager, Nancy l'accuse de couardise et le quitte. Rocky déterminé à lui prouver son courage, rejoint alors l'armée où il suit une formation de pilote. Bien qu'il hésite, lors des premiers combats, à utiliser sa mitrailleuse, il apprend vite à tuer et il y prend goût; il devient même un des principaux as alliés, avec quarante deux victoires, ayant totalement oublié son pacifisme. En permission à Paris, il rencontre Nancy, dont les idées sur la guerre glorieuse ont beaucoup évolué au contact de la réalité. Se sentant coupable, Nancy accepte de passer la soirée avec un Rocky couvert de décorations (Croix de guerre, Légion d'Honneur…) bien différent de l’artiste qu'elle a connu. Il retourne sur le front où il descend un jeune pilote allemand qui survolait leur terrain pour lancer une note avertissant les Américains qu’un des leurs avait atterri sain et sauf derrière les lignes allemandes. Mais Rocky est blessé et il est hospitalisé aux côtés du soldat allemand qu’il a descendu ! Quand ce dernier meurt, il est saisi de remords. Il est alors affecté comme instructeur à l'arrière. Mais apprenant qu'un autre pilote a dépassé son score, il veut faire une dernière mission. Quand il rencontre les Allemands, il se laisse abattre plutôt que de tuer un autre homme ! La dernière scène montre l’as convalescent, au pays, réuni avec sa fiancée, comme avant la guerre.

Rocky remporte la plupart de ses victoires entre le 5 septembre et le 25 octobre 1918, c'est à dire en pleine offensive alliée. Aucun des pilotes américains engagés sur le front français ne remportèrent autant de victoires que Rocky, l'as des as américain étant Eddie Rickenbacker avec 26 victoires. Les 65° et 81° US Aero Squadrons du film sont fictifs, et ne figurent pas parmi les unités des 1° et 2° Pursuit Groups (Groupes de chasse) opérant en France. Mais le film ne cherche nullement à être une reconstitution historique exacte. Ainsi, les décors comme les tenues des femmes, sont typiques des années trente. Un détail est vrai cependant, l'attention portée par Rocky au calibrage de ses balles. Les enrayages des mitrailleuses, dus à des munitions défectueuses, étaient effectivement fréquents; certains pilotes étaient ainsi devenus de vrais maniaques du calibrage et préféraient vérifier eux-mêmes leurs bandes de cartouches avant tout engagement.

En définitive, ce film est une pale copie des autres films signés par John "Monk" Saunders ; l'action se passe plus au sol que dans les airs. Mais pour une fois, on n'a pas droit à l'habituel triangle amoureux. Tout le film reste centré sur l'évolution psychologique du personnage principal.

 

Les avions du film :

Les décorateurs de la RKO construisirent un terrain d'aviation dans le ranch des frères Russell à Triunfo Canyon, lieu de nombreux tournages. Garland Lincoln obtint le contrat pour fournir les treize avions employés. En plus de son LF-1, il y avait un Stearman pour la caméra, un Fleet 2 à moteur Kinner, un Travel Air à moteur Hissso; il loua quatre autres Travel Air et cinq Waco auprès de particuliers. RKO fournit deux maquettes grandeur réelle de S.E.5; on ne sait pourquoi les studios n'utilisèrent pas les deux vrais SE.5, acquis pour le film "The balloon buster". Le tournage des scènes aériennes dura deux semaines, pour une quinzaine de minutes à l'écran.

Le Garland-Lincoln LF-1 (N75W), que l'on retrouvera dans "Hell in the heavens" (1934) et "Men with wings" (1938), les Waco 7/10 et le Fleet, jouent les "Nieuport" américains. On a ajouté un anneau autour du moteur de ces avions pour les faire ressembler vaguement aux Nieuport 28 à moteur rotatif. Notons qu'en septembre-octobre 1918, les groupes américains avaient troqué leur Ni.28 pour le SPAD XIII. Quand Richard Dix se crashe au retour d’une mission, on utilisa un Curtiss Jenny maquillé en Waco. Pour les autres crashs, on employa des maquettes de S.E.5.

Les "Allemands" volaient sur Travel Air. Les pilotes étaient, outre Garland Lincoln, Frank Clarke, Earl Gordon, "Boots" LeBoutillier, "Robby" Robinson et Franck Tomick. Harry Perry filma leurs évolutions dans les airs.

Dans un scène où des mécaniciens s’affairent sur un avion, on constate que ce dernier est un Bristol fighter, sans doute équipé d’un moteur Liberty, et sans tourelle à l’arrière. Seuls, vingt six exemplaires de cet avion furent construits par Curtiss aux Etats-Unis, vu le peu de succès de la motorisation américaine.

Les avions américains sont revêtus de cocardes correctes, ce qui l'est moins, sont les insignes de chaque pilote correspondant à leurs mascottes (un vrai zoo : un perroquet, un singe, un cochon, un chien, un lionceau..). En réalité, quand on observe les photos des Nieuport américains, on constate que les emblèmes d’escadrille, comme le célèbre « Hat in the ring » de la 94° escadrille, étaient plus grands que les insignes individuels qui n’existaient pas toujours et qui étaient généralement assez discrets. Chez les Allemands, par contre, le marquage individuel des avions étaient quasi systématique. On est donc ici, en plein cinéma. L’avion de Lufbery qui avait pour mascotte un lionceau, comme Rocky dans le film, portait uniquement ses initiales "RL", et pas une tête de lion comme le "Nieuport 28" n°21 de Rocky. Cette tête de lion rugissant fait d'ailleurs penser au logo de la Metro Goldwyn Mayer ou à celui de la marque d'essence "Gilmore" ! Quant à la pin-up sur un verre de champagne, ce genre de décoration n’apparaîtra que pendant la seconde guerre mondiale, sur le nez des bombardiers, comme le B-17 "Target for tonight".

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.com

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