Rechercher dans ce blog

CURTISS P-40 Warhawk.


CURTISS P-40 Warhawk 

Faucon dans le ciel, Tigre sur les écrans

 

 

Nationalité : Etats-Unis
Mission : Chasse et appui tactique
Constructeur : Curtiss-Wright Corporation, Buffalo (NY)
Premier vol : 14 Octobre 1938
Retiré du service :1954 FAB (Brésil)
Production : 1939-novembre 1944
Nombre construit : 13.738

 

Le Curtiss P-40 fut un des chasseurs américains les plus construits. Il était en service au moment de l'entrée en guerre des Etats-Unis et c'était alors le chasseur le plus moderne de l'USAAF. On le retrouvera sur tous les théâtres d'opérations, décliné en de nombreuses versions. Il équipera également les forces aériennes de nombreux pays : Angleterre, Canada, Australie, Afrique du sud, Indes néerlandaises, Chine, URSS, et, après la  guerre, le Brésil l'Egypte, la Turquie et la Finlande. La France devait recevoir 215 P-40, au début de la seconde guerre mondiale, mais sa défaite de juin 1940, annula de facto cette commande. En novembre 1942, en Afrique du nord, les Forces Françaises Libres, furent rééquipées avec des P-40.

Son nom "Hawk" (Faucon) n'était pas nouveau chez Curtiss, c'était une appellation commerciale dans la suite des productions précédentes portant également des noms d'oiseaux (Condor, Falcon, Oriole, Robin…). La série des Hawk commença en 1923, avec le lancement de chasseurs biplans à moteur en ligne. Le P-40 Hawk ne fut que la suite de cette série, dont le prototype vola en octobre 1938. Mais c'était un monoplan, toujours équipé d'un moteur en ligne, ayant hérité de la cellule tout métal (sauf les gouvernes) du Curtiss P-36 Hawk, à moteur radial. Ce n'est que quand Curtiss sortit, en 1941, le P-40F à moteur Merlin, qu'il le désigna "Warhawk" pour le distinguer des autres modèles à moteur Allison. Les Anglais donnèrent des noms légèrement différents aux chasseurs Curtiss qui leur furent livrés : "Tomahawk" pour le P-40C et "Kittyhawk" I, II, III, IV, pour les versions ultérieurs (P-40D à N).

En plus d'une large production et diffusion, le P-40 fut fréquemment aperçu au cinéma, dans au moins vingt six films, entre 1941 et 2012. Ses apparitions se firent sous diverses formes. Pendant la guerre, les productions cinématographiques ne purent utiliser que des bouts de documentaires ou de films tournés par l'Armée; ces "stocks footages" furent parfois complétés par des maquettes grandeur réelle. Après le conflit, il continua à apparaitre sur des archives filmées, mais à partir des années 1960, les tournages purent utiliser "the real McCoy", le véritable oiseau, qui passa ainsi du stade d'image, au stade de "personnage". Beaucoup de P-40 avait survécu à la guerre, notamment au Canada, où ils n'avaient servi dans des unités d'entraînement ou d'autodéfense, sans affronter vraiment l'adversaire. C'est là, où les collectionneurs les trouvèrent le plus souvent, avant de les remettre en état de vol. Le film qui fit le plus de publicité au P-40 fut incontestablement "Les tigres volants" de Republic, tourné, en 1942, avec John Wayne, même si les studios durent faire construire des maquettes, l'USAAF ayant d'autres priorités que de fournir le cinéma... La décoration des avions de l'American Volunteers Group (AVG) opérant  en Chine, avec leurs gueules ouvertes, toutes dents dehors, appelés "Tigres volants" par les Chinois, convenait particulièrement bien au nez du P-40, avec sa grosse casserole d'hélice pointue et la large ouverture du radiateur sous-jacent. Cette décoration agressive fut jugée très photogénique et colla à ce type d'appareil jusqu'à nos jours, où la plupart des P-40 restaurés volent avec cette décoration…Rappelons qu'elle avait été copiée sur les gueules de requins des P-40 du Squadron 112 de la RAF, opérant en Egypte ou en Libye. Les pilotes anglais s'étaient d'ailleurs eux-mêmes inspirés de la décoration des Messerschmitt Bf.110s du Zerstörer Geschwader 76, qu'ils avaient eu à affronter.

Les P-40 présentés ci-dessous, sont seulement ceux qui ont pu être repérés ou identifiés, dans les films de fiction. Il ne s'agit pas d'une présentation détaillée des huit versions de base de l'appareil.

 

CURTISS P-40B/C

Fig.1. P-40B du 20th Pursuit Group, 79th Pursuit Squadron

Ce modèle de P-40 (désigné H-81-B par Curtiss) est assez rare à l'écran et n'apparait en fait que sur des bouts de documentaires insérés, ici et là, lors du montage. Sa première apparition est dans "L'escadrille des jeunes", sorti en mars 1941. Un document d’actualité montre des Curtiss P-40B du 20th Pursuit Group (dont les n° 24, 30) basés à March Field (CA), décoller de nuit, ce qui ne facilite pas leur observation. Cependant, on constate qu'ils portent encore des marques de nationalité (bandes bleues et bandes rouges) sur le gouvernail et aucune étoile sur le fuselage, ce qui situerait la scène entre janvier (date de livraison des P-40B) et mars 1941 (suppression des bandes de gouvernail)..

 

-Curtiss Tomahawk II A

 

 
Fig.2. Un Tomahawk IIA de l'AVG.

 

Ce modèle, pratiquement semblable au P-40C américain, fut surtout utilisé sous cette appellation par la RAF et la South African Air Force, en Afrique du nord, à partir de juin 1941. Redésigné "H81-A3" par Curtiss, une centaine furent livrés sur ordre de Roosevelt (aux dépens des Anglais) à l'AVG, en Birmanie. On les voit au début du film les "Tigres volants" (dont les n° 40 et 53 du 2nd Squadron "Penda Bear"), sans aucune marque d'escadrille, si ce n'est une bande de couleur sur le fuselage juste avant l'empennage. Ces images semblent tirées du documentaire "Flying Tigers join the US Air Force in China" (juillet 1942), filmé à Kunming.

On revoit, très rapidement, les vrais H-81-A3 des "Tigres volants" (n° 47, 46, du 2nd Pursuit Squadron "Panda Bear" et le n° 75 du 3rd Pursuit Squadron "Hell's angels") en plein vol, en 1958, dans "China doll"; ils portent leur marques d'escadrilles et cet extrait de film date sans doute de fin 1941 ou début 1942. Mais dans "China doll", l'avion principal est un transport, le Douglas C-47…

 

CURTISS P-40E

 

Fig.3. P-40E du musée de l'USAF de Dayton (OH).

Sous la désignation usine "Hawk Model 87-B2", le P-40E était similaire au P-40D. Comme lui, il se caractérisait par un nouveau nez, plus court, sans mitrailleuse, sa silhouette s'approchant du modèle définitif. Il était équipé de trois points de fixation pour bombes et réservoirs supplémentaires. Ce modèle équipera les Tigres volants, vers la mi 1942, après un long voyage par les airs, via l'Afrique.

Curieusement, c'est d'abord dans un film japonais, que l'on voit de vrais P-40E, dans "Kato Hayabusa sentotaï" (1944). Ce film qui employa beaucoup de maquettes, mais encore plus de vrais avions, nous montre des P-40E, au sol et en plein vol. On en voit un poursuivi par un Nakajima Ki-43 Hayabusa, un chasseur qu'il rencontra effectivement dans le ciel de Birmanie ou de Chine, et que les pilotes américains confondirent souvent avec le Mitsubishi Zéro qui était surtout employé par la Marine impériale. Les Japonais capturèrent plus d’une dizaine de P-40E en état de vol, à Java et aux Philippines. Ils en utilisèrent même quelques-uns, un temps, pour la défense de Rangoon ! La décoration du P-40E du film est approximative. Sur une image, il est paré de la gueule de tigre, caractéristique des Tigres volants, sur une autre, il arbore l’étoile américaine avec rond rouge et un gouvernail à rayures, comme un avion de l'US Navy, avant juin 1942 !

Dans "God is my copilot" (1945), le P-40E est très discret. On ne le voit vraiment bien qu'à la fin du film, quand Scott monte à bord pour aller escorter des B-25 (mais c'est un P-40F qui décolle). "Jungle patrol", en 1948, fait un large usage de films de l'USAAF où l'on distingue plusieurs P-40E, mélangés à d'autres types. On les voit au décollage, mais surtout au sol, où un P-40E est entouré de mécaniciens et d'armuriers, lors d'une séance d'entretien (changement des roues, de l'hélice, nettoyage et chargement des six mitrailleuses, vérifications du moteur, plein des réservoirs…).

 

- Curtiss Kittyhawk I

 Le Kittyhawk I était équivalent aux P-40D, mais avec quatre mitrailleuses au lieu de six. La commande française fut prise en charge par l'Angleterre qui en livra 72 au Canada. Le Kittyhawk IA était la version anglaise du P-40E qui fut livré aux Britanniques avec la désignation P-40E-1, pour les distinguer des autres appareils américains, à cause de leur équipement britannique. Beaucoup furent finalement livrés au Canada, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande. De nombreux Kittyhawk IA volent aujourd'hui aux USA et on les retrouve dans plusieurs films contemporains.

 En 1945, dans "Le fils de Lassie", une dizaine de vrais Curtiss Kittyhawk I, font de la figuration au sol. Le Canada en reçut en tout 84, qui restèrent en service dans des unités de formation ou de défense territoriale jusqu'en 1946.

 Vingt et un an plus tard, on est étonné de trouver dans le film "Tobrouk, commando pour l'enfer", dont l'action se passe à terre, ou plutôt, dans les sables, un autre vrai Kittyhawk escortant un Grumman Goose. Il s'agissait du Kittyhawk I, serial RAF AL152, mis en oeuvre par Tallmantz Aviation..


 

Fig.4. , Le
Kittyhawk I AL152, en 1977.


KITTYHAWK I  c/n 18796, serial RAF "AL152"

Date

Propriétaire

Observations

Déc. 1941

RCAF s/n 1082

No. 115 (F) et No. 118 (F) Squadrons.

Août 1946

Idem

Réformé

1947-1948

Fred Dyson, Seattle (WA)

Immatriculé N1207V

1948-1950

Charles Wenzel, Flushing (NY)

 

Juin 1950

Washington County Crop Protective Assoc., Akron (CO)

 

?

Burt Mushkin, Moosic (CT)

 

1953

Gordon C. Clousser, Norman (OK)

 

Mars 1953

American Aviation Service, Greenville, (NC)

 

1954-1958

Walter H. Erikson, Minneapolis, (MN)

Restauré, vole en 1957

Janv.1958

Frank Tallman, Glenview (IL)

 

1959-1966

Tallmantz Aviation, Orange County (CA)

 

Fév.1966

Rosen-Novak Auto Co, Omaha, (NE)

Tournage de "Tobruk" en 1967.

1968-1978

A.R. Woodson, San Mateo, (CA)

Tournage de "Tora ! Tora ! Tora !" en 1968. Vole de nouveau en déc. 1973, après restauration

1978-1985

Eric Mingledorff, Monroe, (LA)

Restauré en févr. 1978

1986-1990

John MacGuire, El Paso, (TX)

Immatriculé N95JB

1990-2013

John MacGuire / War Eagles Museum, Santa Teresa (NM)

Vole avec le serial  USAAF "41-104608"


Un autre Kittyhawk I participa au tournage de "Tora ! Tora ! Tora !" (1970), c'était le Kittyhawk I (c/n 18723) serial RAF AK979. Il faisait partie d'une commande la RAF, placée en mai 1940.

 

 
Fig.5. Le Kittyhawk AK979 au début des années70

 

KITTYHAWK I, c/n 18723, serial RAF "AK979"

Date

Propriétaire

Observations

Avril 1942

RCAF s/n 1064

131/133 squadron en Colombie Britannique

Août 1946

Idem

Réformé

Sept. 1947

Fred Dyson, Seattle (WA)

 

1947

Duane W. Miller, Fostoria (OH)

 

Févr. 1948

Joseph L. Ulman Fostoria (OH)

Immatriculé N5672N

1949-1950

Van's Air Service, St. Cloud, (MN)

 

1950-1956

B.H. Roberts/Continental Steal Buildings, Burbank, (CA)

Premier vol en 1951, après restauration et transformation en biplace, avec une canopée spéciale

1956-1963

Shelby H. Curlee, St. Louis,(MO)

 

1963

Bruce Goessling, Monterey, (CA)

Atterrissage forcé à Hollister CA

1963-1970

Gilbert N. Macy, Monterey, (CA)

Immatriculé N 151U. Participe au tournage de "Tora ! Tora ! Tora !" en 1969,  avec une canopée modifiée, genre P-40E. Endommagé pendant le tournage à Hawaï.

1970-1972

Prêté au EAA Museum, Hales Corner, (WI)

 

1972-1979

Thomas L. Camp, Livermore, (CA)

Restauré, il fait son premier vol en déc. 1973. Participe au tournage du film "1941" en 1979.

Sept. 1979

 

Immatriculé N9DA

Avr. 1980

Aircraft Sales Inc, Mooresville, (NC)

Immatriculé N151U

Mai 1980

Rourke Aircraft Sales, Bartlesville, (NC)

Immatriculé N41JR

1980

Tiger International Inc, Los Angeles, (CA)

Immatriculé N41JA

1983-1989

Flying Tiger Line/Tiger International Inc, Los Angeles, (CA)

Immatriculé N40FT. Prêt au San Diego, Aerospace Museum, CA; entre 1978 et 1989.

1989-2013

Federal Express Corp, Memphis, (TN)

Prêté au San Diego, Aerospace Museum (CA), 1989-2002, puis au Pearl Harbor Air Museum, Ford Island, Hawaï, depuis 2010

 

 

Le film "1941" employa, en plus du AK979, deux autres Kittyhawk, dont le "N40PE" (serial RAF AK905), appartenant à Rudy Frasca, qui servit pour les prises de vues au sol et les vues rapprochées du cockpit. Il y eut aussi le "N62435" (serial RAF AL171) de John Paul, piloté par Tom Camp, pour la scène du vol dans le Grand Canyon.

 

KITTYHAWK I c/n 15376, serial RAF "AK905"

Date

Propriétaire

Observations

Nov 1941

RCAF s/n 1052

Prise en charge

1941-1942

RCAF

Affecté au No. 111 (F) Squadron sur les bases de :  Rockcliffe, Ontario, Sea Island ( BC) et Patricia Bay (BC) avec le code "D".

1942-1943

RCAF

Affecté au X Wing, à Kodiak, en Alaska ?

1944-1945

RCAF

Affecté au No. 133 (F) Squadron, sur les bases de Sea Island ou Patricia Bay (BC) avec le code "G".

Aout 1946

Réformé et vendu à Bob Warden, de Calgary

Stocké dans une ferme

1960-1968

Robert J. Warden, Edmonton

Vole avec le matricule CF-OGZ

1968-1972

William Ross, Chicago, (IL)

Immatriculé "N11122"

1972-1976

Don Plumb, Windsor, Ontario,

Restauré; en état de vol

1976-2013

Rudolf A. Frasca / Frasca Air Museum, Champaign (IL)

Immatriculé "N40PE". Tournage de "1941" en 1979.

 

KITTYHAWK I   c/n 18815, serial RAF "AL171"

Date

Propriétaire

Observations

Févr. 1942

RCAF s/n 1084

Prise en charge

1944-1945

 

Affecté au No. 133 (F) Squadron, à Sea Island ou Patricia Bay, (BC), avec le code, "Y"

Aout 1946

 

Réformé sur la base de Vulcan, Alberta

 

Vendu à Walter Harris Motors, Champion, Alberta,

 

 

Fuselage récupéré par Bob Warden, Calgary,

 

 

Neil M. Rose, Vancouver, WA

 

1965-1973

Ed Maloney / The Air Museum, Ontario, (CA)

 

1973

John R. Paul, Alamo, (CA)

 

1976-1979

John R. Paul, Livermore, (CA)

Immatriculé N62435. Restauré en état de vol. Tournage de "1941" en 1979.

1982-2002

Kermit Weeks/Weeks Air Museum, Tamiami, (FL)

Endommagé à l'atterrissage en 1990 et après le typhon Andrew, en 1992. Réparé.

2011

Worls Greatest Aircraft Collection Inc, Polk City, (FL)

 

 

Dans le téléfilm "Death race" (1973), on voit également un authentique Kittyhawk I (c/n 15404, serial RAF AK933, serial RCAF 1057). Il porte la célèbre gueule de requin du 112 Squadron (mais sans son code "GA"). On constate également qu'il a été modifié, sans plaque de blindage derrière le pilote, et sans réservoir de fuselage, afin de pouvoir emporter un passager.

 

Fig.6. Le Kittyhawk dans "Death race" (1973) (Extr. de film)..

 

 KITTYHAWK I c/n 15404, serial RAF "AK933"

Date

Propriétaire

Observations

Févr. 1942

RCAF s/n 1057

Affecté successivement à différents Squadrons au Québec et sur la côte ouest

Aout 1946

RCAF

Réformé

 

Un fermier de l'Alberta

 

 

Bob Warden, Calgary

 

 

Neil Rose, Vancouver, (WA)

 

 

George Perez, Pacifica, (CA)

 

1966

 

Cellule stockée à Half Moon Bay -CA

1966-1989

John R. Paul, Alamo, (CA)

Immatriculé N94466; restauré, il fait son premier vol en 1969.

Participe au tournage de "Death race" en 1973.

Loué à Old Flying Machine Co, Duxford, (UK) entre 1984 et 1989

1989

 

Retour aux USA et exposition au Warhawk Air Museum, de Boise, (ID)

2008

 

Tournage de "Valkyrie"

Mars 2009

 

Envoyé à Hawaï pour le tournage de "Pearl Harbor"

2013

Warhawk Air Museum, de Boise (ID)

 

 

 

CURTISS P-40F

Fig. 7. Le  XP-40F en 1941


Le P-40F fit son premier vol en juin 1941. C'était une version munie d'un moteur anglais Rolls Royce Merlin 28, construit sous licence par Packard, et désignée V-1650-1, pour améliorer sa puissance en altitude. Il se distingue par l'absence de la prise d'air du carburateur sur le dessus du capot moteur. A partir du modèle P-40F-5, le fuselage sera rallongé pour améliorer sa stabilité directionnelle aux basses vitesses. Le dérive est donc reculée, mais les profondeurs restent à leur place, ce qui les situe un peu en avant de la dérive.

Très peu d'exemplaires ont survécu. Au cinéma, il n'apparait que sur des bouts de documentaires, comme dans "Jungle patrol" (1948). Ce sont des P-40F-1 portant les codes "4*3", "4*4", "4*7", avec un camouflage clair. Ils appartiennent sans doute au 86th FS (79th FG), filmés en Afrique du nord ou en Italie, en 1944. Mais le cinéma utilisa aussi des avions neufs en cours de livraison, revêtus des insignes des Tigres volants et les cocardes chinoises, spécialement appliqués pour le film, comme dans les "Tigres volants" (1942), où l’on voit décoller et atterrir plusieurs P-40F-1, filmés à l’usine Curtiss-Wright de Buffalo (New York), ou comme dans "God is my copilot" (1945) qui montre de très nombreux P-40F-20, alignés sur un parking de la base de Luke (Arizona) ou en train de décoller. Luke était la base du 6th Operational Training Unit, une unité de transformation sur P-40 pour les pilotes américains et chinois devant être envoyés outre-mer.

  

CURTISS P-40K

 

Fig.8. P-40K

 

Autre espèce rare au cinéma, le P-40K se distinguait principalement par une arête dorsale susceptible de compenser l'instabilité longitudinale, accrue par l'augmentation de puissance du moteur. Mais seuls, les 800 premiers exemplaires (P-40K-1 à 5), qui utilisaient le fuselage court du P-40E, furent munis de cette modification. Le P-40K fut livré à partir d'août 1942.

Un P-40 K-1 est aperçu dans "Jungle patrol" (1948), où l'action est censé se passer en Nouvelle-Guinée. On le voit décoller et atterrir sur un extrait de documentaire, tourné en 1943. Son serial a été effacé, comme c'était souvent le cas en Chine à l'époque, où même l'étoile de fuselage était parfois recouverte de peinture, toute marque blanche de taille, étant jugée trop voyante...Le P-40K opéra surtout aux Aléoutiennes, et à partir de 1943, en Chine, en Birmanie, en Inde et en Nouvelle-Guinée.

 

CURTISS P-40M

Fig.9. P-40M en 1943

 

Equipé d'un moteur Allison avec prise d'air supérieure, d'un fuselage allongé, il se distinguait par un petit panneau perforé, situé en avant des pipes d'échappement, derrière lequel étaient placés les filtres à air du carburateur. Sur l'extrados des ailes, de petits témoins indiquaient la sortie du train. Ce modèle destiné, au départ, à l'export, constitua la dernière série des Kittyhawk III.

Peu d'exemplaires ont été préservés, on peut cependant en apercevoir un dans un film récent, "Red tails" (2012), mais il n'est filmé qu'au sol. C'était le P-40M-10-CU (s/n 43-5802), un ancien  Kittyhawk III de la RCAF.

 

Fig.10. Le P-40M de "Red Tails" © Norman Feltwell

 

KITTYHAWK III, c/n 27940 RCAF serial "840"

Date

Propriétaire

Observations

Janv. 1943

RCAF s/n 840

Prise en charge. Affecté au Western Air Command

1944-1945

 

Fighter-Affiliation Flight de la

No. 5 Operational Training Unit

Aout 1946

 

Réformé

1947-1950

Vance B. Roberts, Seattle, (WA)

Immatriculé N1233N

juil. 1950

Art J. Bell/Bell Air Services, Boeing Field, (WA)

 

1950-1954

Oregon State University, 1951-1954

Cellule d'instruction

1954-1966

Bob Sturges/Columbia Airmotive, Troutdale, (OR)

Exposé comme enseigne publicitaire, à l'aéroport de Troutdale

1967-1979

Columbia Airmotive, Troutdale, (OR).

Immatriculé N1009N, un matricule accordé à un autre P-40 ferraillé (RCAF 877).

1979-1985

Thomas L. Camp, Livermore CA/Las Vegas, (NV)

Restauré, revole en 1982.

1985-1994

The Fighter Collection, Duxford (UK).

 

Juil. 1994

Christophe Jacquard, / Yak Warbird, Dijon (FR).

Immatriculé F-AZPJ

1998

The Fighter Collection, Duxford (UK)

Immatriculé G-KITT

2006

Peter Treichman / Hangar 11 Collection, North Weald (UK)

Tournage de "Red tails" en 2009.

 

CURTISS P-40 N

Fig.11. P-40N "Arrow Head"


Ce modèle était surtout reconnaissable à sa verrière modifiée pour améliorer la visibilité vers l'arrière. La canopée coulissante était dépourvu d'arceau. Il servit principalement en Extrême Orient. Faisant partie des derniers modèles, de nombreux exemplaires sont préservés, surtout aux USA, mais aussi en Australie et Nouvelle-Zélande.

Dans "China doll" (1958), le P-40N fait de la figuration au sol, extrait d'un film d'actualité avec gueule de tigre et étoile américaine, filmé en 1944-45. Vers la fin de la guerre, l'USAAF put prêter quelques P-40N pour les tournages. Ainsi, dans "Ladies courageous" (1944), une femme du Ferry Command monte à bord d'un P-40N (P-40N-15, s/n 42-106318). Dans "Jungle patrol" (1948), le P-40N est filmé au sol, pour des vues rapprochées. A la fin de "Winged victory" (1944), lors de l'attaque d'une base dans le Pacifique, on aperçoit, quittant leurs alvéoles, trois Curtiss P-40N (dont le P-40N-35, s/n 44-7600). Ces appareils venaient de Strother Field (Winfield, Kansas), pilotés par des instructeurs du 72nd Fighter Wing (2nd Air Force). Mais ce n'est que bien plus tard, en 2012, dans "Red tails", que le P-40N réapparait au cinéma. Malheureusement, il assure un service minimum, au sol, les scènes aériennes étant reconstitués en images de synthèse. C'était un authentique P-40N (c/n 29677, s/n 42-105915) de l'USAAF, rescapé de la jungle de Papouasie-Nouvelle Guinée. Il était, au départ, prévu pour la force aérienne chinoise, mais fut finalement attribuée à la 5th Air Force dans le Pacifique.

  

CURTISS P-40N, c/n 29677,s/n 42-105915

Date

Propriétaire

Observations

1944

USAAF s/n 42-105915

Affecté au 7th Fighter Squadron (49th Fighter Group), à Tadji (Nlle Guinée) où il sera abandonné.

1974

Récupéré à Tadji par Charles Darby et Monty Armstrong. Transporté à Auckland (NZ).

 

1974-1988

Acquis par Malcom Lonf, Melbourne

Exposé en l'état, au RAAF Museum en 1977, au Chewing Gum Field Museum de 1980 à 1985, au  Drage Air World, Wangaratta, Victoria, 1985-1991. …

 

1991-1996

Jack McDonald & John Rayner, Melbourne

Début de la restauration

1997

Murry Griffith, directeur de Precision Aerospace, Wangaratta

 

2002-2005

 

En état de vol. Immatriculé VH-KTI

2007

SNC- Société de Développement et de Promotion de l'Aviation à La Ferté Alais.

Immatriculé F-AZKU. Tournage en 2009, de "Red Tails".

2011

Flying Warbirds, Melun (FR)

 

 Des P-40N furent livrés aux Anglais, entre mars 1943 et janvier 1944, et appelés Kittyhawk IV. On peut en voir deux exemplaires dans le film "Pearl Harbor" (2001), les P-40N-15 CU s/n 42-106396 et P-40N-5 CU s/n 42-105192.

 

KITTYHAWK IV, c/n 30158, s/n 42-106396

Date

Propriétaire

Observations

Sept. 1944

RCAF s/n 880

Prise en charge. Affecté au No. 135 (F) Squadron, à Patricia Bay, BC, coded "N". 

Aout 1946

Réformé et vendu à Fred Dyson, Boeing Field, Seattle, (WA),

Immatriculé NL1195NN

1953-1954

Jack B. Hardwick/Hardwick Aircraft, Rosemead, (CA)

Immatriculé N1195N

1955-1976

 

Endommagé et stocké

1976-1978

John R. Paul, Alamo, (CA).

Stocké

1984-1993

John R. Paul, Hamilton, MT (puis, Boise, (ID)

 

1990

Warhawk Air Museum, Boise (ID)

Restauré, et modifié avec une double commande, il vole de nouveau. Participe au tournage de "Pearl Harbor", en mars 2000.

 

KITTYHAWK IV c/n 28954, s/n 42-105192

Date

Propriétaire

Observations

Juin 1943

RCAF s/n 858

Pris en charge.

1944-1945

 

Affecté au  No. 133 (F) Squadron, de Sea Island ou Patricia Bay, BC, avec le, code "F".  Abattit un ballon japonais près de Patricia Bay, le 10 Mars 1945. Employé également par le No. 135 (F) Squadron, de Patricia Bay (BC), avec le code "J"

Aout 1946

Réformé

 

Oct.1947

Fred Dyson, Boeing Field, Seattle, (WA)

Immatriculé N1197N

 

Royale Silver Co, Los Angeles, (CA)

 

 

Bajorling Aircraft Co, Detroit, (MI)

 

1952-1954

W.P. Bridges Real Estate, Jackson, MS

 

1954

Louis Rice, Maysville, (CA)

 

1954

Richard B. Rowlette, Riverside, (CA)

 

1955

Walter Brockin, Riverside-Flabob, (CA)

 

1955-1959

W. Keith Larkin/Weather Modification Company, San Jose, (CA)

Utilisé pour ensemencer les nuages afin de provoquer la pluie…Endommagé lors d'un atterrissage sur le ventre.

1960-1970

Ed Maloney/The Air Museum, Ontario, (CA).

Restauré pour exposition statique.

1980-2013

Planes of Fame, Chino, (CA)

Immatriculé N85104. Restauré en condition de vol en 1980. Participe au tournage de "Pearl Harbor" en mars 2000.

 

CURTISS TP-40N

  
Fig.12. TP-40N. L'instructeur en place arrière, bénéficiait d'un périscope
pour voir vers l'avant.

 

Une trentaine seulement de P-40N furent convertis en biplaces d'entraînement. Un de ces modèles participa lui aussi au tournage du film "Pearl Harbor" en mars 2000, c'était le P-40N-31 (c/n 32824, serial 44-7084). Dans le film, il vole avec le numéro "306".

 

CURTISS P-40N-30-CU, c/n 32824, serial 44-7084

Date

Propriétaire

Observations

1945

National Air and Space Museum Washington DC

 

1961-1965

USAF Museum, Wright-Patterson AFB, Dayton, (OH)

 

1965-1978

Charles P. Doyle, Rosemount, MN,

Immatriculé N999CD en 1978

1980-1996

Robert J. Pond/Planes Of Fame East, Spring Park, MN

 

1997-2013

Palm Springs Air Museum, Palm Springs, (CA)

Participe au tournage de "Pearl Harbor" en mars 2000

Un autre TP-40N eut une carrière cinématographique un peu plus étoffée, dans les années 1970.

 

 CURTISS P-40N-40CU c/n 33915, s/n 44-47923

Date

Propriétaire

Observations

1945

Reconstruction Finance Corporation) Walnut Ridge, Ark

 

1945-1959

H. L. Pemberton, Niles (MI)

Immatriculé N923. Restauré, il revole en juillet 1957.

1959

Paul Mantz, Los Angeles.

 

1961-1984

Tallmantz collection / Movieland of the Air, Orange County, (CA)

Participation au tournage de "Hellfighters" en 1968, des téléfilms "Birds of prey" (sur une remorque !), puis, "Death race" en 1973, et de la série des "Têtes brûlées" en 1976,

1985-1993

Kermitt Weeks Polk City (FL) / Air Museum, Tamiami, (FL)

Appareil stocké

1993-2004

"

Restauration et premier vol en 2004

2013

"

Basé à Fantasy of Flight, de Polk City.

 

LES MAQUETTES DU P-40

 Plusieurs maquettes, grandeur réelle, de P-40 furent construites en Chine en 1941, pour servir de leurre sur les bases de l'AVG. D'autres, de meilleures factures, furent également construites par Curtiss, à Wright Field, dans le même but. Une construction en série fut même, un temps, envisagée.

 

Fig.13. Un P-40 leurr,e en Chine

 Le cinéma avait également besoin de maquettes, surtout pour les scènes de crash. Après l'entrée en guerre des Etats-Unis, en décembre 1941, les avions militaires, voire même civils, dont beaucoup furent réquisitionnés, devinrent de plus en plus difficiles à trouver pour les tournages. Le premier film à faire un large usage de maquettes de P-40, grandeur réelle, fut "Les Tigres volants" de Republic.

 Les frères Lydecker, spécialistes des effets spéciaux, construisirent six maquettes, ainsi qu'un fuselage de P-40 (avec le numéro "71") pour figurer un avion en cours de réparation. Chaque maquette étaient propulsée, non pas par son hélice qui pouvait tourner (dans le mauvais sens…), mais par sa roulette arrière, activée par un moteur d'automobile, d'où sa taille exagérée. Elle était dirigée à partir du cockpit. L'absence d'amortisseurs rendait le roulage sur un sol inégal, assez éprouvant pour le pilote et provoqua même, parfois, quelques problèmes de contrôle.

 Les maquettes des Lydecker ont été appréciées, à une époque où le public était encore peu averti des choses de l'aviation et, encore moins, du matériel militaire. Cependant, tout maquettiste amateur aura, du premier coup d'œil, relevé de nombreux défauts.

 D'abord, dans la forme générale de l'appareil. Le P-40 des Lydecker est plus long que le P-40B qui était un avion court et trapu, et ressemble ainsi, plus à un P-40E. Autre point commun avec le P-40E, la prise d'air du carburateur, située sur le capot, a tendance à se relever avant le cône de d'hélice, mais au lieu d'être plate et elle a conserver sa forme originale arrondie. Peut être pour compenser cette impression, les carénages des deux mitrailleuses, qui étaient la marque du P-40B, ont été exagérées et sont trop importants. On pourrait trouver d'autres défauts concernant le fuselage (casserole d'hélice pas assez pointue, hauteur du fuselage, au droit du cockpit, trop faible, radiateur d'huile pas arrondi, absence des bouchons de réservoirs d'essence derrière le cockpit…).

 

 Fig.14. Le P-40. La copie et l'original

 

L'autre gros problème est le cockpit qui, il faut le dire, n'a pas grand-chose à voir avec l'original. Il est beaucoup trop grand, avec un pare-brise non conforme. La verrière coulissante qui épouse le dos de l'appareil, est aussi trop arrondie.

 

Fig.15. Le cockpit. La copie et l'original.

 

Malgré ces défauts (qui ne frapperont que les puristes), les maquettes des frères Lydecker firent de la figuration (immobiles) dans au moins sept autres films, entre 1943 et 1948, mais parfois décorés en avion anglais, voire même allemands :

-Les tigres volants (1942) Republic
-Wings over the Pacific (1943) Monogram
-The purple V (1943) Republic
-The sky's the limit (1943) RKO
-My best gal (1944) Republic
-China's little devils (1945) Monogram
-God is my copilot (1948) Warner Bros

On pourrait ajouter à cette liste un documentaire, réalisé par le War Department, "The negro soldier" (1944), où l'on voit un pilote noir dans l'habitacle d'une maquette.

 Au Japon, les studios de cinéma eurent aussi recours aux maquettes. Dans "Kato Hayabusa sentaï" (1944), de Kajiro Yamamoto, on peut voir au sol, deux Curtiss Tomahawk, aux couleurs anglaises (dont l'une avec le faux serial K427).

 

Fig.16. Deux maquettes japonaises du P-40 dans
"Kato Hayabusa sentaï".(Extr. de film)

 

Vingt six ans plus tard, les studios de la 20th Century Fox firent copier un Curtiss Kittyhawk 1A (P-40E), pour leur film "Tora ! Tora ! Tora !" (1970) à une époque où on ne pouvait avoir recours aux images digitales. Sa maquette fut construite en fibre de verre, bois et époxy, à plusieurs exemplaires. Ces modèles, dont certains furent équipés de moteurs pour faire tourner les hélices, étaient destinées à périr sous les balles japonaises. La copie est très proche de l'original d'autant que l'on ajouta par ci, par là, quelques vraies pièces d'avions, dont de vrais hélices. Le seul petit problème est que le Kittyhawk est un P-40E, alors qu'en décembre 1941, les P-40 à Hawaï étaient des P-40C, assez différents du P-40E, comme vu précédemment. Mais en 1977, il n'y avait pas de P-40B/C préservés. Une de ces maquettes fut épargnée par le massacre. Elle fut récupérée et restaurée par l'US Army, en 2008, pour être exposée à l'entrée de la base de Wheeler Air Field (Hawaï).

Pour le film "Red tails" (2012), deux maquettes, copiées sur un P-40M, ont été construites en Tchécoslovaquie, pour le tournage. Si l'aspect général et les proportions sont bien rendues, le gouvernail n'est pas assez arrondi et les pneus, à fortes sculptures, sont du genre motoculteur…

 

Fig. 17. Maquettes de P-40 pour "Red tails". © Matvej

 

 Sources :

-ALBIED Anis, LAURELUT Daniel -2002- Le Curtiss P-40. De 1939 à 1945. Ed. Histoire et Collections n° 3, 81 p.
-BOWERS Peter M. -1979- Curtiss aircraft 1907-1947. Putnam, London, 637 p.
-CHAPMAN John, GOODALL, Geoff - 1996- Warbirds Directory-3th Edition, 722 p.
-CHAPMAN John, GOODALL, Geoff - 2008- Warbirds Directory-5th Edition.
-FARMER James H. -1984- Celluloïd wings. McGraw-Hill School Education Group.369 p.
-LAUREAU Patrick, FERNANDEZ José, SOULARD Stéphane - 2005-Tigres volants. Mercenaires de l'American Volunteer Group. Ciel de guerre n°3, 100 p.
-WAGNER Ray-1965-The Curtiss P-40 Tomahawk. Profiles Publications n° 35, 12 p.
-GOLODNIKOV Général-major Nikolay Geraasimovich - 2019- Curtiss P-40. Aero Journal Hors série, n° 33, pp. 56-70 .
-WAGNER Ray-1971-The Curtiss P-40 Kittyhawk I-IV. Profile n° 135. 16 p.


Photographies :

-USAF Museum, Dayton (OH).
-San Diego Air & Space Museum Archives.
-www.1000aircraftphotos.com
-www.aerofiles.com
-www.airhistory.net
-www.airwar.ru/
-www.warbirdsresourcegroup.org

 

 Christian Santoir

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes