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TY DOLZHEN ZHIT

 

TY DOLZHEN ZHIT

Vo. Ты должен жить

(Vous devez vivre)

 

Année : 1980
Pays : URSS
Genre : guerre
Durée : 1 h 25 min.
Couleur

Réalisateur : Vladimir CHUMAK
Scénariste : Maya CHUMAK, Salomon SMOLYANITSKY

Acteurs principaux :
Vladimir PUCHKOV (Boris Volynin), Eugène STEBLOV (Mitia Sepov), Jeanne PROKHORENKO (Marisha), Marina DYUZHEVA (Oksana), Nana KAVTARADZE (Ljulju), Irina MURAVYOVA (Klava).

Photographie : Dmitry MESKHIEV
Musique : Dmitri CHOSTAKOVITCH
Compagnie productrice : Lenfilm studio

Avions :

  • -Ilyushin Il-2 Sturmovik, document.
  • -Ilyushin Il-2 Sturmovik type 3, c/n 301060
  • -Ilyushin Il-4, document.
  • -Yak-9 document.
  •  

    Notre avis :

    En URSS, on cultivait avec amour la mémoire des héros de la Grande Guerre patriotique. De nombreux livres, recueillant les témoignages des anciens combattants, furent écrits et édités à de nombreux exemplaires. Ils rencontrèrent la plupart du temps un grand succès auprès des lecteurs. Parmi ces livres, celui de Salomon Smolyanitsky, "Majskiye vetry" (Vents de mai), fut adapté à l'écran en 1980, sous le titre "Ty Dolzhen Zhit". L'histoire se passe lors des derniers mois du conflit en Europe qui prit fin avec la capitulation des troupes allemandes, le 8 mai 1945.

    En 1945, au-dessus de la Pologne, un avion d'assaut est touché par des éclats d'obus, lors d'une attaque à basse altitude. Le pilote, le lieutenant Boris Volynin, parvient à faire un atterrissage d'urgence dans une zone tenue par les Allemands. Il est blessé à l'atterrissage et c'est son mitrailleur, Mitia Sepov, qui le sort de l'épave avant qu'elle n'explose. Ils trouvent refuge dans une ferme où une institutrice, Anna, va trouver un moyen de les évacuer. Dissimulés dans une charrette, sous des fagots, ils parviennent à rejoindre leurs lignes. La semaine suivante, ils reprennent le combat. Les avions sont entretenus par une équipe féminine qui effectue un gros travail, nuit et jour, dans des conditions climatiques très rigoureuses. Leur présence permet aussi aux pilotes de garder le moral, en partageant avec elles quelques rares moments de détente. Mais parfois, des liens se tissent entre les aviateurs et elles, ce qui conduit à bien des drames quand ceux-ci ne reviennent pas de leurs missions. Ainsi, quand, Mitia est tué à son tour, sa mort affecte gravement une des mécaniciennes qui l'aimait. Boris, lui, pense toujours à Anna, la polonaise, à laquelle il avait promis de la revoir. Quand l'armistice survient, il part à sa recherche, mais ne la trouve pas, au milieu des flots de réfugiés. Lui reviennent alors en mémoire les noms de ses camarades morts au combat…

    Le film rappelle le sacrifice des aviateurs soviétiques des unités d'assaut qui ont effectivement payé un très lourd tribut. Les pertes de l'Ilyushin Il-2, qui est la vedette du film, représentent plus de 70 % de tous les avions soviétiques abattus par les Allemands ! L'"Ilyucha", comme on l'appelait familièrement, était pourtant un avion robuste et doté d'un important blindage, mais son type de mission, l'attaque à basse altitude, était particulièrement risquée. Côté humain, les mitrailleurs, qui opéraient à l'air libre, dans un poste faiblement blindé, étaient particulièrement exposés et comptèrent dans leurs rangs, huit fois plus de morts que les pilotes (57 000 contre 7 837) ! Le "tueur de char", le "char volant", tant vanté par la propagande, fut donc aussi un "cercueil volant". On comprend que le pauvre Boris, à la fin du film, se demande comment il a pu survivre à un tel massacre ! Il devait être né sous une bonne étoile (…soviétique).

    Le film est aussi un salut indirect aux unités féminines qui constituaient souvent l'échelon roulant des escadrilles. Elle étaient mécaniciennes, armurières, techniciennes radio, spécialistes cellule…Il n'y eut pas de régiments d'Il-2 féminins, mais des femmes combattirent dans des unités masculines, comme Anna Yegorova, Tamara Konstantinova.

     

    Les avions du film :

    Pendant le générique et les premières minutes du film, les scènes aériennes sont des documents d'actualités, montrant plusieurs types d'appareils. Ils font la part belle aux Ilyushin Il-2 dont on voit des formations entières au-dessus de la taïga. On peut y voir aussi un mitrailleur installé dans le nez d'un bombardier Ilyushin Il-4, ainsi qu'une formation de Yak-9. Mais les Allemands ne sont pas oubliés avec des bouts de films montrant des attaques de Junkers Ju-87 Stuka, des Messerschmitt Bf.109E, un Messerschmitt Bf.110 et même un pacifique Bücker Jungmann…

    Le tournage utilisa un seul vrai Ilyushin Il-2 Sturmovik type 3, celui qui est actuellement exposé à l'intérieur du musée de Monino, près de Moscou. Il porte dans le film, le n° "5" et il est équipé d'une mitrailleuse UBT de 12.7 mm à l'arrière. Il a un camouflage bicolore, assez rare en 1945 (vert foncé dessus, gris bleu dessous); aucune marque d'unité, si ce n'est une discrète bande de peinture blanche oblique, au sommet du gouvernail (comme les Il-2 du 198° Régiment d'assaut de la Garde, sur le front de Biélorussie, en 1944).

    Cet appareil authentique fut fabriqué en octobre 1942 (c/n 301060) dans l'usine n° 30 à Khodynka (Moscou) et abattu en décembre 1942, près de Novgorod. Retrouvée en 1977, l'épave fut transférée au bureau d'études d'Ilyushin pour y être restaurée. Le moteur Mikouline AM-38 fut révisé dans l'usine "Salyut". Après avoir participé aux tournages d'"Osobo vajnoe zadanie" (1979) et de "Ty dolzhen zhit", l'appareil fut remis au musée de Monino en août 1980.

    A l'évidence, le Sturmovik, restauré dans les années 70, souffrait d'un défaut; le cockpit était trop court (de près de 50 cm) et la verrière du pilote, repoussée à fond en arrière, venait empêcher celle du mitrailleur de basculer sur le côté (comme on peut le constater quand Boris veut sortir Mitia de son poste...). Ceci conduisit aussi à installer le mât d'antenne, normalement situé entre le pilote et le mitrailleur, sur l'arceau du pare brise. Rappelons que seuls les appareils d'entraînement, Il-2U ou de reconnaissance photo, Il-2KR, avaient le mât d'antenne fixé sur le pare brise. On voit d'ailleurs, furtivement, un Il-2U type 3, sur un documentaire d'époque.

    Ce cockpit trop court n'est pas une erreur. On voit le même Sturmovik l'année précédente, dans le film " Osobo Vazhnoye Zadaniye" restauré comme un Il-2, premier genre, autrement dit, un monoplace. Il fut donc spécialement modifié pour ce film, pour y installer un mitrailleur dans le peu de place qu'il y avait derrière le réservoir. 

    Sur une photo, prise en 2006, à Monino, on constate que le cockpit a été récemment agrandi, au niveau du poste du mitrailleur, ce qui a permis le transfert de l'antenne au milieu de la verrière, à l'aplomb de la plaque de blindage protégeant le réservoir de carburant, situé entre le mitrailleur et le pilote.

    L'avion est filmé au sol, le moteur en marche; il roule, mais quand il décolle ou qu'il vole, il est remplacé par des extraits de films en noir et blanc. On voit notamment décoller un Il-2 qui semblent appartenir au 198° Régiment d'aviation d'Assaut de la Garde, 233° Division d'aviation d'Assaut (queue blanche avec bande de fuselage) qui combattait lors de l'hiver 1944-1945, sur le front de Prusse orientale. Sur ces films, on observe aussi des Messerschmitt Bf.10E, des Focke-Wulf Fw.190, et même d'antiques Bf.109D qui n'ont rien à faire sur le front de l'est, en 1945 !

    La production fit aussi fabriquer au moins deux autres maquettes grandeur réelle biplaces d'Il-2 (dont les n° 8, 13) pour faire de la figuration.

     

    Christian Santoir

    * Film disponible sur https://ok.ru/video

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