Vo. Homo Faber
Année : 1991
Pays : Allemagne, France, Grèce
Durée : 1 h 52 min.
Genre : drame
Couleur
Réalisateur : Volker SCHLÖNDORFF
Scénario : Max FRISCH, Rudy WURLITZER
Acteurs principaux :
Sam
SHEPARD (Walter Faber), Julie DELPY (Sabeth), Barbara SUKOWA (Hannah), Dieter
KIRCHLECHNER (Herbert Hencke), Traci LIND (Charlene), Deborra-LEE FURNESS
(Ivy), August ZIRNER (Joachim), Thomas HEINZE (Kurt), Bill DUNN (Lewin)
Musique : Stanley MYERS
Photographie : Giorgos ARVANITIS, Pierre LHOMME
Producteur : Eberhard JUNKERSDORF
Compagnie productrice : Action Films, Bioskop Film, Stefi 2
Avions :
- Lockheed L-1049H
Notre avis :
"The voyager" est une adaptation cinématographique du livre de Max Frisch "Homo Faber" (1957). C'est une variation moderne sur le complexe d'Oedipe, le principal personnage étant amené à vivre, à son insu, une violente passion avec sa fille. Cette coproduction multinationale fut tournée aux USA, au Mexique, en France, en Italie et en Grèce...Le titre "français" du film n'est donc pas usurpé !
A l'aéroport d'Athènes, en 1957, Walter Faber, un ingénieur en travaux publics, travaillant comme expert pour l'Unesco, doit se rendre à New-York. Dans la salle d'attente, il repense aux évènements qui se sont déroulés quelques mois auparavant, alors qu'il allait au Venezuela. Dans l'avion, il fait la connaissance d'un Allemand, Herbert. Leur avion, suite à une panne moteur, fait un atterrissage forcé en plein désert, au Mexique. Walter découvre alors qu'Herbert est le frère d'un de ses anciens amis, Joachim, quand il était étudiant en Suisse, avant guerre; il apprend aussi que celui s'était marié avec son ancienne maîtresse, Hanna, et qu'ils avaient eu fille. Hanna et Joachim divorcèrent ensuite. Herbert se rend au Venezuela pour avoir des nouvelles de Joachim qui dirige une plantation de tabac. Après avoir été secourus, Walter suit Herbert pour revoir Joachim. Ils trouvent qu'il s'est pendu ! Walter repart laissant derrière lui Herbert qui veut reprendre l'exploitation de son frère. De retour à New York, Walter prend le bateau pour aller à Paris. Sur le bateau, il rencontre une jeune femme, Sabeth, qui l'attire irrésistiblement. A Paris, il la retrouve par hasard. Il lui propose de voyager avec lui jusqu'à Rome, ce qu'elle accepte. En cours de route, leur relation devient de plus en plus intime...Arrivés à Rome, Walter veut en savoir plus sur Sabeth. Il l'interroge sur sa mère, et il s'aperçoit que c'est la fille d'Hanna ! Il commence à se demander s'il n'est pas son père, ayant abandonné Hanna alors qu'elle était enceinte...Il apprend qu'Hanna vie à Athènes. Il décide d'emmener Sabeth chez sa mère. Alors qu'ils passent la nuit, près d'une rivière, Sabeth est mordue par un serpent et, en tombant, se heurte violemment la tête sur un rocher. Walter l'emmène à l'hôpital, en faisant du stop. Il se réveille dans une chambre; Hanna est là. La piqure de Sabeth n'était pas mortelle, plus grave est le choc qu'il a reçu à la tête. Hanna invite Walter chez elle. Il lui annonce le décès de Joachim et ne peut lui cacher qu'il a couché avec Sabeth...Le lendemain, Hanna apprend que sa fille vient de mourir. Walter et Hanna sont réunis par leur chagrin. Hanna raccompagne Faber à l'aéroport d'Athènes et il se retrouve, comme au début du film, seul dans la salle d'attente, perdu dans ses pensées...
La morale est donc sauve et les dieux ont mis fin à l'inceste involontaire...Pour nous, le seul intérêt de ce drame psychologique réside, non pas dans une réflexion sur le complexe d'Oedipe ou d'Electre, mais dans ses premières séquences, quand Walter embarque à bord d'un magnifique Constellation qui est le seul de son espèce en état de vol, aux États-Unis...
On remarquera la façon humoristique dont est traité l'accident d'avion qui ne fait aucune victime. L'hôtesse fait passer leurs gilets de sauvetage aux passagers alors que l'avion va se poser dans une mer...de sable. Le lendemain matin, elle leur sert le petit déjeuner sur un charriot, en annonçant le menu avec un mégaphone ! Il semblerait que le crash était compris dans le billet…
Les avions du film :
Le seul avion du film est le Lockheed L-1049H (la version convertible du Super G) Super Constellation de la fondation "Save a Connie" ("sauvez un Constel"). L'avion est revêtu de la décoration de la compagnie TWA, dont le nom ne put être utilisé pour des raisons de droits (TWA sera racheté par American Airlines en 2001). La compagnie fictive du film est donc la "South American Continental" (S.A.C., comme "Save a Connie"). L'uniforme de l'hôtesse ressemble aussi beaucoup à celui de la TWA, en 1957, mais cet avion n'appartint jamais à cette compagnie. Néanmoins, ce Constellation est le seul transport civil à avoir survécu, alors que tous les autres qui ont été restaurés, sont des avions militaires, des C-121.
Le Lockheed L1049H-82 (s/n 4830) de S.A.C. fut d'abord immatriculé N5400V et stocké à Burbank (CA) suite à l'annulation de sa commande. Il fut finalement vendu en 1959, à Slick Airways avec un nouveau matricule (N6937C). Puis, il fut exploité par différentes compagnies (Airlift International en 1966, Bal Trade, en 1968) avant d'être immobilisé à Miami en 1970. Il fut alors acquis par Aircraft Airframe Inc. en 1971, qui le loua à Vortex Inc., Trucks International, avant de le céder à Aircraft Specialties, en 1973. Il fut transformé en avion citerne à Mesa (AZ) où il fut parqué jusqu'en 1979, date de sa vente au Science Museum de Londres, puis à Air Trader International, en 1980. En 1985, sa carrière mouvementée prit fin quand Paul Pristo l'acquit aux enchères pour 4 000 dollars. Il en fit cadeau à l'association "Save a Connie" de Kansas City, l'année suivante. Il fut alors baptisé "Star of America", un nom porté par un L749A (NC6003C) de la TWA. Après de grands travaux de restauration en 1987-1988 (l'avion ne volait plus depuis onze ans), il fut repeint aux couleurs de la TWA, sans le nom de la compagnie. C'est alors qu'il participa au tournage. Après le film, on installa un radar météo dans le nez, en décembre-janvier 1991. Ce radar était proposé en option sur le Super G. En 1996, le logo de la TWA remplaça celui de S.A.C. sur le fuselage, l'association s'appelant "Airline History Museum", en 2000. La restauration de la cabine selon les standards d'origine, fut alors entreprise. En 2005, l'avion fut victime d'un grave problème au moteur n°2 (une banalité pour un Constellation…). En 2007, le moteur réparé fut essayé avec succès. Mais depuis, l'avion n'a pas revolé...
Ce Constellation a participé au tournage de plusieurs documentaires, séries TV et de films, comme "The aviator" (2004) ou "Ace Ventura en Afrique" (1995).
L'entretien d'un Super Constellation est très coûteux vu la complexité de ses systèmes; ses moteurs Wright (R-3350-972TC-18DA-3) Turbo Cyclone Compound, de 3400 chevaux unitaires, sont de vrais cauchemars de mécanicien et furent à la source de nombreux problèmes qui valurent au Super G le surnom de "meilleur trimoteur du monde" ! L'accident du film avec le feu aux moteurs 3 et 4, n'est pas sans rappeler cette réputation douteuse...Cela n'empêche que le Super Constellation est sans aucun doute le plus beau quadrimoteur à hélices ayant jamais existé.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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