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SOLEIL NOIR

 

SOLEIL NOIR

 

Année : 1966
Pays : France / Italie
Genre : aventures
Durée : 1 h 30 min.
Couleur

Réalisateur : Denys de La PATELLIERE
Scénario : Pascal JARDIN, Denys de La PATELLIERE

Acteurs principaux :
Michèle MERCIER (Béatrice Rodier), Daniel GÉLIN (Guy Rodier), Valentina CORTESE (Maria), Denise VERNAC (Elise Rodier), David O'BRIEN (Eliott), Harry RIEBAUER (Herman), Michel de RE (Ergy) Jean TOPART (Bayard)

Musique : Georges GARVARENTZ
Photographie : Armand THIRARD
Producteurs : Raymond DANON, Maurice JACQUIN
Compagnies productrices :
Les films Copernic, Medusa Distribuzione

Avions :

  • -Auster J.1 Autocrat, F-BDAK
  • -Auster J.5G Autocar, F-BASB
  • -SNCAN N.1203 Norécrin III

 

Notre avis :

Ce film d'action oublié, malgré une distribution de qualité, fut tourné dans la nouvelle république algérienne, un pays indépendant depuis quatre ans seulement. Mais ici, l'Algérie est en fait un autre pays africain, un pays fictif visiblement arabe, dont la petite capitale est Tombor (nom inspiré par Tombouctou ?).

Gaston Rodier, un financier et riche industriel, est victime d'une crise cardiaque, à la Bourse. Avant de mourir, il demande à sa fille Béatrice, de  protéger les intérêts de son frère aîné, Guy, un fils qu'il n'a pas vu depuis longtemps et qu'il avoue beaucoup aimer. Guy vit en Afrique après avoir été condamné à mort par contumace en 1944. Pendant la guerre, c'était un journaliste réputé qui avait pris parti pour les Allemands, contre le péril soviétique. Il avait poussé de jeunes Français à aller combattre sur le front de l'est où ils avaient trouvé la mort, pou rien. Il ne se l'était jamais pardonné. Il boit, il se détruit, il est devenu une sorte de mort vivant. Alors que les héritiers commencent à se déchirer pour le partage des biens de Gaston Rodier, son avocat leur rappelle qu'il faut l'accord de tous ses héritiers…Contre l'avis de son mari, avec lequel elle ne s'entend plus, elle part en Afrique, à Tombor, chercher son frère. Tombor est un bled perdu au milieu d'un désert, peuplé d'anciens collabos, de nazis, d'escrocs, d'assassins…Elle s'y rend dans un petit avion de contrebande piloté par un Américain, Elliott,. Lui aussi a des problèmes. Il a été interdit de vol par toutes les compagnies après que son avion se soit écrasé en provoquant la mort de plus de cent passagers. L'arrivée de Béatrice ne passe pas inaperçue, notamment auprès d'Ergy, une immonde crapule qui domine la région. Béatrice retrouve Guy qui vit avec une parricide et une alcoolique comme lui, Maria. La protéger est devenu sa seule raison de vivre. Il s'est improvisé médecin et soigne les indigènes comme il peut. Béatrice se rend rapidement compte qu'il ne retournera pas en France. Pour essayer de provoquer chez lui un reflexe d'homme, Béatrice se donne à Ergy. Guy intervient finalement et la sort de griffes du malfrat. Il accepte enfin de rentrer en France. C'est alors que Bayard, l'âme damnée d'Ergy, sachant que Béatrice ne sera jamais à lui, a une sinistre idée; il fait courir auprès des indigènes le bruit que Béatrice est là pour leur enlever "leur bon docteur"! Ceux-ci, qu'il a copieusement alcoolisés, la recherche pour la tuer. Guy et Béatrice s'enfuient aussitôt en voiture, puis dans l'avion d'Eliott. Après avoir abattu Bayard, Ergy part à leur poursuite dans un autre appareil piloté par un ancien nazi. Après un échange de coups de feu en plein vol, Béatrice et Guy parviennent à l'abattre. Ergy s'en sort néanmoins indemne et un peu plus tard, tente à nouveau de les tuer ! Guy se précipite sur lui et l'étrangle. Il vient de tuer un autre homme et prend la décision de rester avec Maria. Béatrice repart avec Eliott. un homme discret qui l'aime depuis le début, sans jamais lui avoir avoué. Elle était venue en Afrique chercher son frère, elle ramène un homme, un vrai.

On aura compris les messages ; l'argent ne fait pas le bonheur et le crime ne paie pas !

Il est vrai, en effet, qu'à la fin de la guerre, de nombreux collabos et nazis allèrent se réfugier loin de leur pays. Les Français allèrent se mettre "au vert" dans les territoires d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe…), dans les colonies d'Afrique (en AEF ou AEF) où certains se refirent une nouvelle vie qui fit oublier leur passé…Les nazis préférèrent l'Argentine où ils disposaient déjà de tout un réseau d'accueil et cela, dès avant la guerre.

Le tournage se déroula de juin à août 1966, dans l'oasis algérien d'Ouargla, notamment sur le petit aéroport local et dans l'hôtel Transat. Ce film comporte plusieurs scènes aériennes dirigées par Jean Falloux, un ancien pilote de chasse devenu, après guerre, un photographe et un cascadeur. Il se tuera le 2 septembre 1967, aux commandes d'un Stampe (F-BCGP), en préparant une scène aérienne pour le film "Les grandes vacances". Les deux pilotes ayant participé au tournage, cités dans le générique, sont Jack Gilbert et Alexandre Renault, ce dernier étant également un collectionneur qui fournit des avions pour plusieurs films.

 

Les avions du film :

Le premier avion est aperçu sur un bout de film montrant, par temps de brouillard, un Sud Aviation SE-210 Caravelle VI-N de la compagnie Alitalia, avec lequel Béatrice part en Afrique. Notons que ce n'est pas le bon appareil; sur les lignes africaines, Alitalia employait dans les années 60, des Douglas DC-8 et des Boeing 707, et pas des Caravelle, aux "jambes" un peu trop courtes…

La production utilisa deux avions presque identiques, comme souvent, l'un pouvant remplacer l'autre, au cas où…Les deux avions portent le même matricule fictif "OI-ELI".

Celui que l'on voit le plus et depuis le début du film, est l'Auster J.5G Autocar (F-BASB, c/n 2973) de la société Les Films Copernic. Ce modèle d'exportation était destiné à un particulier au Kenya, immatriculé "VP-KJN", le 29 février 1952, mais cette immatriculation comme la vente, fut annulée le 9 octobre suivant. Il fut alors immatriculé en France d'Outre mer "F-OAMO", en janvier 1953 (mais où ?). En juin 1966, il fut mis au nom des Films Copernic pour le tournage. Il sera radié le 6 octobre 1978.

L'autre Auster est un J.1 Autocrat  (F-BDAK, c/n 2212) de la société de production Les Films  Copernic, basé à Toussus-le-Noble. Construit en août 1948, il fut d'abord exporté en Rhodésie du sud (VP-KGF, puis VP-YHG). On ne sait comment cet avion atterrit, en France où il reçut son second matricule "F-BDAK", acquis par Copernic en  juin 1966. L'avion fut réformé en mai 1977 et aurait été remisé sur le terrain de la Ferté-Alais.

Les deux avions ont la même décoration argent, rouge et bleue, pour ne faire qu'un, mais ils ne sont pas du même type et on peut les différencier par certains détails. Ainsi le J/5G Autocar dispose sur le côté droit, d'un tube de Venturi près du cockpit, d'une dynamo à hélice fixée sur le bord d'attaque de l'aile et d'une prise d'air au bas du capot moteur, en outre, au dessus de son tableau de bord, on a rajouté ce qui ressemble à un radio compas, détails dont ne dispose pas le J/1 Autocrat.

L'avion qui attaque l'Auster est un SNCAN N.1203 Norécrin III, tout blanc, avec pour seules marques, une swastika lévogyre sur la dérive, une autre, dextrogyre, sous l'aile, et une croix noire de petite taille sur le fuselage et sous l'aile, un marquage fantaisiste. Le pilote, un Allemand, sans doute un ancien de la Luftwaffe, a la mémoire qui flanche…

Après avoir frôlé plusieurs fois l'Auster en plein vol et l'avoir poursuivi aux milieu des buttes et mesas, le Norécrin se pose sur le ventre au milieu des dunes, le moteur en feu. Rappelons que le dessous plat du Norécrin était renforcé pour résister à ce genre d'éventualité. Cet atterrissage n'est pas seulement réaliste, mais réel et n'a pas été reconstitué avec des effets speciaux, de même que l'incendie qui détruit tout le cockpit. Cet avion a sûrement été sacrifié.

Ergy parvient à tirer à travers la petite fenêtre coulissante du cockpit, dont les portes s'ouvraient vers l'avant, avec un gros fusil mitrailleur (Chatellerault M1924/29), ce qui ne devait pas être facile vu l'étroitesse de l'habitacle.

On ne sait d'où vient cet avion sans matricule apparent; de France ou d'Algérie ? On ne trouve pas de Norécrin inscrit au nom de la compagnie productrice. En Algérie, en 1966, il y avait quatre Norécrin inscrits sur les registres de l'aviation civile. Tous sont marqués comme réformés, sauf un, le Norécrin III "7T-VKU" (c/n 351). Il était immatriculé "F-OAUU" avant l'indépendance. En 1957, il appartenait à l'aéroclub de Redjas, non loin de Constantine et en 1962, il était inscrit au nom de l'aéroclub de l'AIA (Atelier Industriel de l'Air) d'Alger-Maison Blanche. Mais il ne s'agit là que d'une hypothèse…

 

Christian Santoir

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