Année : 1938
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1 h 38 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Alexandre RYDER
Scénario : François CAMPAUX, Léopold MARCHAND
Acteurs principaux :
ARLETTY (Arlette), Jeanne AUBERT (Jeanne Dumont), Michel SIMON (Michel),
Jean-Louis BARRAULT (Pierre Bonvais), Pierre NAY (Charles), Nicole VATTIER
(Lucie), TIRMONT (Le ténor).
Musique : Vincent SCOTTO
Photographie : Léonce-Henri BUREL
Producteur : François CAMPAUX
Compagnie productrice : Productions François Campaux
Avions :
- -Handley Page HP.42W, G-AAXC
- -Lioré et Olivier LeO. H.242, F-AMUL
Notre avis :
Ce film, totalement oublié, bien que réunissant de grands acteurs, fait partie de la catégorie "film avec scènes d'aéroport", l'aviation n'étant pas au centre du scenario. On passe donc (rapidement) au Bourget et sur l'hydrobase de Marseille-Marignane. Les avions apparaissent sur des extraits de documentaires.
Les avions du film :
Pour se rendre en Algérie, Arlette et Michel empruntent d'abord un Handley Page H.P.42W (G-AAXC, c/n 42/5) d'Imperal Airways. Pris en charge en août 1931 avec le nom d'"Heracles" il fut mis sur la ligne Londres/Croydon-Paris/Le Bourget. Le problème est qu' Imperial Airways ne desservait pas Marseille, seulement Paris et Le Touquet... Le 19 juin 1932, le G-AAXC fut accidenté alors qu'il atterrissait à Handsworth, pour participer à la Royal Aeronautical Society's Garden Party. En 1935, cet avion vola 361 jours, la maintenance s'effectuant, la nuit. En mai 1937, il avait accompli le 40.000 ème vol à travers la Manche et en juillet, ce robuste avion fut le premier au monde à avoir parcouru un million de miles, en transportant 80 000 passagers ! En septembre 1939, il fut évacué sur Whitchurch. A partir de cet aérodrome, il ravitailla le corps expéditionnaire anglais, en France, sous contrôle de la RAF, mais sans avoir été incorporé dans un squadron. Il fut gravement endommagé par une brusque tempête, à Whitchurch, le 19 mars 1940, au point d'être déclaré irréparable. Le G-AAXC est également vu, en arrière plan, dans le film "Trois valses", en 1938.
Pour traverser la Méditerranée, Arlette et Michel s'envolent à bord d'un hydravion Lioré et Olivier LeO H.242 (F-AMUL, c/n 2) d'Air France. On voit que les bagages sont embarqués par l'avant, par l'entrée des passagers. Normalement, ils étaient chargés à l'arrière de la cabine, par une trappe ouvrant sur le dos du fuselage, proche des hélices... Les passagers embarquaient à terre, puis, comme on le voit, l'hydravion était mis à l'eau, moteurs tournant, en empruntant le slip de l'hydrobase de Marignane. Quand il décolle, on aperçoit en arrière plan, la grue de 30 tonnes du port-abri.
On comprend que le directeur des Folies Bergères hésite à autoriser Michel à emmener son épouse, à Alger. Le voyage aller et retour, Paris-Marseille, coûtait, à l'été 1937, 1 260 francs et Marseille–Alger, 2 331 francs, soit 3 591 francs en tout. Pour un couple, il s'agissait d'un coût total de 7 182 francs, soit plus de 4 000 euros actuels ! Paris-Alger AR est autour de 150 euros en 2017 et c'est un vol direct; le voyage aérien s'est vraiment démocratisé.
Le second exemplaire du H.242, "F-AMUL", fut construit en 1932 et fit son premier vol en mars. On remarque que ni les fuseaux moteurs, ni les moteurs ne sont carénés. Commandé à l'origine par Air Union, pour son réseau méditerranéen, il sera exploité par Air France, après la fusion en 1933 des deux compagnies. Le 22 décembre 1933, le F-AMUL baptisé "Ville d'Alger", décolla de l'hydrobase de Marseille-Marignane pour effectuer la première liaison avec Alger, après une escale de 30 minutes à Alcudia, aux îles Baléares. Le voyage durait 8 heures en tout et la fréquence de cette ligne (n° 493) fut quotidienne, à partir d'avril 1934. Le 23 mars 1935, sa cellule fut légèrement endommagée quand une rafale de vent le précipita contre la grue de Marignane, au bout de laquelle il était suspendu ! Le 27 janvier 1939, il fut contraint de faire escale pendant 5 heures, à Tarranova en Sardaigne, sur la ligne (n° 481) Marseille-Ajaccio-Tunis, suite à une mauvaise météo. A la déclaration de la guerre, il fut immobilisé et sera réformé le 30 juin 1941, avec 3 363 heures de vol au compteur.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
Enregistrer un commentaire