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OPERATION SECRET

 


OPERATION SECRET

 

Année : 1952
Pays : Etats-Unis
Genre : guerre
Durée : 1 h 48 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Lewis Seiler
Scénario : Harold Medford, James R. Webb

Acteurs principaux :
Cornel Wilde (Peter Forrester), Steve Cochran (Marcel Brevoort), Phyllis Thaxter (Maria), Karl Malden (major Latrec), Paul Picerni (Armand), Lester Matthews (Robbins), Dan O'Herlihy (Duncan), Jay Novello (Herr Bauer), Wilton Graff (un officier français ), Dan Riss (le sergent).

Musique : Roy Webb
Photographie : Ted D. McCord
Producteur : Henry Blanke
Compagnie productrice : Warner Bros.

Avions :

  • Avro York, document.
  • Boeing B-17E, document.
  • Douglas C-54, document.
  • Focke Wulf Fw.190, document
  • Lockheed L749 Constellation, document.
  • Messerschmitt Me.163A, document.
  • Messerschmitt Bf.109E, document
  • Messerschmitt Bf.110 , document
  • North American P-51A Mustang, extr. de film

 

Notre avis :

Le scénario du film serait inspiré par les exploits du lieutenant colonel Peter Ortiz pendant la seconde guerre mondiale. Cet Américain, élevé en France, s'engagea dans la Légion Etrangère en 1932. Prisonnier en 1940, il s'évada et gagna les USA où il rejoignit le corps des Marines. Vu ses états de service, il fut nommé assistant de l'attaché naval américain à Tanger où il prépara le débarquement américain. En 1943, en tant que membre de l'OSS (Office of Strategic Services) il fut parachuté sur la France pour aider la Résistance. De nouveau prisonnier des Allemands, il passa le reste de la guerre dans un camp. Après la guerre, il s'investit dans le cinéma et deux films furent tirés de ses exploits, "13 Rue Madeleine " (1947) et "Operation secret". Dans le film, il est incarné par le principal héros, Peter Forrester, mais aussi par le major de la Légion Latrec, joué par Karl Malden.

Trois hommes sont convoqués devant une commission d'enquête des services secrets français, à Paris : Marcel Brevoort, un homme d'affaires qui étaient un membre de la résistance française pendant la guerre, Bauer, un ancien agent de la Gestapo et Robbins, un fonctionnaire du Foreign Office anglais. Il s'agit d'enquêter sur le meurtre d'un certain Armand Dubois, survenu lors des derniers jours de la guerre. Brevoort pense qu'il fut tué par un Américain, Peter Forrester, présumé mort. Il raconte comment il a connu Forrester en juin 1940. Ils furent faits prisonniers ensemble avec un certain Latrec, de la Légion Etrangère dont il a perdu la trace depuis. Aussi est-il étonné de voir ce dernier réapparaître devant la cour. Latrec raconte que lui et Forrester furent enfermés dans le même camp, d'où ils s'échappèrent pour rejoindre le maquis, à Marseille. A l'annonce du débarquement des Américains en Afrique du Nord, Forrester partit pour l'Angleterre. Robbins indique qu'il a interrogé Forrester en 1943 à son arrivée à Londres. Il parlait couramment le Français et l'Allemand; il fut dirigé vers le major Dawnson qui le chargea d'une mission secrète en Allemagne, consistant à vérifier le résultats exacts des bombardements alliés sur les usines allemandes. Après avoir empli sa mission, Forrester dut quitter précipitamment l'Allemagne avec l'aide d'une nonne, sœur Maria, qui était en fait une résistante française. Elle le mit en contact avec son réseau où il retrouva Latrec. Ce réseau était dirigé par Brevoort. En attaquant un véhicule allemand, ils s'emparèrent d'un film montrant les nouvelles armes secrètes allemandes. Maria indique que ces films devaient être expédiés à Londres par un sous-marin, mais que Brevoort, un communiste, s'y était opposé. Il avait tué Armand qui n'était pas de son avis. Brevoort s'était enfui avec les films, poursuivi par Forrester. Maria avait été ensuite capturée par les nazis, puis emprisonnée après la victoire, à cause de Brevoort. Ce dernier rejette en bloc les charges pesant contre lui et se propose de fournir les preuves de son innocence. C'est alors que Forrester est introduit devant la cour ! Avec son témoignage, les juges ont assez de preuves pour le faire condamner à mort.

Ce scénario basé à priori sur des faits réels, apparaît souvent comme une fiction. S'il avait fallu enquêter sur tous les résistants morts dans des circonstances suspectes, pendant la guerre, on n'aurait pas encore fini, un demi siècle plus tard…L'assassin, joué par un maquisard communiste qui veut garder l'information recueillie pour l'URSS, pose le problème du comportement des maquisards communistes français, pendant la guerre. Il faut replacer ce film dans le contexte de l'époque, la guerre froide et la guerre chaude en Corée, les Etats-Unis se battant contre une Corée du nord aidée par ses alliées communistes, chinois et soviétiques. Vu des Etats-Unis, les résistants communistes français travaillaient surtout pour Moscou. La réalité était naturellement plus complexe. Les maquis FTP (Francs Tireurs et Partisans), qui ne comprenaient pas que des communistes, collaborèrent par l'intermédiaire de leur service de renseignement (le service B), aussi bien avec le BCRA gaulliste qu'avec l'OSS américain et  les services britanniques ou soviétiques. Comme d'habitude, Hollywood semble se tromper de siècle, en montrant en 1943 des Français habillés de blouses et de casquettes, sortis tout droits d'un roman de Dumas !

Le principal intérêt de ce film de série B réside pour nous, dans son utilisation de films allemands montrant la mise en œuvre du V.1 et, surtout, du Me.163 Komet.

 

Les avions du film :

Les diverses personnes convoquées rejoignent Paris dans un Avro York de la RAF, un Douglas C-54 du MATS et un Lockheed L749 Constellation de la TWA.

Ce film à petit budget se caractérise par un large emploi de documents filmés pendant la guerre montrant des formations de bombardiers B-17 au dessus de l'Allemagne, avec les habituels extraits de "Memphis Belle", le documentaire de W. Wyler. Peut-être le tournage utilisa-t-il un Boeing B-17E, pour certaines vues rapprochées filmées au sol.

Les films les plus intéressants sont ceux censés avoir été récupérés par la résistance. Ils montrent le lancement des premiers modèles de Fieseler Fi.103 ou V1, sur les côtes de la Baltique. On voit notamment la chargement du "sabot" propulsif sur la rampe de lancement.

Les autres films montrent les essais des premiers Messerschmitt Me.163A dont le V4 (KE+SW) piloté par Heini Dittmar, en juin 1941 à Peenemünde (et non en France comme dans le film..). On remarque la longue traînée de fumée blanche caractéristique de ce modèle, alors que le moteur du Me.163B, avec une température des gaz expulsés trois fois plus élevée, n'en produisait pratiquement pas. Dittmar dépassa les 1000 km/h, en octobre 1941, avec le KE+SW. Cet appareil. apparaissait déjà dans le film "Chain ligthning" (1950). On voit également le pilote d'essai Rudolph Opitz entrer dans un Komet Me.163B, assisté par le chef mécanicien de chez Messerschmitt, à Bad Zwischenahn, la base de l'unité expérimentale JG 400.

On remarquera certains détails intéressants : la fixation des deux roues sur le patin avant le décollage; la combinaison étanche du pilote destinée à le protéger des fuites de carburant aux effets terrifiants (il était entouré de réservoirs !); l'épaisse vitre blindée placée devant le pilote; le démarrage du moteur fusée et la prise de vitesse sur la piste en dur. La suite montre le décollage un peu laborieux, sur une piste en herbe, d'un Me 163A (V6 ou ultérieur)  qui une fois débarrassé de ses roues, monte en flèche vers le ciel (environ 15.000 pieds/minute !). Pour l'atterrissage, il s'agit d'un Me.163B qui arrive à grande vitesse, rebondit sur le sol (toujours sur une piste en herbe, pour ne pas abîmer le patin), ralentit en basculant d'une aile sur l'autre, avant de s'arrêter. Vu la nature instable du carburant, les explosions lors d'atterrissages un peu durs, n'étaient pas rares. On comprend en regardant ces images que le Me.163 (un avion sans difficultés particulières de pilotage, mais avec un moteur "capricieux"...) devait fournir des sensations fortes à ses pilotes, d'où l'inscription sur le badge du 2/JG400 : "Wie ein Floh, aber Oho !" (Comme une puce, mais, Oho !)…

On voit aussi des essais du moteur fusée Hellmuth Walter Kiel Kommandogesellschaft HWK 109-509, utilisant deux produits chimiques hautement corrosifs (de l'eau oxygénée -T-Stoff- et un mélange d'hydrate d'hydrazine et de méthanol-C-Stoff) dont le simple contact générait une réaction chimique violente….

D'autres films allemands montre le décollage sur alerte de Focke Wulf Fw.190 (film déjà vu dans "Jéricho"-1945) et de Messerschmitt Bf.109E. On peut entrevoir ici et là un Messerschmitt Bf.110 au début du film. Le plus étrange est l'apparition de deux North American P-51A Mustang portant des croix allemandes approximatives et l'insigne du II/JG.3 "Udet", avions qui semblent extraits d' "Un nommé Joe" (1943) de la MGM.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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