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L'ODYSSEE

 

L'ODYSSEE

 

Année : 2016
Pays : France / Belgique
Genre : biographie
Durée : 2 h 2 min.
Couleur

Réalisateur : Jérôme SALLE
Scénario : Jean-Michel COUSTEAU, Albert FALCO

Acteurs principaux :
Lambert WILSON (Jacques-Yves Cousteau), Pierre NINEY (Philippe Cousteau), Audrey TAUTOU (Simone Cousteau), Laurent LUCAS (Philippe Tailliez), Benjamin LAVERNHE (Jean-Michel Cousteau), Vincent HENEINE (Albert 'Bébert' Falco), Thibault de MONTALEMBERT (Etienne Deshaies)

Musique : Alexandre DESPLAT
Cinématographie : Matias BOUCARD
Producteurs : Olivier DELBOSC, Nathalie GASTALDO, Philippe GODEAU, Marc MISSONNIER     
Compagnies productrices : Fidélité Films, Pan-Européenne, TF1 Films Production

Aéronefs :

  • -Consolidated PBY-5A Catalina, s/n 9767, N9767
  • -Douglas C-47A s/n 42-92320, ZS-BXF, au sol
  • -Piper PA.31 350 Navajo Chieftain, c/n 31-7305082, ZS-NHZ
  • -SNCASE SE.3130 Alouette II, c/n 1524, ZU-RAK

 

Notre avis :

Ce film est consacré à un personnage très connu, le "commandant" Cousteau, l'homme au bonnet rouge. Peu après la guerre, il avait commencé par développer un appareil de plongée autonome, qui permettait à l'homme de se déplacer librement sous la mer, au milieu de ses habitants qui purent ainsi découvrir l'homme, un nouveau poisson très dangereux. Les films que Cousteau tourna avec son équipe permirent de faire découvrir à un très large public, un monde merveilleux, pratiquement inconnu, le "monde du silence" (en fait, pas si silencieux que cela, les cétacés étant particulièrement bavards). L'histoire couvre la période 1949-1979, une époque où la plongée sous-marine n'était pas très répandue et où on ne parlait pas beaucoup d'écologie, ni d'environnement.

Après avoir quitté la Marine nationale française, Jacques-Yves Cousteau veut se lancer dans l'exploration sous-marine. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l’eau, Jacques-Yves Cousteau découvre un nouveau monde, celui de la mer, avec sa faune et sa flore. En 1950, il loue le bateau "Calypso", un dragueur de mines vieux de huit ans, à un milliardaire britannique. Après de nombreuses modifications, le commandant Cousteau le transforme en un navire de recherches océanographiques bien équipé. Son objectif est d'explorer le monde sous-marin et de le faire découvrir à un large public, au moyen de films documentaires. Cousteau part alors aux quatre coins du monde, avec sa femme Simone et notamment Albert Falco, dit «Bébert». Ses deux fils, Philippe et Jean-Michel Cousteau, restent en pension. Quelques années plus tard, Philippe, son fils favori,  rejoint finalement l'équipe de son père, qui tourne une série de films, financés par une chaîne de télévision américaine. Philippe s'intéressant à l'écologie, que son père semble ignorer, il se brouille avec lui, puis, alors que les affaires de la société Cousteau périclitent, revient auprès de lui et le sensibilise à la protection des océans et des espèces animales menacées, donnant à la carrière de son père une nouvelle orientation et un nouveau départ. Mais à la mi-1979, Philippe se tue aux commandes de leur hydravion, le "Calypso 2". Le conquérant des mers accuse le coup et devient un vieil homme brisé, prompt au découragement. Mais son fils cadet, Jean-Michel, reste à ses côtés pour l'aider à surmonter ce drame et à poursuivre sa mission...

Le film met l'accent sur le différent ayant existé entre Cousteau et son fils Philippe. Cousteau est accusé d'égocentrisme, de narcissisme, sans parler de son infidélité envers sa femme, Simone, qui travaillait dur sur la Calypso. Le film laisse transparaitre aussi le fait que Cousteau n'était pas un Nicolas Hulot avant l'heure, ni un écologiste, du moins, au début de sa carrière. Le documentaire "Le monde du silence ", récompensé par une palme d'or à Cannes, en 1956, illustre bien les maltraitances infligées aux animaux par les hommes de la Calypso; c'était là des pratiques admises, dans une autre époque... Cousteau était un passionné de la mer, certes, mais aussi un communiquant, un businessman, prêt à tout pour assouvir sa passion. Néanmoins ses films ont permis d'attirer l'attention des gens, partout dans le monde, sur l'environnement marin que l'on tente aujourd'hui de préserver, un milieu où est née la vie et où elle risque de finir...

Bien que ce beau film se passe principalement sur et sous la mer, il comporte quelques avions et pas plus de 7 minutes de scènes aériennes, en tout, sur 122 minutes. Il y est rappelé, au passage, que Jacques-Yves Cousteau avait prévu d'être un pilote de l'Aéronavale, projet qu'il dut abandonner, suite à un accident d'auto. "L'Odyssée" ouvre sur un Catalina survolant l'embouchure du bassin d'Arcachon (Banc d'Arguin, dune du Pilat, la Pointe...), lors de l'évocation du crash de Philippe Cousteau.

 

Les avions du film :

Le principal avion du film est le "Calypso 2", un Consolidated PBY-5A Catalina (N9767, s/n 9767), appelé dans la réalité, «La Princesse des Etoiles»...Il est tout blanc, alors que le vrai "Calypso 2" avait le fuselage blanc, avec la coque jaune et noir, comme les moteurs. Il portait le nom "Calypso" inscrit sur et sous les ailes et le logo de l'Equipe Cousteau, sous le cockpit. Il avait également un radar sur l'aile droite. Les scènes aériennes avec le N9767 ont été filmées le 26 août 2015, à partir de l'hydrobase du site Latécoère, sur le lac de Biscarosse. C'est Yves Cartillier de l'association France's Flying Warbirds de Melun, qui le pilote.
 
Construit sous licence par Boeing-Canada, à Vancouver en 1942, ce PBY-5A (A pour Amphibie), ou plus exactement Canso A, est entré en service dans la Royal Canadian Air Force (RCAF) avec le serial "9767", puis a été affecté au n° 162 squadron, en Islande. C’est là, au sud de Reykjavik, que le 17 avril 1944, il prend en chasse et coule le sous-marin allemand U-342. Le N9767 est donc l’un des rares Catalina en état de vol, à pouvoir revendiquer une victoire durant la Seconde guerre mondiale.

Après la guerre, de 1946 à 1959, le N9767 sera exploité par Canadian Pacific Airlines de Vancouver, pour le transport de passagers et de fret (immatriculé alors CF-CRR). Il rejoindra ensuite Northland Airlines de Winnipeg, puis Midwest Airlines et, pour finir, Ilford Riverton Airways. En 1970, il est transformé en bombardier d’eau, avec l’ajout d’un réservoir central de 3000 litres. Peint en orange, il est intégré à la flotte d’Avalon Aviation Ltd. avec le nouveau matricule C-FCRR. Il intervient sur les feux de forêts à Red Deer (Alberta), puis à Parry Sound (Ontario). En 1995, il fut exploité, toujours comme bombardier d'eau, par Powell Corp., puis Enterprise Air Inc. d'Oshawa (Ontario) jusqu'en octobre 1995. Lors de sa carrière de pompier, il aura connu deux naufrages; à chaque fois, il fut renfloué et remis en état de vol. Il est acquis, fin 1995, par Franklin Devaux, de l'association Canadian Air Legend de Dijon et basé à Orly. Il est équipé en studio de télévision volant pour l'émission de télé "Okavango" de TF1, présentée par Nicolas Hulot. En octobre 1995, il partit pour Djibouti, puis les Comores, le Kenya et l'Ethiopie. Après un séjour à Harare (Zimbabwe), le C-FCRR retourna en France, et basé à la mi-1997 à Arcachon/La Teste. Il fut repeint sous les couleurs d'Air France avec le nom de "Princesse des Etoiles" et acheminé au Bourget, en août 1998. Il fut exposé place de la Concorde pour le centenaire de l'Aéroclub de France. En octobre 1998, il s'envola avec Franklin Devaux aux commandes, sur les traces de l'Aéropostale, en direction de Santiago du Chili. Sur le chemin de retour, il s'arrêta au Canada, chez Enterprise Air Inc., d'Oshawa, pour y être révisé, avant de traverser l'Atlantique, le 8 juin 1999. Basé à Orly, il connaitra alors une longue période d'inactivité. En novembre 2010, il fut immatriculé "N9767", son immatriculation canadienne ayant été radiée en 2005. Ce matricule américain est au nom de Southern Aircraft Consultancy qui est une société anglaise spécialisée dans l'inscription sur le registre de la FAA, des avions appartenant à des citoyens non Américains. Il rejoignit sa nouvelle base de Melun-Villaroche, le 22 décembre 2010, après un important chantier de remise à neuf. Il est aujourd’hui la propriété de la société C.A.T. (Catalina Air Trust), présidée par Frank Devaux, et peut à nouveau être présenté en vol. Son exploitation est assurée par des bénévoles de France's Flying Warbirds et de la SDPA (Société de Développement et de Promotion de l'Aviation).

Les vues du cockpit ont été réalisées en studio avec une maquette peu conforme au vrai cockpit. On ne voit pas très bien à quoi servent les trois petites manettes fixées au plafond, alors qu'à cet emplacement il y a les deux (grandes) commandes des gaz et les deux commandes (plus courtes) du pas des hélices...Idem pour la planche de bord, qui apparait très dépouillée, sans la console des contacteurs fixée sur la barre mobile horizontale supportant les volants. On ne sait pas aussi ce que représente le clignotant rouge situé entre les manomètres de pression et températures d'huile et un horizon artificiel; sur un Catalina "classique", le seul voyant dans cette zone était le voyant des flotteurs qui s'allument quand ceux-ci descendent ou remontent. Les voyants du train sont situés à droite de la planche de bord du copilote.

Quand Cousteau achète le Catalina, en août 1974, on le voit dans un hangar (de Melun-Villaroche) face à un Douglas DC-3A, qui est celui de l'association France's Flying Warbirds (c/n 11737, s/n 42-68810, N49AG).

Le véritable Catalina de Philippe Cousteau était le Consolidated PBY-6A Catalina  (c/n 2141, BuNo. 64071; avec une dérive plus étroite) immatriculé "N101CS" au nom d'American Equipment Funding, de Wilmington (DE), en 1974, mais exploité par Cousteau Society, de Los Angeles, entre 1976 et 1979. Il se crasha le 28 juin 1979, sur le fleuve Tage (Portugal), non loin de Lisbonne, alors qu'il hydroplanait, pour vérifier l'étanchéité de la coque, après une révision. L'hydravion passa sur le dos, le fuselage se brisa derrière le cockpit, l'aile se sépara du fuselage et l'hélice gauche heurta le cockpit, tuant Philippe Cousteau, alors que le copilote put s'extirper indemne de la cabine, comme les six passagers. La cause de l'accident n'est pas claire, mais on constate sur les photos de l'épave que le train était sorti...Beaucoup d'accidents de Catalina furent dus à l'ouverture inopinée des trappes du train avant, lors d'amerrissages. Le Catalina aurait pu aussi heurter un objet flottant ou un banc de sable... Son épave serait conservée au Museo do Ar d'Alverca.

Philippe accueille son père et une collaboratrice, dans le "sultanat d'Oman", sur un aéroport inconnu, mais en réalité, sur le terrain de Fisantekraal, en... Afrique du sud, près du Cap. Cité nulle part dans le générique, on peut néanmoins l'identifier, grâce aux arrière-plans (comme les montagnes de Hottentots-Holland).

L'avion est un Douglas DC-3 "français", portant une immatriculation burlesque "F-LZFT5" ! Il s'agit d'un avion sud-africain (ZS-BXF, c/n 12107) appartenant au SAA Historic Flight. Toutes ses marques de South African Airways / Suid Afrikaanse Lugdiens ont été effacées (du moins sur le côté gauche). Construit à Oklahoma City, ce C-47A fut livré à l'USAAF (s/n 42-92320), puis alloué à la RAF (serial FZ572) qui ne l'utilisa pas, mais le transféra  à la South African Air Force, en 1943 (serial 6821). En janvier 1944, il était en service au sein du n° 5 Wing., au Caire Le 16 août 1948, il sera cédé à la South African Airways (ZS-BXF) avec le nom de "Klapperkop ". En février 1971, lors de la guerre d'indépendance de la Namibie, il reprit du service avec la SAAF (serial 6888) et le n° 44 squadron, baptisé "Vasberade". L'avion fut rendu à South African Airways, en mai 1991 et rejoignit la flotte de l'Historic Flight. Il fut restauré dans sa configuration de 1948 et fit sa première apparition en octobre 1993. Basé à l'aéroport international O.R. Tambo, il sera utilisé pour des vols touristiques dans les environs de Johannesburg. Accidenté en 2003, après un atterrissage sur le ventre, il sera transféré en 2006, sur l'aéroport de Johannesburg/Rand, pout y être restauré. Il revola en novembre 2006. Cet avion fit une brève apparition au sol, dans le film "Amelia" (2009), tourné en partie sur l'aéroport de Johannesburg/Rand.

Philippe emmène ses hôtes dans un Piper PA.31 350 Navajo Chieftain ayant un matricule (français ?) tout aussi bizarre que celui du C-47 : "F-O-NHZ1"... Le vrai matricule sud-africain est "ZS-NHZ". Ce Piper construit en 1972 (c/n 31-7305082) appartient à la société Curvent CC. Il fut d'abord immatriculé N9718N, aux USA, puis, en France, F-ETAM et F-BUTK, en 1973, au nom d'une compagnie pétrolière. Dans les années 80, il fut vendu en République du Congo (TN-AED) et en janvier 1992, au Zaïre (9Q-CFC). En mars 1993, il rejoignit l'Afrique du sud (ZS-NHZ), acquis par une société de chasse au gros gibier.

Cousteau débarque dans un port (celui du Cap), à bord d'un hélicoptère SNCASE SE.3130 Alouette II (ZU-RAK, c/n 1524). Construit en 1961, cet hélicoptère fut livré à ALAT. A partir de 1986, il reçut plusieurs immatriculations civiles, au sein de l'ESALAT (École des Spécialisations de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre) de Dax : F-MBFJ, F-MBFP, F-MBGQ, F-MBGA, F-MBEE. En 1996, il fut réformé et stocké; vendu aux enchères en avril 2000, il rejoignit l'Afrique du sud, et fut immatriculé "ZU-RAK". En 2007, il était basé à Fisantekraal.

Sur un aéroport "portugais" (vraisemblablement Fisantekraal) d'où téléphone Philippe, on aperçoit (très mal) en arrière-plan deux biplans, un Boeing Stearman Kaydet (ZS-LZZ), bien identifiable grâce à sa décoration rouge particulière, normalement basé à Stellenbosch, et un De Havilland DH-82A Tiger Moth, tout blanc avec une cocarde anglaise, non identifiable (ZS-PCW ?).

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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