Vo. The impostor
Année : 1944
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 32 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Julien
DUVIVIER
Scénario : Marc CONNELLY, Julien DUVIVIER
Acteurs principaux :
Jean GABIN (Clément / Maurice Lafarge), Richard WHORF (Lieutenant
Varenne), Allyn JOSLYN (Bouteau), Ellen Drew (Yvonne), Peter van EYCK (Hafner),
Ralph MORGAN Colonel DeBoivin), Eddie QUILLAN (Cochery)
Musique : Dimitri
TIOMKIN
Photographie : Paul IVANO
Producteur : Julien DUVIVIER
Compagnie productrice : Universal Pictures
Les avions :
- -Lockheed 8D
Altair (modifié) NC18149
- -Stinson SR-7 Reliant
Notre avis :
Ce film, réalisé aux Etats-Unis, par un Français, Julien Duvivier, avec un acteur français, Jean Gabin, veut saluer l'action des Forces Françaises Libres en Afrique équatoriale française. Ce film de propagande, où Duvivier essaie d'accommoder la sauce "Bandera" (1935) à la sauce "résistance", ne fut pas une réussite. Il ne sortit en France qu'en 1946, d'abord à Nice, puis à Paris.
Le 14 juin 1940, Clément, condamné à mort pour avoir tué un policier, doit être guillotiné. Mais c'est alors que la prison est bombardée par les Allemands. Les gardes son tués et il peut s'enfuir. Sur une route, il monte à bord d'une camionnette où sont entassés des soldats français qui fuient vers Bordeaux. En route, ils sont mitraillés par un avion; tout le monde est tué sauf Clément. C'est alors qu'il prend les papiers militaires du sergent Lafarge. Sous l'identité de Maurice Lafarge, Clément s'embarque à Bordeaux sur le premier bateau venu. Celui-ci part pour Dakar, mais comme cette ville est tenue par des Pétainistes, il se déroute vers Brazzaville. Plus tard, Clément va se retrouver au Tchad, aux côtés des Forces Françaises Libres. Il se distingue par sa bravoure; il est promu lieutenant et décoré, mais il se rend compte qu'il a usurpé la gloire de Lafarge qui s'était conduit en héros, en France. Clément révèle la vérité sur son compte à son camarade Monge, qui lui conseille de se taire. Yvonne, la fiancée de Lafarge, découvre l'imposture de Clément, mais elle renonce à le dénoncer et s'engage comme infirmière. Peu après, Clauzel, un ancien compagnon de Lafarge, arrive en Afrique et reconnaît en Clément un imposteur. Clément doit avouer et il est condamné à la dégradation. Simple soldat, il se porte volontaire pour une mission dangereuse et meurt héroïquement. Il aura payé sa dette à la société, mais c'est lui qui aura choisi le moyen de le faire.
Ce long-métrage de propagande gaulliste qui salue, au passage, la bénéfique entrée en guerre américaine, fut tourné en anglais est produit par le service américain de propagande. Gabin déclarera dans un entretien : "On donne, en ce moment à Paris, The Impostor. Je n'irai pas le voir"…
Cette épopée des Forces Françaises Libres, censée se passer en Afrique centrale et en Libye, fut entièrement tournée en Californie, et ça se voit; pas un véhicule français à l'horizon (la camionnette dans laquelle monte Clément est une Hudson 1933 et les camions des FFL sont des Buick, Chevrolet, Dodge…).
La base, créée en pleine forêt, est (vu la carte montrée) située au Tchad, entre Fort Lamy (Ndjamena) et Fort Archambault (Sakhr), une région située en zone de savane, beaucoup moins humide que la forêt équatoriale (où circulent des éléphants asiatiques !) où sont stationnés les Français.
Côté aviation, ce film est typique d'une époque où les Etats-Unis étaient en guerre et où les vols d'avions privés étaient a priori interdits. Les avions restent donc au sol; en outre, les avions disponibles étaient plutôt rares. Le recours à des maquettes, aux effets spéciaux ou à des bricolages était donc de mise.
Les avions du film :
La camionnette dans laquelle se trouve Clément est attaquée par une maquette de Junkers Ju-87 Stuka.
En Afrique, quand la construction du terrain d'atterrissage est achevée, on voit de (trop) près un avion qui s'approche. Seul son cockpit, filmé en studio, est visible et et il ressemble fort à celui d'un North American O-47B.
Une fois au sol, l'avion change, comme d'habitude. Il porte les couleurs françaises, la croix de Lorraine (qui le plus souvent remplaçait la cocarde de fuselage) et le faux numéro de série "73542". On le voit rouler au sol, mais pas décoller. Sa verrière est typique de celle d'un North American AT-6C Texan, un type d'avion dont ne disposaient pas les FAFL (Forces aériennes françaises libres). Mais on voit qu'elle a été "greffée" sur le fuselage d'un avion différent. Tout le reste de l'avion ne correspond pas à un AT-6 : train plus large, dérive ronde au lieu d'être triangulaire, aile de forme différente aux bouts arrondis, plan de profondeur muni de masses d'équilibrage particulières qui n'existaient pas sur le AT-6…Bref, en dehors de la verrière, il s'agit d'un Lockheed Altair 8D modifié.
En 1942, un Altair avait participé au tournage de "Pour qui sonne le glas" (1943) et "Perdue sous les tropiques" (1943), filmé en vol et au sol. Il s'agissait du Lockheed 8D Altair "NC18149" (c/n 214) appartenant, à l'époque, au pilote professionnel Howard H. Batt qui faisait partie de l'Associated Motion Picture Pilots, comme Paul Mantz, avec lequel il collabora dans quelques tournages. Cet Altair fut le seul modèle construit par AiRover Company, une filiale de Lockheed, à la fin de 1937, en tant que 8G (NX18149, c/n 1) avec le nom de Flying Test Stand. Il servit de banc d'essais pour le moteur Menasco Unitwin, constitué de deux moteurs en ligne accouplés. Après des essais fructueux, l'avion fut remotorisé avec un Wasp C et enregistré comme 8D Altair, avec le matricule "NC18149" (c/n 219). Il fut vendu en septembre 1940 à Howard H. Batt, un ancien pilote cascadeur, un instructeur, un concessionnaire de Ryan Aircraft et le directeur d'une petite société charter basée à Santa Monica. Il aurait vendu son avion à California Aircraft Corporation, de Van Nuys, en juin 1942, mais selon la FAA, ce ne serait qu'en 1948…Selon la même source, c'est en 1951, qu'il fut exporté au Canada, acquis par le consortium Bechtel-Price-Callahan Co. d'Edmonton (Canada), et c'est là qu'on perd sa trace. Selon d'autres sources non officielles, c'est en 1942 que le consortium B-P-C l'acquit, l'avion ayant été ferraillé en 1943…Malgré cela, le "NC18149" aurait pu participer au tournage de "L'imposteur" qui débuta en août 1943.
L'autre avion qui atterrit sur le terrain est un Stinson SR-7B Reliant portant les couleurs françaises, la croix de Lorraine et le numéro de série "25729" qui ne correspond à aucun matricule. Les FAFL n'eurent pas de Stinson SR-7 en Afrique, ni ailleurs. On ne dispose d'aucune information sur cet appareil discret qui reste au sol. Notons que le Stinson Reliant est assez rare sur les écrans.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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