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LES TRIBULATIONS D’UN CHINOIS EN CHINE

 

LES TRIBULATIONS D’UN CHINOIS 

EN CHINE

 

Année : 1965
Pays : France
Genre : comédie
Durée : 1 h 44 min.
Couleur

Directeur : Philippe de BROCA
Scénario : Daniel BOULANGER d’après le roman de Jules VERNE.

Acteurs principaux :
Jean-Paul BELMONDO (Arthur Lempereur), Ursula ANDRESS (Alexandrine Pinardel), Maria PACOME (Suzy Ponchabert), Valérie LAGRANGE (Alice Ponchabert), Jean ROCHEFORT (Leon), Darry COWL (Biscoton), Valéry INKIJINOFF (Mr. Goh), Joe SAÏD  (Charlie Fallinster), Mario DAVID (Roquentin), Paul PREBOIST (Cornac)

Musique : Georges DELERUE
Photographie :  Edmond SECHAN
Producteurs : Georges DANCIGERS, Alexandre MNOUCHKINE
Compagnie productrice : Les Films Ariane, Les Productions Artistes Associés

 Avions : 

  • -Boeing 707-437, VT-DJK
  • -Cessna 185B Skywagon, 9M-AMK
  • -De Havilland DH.89A Dominie I (c/n 6870, F-BLHE
  • -Helio Twin Courrier
  • -Morane MS.502 Criquet, F-BFHB
  •  

    Notre avis :

    Ce film est une adaptation très libre d’un roman peu connu de Jules Verne. Le scénariste n’ a gardé de l’œuvre originale que l’essentiel, à savoir le thème : un homme veut mourir et engage quelqu’un pour le tuer, mais il est amené à changer d’avis peu après…C’était la troisième fois que Belmondo tournait avec de Broca, après « Cartouche » et l’ « Homme de Rio » (1964), auquel ce film ressemble beaucoup. Ce fut aussi la rencontre entre Ursula Andress et Belmondo, qui se concrétisera par une liaison assez longue.

    Le tournage eut lieu en France, mais aussi en Chine (Hong Kong, Guangdong), en Malaisie (île de Langkawi), en Inde (New Delhi, Jaipur) et au Népal (Katmandou, Patan).

    L’histoire commence avec Arthur Lempereur, le jeune héritier d’une immense fortune. Il s’ennuie à mourir au point d’avoir fait plusieurs tentatives de suicide. A Hong Kong, dans son yacht, avec sa fiancée Alice, les parents de celles-ci, Suzy et Cornelius, son fidele valet Léon, il apprend qu’il est ruiné suite à une crise boursière. Raison de plus pour en finir ! Son vieux précepteur, Mr Goh, suggère que sa mort serve à quelque chose en souscrivant une assurance de deux millions de dollars au bénéfice d’Alice et de lui même. Arthur accepte, mais comme l’assurance exclut la mort par suicide, Mr Goh assure Arthur qu’il le fera tuer bientôt, sans souffrance…Mais peu après, Arthur tombe follement amoureux d’Alexandrine, une stripteaseuse qui se produit dans un cabaret local. Une folle course poursuite s’ensuit donc entre Arthur et les tueurs lancés à ses trousses, de Hong Kong à New Delhi, jusqu’au Népal, où il découvre que les deux hommes qui le suivent partout, sont en fait des détectives loués par la compagnie d’assurance pour le protéger ! De retour à Hong Kong, Mr Goh lui avoue n’avoir jamais engagé de tueurs et se félicite qu’Arthur ait retrouvé le goût à la vie. Entretemps, la mère d’Alice, pressée de toucher la prime d’assurances, a loué les services d’un chef de la mafia d’Hong Kong pour tuer Arthur. Pour échapper à ses sbires, Arthur et Alexandrine se retrouveront dans une île malaise, avant de retourner à Hong Kong, où ils devront repousser à coup de canon une véritable armée de truands voulant leur faire un mauvais sort. A bord de son yacht, Arthur se marie à Alexandrine, et Alice, à Léon. C’est alors que son chargé d’affaires lui apprend qu’il n’est pas ruiné et qu’en fait sa fortune a doublé !

    Belmondo est ici très à l’aise dans un rôle qui lui sera coutumier : il escalade les pentes de l’Himalaya, saute d’un avion dans un autre, en plein vol, s’échappe sur un éléphant, dans un ballon, dans un cercueil qui flotte, il embrasse Alexandrine sous l’eau, déambule au sommet de buildings, de falaises ou d’échafaudages instables…C’est un film fou, fou, fou, construit autour d’une course poursuite en Asie. De Broca ne manque pas, au passage, de nous dévoiler les charmes de la sculpturale Ursula Andress et, comme dans « Dr No » trois ans auparavant, on peut admirer la belle Suissesse en bikini sur une plage tropicale, sur fond de cocotiers.

    Ce film au rythme très alerte se regarde comme une bande dessinée. « Les tribulations d'un chinois en Chine » font immanquablement penser à Tintin, avec le valet (Léon/Nestor), les Dupond/t (les deux privés, Roquentin et Cornac), et une Suzy Ponchabert, plutôt Castafiore… La scène de l’aéroport indien et de la visite de New Delhi, celle du monastère tibétain, est calquée sur « Tintin au Tibet », Arthur et ses amis flottant dans leurs cercueils après avoir échappé aux pirates, rappellent « Les cigares du pharaon »...On a aussi le dépaysement, avec une histoire qui se déroule dans plusieurs pays.

    Comme dans la plupart des comédies de Belmondo, les cascades, réalisées ici par Gil Delamare, mais aussi par l’acteur lui-même, sont époustouflantes. En outre, il y a toujours quelques avions, ce qui ne fait qu’accroître notre plaisir.

     

    Les avions du film :

    Arthur et Leon se rendent en Inde à bord du Boeing 707-437 (c/n 17724/105, VT-DJK) « Everest » d’Air India. Mis en service le 25 mars 1960, il sera réformé le 31 mars 1981 et ferraillé à Bombay, l’année suivante.

    L’avion taxi qu’ils prennent pour aller dans l’Himalaya est un Morane MS.502 Criquet (c/n 728, F-BFHB) de Jean Salis qui a conservé son matricule français. Acquis en juin 1960, auprès de l'Association Aéronautique Régionale Centre Inter Clubs de Fayence qui l'employait pour remorquer les planeurs, il fut vendu en 1978 à l'étranger. Il transita vraisemblablement par l’Angleterre avant de se retrouver en 1980, aux USA (N28670). En 2010, il est exposé en état de vol au « War Eagles Air Museum » de Santa Teresa (Nouveau Mexique). Décoré comme un avion de l’Afrika Korps (BM+JM), son Salmson AD9 a été remplacé un moteur en ligne Argus.

    Le Criquet se crashe sur un petit aéroport, mais les occupants peuvent sortir de l’appareil par leurs propres moyens (autrement dit, c’est un bon atterrissage ; un « très bon » atterrissage étant quand on peut repartir avec le même appareil…).

    Un avion rare se pose derrière eux, un Helio Twin Courrier (à la 34° minute). Il n’y en eut que sept de construits et ils furent tous utilisés par la CIA...Deux furent donnés à l’Inde, au début des années soixante, un à l’« Indian Intelligence Bureau » et l’autre (s/n 90336) à l’« Aviation Research Centre » (ARC). Leurs pilotes indiens furent formés par ceux d’Air America. Ils servaient pour des missions de surveillance de la frontière chinoise dans la région du Nanda Devi, mais aussi pour infiltrer des agents au Tibet. Un avion de l’ARC était basé en 1964-1965, à Katmandou, et c’est là qu’il a été filmé bien qu’il n’ait pas participé au tournage. C’est donc une image très rare qui a été rajoutée lors du montage; il est censé amener les deux tueurs à la poursuite d’Arthur. Ce Twin Courier est toujours décoré comme un avion du gouvernement américain : dérive et bords des capots moteurs, bleus, tout le reste étant alu ; il ne porte aucune marque visible.

    Les autres avions sont moins mystérieux. Le gros Charlie Fallinster retrouve Arthur et Alexandrine sur l’île malaise de Langkawi, grâce à un Cessna 185B Skywagon (9M-AMK), très vraisemblablement, un avion appartenant à la petite compagnie « Malaysian Air Charter Ltd. » (MAC), disparue en 1986..

    Quand Arthur et Alexandrine quittent cet avion, il est en réalité remplacé par un Cessna 180 français, peint et immatriculé comme le C.185 pour faire illusion, mais il a deux fenêtres de chaque coté, au lieu de trois, des marches fixées sur la jambe gauche du train et n’a pas le nom « Skywagon » peint à coté de la porte, enlevée.

    En plein vol, Arthur et Alexandrine descendent à bord d’un De Havilland DH.89A Dominie I (c/n 6870, F-BLHE). Belmondo qui déchire une partie du revêtement du fuselage (en fait, une pièce rapportée) nous rappelle que le Dominie, c’est du bois et de la toile (avec un peu de fer..). Le transfert se fait au dessus de la mer, au large de Monaco, vu la dernière image du Dominie virant vers le cap Ferrat !

    Le F-BLHE était un ancien avion de la RAF (serial NR794) qui fut réformé en 1947. Immatriculé G-AKSE, il servit dans de nombreuses petites compagnies charter, en Angleterre mais aussi en Irlande (EI-AKH), en 1959 et 1960. Il fut exporté en France en avril 1963 (F-BLHE) où il fut acquis par Rousseau Aviation et basé à Dinard-Pleurtuit. Ce De Havilland servit alors pour faire le taxi entre le continent et l’île d’Ouessant. C’est en décollant de cette île, en septembre 1966, qu’il s’écrasa en tuant deux personnes.

     

    Christian Santoir

     *Film disponible sur amazon.fr

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