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LE TRAIN

 

LE TRAIN

 

Année : 1973

Pays : France/Italie

Durée : 1 h 40 min.

Genre : Drame

Couleur

 

Réalisateur : Pierre GRANIER-DEFERRE

Scénario : Georges SIMENON, Pierre GRANIER-DEFERRE

Acteurs principaux :

Jean-Louis TRINTIGNANT (Julien Maroyeur), Romy SCHNEIDER (Anna Kupfer), Maurice Biraud (Maurice), Paul AMIOT (François, dit Verdun), Nike ARRIGHI (Monique Maroyeur), Paul Le PERSON (le commissaire), Anne WIAZEMSKY (Anna Maroyeur )

Musique : Philippe SARDE

Photographie : Walter WOTTITZ

Producteur : Raymond DANON

Compagnie productrice : Lira Films

 

Avions

  • -Fieseler F.156C-7 Storch, F-BJQA
  • -SIPA S.121, F-BLKH

 

Notre avis :

Ce film est une adaptation d'un roman de G. Simenon, par Pierre Granier Deferre, qui mit à l'écran de nombreux romans de Simenon, dont des douzaines d'"Inspecteur Maigret". Le cadre du film est l'exode de 1940 qui jeta sur les routes et sur les rails, des centaines de milliers de personnes, de toutes les couches sociales. Ici, un train, ou plus exactement, un wagon, sert de cadre à un huis clos bien particulier entre des caractères très différents qui s'affrontent dans une promiscuité propice à tous les excès, d'autant que la mort rôde…Le film est servi par une brochette d'excellents acteurs : Romy Schneider, Jean Louis Trintignant, Maurice Biraud, Régine…

En mai 1940, la "drôle de guerre" prend fin et la Wehrmacht passe aux choses sérieuses en bousculant l'Armée française. Dans le nord de la France, Julien Maroyeur, un réparateur de postes de radio, décide de fuir avec Monique, sa femme enceinte et leur petite fille. Dans le train qui les emmène vers le sud, les enfants, les femmes et les personnes âgées sont placées dans les voitures de voyageurs alors que les hommes doivent prendre place dans les wagons à bestiaux. Julien se retrouve ainsi avec des individus, réunis par les hasards de l'exode : une prostituée, un déserteur, un réfugié, un ancien combattant, une mère célibataire...Il y a aussi Anna, un jeune juive allemande qui a fui son pays. Le lendemain, Julien constate que le train a été scindé en deux et que sa femme et sa fille sont parties sans lui. Très vite, Julien est séduit par la jolie Anna. Ils s'aiment avec d'autant plus de fougue qu'ils savent leurs amours éphémères. Le voyage se poursuit vaille que vaille. Un jour, un avion mitraille le convoi. Il y a des morts, dont la mère célibataire et la prostituée, mais Julien et Anna sont sains et saufs. Quand ils arrivent à la Rochelle, terme du voyage, Julien retrouve sa femme dans une clinique où elle a accouché d'un garçon. Anna préfère s'éclipser discrètement. Trois ans plus tard, un matin de 1943, la Gestapo vient demander à Julien, qui est revenu dans son village, d'identifier une "suspecte" accusée de résistance, qui s'avère être Anna ! Après un instant d'hésitation, Julien, fidèle à son amour passé, décide de se perdre avec elle...

"Le train" est un très bon film, mélangeant intelligemment la fiction avec des images d'actualités sur l'invasion allemande de 1940. La morale de l'histoire apparaîtra à certains, un peu "pétainiste"; la prostituée, la fille mère seront tuées (mais son enfant sera sauf), le couple adultère sera condamné à périr. Mais cette histoire d'amour entre un Français "lambda", plutôt casanier, et une juive allemande, engagée dans la lutte contre le nazisme, est captivante. Cet homme qui préfère à la fin, abandonner sa petite vie, bien terne, pour sauter dans le vide avec celle qui le fascine, c'est aussi un peu l'histoire des résistants français, cette poignée d'hommes venus de l'ombre, qui risquèrent tout, pour l'amour de leur pays et de leurs idéaux.

Certes, "Le train", avec moins de deux minutes de scènes aériennes, n'est pas un film d'aviation, mais vu le thème traité, l'exode, la production ne pouvait pas se passer d'avion. Pendant l'exode des populations, les Stukas jouèrent un rôle essentiel en mitraillant et en bombardant les routes engorgées, pour semer la panique, empêcher l'armée française de se déplacer, voire de s'échapper, tout cela aux dépens de centaines de milliers de civils, à pied, à cheval ou en voitures, dont les toits s'ornaient de matelas, dérisoires protections face aux mitrailleuses...

 

Les avions du film :

Le film commence par des extraits de documentaires montrant les troupes allemandes envahissant la France, avec l'appui des nombreux avions : Junkers Ju-52 parachutant des troupes, Junkers Ju-87B2 en train de massacrer des tanks Hotchkiss et Renault, avions d'attaque au sol Henschel Hs.129 B1 en rase mottes...Mais ce dernier type d'appareil ne saurait avoir été filmé en 1940. Il ne fut opérationnel qu'en avril 1942 et s'illustrera surtout sur le front de l'est; il était, en outre, équipé de moteur Gnome-Rhône, saisis en France lors de l'occupation du pays…

Quand Julien et Anna font leur toilette à un puits de ferme, ils sont survolés par un "chasseur" allemand qui est en fait un SIPA S.121, une version évoluée de l'avion d'entrainement Arado Ar.396, construite en France. Il s'agissait d'un avion (c/n 57, F-BLKH) de l'Armée de l'Air que venait d'acquérir Jean Salis pour "L'escadrille du souvenir". Il est décoré comme un Bf-109G d'Erich Hartmann, avec sa "tulipe" noire autour du nez, une casserole d’hélice jaune et les chevrons de Gruppen Komandeur sur le fuselage.

Plus tard, le Fieseler F.156C-7 Storch (WkN. 1814) avec le code Luftwaffe "XJ+FE" qui jette des tracts au dessus du canal, est un avion construit par Morane Saulnier et achevé après la libération de la France (c/n 41). Immatriculé "F-BJQA", il appartenait également à Jean Salis dont le nom n'est même pas cité dans le générique. Cet avion fut vendu à la fin des années 70, à la fondation suisse "L'Aérotique" de Fribourg-Ecuvillens, qui le restaure.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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