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LES EPEES DE DIAMANT

 

 

LES EPEES DE DIAMANT

 

 

Année : 1995
Pays : France / USA
Durée :  1 h 32 min.

Genre : guerre
Couleur

Réalisateur : Denys de La PATELLIERE
Scénario: Denys de La PATELLIERE, Christian WATTON

Acteurs principaux :
Jason FLEMYNG (Hans Jürgen Avignon), Caroline GOODALL (Liv Gustavson), Urbano BARBERINI (Dino Lancilotti), Jaromír HANZLIK (Docteur Rainer Müller), Marek VASUT (Horst Hemmelrich).

Musique: Carlo CRIVELLI
Photographie : Jirí MACHANE
Producteur : Gene ROSOW
Compagnie productrice : BELBO Film, France 2, Image et Compagnie

Avions :

  • Aero L-60 Brigadyr
  • Hispano Aviacion HA-1112 M1L Buchon, G-BOML
  • Messerschmitt Bf.109G-6, maquette ech. 1/1
  • Supermarine Spitfire LF.9B, G-ASJV

 

Notre avis :

On ne sait trop pourquoi Denys de la Patelière s'intéressa à un as de la Luftwaffe qui opéra surtout sur le front libyen, Hans-Joachim Marseille, au point d'en faire un téléfilm. Peut être parce qu'il avait réalisé, plus de trente ans auparavant, "Un taxi pour Tobrouk" (1960) ? Dans ce téléfilm, Marseille est appelé "Hans Jürgen Avignon", mais dans le générique de fin, il est précisé que "les ressemblances avec des personnages ayant existé ne sont pas le fait du hasard" et Marseille est nommément cité. Une biographie de Marseille était déjà parue à l'écran en 1957, réalisée par Alfred Weidenman qui, pendant l'époque nazie, avait tourné deux films à thème aéronautique : "Himmelhunde" (1942), et "Junge Adler" (1944). Si le film allemand suit d'assez près la vie du vrai Marseille, ici, Avignon est, certes, un as allemand, décoré par le Führer, mais qui devient antinazi et a pour petite amie, une juive ! Donnerwetter ! Cela aurait dû lui valoir, au moins, une mutation immédiate sur le front est.

Le jeune capitaine Hans Jürgen Avignon est un as qui s'est illustré en Afrique, mais il se distingue aussi par son indiscipline. Un jour, contrevenant aux ordres, il atterrit à coté d'un ses  coéquipiers abattu, mais celui-ci est mort. Il est mis aux arrêts de rigueur. Ils seront courts, car il est maintenant crédité de 150 victoires, après avoir abattu six avions anglais, en une journée. Il reçoit la croix de fer avec "épées de diamants". Il doit partir tout de suite en Allemagne, car le Führer veut le décorer personnellement. A Berlin, Hans rencontre une jeune femme, Liv Gustavson, une infirmière suédoise de la Croix-Rouge. Elle est juive et elle fait parti, en réalité, d'un réseau luttant contre le régime nazi et organisant l'évacuation des Juifs vers l'étranger. Avignon apprend qu'il doit se rendre à Rome, pour recevoir la médaille de la vaillance italienne, qui lui est décernée par Mussolini. Hans trouve Liv très à son goût et leurs relations deviennent vite très intimes. Il décide de l'emmener à Rome. En Italie, elle lui avoue tout. Il lui apprend alors qu'Hitler est en train de mettre en place la "solution finale" pour les Juifs. Il estime qu'Hitler est devenu fou. Liv transmet l'information à son réseau, pendant que Hans est reçu par un colonel italien qui lui remet sa décoration, le duce s'étant excusé. Il lui apprend, incidemment, que son nom, Avignon, est d'origine juive ! Liv lui propose alors de fuir en Suisse avec elle. Il accepte et ils se rendent chez un prince italien qui travaille pour les Anglais, ce qui fâche Hans. Il veut bien combattre Hitler, mais de l'intérieur, et ne veut pas devenir un traitre à son pays. Il s'en va. Liv le retrouve un peu plus tard. Mais les SS, qui recherchent Hans partout, et qui ont identifié Liv, les arrêtent. Hans veut bien reprendre son commandement, si Liv peut se rendre en Suisse. Un officier SS accepte le marché. De retour dans son unité, Hans réussit à avoir Liv, au téléphone, pour vérifier si elle est bien arrivée en Suisse, mais ils sont subitement coupés...Le lendemain, Hans, ayant compris qu'on l'a trompé, décolle sans son parachute et se laisse descendre par un avion anglais.

On l'aura compris, ce téléfilm est une pure fiction, et fait du héro nazi, Avignon, une sorte de colonel von Stauffenberg, avant l'heure. Il ne faut chercher aucune exactitude historique dans cette histoire. Certes, Marseille/Avignon était indiscipliné et n'avait rien d'un Prussien; il aimait le jazz, les tenues débraillées et avait un domestique noir. Mais de là, à en faire un anti nazi, il y a un grand pas que de La Patelière s'amuse à franchir allègrement.

Remarquons d'abord que la décoration "les épées de diamant" n'a jamais existé. Par contre, il y eut une "Croix de fer, avec feuilles de chêne, glaives et diamants". Cette décoration ne fut décernée à Marseille, que le 2 septembre 1942, alors qu'il était de nouveau en Libye. Il ne la porta jamais pour cause de décès…Hitler ne le décora, dans son quartier général de Rastenburg, le 18 juin 1942, que de la croix de "chevalier avec feuilles de chênes et glaives". Il n'avait à l'époque "que" 100 victoires. Il obtint 150 victoires, le 15 septembre 1942, quinze jours avant sa mort.

Le vrai Marseille, dont le père était un officier de l'armée, naquit à Berlin en 1919. Il n'était pas d'origine juive, mais protestante. Sa famille venait de France et avait émigré en Allemagne pour fuir les persécutions contre les Huguenots, comme la famille d'un certain Adolph Galland.

La fiancée de Marseille était Hanneliese Küppers, une institutrice, et elle l'accompagna effectivement à Rome, quand il alla recevoir la Médaille d'Or italienne, sur le chemin du retour en Afrique. Il reçut cette décoration des mains de Mussolini, le 13 août 1942. Le 23 août, il était revenu en Libye. Il n'aurait donc pas pu disparaître en Italie, pendant "deux mois", comme prétendu à la fin du film, mais tout au plus huit jours, si tant est que les medias et sa hiérarchie lui en aient donné la possibilité.

Sa mort n'eut pas lieu, non plus, dans des "conditions inexpliquées". Marseille qui volait sur un nouvel avion, un Bf.109G-2, fut victime d'un incendie moteur (ou plus vraisemblablement, d'une fuite d'huile, vaporisée sur le moteur brûlant, un incident qui n'était pas rare sur les premiers modéles du Bf.109G...) qui remplit de fumée son cockpit. Guidés par ses coéquipiers vers les lignes allemandes, il sauta à basse altitude (environ 200 m), mais son parachute ne s'ouvrit pas. Cette scène eut sept témoins. Quand on récupérera son corps, on s'aperçut qu'il avait violemment heurté l'empennage de son appareil, au niveau de la hanche. Evanoui, il n'avait pu ouvrir son parachute (plusieurs pilotes allemands et alliés moururent ainsi pendant la guerre). Il fut enterré à Derna, puis finalement inhumé au mémorial allemand de Tobrouk.

De La Patelière se laisse donc séduire par ce qu'on appelle aujourd'hui, la "légende urbaine", ce qui est normal pour un cinéaste, pour lequel, la réalité ne saurait jamais dépasser  la fiction…

Bref, ce téléfilm est à considérer comme une curiosité, sans plus. On lui préférera le film de Weidenmann sur le "vrai" Hans Joachim Marseille, "l'Etoile d'Afrique". Il montre en plus, des avions rares.

 

Les avions du film :

Le service aérien du film fut assuré par "The old flying machine company" de Duxford (GB). Cette société fournit l'avion d'Avignon qui est un Hispano Aviacion HA-1112 M1L Buchon. Cet appareil (c/n 151, G-BOML) était piloté par Mark Hanna, cité dans le générique de fin. C'est dans cet avion qu'il devait se tuer, le 25 septembre 1999, à Sabadell (Espagne).

L'avion du film porte le numéro "14" jaune, comme le Bf.109F de Marseille, mais l'insigne du III/ JG.2 (une tête de coq). L'unité de Marseille, en France fut le I (Jagd)/LG.2, puis le II/JG.52, et en Libye, le JG.27. Son camouflage est celui du front européen; en Libye, les Bf.109 reçurent un camouflage couleur sable, avec ou sans moucheture verte.

L'équipement d'Avignon est disparate : casque en cuir LKpW 101, mais lunettes ressemblant à des Wilson Mk.1 américaines et masque à oxygène anglais de Type H…

Au début du film, Marseille atterrit à coté d'une maquette, grandeur réelle, d'un Bf.109G-6.

Le Spitfire avec lequel Avignon se bat est un Supermarine Spitfire LF.9B, portant le code  "AV-H" du squadron 121, basé en Angleterre. C'était un "Eagle squadron", autrement dit, un groupe formés d'Américains. L'avion (serial MH434, G-ASJV), un ancien avion des forces aériennes belges (code SM-41), avait tourné dans la "Bataille d'Angleterre" en 1968. Il appartenait à Ray Hanna, depuis 1983. Cet avion vole toujours, mis en ouvre par The old flying Machine, avec le code "ZD-B". Il se produit dans les meetings et les tournages (dont "Dark Blue world"-2001).

Le troisième avion du film est un Aero L-60 Brigadyr tchèque, qui remplace l'habituel Fieseler Fi.156 Storch.

Il y a un quatrième avion que l'on ne voit pas, ou presque, c'est celui dans lequel Avignon est filmé de face, et qui doit être un North American T-6, vu les montants de la verrière, dont on a enlevé la partie arrière.

 

Christian Santoir

P.S. Pour connaître la vie et  la carriére d'Hans-Joachim Marseille, nous conseillons le livre de Franz Kurowski :"Hans-Joachim Marseille. The life story of the star of Africa". (1994) éd. Schiffer Military History, Atglen, PA, 233 p.

* Film disponible sur YouTube

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