LE MARIAGE DE CHIFFON
Année : 1942
Pays : France
Durée : 1 h 43 min.
Genre : comédie
Noir et blanc
Réalisateur : Claude AUTANT-LARA
Scénario : Jean AURENCHE, Marcel BLONDEAU, GYP
Acteurs principaux :
Odette JOYEUX (Corysande "Chiffon"), André LUGUET (Le duc d'Aubières),
Jacques DUMESNIL (Marc de Bray), Pierre LARQUEY (JeanRobert), Le VIGAN
(L'huissier), Suzanne DANTES (Madame de Bray).
Musique : Roger DESORMIERE
Photographie : Philippe AGOSTINI, Jean ISNARD
Compagnie productrice : La Société des Films Sirius
Avions :
- Farman HF.III
Notre avis :
Le 6 août 1942, sortait cette charmante reconstitution de la vie dans une ville française de province, en 1900, une époque où l'Allemagne n'occupait "que" l'Alsace-Lorraine. En août 1942, il y avait du progrès, les Allemands occupant la moitié du pays, et trois mois plus tard, ils allaient occuper toute la France ! On savait que nos cousins germains aimaient la France, mais à ce point là…
Dans une petite ville de garnison, une adolescente de dix huit ans, Corysande, surnommée Chiffon, s'oppose en permanence aux règles sociales du milieu aristocratique et provincial où elle vit et s'ennuie. Sa mère, la marquise de Bray, une veuve, s'inquiète de cet état d'esprit et a hâte de la marier. Elle voudrait lui faire épouser un beau parti, en la personne d'un colonel d'un régiment de dragon, le duc d'Aubières, que Chiffon a rencontré, par hasard, dans une gare. Mais Chiffon a jeté son dévolu sur son oncle Marc, le frère de son beau-père, un aristocrate libéral, passionné d'aviation mais totalement fauché. Chiffon décide d'accepter le mariage avec le colonel, bien qu'il soit beaucoup plus âgé qu'elle, afin d'utiliser sa fortune pour aider Marc... Le jour des fiançailles, Marc trouve un sponsor étranger qui va lui permettre de poursuivre la construction de son aéroplane. Dans le même temps, le vieux majordome de Mme de Bray, complice de Chiffon, fait comprendre au colonel que Chiffon n'aime que Marc. Le duc d'Aubières, compréhensif, préfère renoncer aux fiançailles et aidera Marc et Chiffon à se marier. Ils partiront aux Etats-Unis où Marc pourra poursuivre ses recherches aéronautiques.
Tout est bien, qui finit bien, et Corysande de Bray épousera Marc de Bray, il n'y aura donc point de mésalliance, le problème d'argent étant réglé. Dans les familles aristocratiques, comme dans les familles bourgeoises, encore aujourd'hui, et surtout en province, la mariage d'une fille est une affaire trop sérieuse pour lui laisser suivre les élans de son cœur; tout cela pour "son bien" et, parfois, pour celui des finances de la famille…
On rappelera que l'acteur André Luguet, qui joue le colonel, était pilote pendant la première guerre mondiale. Breveté en 1915, l'adjudant Luguet fit partie de l'escadrille C.61.
En dehors de cet instantané pittoresque de la vieille France (qui n'en finit pas de mourir…), le clou du film reste le premier vol de l'aéroplane de l'oncle Marc.
Les avions du film :
Le tournage n'utilisa qu'un seul avion, une
réplique de Farman HF.III, à moteur rotatif Gnome, construit en 1941 dans les ateliers de décors des studios d'Epinay, par Max Holste et Henry Farman. L'avion vola à deux reprises le 24 juin 1942 à Vincennes. Max Holste, ancien pilote de l'Aéronautique navale, avait réalisé
son premier biplace monoplan en 1934, chez un carrossier du boulevard Bessières,
à Paris. Après avoir travaillé chez Farman, à Billancourt, et chez Amiot, à
Colombes, il avait entrepris la construction d'un avion de course en 1940. Max Holste
sera plus connu, après guerre, par la fabrication du MH.1521 Broussard qui
équipera l'Armée de l'Air, l'Aéronavale et l'ALAT. On ne sait ce qu'est devenue
cette belle réplique volante du Farman de 1911.
Les autres avions sont vus sous forme de maquettes, sur le bureau de Marc : un Farman à deux dérives avec un seul stabilo supérieur (un modèle de 1911) et ce qui ressemble à un triplan Curtiss.
Christian Santoir
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