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LA ULTIMA ESCUADRILLA

 

 
LA ULTIMA ESCUADRILLA

(La dernière escadrille)

 

Année : 1951
Pays : Argentine
Durée : 1 h 40 min.
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur : Julio SARACENI
Scénario : Abel SANTACRUZ

Acteurs principaux :
Tito ALONSO, Juan Carlos BARBIERI, Jacinto HERRERA, Norma GIMENEZ,Juan Carlos ALTAVISTA, Mario GIUSTI.

Musique : Tito RIBERO
Photographie : Antonio PRIETO
Producteur: Manuel M. ALBA
Compagnie productrice : Establecimientos Filmadores Argentinos (EFA)

Avions :

  •  Avro 694 Lincoln BMk.2, en arrière-plan
  •  Beech AT-11B Kansan 
  •  Bristol 170 Freighter, en arrière-plan
  •  Convair CV-240-6, LV-ADN
  •  Curtiss Hawk III
  •  Dewoitine D.338, en arrière plan
  •  Douglas C-54 Skymaster  
  •  Fiat G-46B
  •  FMA I.Ae 22 DL "Dele-Dele" 
  •  Gloster Meteor F.4
  •  Junkers K-43F Vaquita, en arrière-plan
  •  Martin 139 WAA 
  •  Percival Prentice T.1 


Notre avis :

Ce film parut le 23 octobre 1951, alors que Juan Perón gouvernait le pays depuis 1946. Perón modernisa l'armée argentine, et notamment la FAA (Fuerza Aérea Argentina), qui a fêté ses 100 ans en 2012. Elle fut la première force aérienne d'Amérique latine à mettre en œuvre des jets, à partir de 1947. L'industrie aéronautique nationale fut également encouragée à développer des chasseurs à réaction, comme les FMA I.Ae.27 Pulqui I et IAe.33 Pulqui II...

Ce film célèbre la camaraderie, l'amitié virile entre cadets de l'école d'aviation militaire de Cordoba, le respect vis-à-vis des supérieurs qui, malgré une apparence sévère, sont capables de bienveillance et de compréhension. Tous ces cadets finiront par surmonter leurs problèmes personnels pour devenir de dignes officiers au service de leur pays.

L'histoire commence sur la base de Moron où se posent des chasseurs à réaction. De l'un deux, descend Alexandro Dario qui va rejoindre au bar une poignée de camarades de promotion qu'il n'a pas vu depuis un certain temps. Ils se rendent ensuite à la tour de contrôle pour faire une surprise au capitaine Vargas qui dirige le trafic aérien. Vargas était autrefois leur officier instructeur. En les voyant, celui-ci se rappelle de leur arrivée à l'école. Parmi eux, il y avait Osvaldo Videla, le neveu d'un major de l'armée de l'air, le frère d'un des pionniers de l'aviation argentine, Vincente Videla. Osvaldo avait sympathisé avec Alexandro qui était déjà pilote privé, ce dont il n'était pas peu fier. Ils ont aussi d'autres amis, aux personnalités très différentes, l'un a l'âme d'un poète, un autre est un comique né... Au moyen d'une suite de flashbacks, on suit les cadets dans les différents étapes de leur incorporation et de leur formation : tests d'aptitude physique, peloton, séances de Link Trainer, etc…Vargas se rappelle aussi que Videla avait été extrêmement perturbé par la projection d'un film montrant son père, décédé dans un accident. La veille de son premier vol solo, Vargas, le voyant dans cet état, l'avait emmené pour une dernière leçon, mais Videla s'était figé sur les commandes et l'atterrissage s'était mal passé. Videla n'avait rien eu, mais Vargas avait été sérieusement blessé. Pour épargner Videla, il avait pris toute la faute sur lui, ce qui risquait de briser sa carrière. Osvaldo ne pouvant pas supporter cela, s'était confessé au colonel dirigeant l'école. Après que son oncle lui ait demandé de se ressaisir et de faire honneur à son père, Osvaldo, soutenu par sa famille et ses camarades avait pu faire son premier vol solo sans problème. De retour dans le présent, Vargas et ses anciens élèves quittent le bar au moment où un bombardier atterrit. Videla en sort, pour découvrir ses amis rassemblés. Il embrasse également sa femme et leur jeune enfant, venus l'accueillir…

Malgré son cadre et son thème, ce film ne véhicule pas une propagande très appuyée. Bien que l'on suive les aventures de quatre cadets, c'est Videla qui polarise l'attention du fait de sa parenté avec un pionnier (fictif). Le fils du héros qui doit assumer un lourd héritage, est un thème récurent dans les films d'aviation (Cf. par exemple "Daleko nebo-1982). A part cela, ce film montre de nombreux avions illustrant les différentes étapes de l'équipement de la FAA. Avant 1939, les Etats-Unis étaient le principal fournisseur en chasseurs et bombardiers. Pendant la guerre, cette source se tarit; à cause de sa neutralité, l'Argentine dut compter sur ses propres ressources pour fabriquer des avions d'entraînement avancé. Après la guerre, le principal fournisseur fut l'Angleterre qui vendit à la FAA ses premiers chasseurs à réaction, mais aussi des bombardiers, des avions de transport et d'entraînement.

 

Les avions du film :

Le film fut tourné sur la base aérienne de Morón (près de Buenos-Aires), et aussi à Cordoba où est située la Escuela de Aviación Militar, créée en 1912.

Au début du film, on voit toute une formation de Fiat G-46B. Cet avion d'entraînement italien, livré à 70 exemplaires, fut en service, en Argentine, de 1947 à 1961. Les Fiat se garent devant un Douglas C-54 Skymaster (serial T-45 ?). On en voit un autre (serial T-43, affecté au Agrupación Transporte  en 1948, puis, en 1951, au Grupo 2 de Transporte; rayé des registres en 1966), à la fin du film.

Peu après, atterrissent des Gloster Meteor F.4. L'Argentine fut un des premiers pays à commander le Meteor en mai 1947, et en reçut une centaine. Afin d'accélérer les livraisons, les premiers 50 exemplaires furent des avions de la RAF, et reçurent les serials "I-001" à "I-0050". Les deux Meteor "I-008" et "I-023" du film font partie de ce groupe. Le "I-008" (ex RAF RA385) fut livré en août 1948 au Regimento 4 de Caza Interceptora (devenu en janvier 1951, le Grupo 2 de Caza-Interceptora); il se crashera en novembre 1958 sur la base de Moron. Le "I-023" (ex RAF EE576) fut affecté en 1948, au Regimiento 6 de Caza Interceptora (devenu en janvier 1951, le Grupo 3 de Caza-Interceptora); lui aussi sera détruit dans un accident près de Castelar, en juin1956. En juillet 1970, un an avant leur retrait du service, on comptait encore une vingtaine de Meteor en état de vol.

Le major Videla se promène dans un parc où sont garés de vieux avions. Il retrouve l'avion de son frère, un Martin 139 WAA, la version d'export du Martin B-10, qui équipa l'Armée, mais aussi la Marine, de 1937, jusque dans les années 50. Celui que l'on voit (code B-509, s/n 761), avec le nom "Bigua" (cormoran) entra en service en août 1938. Affecté au Regimiento de Aviacion 1 d'El Palomar, puis à l'Aero Escuola, en 1940, il fut transféré au Regimiento 3, en septembre 1948. Légèrement accidenté en 1949, il fut affecté à L'Escuela de Aviacion Militar pour servir à l'instruction au sol. C'est alors qu'il participa au tournage, avant d'être rayé des registres en 1952. Le seul B-10 survivant est visible aux USA, au musée national de l'USAF de Wright-Patterson, prés de Dayton (OH). C'est en fait un Martin 139 WAA argentin, incomplet, qui fut donné aux USA, où il fut restauré entre 1973-1976. Mais on ne sait si c'est le B-509 du film...

Derrière ce bombardier, on entraperçoit des avions intéressants. Il y a d'abord un Dewoitine D.338. L'armée de l'air argentine utilisa deux appareils de ce type entre 1941 et 1947. Il servirent à larguer des parachutistes. Il s'agissait de deux anciens avions du réseau Air France d'Amérique du sud. Le 16 mars 1939, les D-338 n°18, F-AQBR "Ville de Pau", et n°20, F-AQBT "Ville de Chartres", partirent en Amérique du Sud remplacer les D.333 (n°1 F-ANQB «Cassiopée» et n°2 F-ANQC «Altaïr »), affectés sur la ligne Natal-Buenos Aires. Basés à Buenos Aires, tous sont immobilisés en Argentine, lorsque survient l'armistice. Ils furent incorporés dans le groupe de transport de la Force aérienne argentine, stationnée à El Palomar, avec les matricules respectifs "T-170" et "T-171". Rayés des registres en 1947, aucun de ces avions n'a survécu.

On voit également un Junkers K-43F Vaquita (n° 107 c/n 2725) ayant appartenu en 1932, au Grupo 1 de Bombardeo Liviano, puis, en 1935, au Grupo 1 de Observación, et en 1942, à l' Escuela de Aviación Militar (Grupo basico), puis à l' Escuadrilla de Servicios, en 1944. Il sera réformé en juin 1948. Ce type d'appareil fut en service dans l'Armée de l'air argentine, de 1929 à 1952, comme bombardier puis, comme avion d'entraînement ou de transport. Bien que Moron soit devenu le site du Museo Nacional de Aerónautica, aucun Junkers K-43F n'a été apparemment préservé.

On remarque enfin, un Curtiss Hawk III, avec son moteur recouvert d'une bâche. Ce type d'avion fut en service, de 1936 à 1950, d'abord comme avion de chasse, puis, à partir de 1943-1944, comme avion d'entrainement.

Sur le tarmac de la base de Cordoba, sont parqués de nombreux Beech AT-11B Kansan à nez vitré (dont le "Ea-20" qui se crashera en septembre 1956) de l' Escuadrón Avanzado servant à l'entrainement des bombardiers comme des mitrailleurs. Livrés par les USA à partir de 1947, ils ne furent réformés qu'en 1968. On en aperçoit d'autres d'autres tout au long du film.

La sœur d'un des cadets embarque à bord d'un Convair CV-240-6  d'Aerolíneas Argentinas baptisé “Uspallata” (c/n 50, LV-ADN). Il fut d'abord mis en service en 1949, par ZONDA (Zonas Oeste y Norte de Aerolineas Argentinas) avant d'être pris en charge, dès juillet 1950, par Aerolíneas Argentinas. Fin 1962, il fut cédé aux TAM (Transportes Aéreo Militar) de l'Armée de l'air paraguayenne, avec le serial T-43, puis transféré à la compagnie LAP (Lineas Aereas Paraguayas), avec le matricule ZP-CDN et le nom "Carlos Antonio Lopez". Puis, il retourna aux TAM (T-63). Accidenté en 1969, sur la base d'Asuncion, il y fut démantelé en 1973.

Vargas projete aux cadets un petit film sur les pionniers de l'aviation militaire argentine (parmi lesquels on reconnait Raul Eugenio Goubat, Pablo Teodoro Fels, Pedro Leandro Zanni…), qui permet de constater que les premiers avions argentins étaient d'origine française : Farman HF.10, Blériot XI, Morane Saulnier type G.

Les cadets de l'Escuadrón Elemental, commencent leur formation sur un avion anglais, le Percival Prentice T.1  (dont le "Ee-366", c/n PAC/F231) dont une centaine équipa les écoles argentines à partir de 1948. L'instructeur, à gauche, est assis côte à côte avec l'élève. Un second élève pouvait prendre place à l'arrière du vaste cockpit. Un exemplaire est exposé au musée de Moron. On peut comprendre la frayeur d'un des cadets quand Vargas met l'avion en vrille, car l'avion avait une sortie de vrille laborieuse qui faisait perdre beaucoup d'altitude…

L'école de Cordoba disposait aussi pour l'entrainement avancé (Escuadrón Avanzado), de North American NA-16-4P/NA.34, utilisés entre 1938 et 1945, comme le "Ea-317" (c/n 34-404). Mais il fut remplacé en 1944, par le FMA (Fábrica Militar de Aviones ) I.Ae 22 DL "Dele-Dele", sur lequel Vargas se crashe avec Videla (serial "Ea-839"). Il s'agissait d'une adaptation argentine du NA.34, élaborée par l'Instituto Aerotecnico, avec une structure en bois (guerre oblige), un moteur de 450cv (I.Ae. 16 El Gaucho) et un train rentrant. L'Argentine qui resta neutre pendant la seconde guerre mondiale, désirait s'affranchir de l'aide des USA, qui voyaient en outre d'un mauvais œil une certaine sympathie affichée par les dictatures militaires, alors au pouvoir en Argentine, pour les mouvements fascistes européens. Cet avion surnommé "Diente de León" (dents de lion) fut construit à 200 exemplaires, et resta en service jusqu'en 1961.

On voit que le cadet Videla est devenu pilote de bombardier, comme son père, quand il sort d'un Avro 694 Lincoln BMk.2 (non identifiable) du Grupo 1 de Bombardeo, basé normalement à Villa Reynolds, à l'époque.

Derrière, on voit un Bristol 170 Freighter dont était équipé le Grupo 1 de Transporte Aéreo qui en posséda quinze qui furent acquis sur le marché civil, à partir de 1946. Le dernier fut rayé des registres en 1967 et conservé depuis au musée de Moron.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur YouTube

 

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