Année : 1941
Pays : Allemagne
Durée : 1 h 25 min.
Genre: Drame
Noir et blanc
Réalisateur : Karl Ritter
Scénario : Felix Lützkendorf, Karl Ritter
Principaux acteurs :
Hartmann
(Otl. Steinhart), Hannes Stelzer
(Hans Wiegand), Fritz Kampers
(Fritz Möbius), Carl Raddatz
(Carl Wiegand), Oskar Sima (Leo
Samek), Maria Bard (Madeleine
LaRoche), Berta Drews (Anna
Möbius), Carsta Löck (Erika
Möbius), Marina von Ditmar
(Brigitte), Joachim Brennecke
(Willy Möbius), Karl John (Olt.
Hassencamp).
Musique : Herbert Windt
Photographie Werner Krien
Producteur : Karl Ritter
Compagnie productrice : Universum Film (UFA)
Avions :
- -Heinkel He.111H
- -Junkers Ju.87A Stuka
- -Junkers Ju.88A
- -Messerschmitt Bf.109E
- -Vickers Wellington Mk.1
Notre avis :
Le titre de ce film est tiré de l'hymne allemand "Deutschland über alles…". Il est à la gloire des trois armes : Wehrmacht, Kriegsmarine, Luftwaffe et vise à encourager, aussi bien les soldats du front, que les gens de l'arrière. Il glorifie la fidélité à la patrie et l'héroïsme du citoyen allemand, silencieux et anonyme. Le réalisateur, Karl Ritter, spécialiste nazi des films patriotiques et musclés, n'y va pas avec le dos de la cuillère, dans ce film bourré d'invraisemblances et de grossières erreurs. C'est de la "große" propagande, un cri de victoire barbare ! Même Martin Bormann, le chancelier du parti nazi, s'opposa à la sortie de ce film, vu ses outrances. Le Dr. Goebbels dut en appeler directement au Führer pour que le film paraisse néanmoins, le 21 mars 1941. Il jugeait pourtant ce film "absolument naïf et primitif", mais pensait qu'il pourrait remporter un gros succès auprès du public. Selon ses propres dires, Ritter exprimait son patriotisme avec un manque total de retenue, qui aurait fait rougir n'importe qui d'autre. Ce qui tendrait à prouver qu'entre nazis, on se connaissait bien...
L'histoire commence à Paris, le 3 septembre 1939, quand la police française vient arrêter à son domicile, l'ingénieur allemand Moebius de la société Siemens. Au même moment, un attaché de presse, Carl Wiegand, qui s'apprêtait à franchir la frontière belge avec son amie française, est arrêté par les militaires. A Londres, même scénario, et on interne un groupe folklorique tyrolien. Côté allemand, pendant ce temps, c'est la guerre franche et joyeuse : enthousiasme des soldats s'embarquant dans un train en chantant, comme en 14, ardeur des pilotes de chasse et des équipages de bombardiers qui décollent sus à l'ennemi... Les aviateurs sont gonflés à bloc : une équipage de bombardier abattu est recueilli par un autre avion qui atterrit à ses cotés, sous le feu des Français. En Angleterre, un He. 111 en panne, se pose dans un champ; pendant qu'un membre de l'équipage tient en joue les gens qui sont accourus, le mécanicien répare le moteur et le bombardier peut s'envoler à la barbe des soldats qui arrivent trop tard ! En face, on multiplie les lâchetés : internement des nationaux allemands, mitraillage d'un canot de sauvetage allemand par un avion anglais... A Paris, pendant ce temps, des émigrés juifs festoient dans une boite de nuit, en regardant un spectacle de danses nègres, sur une scène entourée de slogans patriotiques... Le film salue les alliés de l'Allemagne, les Espagnols qui accueillent à bras ouverts les réfugiés allemands, les Italiens qui recueillent des Allemands qui ont fui par les Alpes. A la fin du film, on rappelle les étapes de l'avancée victorieuse de la Wehrmacht en quelques dates : Calais (26 mai 1940), Dunkerque (3 juin), Verdun (15 juin), Metz (17 juin), ainsi que la capitulation de la France (22 juin). On précise que maintenant c'est au tour de l'Angleterre ! Tout s'achève sur la glorieuse Croix de Fer ! Sieg Heil !
On voit bien le ton du film, et en 1941, il était facile pour l'Allemagne de se croire tout permis. Les Alliés sont ridiculisés; un sous marin arraisonne un cargo britannique juste au moment où un communiqué de la radio anglaise annonce que la Royal Navy a la maîtrise des mers…Quant aux soldats français, leur couardise n'a d'égale que leur incompétence (ils ne sont même pas fichus de réparer leur camion en panne, et c'est l'ingénieur Moebius, qui, passant par là, en bicyclette, leur rend ce service). Le représentant de la Ligue des Droits de l'Homme est représenté par un juif caricatural, prêt à toutes les bassesses. Le logeur français de Moebius (sans doute un des premiers collabos..) ment à la police et fait échapper son locataire allemand. Bref, d'un coté, des Allemands sans tache, de pure race, tous des héros potentiels, de l'autre, un monde cosmopolite, décadent, un ramassis de lâches et de vicieux, totalement irrécupérables. Telle est la propagande, signée Karl Ritter !
Au milieu de ce film nauséabond et ridicule (vu la suite des événements..), on se contentera d'apprécier quelques bons spécimens d'avions équipant la Luftwaffe en 1940, parmi lesquels quelques modèles rares.
Les avions du film :
Ce film montre de nombreux avions tous filmés en extérieurs. Les premiers sont des Messerschmitt Bf.109E dont les unités ne peuvent être identifiées. Les bombardiers sont bien représentés, avec des Junkers Ju.87A Stuka, premiers du genre, avec leur train d'atterrissage, à "pantalons", appartenant sans doute à une unité d'entraînement, des Heinkel He.111H, des Junkers Ju.88A. On voit plusieurs Dornier Do-17Z avec quelques vues intéressantes de l'intérieur, ainsi qu'un Do-17 à moteurs en ligne qui pourrait être un Do-17F de reconnaissance.
Dans les dernières scènes de combat, on aperçoit plusieurs maquettes de Vickers Wellington anglais, dont un vrai Mk.1, filmé lors d'un passage bas, ainsi que pour les vues de l'intérieur. La Luftwaffe avait mis la main sur plusieurs exemplaires de "wimpy" en France, et en Hollande, qui avaient été essayés à Rechlin. Les avions capturés servaient souvent pour le tournage de films de guerre.
Christian Santoir
* Film rare
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