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LA GRANDE VADROUILLE

 

 
LA GRANDE VADROUILLE

 

 

Année : 1966
Pays : France
Durée : 2 h 12 min.
Genre : comédie
Couleur 

Réalisateur : Gérard OURY
Scénario : Gérard OURY, Danièle THOMPSON, Marcel JULIAN, Georges et André TABET

Acteurs principaux :
BOURVIL (Augustin Bouvet), Louis de FUNES (Stanislas Lefort), Claudio BROOK (Peter Cunningham), Terry-THOMAS (Sir Reginald), Andréa PARISY (Sœur Marie-Odile), Colette BROSSET (Germaine), Mike MARSHALL (Alan MacIntosh), Mary MARQUET (Mère Supérieure).

Musique : Georges AURIC
Photographie : André DOMAGE, Alain DOUARINOU, Claude RENOIR
Producteur : Robert DORFMANN
Compagnie productrice : Films Corona

Avions :

  • -Boeing B-17G, F-BGSP
  • -Castel C-25S, F-CRBB, F-CRBC, F-CRDS, F-CRJY
  • -Morane Saulnier MS.502 Criquet , F-BBNP

 

Notre avis :

On ne présente pas un des plus gros succès du cinéma français depuis près d'un demi siècle, du moins par son nombre de spectateurs (17 millions). Ce film fut un des premiers à dédramatiser la dernière guerre mondiale et à ouvrir ainsi la voie à plusieurs comédies qui seront tournées sur cette période particulièrement sombre de l'histoire de France. Il permettait aussi aux Français, dont le comportement n'avait été guère brillant entre 1940 et 1945, d'avoir enfin le beau rôle, le Gaulois débrouillard et rusé reprenant le dessus sur le Teuton, balourd et brutal. Rappelons que le célèbre personnage de BD, Astérix le Gaulois, avait été créé peu de temps auparavant, en 1959, par un certain Goscinny, un fin observateur de la société française. Est-ce une coïncidence ? Mais pour un cinéaste, il était plus "payant" de traiter de l'occupation allemande, plutôt que romaine, dont le souvenir était, forcement, beaucoup plus frais dans la mémoire de très nombreux Français, dans les années 60.

Pour les aérocinéphiles, ce film peut apparaître comme un lointain avatar du mélodrame anglais "Un de nos avions n'est pas rentré" (1942), ou de la comédie hollywoodienne, "Sabotage à Berlin" (1942). Rappelons brièvement l'histoire.

Un bombardier britannique de l'opération "Tea for Two", est abattu alors qu'il survole par erreur Paris. Avant de sauter en parachute, l'équipage se donne rendez vous dans les bains turcs de la capitale. Leur signal de ralliement sera la célèbre chanson "Tea for two"…Le squadron leader Reginald atterrit dans le zoo de Vincennes, Peter tombe sur l'échafaudage d'un peintre, Auguste Bouvet, qui ravale la façade de la Kommandantur, et Alan finit sur le toit de l'Opéra. Pour échapper aux recherches, Peter se refugie dans l'appartement d'une inconnue, Ginette, et Alan se fait passer pour un harpiste, le protégé du chef d'orchestre, Stanislas Lefort. Pressentant des difficultés pour se rendre à leur rendez vous aux bains turcs, ils demandent à leurs amis français, Augustin et Stanislas, de s'y rendre à leur place pour contacter Reginald. Ils mettent sur pied un plan d'évasion. Ayant revêtu des uniformes allemands, Reginald et Augustin assistent à un concert à l'Opéra et découvrent Alan déguisé en paysanne, parmi les figurants. Lorsqu'une bombe interrompt le spectacle, Stanislas, Augustin, Reginald et Alan s'enfuient, avec les Allemands à leurs trousses. Ils arrivent trop tard à la gare, pour rejoindre Peter et Ginette. Mais ces derniers sont arrêtés, de même qu'Augustin et Stanislas, qui essayaient de franchir la ligne de démarcation. Ils sont sauvés par Reginald et Alan, cachés dans des tonneaux de vin livrés au quartier général allemand par la sœur Marie-Odile. Après avoir mit le feu à la cave du QG, les fugitifs sont conduits par la nonne sur un petit terrain d'aviation où ils embarquent à bord de deux planeurs. Leur fuite vers la zone non occupée est involontairement protégée par un tireur allemand, atteint d'un fort strabisme, qui abat par inadvertance l'avion qui les poursuivait !

Cette farce commence par une scène aérienne et se termine par une autre qui est une cascade assez osée, réalisée avec deux planeurs lancés par une automobile, roulant à toute vitesse vers une falaise située en bout de piste…La scène fut tournée sur le terrain de Mende-Brenoux, les appareils décollant au QFU 13. Mais, lors du générique final, on voit les deux planeurs survoler le sud des Vosges (région située entre Belfort et le ballon d'Alsace, partiellement enneigé).

 

Les avions du film :

Le bombardier anglais du Bomber Squadron "261" (qui était d'ailleurs un squadron de chasse et pas de bombardement…) est d'abord montré comme un Handley Page Halifax (sur un documentaire) quand il lance ses bombes, puis, comme un Boeing B-17 quand il est achevé au dessus de Paris par un Vierling qui n'est autre qu'un Quad 50, autrement dit, un double jumelage de Browning M2 (cal. 12.7 mm) fort peu germaniques…Sa dérive a été peinte de façon à figurer les dégâts subis. Rappelons que les Anglais ne bombardaient plus l'Allemagne avec des B-17, après un essai peu concluant en 1941 (Cf. "Flying Fortress" -1942). Les B-17 anglais, dénommés " Fortress I, II et III", servirent tous par la suite au sein du Coastal Command, comme patrouilleurs maritimes.

Le B-17G (s/n 44-8846) du film était un appareil de l'IGN (F-BGSP), basé à Creil entre 1954 et 1985. En plus de la "Grande vadrouille", on put le voir aussi dans "La bande à César"  (1968), il survola même les Champs Elysées, le 14 juillet 1984, un peu comme dans le film. En mai 1985, il fut racheté par l'Amicale Jean-Baptiste Salis et reimmatriculé F-AZDX. En 1988, il était maintenu en état de vol par l'association "Forteresse Toujours Volante". Il participa ainsi au tournage du film "Memphis Belle" en juin 1989 avec le nom "Mother and Country". Puis, il vola dans différentes manifestations avec le nom de "Pink Lady". Il est actuellement (août 2011) en attente d'une révision générale après de nombreuses heures de vol.

On remarque que cinq hommes seulement se parachutent du B-17 (y compris le pilote), alors que ce bombardier comprenait dix membres d'équipage. Le film ne parle plus après que de trois Anglais… Où sont donc passés les autres ?

Les vues de la console centrale du cockpit du B-17, n'ont rien à voir avec cet avion, mais concernent un bimoteur, qui serait plutôt un Douglas B-26C Invader.

Mais la scène aérienne qui a le plus marqué les spectateurs, n'est pas celle du B-17, mais celle où deux planeurs décollent de façon acrobatique en emmenant les héros du film.

La production utilisa en fait six planeurs, des Castel C-25S, achetés en juin 1966. Quatre planeurs en état de vol furent acquis à Rennes (F-CRBB ex F-CAHN, n°156, F-CRBC ex F-CAHO,  n°154), Saint-Dizier (F-CRDS, ex F-CAVG, n°158) et Nogaro (F-CRJY, ex F-CBZD, n°191). Deux autres servirent à fournir des pièces détachées ou pour les scènes tournées en studio. Il s'agissait de vieux planeurs dont la conception remontait à 1942, ce qui correspondait bien à l'époque du film.

Les quatre planeurs ayant participé aux scènes aériennes furent tous réformés peu après le tournage, entre septembre 1966 et juillet 1967, après avoir été rudement éprouvés lors des prises de vues, la VNE ayant été souvent dépassée…Ces appareils étaient des biplaces côte à côte, dotés, non pas de sièges, mais d'une banquette occupant toute la largeur du cockpit, une disposition bien pratique pour s'y entasser à trois, comme dans le film.

Plusieurs avions remorqueurs participèrent au tournage pour le remorquage des planeurs. Il y eut notamment pour les prises de vues aériennes du générique final, un De Havilland DH.82A Tiger Moth (F-BDOQ), piloté le 6/11/1966, par Claude Prévot de l'aéroclub de Belfort, et un Morane Saulnier MS.885 (F-BKRB), piloté, le même jour, par Henri Fussner, de l'aéroclub de Strasbourg-Neuhof.*

Enfin, les fugitifs sont poursuivis par un Morane Saulnier MS.502 Criquet à moteur Salmson qui joue les Fieseler Storch. Ce Morane (c/n 389, F-BBNP) appartenait à Gérard Streiff, l'un des trois pilotes ayant participé au tournage. Il tournera également dans "Fantômas contre Scotland Yard" (1967) avant d'être détruit au large des côtes italiennes, en 1971, avec Gérard Streiff aux commandes, pour les besoins d'un autre tournage. Un deuxième Criquet, un MS.500, aurait également été loué par la production. Ces deux Morane auraient également servi au remorquage des planeurs.

 * Selon les informations tirées des carnets de vol des pilotes, et aimablement fournies par Marc Dumas, de l'aéroclub de Belfort-La Chaux.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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