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LE GRAND CARNAVAL

 

LE GRAND CARNAVAL

 

Année : 1983
Pays : France/Tunisie
Genre : comédie
Durée : 2 h 10 min.
Couleur

Réalisateur : Alexandre ARCADY
Scénario : Alexandre ARCADY, Alain Le HENRY

Acteurs principaux :
Philippe NOIRET (Étienne Labrouche), Roger HANIN (Léon Castelli), Richard BERRY (Rémy Castelli), Fiona GELIN (Sylvette Landry), Macha MERIL (Armande Labrouche), Jean-Pierre BACRI (Norbert Castelli).

Musique : Serge FRANKLIN
Photographie : Pierre LHOMME
Producteur : Ariel ZEITOUN
Compagnie productrice : Alexandre Films, Carthago Films S.a.r.l.

Avions :

  • - Dassault MD.312
  • - North American AT-6C Harvard Mk.2, F-AZBE
  • - North American T-6 Texan, en arrière plan
  • - Soko 522 (Extr. de film)

 

Notre avis :

En novembre 1942, les Américains débarquent à Tadjira, en Algérie. C'est une petite ville où règne, Etienne Labrouche, le maire et propriétaire foncier, qui exploite une main d'œuvre arabe corvéable à merci. Entre les deux, il y a de nombreux pieds-noirs d'origines diverses, qui sont commerçants, pour la plupart, comme Léon Castelli. Ce dernier tient un café et il est tout aussi connu que Labrouche, mais pour des  raisons différentes. L'arrivée des Américains lui offre une belle occasion de faire de l'argent, grâce à un marché noir actif et l'ouverture d'une grande boite de nuit pour les soldats. Labrouche ferme les yeux sur ces trafics, étant l'ami de Castelli. Il est en outre très occupé par Sylvette, une jeune femme séduisante, arrivée de la métropole. Mais son épouse la chasse et elle trouve refuge chez Castelli qui lui offre un emploi dans son café. Labrouche le prend très mal et il est prêt à en venir aux mains, quand ils apprennent, après les aveux posthumes du père Labrouche, qu'ils sont frères ! Quand les Américains repartent, Sylvette se jette dans les bras du fils Castelli, enrôlé dans l'aviation américaine et c'est Labrouche qui devra les marier... Castelli et Labrouche réconciliés, peuvent se lancer dans des projets commerciaux communs. Quant à l'Algérie, elle connait les premiers soubresauts qui la conduiront à l'indépendance.

Comme sur l'affiche, les avions restent ici en arrière-plan, et ne sont vraiment visibles que vers la fin du film. Cette séquence a été filmée sur la base aérienne de l'Armée de l'Air tunisienne de Sidi Ahmed, près de Bizerte.

 

Les avions du film :

La ville est attaquée de nuit par des avions allemands fort peu visibles et identifiables, à part un seul, qui est un Soko 522 de construction yougoslave...Ce genre d'avion joua les chasseurs allemands dans plusieurs films. Il ne s'agit pas du Soko 522 (F-AZEQ) acquis en 1988, par l'AJBS, qui n'avait aucun Soko en 1982 ou 1983. Cette séquence nocturne est sans doute issue d'un film précédent, comme "Sutjeska" (1973). Mais le cockpit montré est celui d'un Dassault MD.311/312 Flamant, un bimoteur !

Le film montre bien deux Dassault MD.312 (nez plein), filmés au sol, sur la base de l'armée de l'air tunisienne de Sidi-Ahmed, près de Bizerte. Décorés comme d'anciens avions de l'Armée de l'Air, avec un toit blanc (mais la bande rouge arrière n'est pas conforme). Ils portent les numéros "4" et "10" sur la dérive, ce dernier avion ayant un faux serial "12-610". Ils sont revêtus d'étoiles américaines d'après janvier 1947 ! Salis Aviation avait bien un Flamant en 1983, mais c'était un MD.311, avec un nez vitré (le F-AZCN, c/n 291). D'où viennent ces avions que l'on ne voit jamais en entier, seulement le nez, le dessous d'une aile, l'empennage ? En 1982, l'Armée de l'Air était en train de s'en séparer et il n'y en avait très peu sur le marché civil.

Les lettres aperçues sous l'aile droite "ZE/B" (peintes vers l'avant), pourraient appartenir aux matricules civils des avions de collection, suivants : F-AZEL/O/S/N, mais qui ne furent attribués qu'à partir de 1986 (il n'y a pas de MD 311/312 "F-AZB..."). Ces deux avions pourraient donc appartenir à l'Armée de l'Air tunisienne qui, entre 1963 et 1984, mit en service deux MD.312 et deux MD 315. Ils étaient, donc, proches de la réforme (le n° 10 a un gouvernail abimé). Notons qu'aujourd'hui, on aperçoit, sur Google Maps, un MD.312/315, préservé sur la base de Sidi Ahmed, en compagnie d'un F-86 Sabre, d'un T-6...

Le Flamant n'avait pas été conçu comme avion de transport de troupes, rôle qu'il remplit dans le film. On voit ainsi des files de dizaines d'hommes s'apprêtant à monter à bord, alors qu'il n'y a que dix places au maximum dans la cabine (et encore pas pour des hommes avec leur paquetage) ! Un Douglas C-47 aurait mieux fait l'affaire.

Devant un grand hangar de Sidi Ahmed, sont également parqués six North American T-6 Texan, non identifiables, car vus de trop loin. Ces avions pourraient être également des T-6 tunisiens qui font de la figuration. Finalement, la seule contribution de Salis Aviation serait un autre T-6, filmé de près, quand Rémy dit adieu à son épouse. Il est transformé en monoplace, avec le code "71" sur le fuselage et la dérive. On note également cinq victoires marquées au niveau du cockpit, sous forme de silhouettes d'avions, qui ne correspondent à rien de connu (cela aurait dû être des croix noires). On le voit décoller de la piste 08 de Sidi Ahmed.

Ce T-6 qui ressemble à un P-47C Thunderbolt, de loin, dans le brouillard et avec le soleil dans les yeux, est donc l'AT-6C Harvard Mk.2 "F-AZBE" (s/n 41-36060, c/n 88-12127). Cet avion fut livré directement en Afrique du sud (code 4349) avant d'être retourné en novembre 1946,  à la RAF (serial EX633). En février 1947, il fut récupéré par l'Armée de l'Air belge (code H-29). Réformé en mai 1958, il fut acquis, en juin 1959, par Air France (F-BJBI) et basé à Cormeilles en Vexin, pour son Secteur de Formation des Pilotes. En décembre 1963, il fut vendu à un opérateur privé, puis, en mai 1971, à l'aéroclub de Neuilly et basé aux Mureaux (78) avec le matricule F-WJBI. En janvier 1979, c'est l'AJBS qui l'acheta et il reçut le nouveau matricule "F-AZBE". Après avoir été transformé en monoplace, avec plusieurs décorations, il retrouvera, en 2003, sa configuration biplace, comme un T-6 de l'USAAF avec le  code "TA-127" et le faux serial "4312127".

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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