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TRAGIQUE DECISION

 

TRAGIQUE DECISION

Vo. Command decision


Année : 1948
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 53 min.
Genre ; guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Sam Wood
Scénario : George Froeschel, William Wister Haines, William R. Laidlaw

Principaux acteurs :

Clark Gable (Brigadier Général K.C. "Casey" Dennis), Walter Pidgeon (Major Général Roland Goodlaw Kane), Van Johnson (Sergent Immanuel T. Evans), Brian Donlevy (Brigadier Général Clifton I. Garnet), Charles Bickford (Elmer Brockhurst).

Musique: Miklos Rozsa
Photographie : Harold Rosson
Producteur: Sidney Franklin
Compagnie productrice : MGM

Avions :

  • -Boeing B-17F, N67974
  • -Boeing B-17G , N1212N
  • -Messerschmitt Me.262A-1

 

Notre avis :

Les forces de l’Axe vaincues, la seconde guerre mondiale gagnée, l’Amérique aspirait à la paix. Hollywood cependant, avait encore de nombreux projets de films de guerre dans ses cartons. Si des films avaient maintenant pour sujet le problème des militaires retournant au pays, comme dans «The best years of our lives» (1946), d’autres s’intéressaient encore aux combats. L’un des meilleurs était «Command decision » avec Clark Gable, qui était lui-même un ancien combattant. La guerre et ses acteurs y étaient examinés avec une certaine franchise, ce qui aurait été impossible quelques mois plus tôt..

Tiré d’une pièce à succès, jouée à Broadway et écrite par William Wister Haines, un ancien officier de l’USAAF en Europe, « Command decision » met en scène des généraux confrontés aux terribles décisions qu’ils doivent prendre, et qui se traduisent le plus souvent en pertes humaines. Le scénario est basé en partie sur deux des plus sanglantes batailles aériennes de la guerre, les missions du 17 août et du 14 octobre 1943 sur Regensburg et Schweinfurth, qui coûtèrent à la 8° Air Force un total de 120 B-17 et plus de 1200 hommes d’équipage. La tactique consistant à envoyer des bombardiers en plein jour, sans escorte, loin au dessus de l’Allemagne, montrait ses limites. Après cette hécatombe, le général Ira Eaker chef des bombardiers de la 8° Air Force, fut muté sur le théâtre méditerranéen...

Clark Gable était l’homme adéquat pour jouer le rôle d’un général résolu à gagner la guerre. Il avait rejoint l’USAAF en 1942, peu après le décès de son épouse, Carole Lombard, dans un accident d’avion. Comme d’autres vedettes qui s’engagèrent comme Jimmy Stewart, Henry Fonda, Robert Taylor, Gable excella sous l’uniforme. Il gravit rapidement les échelons, passant de lieutenant à major, et reçut la Distinguished Flying Cross et l’Air Medal. Il était mitrailleur et observateur, et passa sept mois en opération à filmer les bombardements au dessus de la France et de l’Allemagne. Son arrivée en Angleterre amena le maréchal Goering à offrir une récompense et une promotion à tout pilote qui l’abattrait, mort ou vif !

Le film commence à Londres en 1943, lors d’une conférence de presse où sont exposés, entre autres, les résultats de la dernière mission de bombardement effectuée par l’USAAF. En tournée d’inspection, le général Kane est horrifié d’apprendre que quarante-huit bombardiers B-17 envoyés sur l’Allemagne ont été abattus dans les deux derniers jours. Le général « Casey » Dennis, commandant les forces aériennes, expose les raisons de cette hécatombe : les Allemands ont mis au point un nouveau chasseur à réaction, le Lantz-Wolf 1, dont les performances dépassent largement celles des avions américains existants. Dennis a donc ordonné l’opération « Stitch » pour détruire les trois usines fabriquant ce nouveau chasseur, dont la plus importante se trouve à Schweinhafen. Mais le taux de pertes élevé est jugé inacceptable par le général Kane, d’autant plus réticent à renouveler sa confiance à Dennis, qu’une délégation parlementaire conduite par le sénateur Malcolm, est attendue à Londres. En outre, un correspondant de guerre qui n’apprécie guère Dennis, menace de tout révéler au public. Lorsque Dennis apprend du colonel Martin, chef d’escadrille, que l’objectif de Schweinhafen n’a pas été atteint, à la suite d’une erreur de navigation, Dennis demande à Kane d’autoriser un nouveau bombardement, mais ce dernier exige un ajournement afin de recevoir les représentants du Congrès. Toutefois, les conditions météo sont bonnes et il faut en profiter ; Kane finit donc par donner son accord. L’objectif est enfin atteint, mais les pertes, sont encore très lourdes et le colonel Martin, dont la femme vient d’accoucher, est porté disparu. À regret, Kane remplace Dennis par le général Garnet. Mais, comprenant que la politique de Dennis était la seule possible, Garnet ordonne la continuation des raids sur l’objectif suivant, Fendelhorst. Alors qu’il s’attend à être affecté à un emploi de bureaucrate à Washington, Dennis se voit confier le commandement d’un groupe de B-29 dans le Pacifique.

« Command Decision » n’était pas le premier film ayant pour thème la lourde responsabilité des officiers qui, de leur bureaux, envoient leurs hommes à une mort fort probable. Dés 1930, « Dawn patrol » avait posé ce problème au niveau de l’escadrille. Mais « Command decision » montrait au public comment la guerre moderne était conduite, ainsi que la longue chaîne de commandements menant de l’Etat major à la salle de briefing. Le film ne dépeint pas les hommes politiques sous un jour favorable, et aurait tendance à les faire passer pour des irresponsables. On remarquera la scène où on décerne une décoration au fils d’un sénateur, alors qu’il vient de refuser de participer à une mission sur l’Allemagne…Le scénario fut d’ailleurs passé au crible par le « Comité des Activités anti-américaines ». Mais la Métro ne changea rien et le message est que, quand la guerre est déclarée, le mieux est de laisser faire les militaires ! Le film posait aussi le problème du rôle des correspondants de guerre avec lesquels les militaires devaient compter (du moins, à l’époque..).

Le vrai raid sur Schweinfurth (le « Schweinhafen » du film..) était sur une usine de roulements à bille, un équipement crucial dans la construction aéronautique; les usines Messerschmitt étaient situées à Augsbourg, Regensbourg et Wiener-Neuestadt. Les bombardements répétés retardèrent certainement la construction du Messerschmitt Me.262 qui avait fait son premier vol en juillet 1942. Il ne sera mis en service que deux ans plus tard, après une longue mise au point, alors que les Alliés étaient en train d’acquérir la supériorité aérienne.

Le film fut un succès aux Etats-Unis, mais en Angleterre, on le prit un peu comme une insulte, car il laissait penser que la destruction du potentiel industriel de l’Allemagne était l’oeuvre des seuls Américains. Mais on n’y parle que des bombardements de jour qui avaient été abandonnés par les Anglais car, beaucoup trop coûteux, quoique plus précis. Le film sortit le 23 juillet 1948 à l’Egyptian Theatre de Los Angeles. Les critiques furent unanimes à saluer sa réalisation réussie et son réalisme. Certains trouvèrent néanmoins que Clark Gable n’était pas dans son élément, dans un film sans véritable action, et dont les nombreuses scènes qui se passent dans des bureaux ou des salons, convenaient mieux au théâtre qu’à l’écran.

 

Les avions du film :

Le film ne compte qu’une dizaine de minutes de scènes aériennes. Les studios louèrent un B-17F (s/n 42-3360, N67974) à Paul Mantz pour les prises de vues au sol, filmées au San Fernando Valley airport (Van Nuys) . Cet avion fut détruit à la Paz (Bolivie ) en 1955. Un autre B-17G (s/n 44-83842, N1212N) fut loué à Charles Babb, un marchand d’avions de Los Angeles. Cet avion fut repeint avec un faux serial (38362) et le nom « Impatient Virgin III ». Ce B-17 vola jusqu’en 1954 avec les forces aériennes dominicaines, après avoir failli rejoindre Israël. Les vues de ces deux forteresses volantes sont mélangées avec d’autres issues de documentaires tournés sur le vif, par l’USAAF.

Le film utilise des extraits de  «Target for today » (1944) montrant des avions de la 8° Air Force, des B-17E/F/G des 91st, 94th, 97th, 303rd (dont le 41-24577 « Hell’s Angels »), 351st, 379th et 457th Bomb Groups. On y voit également le Consolidated B-24J Liberator « Kill Joy » qui paraît bien seul au milieu de tous ces Boeing..

Le «Lantze Wolf 1», dont le nom rappelle les « Schuute Lantz » de la première guerre mondiale, est en fait un Messerschmitt Me.262. Si en 1943, les Alliés savaient à quoi ressemblait l’avion, il n’en avaient récupéré aucun exemplaire, comme affirmé dans le film ! Ce n’est qu’en juillet 1944 que les Alliés le rencontrèrent dans le ciel pour la première fois. Le premier Me.262 intact leur fut livré par le déserteur Hans Fay, à Francfort, le 30 mars 1945. Cet avion, montré dans le film, était un Me.262A 1 (c/n 111711) qui fut expédié à Wright Field (OH) où il fut opposé, non pas à des P-38, P-47 ou P-51, comme indiqué par le général Dennis, mais plus logiquement au seul chasseur à réaction américain de l’époque, le Lockheed YP-80. Après dix heures de vol, l’avion fut détruit suite à une panne moteur, en août 1946.

Par la vitre arrière de la voiture du général Dennis, au début du film, on aperçoit un P-47 Razorback d’une unité inconnue (code VO ou VQ ?). Tout à la fin du film, « Casey » Dennis embarque dans un (vrai) Douglas C-47. Les studios utilisèrent également plusieurs maquettes dont une de B-17 qui n’est pas très réussie..

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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