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POINT LIMITE

 

POINT LIMITE

Vo. Fail Safe

 

Année : 1964
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 52 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Sidney LUMET
Scénario : Walter BERNSTEIN, Eugene BURDICK

Acteurs principaux :
Dan O'HERLIHY (Général Black), Walter MATTHAU (Groeteschele), Frank Overton (Général Bogan), Edward BINNS (Colonel Grady), Fritz WEAVER (Colonel Cascio), Henry FONDA (le Président), Larry HAGMAN (Buck), William HANSEN (Secrétaire Swenson).

Photographie : Gerald HIRSCHFELD
Producteur : Max E. YOUNGSTEIN
Compagnie productrice : Columbia Pictures Corporation

Avions :

  • Convair B-58 Hustler, document.
  • Convair F-102 Delta Dagger, document. 
  • Mooney Mk. 22


Notre avis :

Le livre "Fail-Safe", publié en 1962, a beaucoup de similitude avec une œuvre antérieure "Red alert" (1958). Stanley Kubrick acheta les droits de ce dernier livre et le transforma en un  petit chef d'œuvre d'humour noir, "Docteur Folamour" (1964). Curieusement, les studios Columbia produisirent "Docteur Folamour " et "Point limite" en même temps et décidèrent de  sortir le film de Kubrick en premier. L'impact dramatique de "Point limite" en fut fortement diminué. Néanmoins, il est intéressant de voir les deux films pour la façon dont est traité un même problème, un bombardier nucléaire qui échappe à tout contrôle; dans "Docteur Folamour", le désastre est causé par une erreur humaine et dans "Point limite", par un problème informatique.

Alors qu'un objet volant non identifié pénètre l'espace aérien de l'Amérique du nord, des bombardiers du Strategic Air Command décollent aussitôt. Peu avant d'atteindre leur point de non retour, ils sont rappelés in extremis, l'alerte ayant été provoquée par un avion de ligne qui a dévié de sa route. Mais suite à un problème d'ordinateur, un groupe de bombardiers ne reçoit pas l'ordre de retour et continue vers sa cible, Moscou ! Le président des Etats-Unis est aussitôt informé et les responsables militaires se concertent au Pentagone. Groeteschele, un conseiller civil, suggère de profiter de cet accident irrémédiable pour frapper l'URSS une bonne fois, mais le général Black insiste, au contraire, pour que tous les moyens soient employés pour éviter un conflit nucléaire. Le président, suivant cet avis, ordonne à la chasse de détruire les bombardiers et avertit son homologue soviétique. Les chasseurs n'ayant pas réussi à abattre les avions, le président ordonne au général Bogan de fournir aux Russes des informations ultra secrètes pour leur permettre de  les anéantir. Mais un avion, piloté par le colonel Grady, passe au travers des tirs de la DCA en se faufilant sous la couverture radar. Malgré un message de son épouse et du président en personne, il refuse d'annuler sa mission et lance sa bombe sur Moscou. Pour convaincre les Soviétiques et le reste du monde, que cette explosion était due à un accident, le président ordonne alors à l'USAF de lancer un bombe nucléaire sur New-York…

Ce film n'est pas exempt d'invraisemblances, à commencer par son scenario. Avec le recul, on peut constater qu'aucun bombardier nucléaire de quelque bord que ce soit, n'a échappé au contrôle des autorités. Il en est de même des fusées des sous-marins lance engins. Par ailleurs, la technologie soviétique semble très sous-estimée dans ce film, avec des défenses anti aériennes, chasseurs comme missiles, incapables d'arrêter une vague de bombardiers dès l'entrée sur le territoire de l'URSS. Par contre, les moyens de défense des bombardiers (leurres) sont surestimés, et on a vu, au Vietnam, que le B-52 était bien vulnérable aux tirs des missiles sol-air.. On peut enfin douter qu'un président des Etats-Unis, même dans les mêmes circonstances extraordinaires, ordonne la destruction de New-York, qui n'est d'ailleurs pas la capitale du pays, ni l'équivalent de Moscou, tant par sa population, plus faible, que par sa fonction essentiellement économique.

Malgré tout, le film de Lumet a conservé une grande part de son suspense, avec une tension qui perdure jusqu'à la fin, grâce à une mise en scène qui privilégie le réalisme et donne une forte impression d'authenticité à l'histoire. Même au XXI° siècle, le spectateur n'est toujours pas sûr qu'un tel scénario ne puisse se produire, malgré toutes les précautions qui entourent le déclenchement du feu nucléaire. Le vecteur de l'arme atomique a pourtant changé depuis, ce n'est plus le bombardier piloté, mais le missile balistique intercontinental qui peut toujours être équipé d'un système d'autodestruction.

 

Les avions du film :

Le seul avion utilisé par le tournage est le petit Mooney Mk. 22 du général Black, filmé sur l'aéroport de Newark, près de New-York.

L'US Air Force ne désirait pas, pour des raisons évidentes, collaborer à ce film, basé sur une dysfonctionnement grave du SAC, montrant, de plus, un de ses avions lancer une bombe atomique sur New-York ! On pourrait même se demander si les rumeurs (débiles) prétendant que le 11 septembre 2001 a été organisé par le gouvernement américain, n'ont pas ce film pour origine…

Les bombardiers, appelés "Vindicator", sont donc remplacés par des bouts de documentaires très médiocres, vus en négatif le plus souvent (pourquoi ?), et montrant différents avions. On voit ainsi un Convair B-58 Hustler décoller d'"Anchorage", PC allumée. Notons que le B-58 avait les jambes un peu courtes (3500 km) pour aller bombarder Moscou à 7000 km de là…Il s'agissait donc simplement, pour l'arrêter, de ne pas envoyer les ravitailleurs. Il ne fut en  outre jamais déployé en Alaska. Les scènes montrant le cockpit du "Vindicator" furent filmées en réalité à l'intérieur d'un simulateur de vol pour avion de ligne, qui ressemble plus à un cockpit de B-52 (en plus grand) qu'à celui d'un B-58. Dans ce dernier,  les trois membres d'équipage étaient placés l'un derrière l'autre dans des cockpits séparés, assis dans des capsules éjectables, et ne pouvaient communiquer entre eux que par l'intercom.

Rappelons que le seul avion de l'arsenal américain à porter le nom de "Vindicator" fut le bombardier en piqué Vought SB2U, en service dans l'US Navy. Il fut rapidement retiré du service peu après le début de la seconde guerre mondiale, vu son inefficacité et sa vulnérabilité. Seuls les bombardiers nucléaires anglais avaient reçu des noms, commençant par un "V" : Victor, Vulcan, Valiant.

Au cour du film, on aperçoit quatre Convair F-102 Delta Dagger lançant des missiles, des silhouettes de McDonnell F-101 Voodoo, et même, vers la fin, alors que le bombardier US approche de New-York, un Grumman F9F-7 Cougar n° 18, de l'US Navy (en négatif et vu à l'envers)... Bref, un peu n'importe quoi, il ne manque plus qu'un extrait de ciné-mitrailleuse datant de 1945 !

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

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