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NASHE SERDCE

NASHE SERDCE

Vo. Наше сердце

(Notre cœur) 

 

Année : 1946
Pays : URSS
Genre : guerre
Durée : 1 h 22 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Aleksandr STOLPER
Scénario : Yevgeni GABRILOVICH, Boris GALIN, N. DENISOV

Acteurs principaux :
Mikhail KUZNETSOV (Alexander Samohin), Vladimir DRUZHNIKOV (Sergey Kazakov), Nina ZORSKAYA (Olga Petrovna Korneev), Victoria KUZNETSOVA (Varvara Ivanovna)

Musique : Nikolai KRYUKOV
Photographie : Valentin PAVLOV
Compagnie productrice : Mosfilm

Avions :

  • Lavochkine La-7
  • Tupolev Tu-2. 
  • Yak-3 

 

Notre avis :

Ce film, paru juste un an après la seconde guerre mondiale, salue, non pas les combattants, ces héros qui ont vaincu l'ennemi nazi, mais ceux de l'arrière, qui dans les usines, les ateliers, les laboratoires, ont travaillé sans cesse pour alimenter la machine de guerre. Il s'agit ici des ingénieurs et des techniciens de l'industrie aéronautique et c'est là l'originalité du film. Staline s'intéressait de près à l'aviation, qui était pour lui, un moyen moderne d'exalter les vertus communistes, à l'intérieur du pays, comme à l'étranger. Mais cet hommage est néanmoins étonnant quand on se rappelle que Staline, dans l'entre deux guerres, avait envoyé en prison de grands constructeurs (Tupolev, Polikarpov...), accompagnés de centaines d'ingénieurs et de concepteurs, considérés comme des "ennemis du peuple", des contre-révolutionnaires, voire des saboteurs. Ils ne furent, certes pas, tous passés par les armes quand la guerre fut venue, mais ils durent souvent travailler dans des prisons transformées en bureaux d'études ! Mais ici, on n'en parle pas. Staline est toujours là et veille, en bon "petit père", sur les peuples soviétiques… et sur la censure.

L'histoire tourne autour de deux personnages opposés, mais complémentaires : Samohin, un bel officier, pilote de chasse, et Kazakov, un ingénieur qui a décidé de construire un avion à réaction pour assurer la supériorité de son pays. Leurs vues divergent, notamment sur leur engagement personnel dans la guerre…Samohin, qui met au point de nouvelles tactiques de combat, revient avec de nouvelles décorations, à chaque permission ce qui n'est pas sans effet sur la belle Olga, sa petite amie qui voudrait cependant le voir prendre moins de risques. Kazakov parvient cependant à convaincre Samohin de participer à son projet et à l'élaboration d'un prototype. Quand celui-ci est achevé, tous les deux procèdent aux premiers essais. Tout se passe bien jusqu'à que l'appareil subisse de violentes vibrations, suivies par un incendie dans l'un des réacteurs. Samohin fait appel à toute son habileté pour faire un atterrissage forcé réussi. Ils sont indemnes et Olga peut se jeter dans les bras de Samohin. Quelques temps plus tard, un autre avion a été reconstruit et il est maintenant au point. Cette fois-ci, Samohin et deux coéquipiers vont tenter un vol record autour du monde, après avoir décollé devant Kazakov entouré d'une foule nombreuse.

Voilà résumée l'histoire, telle qu'on la voit à l'écran, puisqu'on ne dispose d'aucun synopsis détaillé du film, ni sous-titrage, même sur les sites russes. Finalement, ce n'est pas le guerrier qui l'emportera, mais l'ingénieur. La guerre est finie, les temps changent et la guerre se déplace maintenant sur le plan technique. L'avion de Kazakov est, par certains cotés, assez futuriste et ne correspond à rien de connu en URSS, ou ailleurs dans le monde.

Ce film a été tourné à l'évidence sur des terrains militaires, en hiver et en été, avec de vrais avions, ayant participé au conflit, et appartenant à des unités non identifiables.

 

Les avions du film :

La plupart des avions du film sont des chasseurs Yak-3 standards, avec un canon de 20 mm dans la casserole de l'hélice et deux prises d'air à l'emplanture des ailes. On les voit décoller et atterrir sur des terrains enneigés ou  poussiéreux, selon la saison. On a reproduit les conditions des unités en campagne, où les avions sont abrités sous les arbres, les installations étant des plus rudimentaires; cela correspondait à un guerre de mouvement où les escadrilles changeaient souvent de base, comme c'était le cas en 1945, sur le front de l'est. On voit également des Yak-3 dans une usine, ou plus exactement dans ce qui ressemble à un atelier. Les vues rapprochées des pilotes dans leur cockpit ont été prises dans  un cockpit de Yak-9 (vu les montants du pare brise).

Rappelons que le Yak-3 n'arriva en unité qu'en mars 1944. A la fin de la guerre, ce chasseur léger, optimisé pour la basse latitude, fut rapidement remplacé, par des modèles plus solides (sa structure était mixte, bois-métal), avec des moteurs plus fiables.

En hiver, derrière une rangée de Yak-3, sont alignés des Lavochkine La-7 dont on n'aperçoit que les moteurs. Dans une autre scène, toujours en hiver, on entrevoit le nez d'un Tupolev Tu-2. On en voit un autre, en cours de révision dans un atelier.

Le prototype de Zakarov est un hydravion à coque, bi-réacteur, en forme d'aile volante, mais avec une dérive et un cockpit intégré au fuselage, un modèle très original. Curieusement, le film anglais "The net", paru en 1953, montre également un prototype de ce genre, mais avec quatre réacteurs. Cette aile volante ne correspond à aucun projet précis. A la fin de la guerre, les Soviétiques ne développèrent qu'un avion fusée, le Berezniak-Isayef Bi-1 et d'autres chasseurs à propulsion mixte (hélice-fusée). Le grand constructeur d'hydravion soviétique Beriev ne fit voler un hydravion biréacteur qu'en 1952 (le Be R-1) et il était de forme tout à fait classique. L'avion du film n'a retenu que l'aile en mouette, chère à ce constructeur. L'avion de Kazakov ne ressemble pas non plus aux ailes volantes légères du constructeurs russe Tcheranovski, encore moins au Kalinin K-12, un bombardier bimoteur à hélices. Les décorateurs de la production ont dû s'inspirer des nombreux projets d'ailes volantes à réaction, réalisés par les constructeurs allemands pendant la guerre (comme le Henschel P.122, le Messerschmitt P.1108/II…).

Sur une étagère, sont alignées plusieurs maquettes, parmi lesquelles on reconnait un Yak UT-1, un Yak 20. Sur une autre étagère, on voit un bimoteur Yak 22, à coté de la maquette d'un mono réacteur bipoutre totalement inconnu. Le seul projet d'un avion approchant, était celui du Lavochkine La-VRD (mais à entrées d'air latérales et aile haute).

 

Christian Santoir

 *Film a voir sur YouTube

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