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Nankai no hanataba

 

NANKAI NO HANATABA

Vo. 南海の花束

(Bouquet des mers du sud) 

 

Année : 1942
Pays : Japon
Genre : guerre
Durée : 1 h 46 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Yutaka
Scénario : Yutaka Abe, Yasutaro Yagi

Acteurs principaux :
Ohinata
(Igarashi), Seizaburô Kawazu (Kusakabe, pilote), Heihachiro Okawa (Harada, pilote), Jun Maki (Hotta, pilote), Ichirô Tsukida (Fushimi, pilote), Masao Shimizu (Saijô, pilote), Haruo Tanaka (Ishikawa, pilote), Ichirô Sugai (Nagabayashi, l'ancien chef).

Musique : Fumio Hayasaka
Photographie : Joji Ohara

Effets  spéciaux : Eiji Tsuburaya
Producteurs : Takero Itô, Nobuyoshi Morita
Compagnie  productrice : Toho Company

Avions ;

  • Kawanishi H6K2-L, J-BGOB, J-BFOY
  • Kawanishi E7K1
  • Yokosuka E1Y
  • Yokosuka K5Y2

 

Notre avis :

Bien que sorti pendant la guerre, ce film raconte l'histoire des aviateurs civils japonais qui ont exploré les routes aériennes du Pacifique sud, avant le conflit. Le premier service charter entre Yokohama, Saipan et Palau, ouvrit en 1935, après que des essais fructueux aient été entrepris l'année précédente. Les vols devinrent plus fréquents en 1937, et une route régulière fut ouverte officiellement entre Yokohama et Palau, en décembre 1938. Cette ligne devait normalement être prolongée vers la Nouvelle-Guinée et l'Australie…En 1939, elle s'étendit vers les îles Truk, Ponape et Jaluit. En 1937, la Marine impériale avait commencé un vaste programme de construction d'infrastructures aériennes, maritimes et terrestres en Micronésie. Des bases d'hydravions furent construites pour le gouvernement des Mers du Sud (Nan'yõ-Cho), sur plusieurs îles de l'ancien mandat de la SDN. Le film se passe effectivement sur une base installée dans un atoll disposant d'une tour de contrôle, d'un hôtel restaurant, d'une salle d'embarquement, de hangars, d'un slip, et de logements pour les équipages.

Avec le début, de la seconde guerre sino-japonaise, en 1937, l'armée japonaise vit s'accroître ses demandes de transport. Jusqu'ici, elle affrétait des avions auprès de la compagnie civile "Nihon Koku Yuso K.K." (Lignes aériennes japonaises), fortement subventionnée par l'Etat. Les capacités de cette compagnie étant limitée, le gouvernement sentit la nécessité de la nationaliser en la renommant "Dai Nippon Koku Kaisha" (Lignes aériennes du Grand Japon), en décembre 1938. Cette compagnie reliait le Japon à l'Indochine, à la Chine, aux Philippines, et aux Indes néerlandaises. Elle effectuait également des vols charters, avec d'anciens avions militaires, pour desservir les îles Marshall, Mariannes et Carolines, sous mandat japonais depuis 1919. Bien que la "Dai Nippon Koku Kaisha" soit civile, de nombreux pilotes provenaient de la réserve de la Marine.

Le film commence dans un atoll des mers du sud, où un petit hydravion atterrit par une nuit pluvieuse. En descend, Igarashi, le nouveau directeur de l'hydrobase installée dans l'île. Dés le lendemain, il inspecte les ateliers, observe les mécanos au travail..Il y a beaucoup à redire. Une reprise en main s'impose, et tout le monde en prend pour son grade. Le personnel naviguant doit commencer par repasser une visite médicale d'aptitude, en bonne et due forme. Certains sont déclarés inaptes, à leur grand désespoir, mais le chef reste inflexible. Les vols suivent leur cours. Un équipage doit partir malgré le mauvais temps, sur un petit hydravion monomoteur. Bientôt on perd son contact radio, l'avion ayant dû amerrir dans de mauvaises conditions. L'attente devient vite insupportable, et l'épouse du pilote craque; elle invective le directeur qui envoie ses équipages affronter la tempête sur de frêles appareils, et elle finit par le gifler ! Mais quelque temps plus tard, l'équipage réapparaît. Il a été recueilli par un bateau. La base reçoit alors un nouvel hydravion quadrimoteur, un matériel plus sûr et plus performant. Après quelques essais, un équipage est formé pour effectuer la première mission. Il embarque sous les regards anxieux des épouses et de leurs camarades. En vol, l'avion se  retrouve dans un orage tropical de grande violence. Le commandant de bord donne l'ordre de faire demi tour, mais l'avion est frappé par la foudre qui endommage une aile... A la base, on attend les nouvelles qui sont diffusées par la radio dans la salle des départs. Mais tout espoir est bientôt perdu. Une nouvelle tentative doit être effectuée. Arrivé au-dessus de la zone présumée de la chute de l'appareil précédent, le commandant de bord, lance un bouquet, et la pipe de son collègue mort, qui lui avait été remise par sa veuve. Au sol, on suit la progression du vol qui, cette fois, se passe sans encombres.

Ce film glorifiant les ailes japonaises était destiné à être projeté exclusivement dans les pays du sud-est asiatique occupés, comme la Malaisie. Il est très influencé par les productions hollywoodiennes. Le réalisateur Yutaka Abe avait d'ailleurs travaillé plusieurs années à Hollywood, dans les années 1920, et il connaissait visiblement ses classiques. "Nankai no hanataba" c'est à la fois "China clipper" (1936), avec son grand hydravion quadrimoteur et ses valeureux pilotes, et "Night flight"(1933), avec un Didier Daurat/Rivière nippon qui mène durement ses hommes, et qui s'attire la colère des épouses des pilotes (une scène jouée par Helen Hayes dans "Night flight"). Remarquons aussi que la gifle donnée au directeur par la femme du pilote est un geste que l'on pouvait certes attendre d'une américaine, mais pas du tout d'une modeste épouse nippone, en 1940. Indubitablement, un vent d'ouest souffle sur ce "bouquet des mers du sud". Ce film tourné en partie à Saipan ou à Palau, se distingue également par son ambiance exotique, ce qui était nouveau sur les écrans japonais. En plus des ventilateurs, de la pluie omniprésente, de la sueur qui dégouline des visages (ce qui rappelle aussi, "Seuls les anges ont des ailes", 1939), la caméra s'attarde sur les Mélanésiens grimpant lestement sur les troncs des cocotiers, poussant leurs pirogues dans le lagon, ou dansant au clair de lune (mais sur une musique peu authentique..), le tout sur fond de palmiers penchés sur des plages de sable fin, de grands cumulo-nimbus turgescents barrant l'horizon; il ne manque que la couleur.

Ce film est surtout précieux, pour nous, parce qu'il nous offre un "bouquet" de vieux hydravions japonais, dont malheureusement, il ne reste aucun exemplaire, ou alors, au fond de quelques lagons des mers du sud…

 

Les avions du film :

L'avion vedette du film, sur lequel il se clôt, est le Kawanishi H6K2-L (marine type 97), un hydravion quadrimoteur construit en 1936 pour la Marine, comme avion de reconnaissance à long rayon d'action. En 1940, dix huit furent reconvertis en transports civils, avec des réservoirs plus grands. Ils pouvaient emporter dix huit passagers, et furent livrés à la section maritime de "Dai Nippon Koku K.K." qui les mit en service sur les lignes Yokohama-Saipan-Palau-Timor, et Saipan-Truk-Ponape-Jaluit. Dans le film, on a de magnifiques vues du J-BGOB sur un slip, puis du J-BFOY au décollage et à l'atterrissage. Un autre hydravion est immatriculé 0-32. Cet avion a un équipage de sept hommes, dont six regroupés dans le cockpit. Pendant la guerre, les chasseurs américains firent une grosse consommation du "Mavis", comme il était appelé par les Alliés, vu sa faible vitesse, et son absence totale de blindage.

A part ce gros avion, on voit plusieurs autres hydravions monomoteurs à flotteurs, sur une hydrobase située vraisemblablement au Japon (Yokohama ?). Comme le Mavis, ce sont tous des avions militaires de reconnaissance, reconvertis en avions civils, et employés par le "Dai Nippon Koku K.K". On voit ainsi plusieurs Yokosuka E1Y (dont les J-BFHJ et J-BFHA), équipés d'une cabine pour quatre passagers, datant de 1932, mais toujours en service au moment du tournage; un Kawanishi E7K1 muni d'un moteur en W, un hydravion sorti en 1933, mais qui resta actif (avec un moteur en  étoile) pendant toute la guerre; il en fut de même pour un Yokosuka K5Y2, un avion d'entraînement construit entre 1933 et 1936, que l'on voit moteur tournant.

Enfin, on utilisa quelques maquettes. En dehors de celle du Mavis, on voit au début du film, un Fokker Super Universal à flotteurs, construit sous licence par Nakajima, un avion effectivement employé par la "Nihon Koku Yuso KK" jusqu'en 1938, mais uniquement sur les lignes intérieures. Son aile en bois s'accommodait mal d'un climat humide, et son moteur était très peu fiable. Une autre maquette reproduit l'hydravion à coque dans lequel un équipage doit amerrir. C'est un appareil plus rare, un Aichi AB-4 Experimental 6-Shi, un avion de reconnaissance nocturne dans sa version prototype, sans la cabine de cinq passagers de la version civile .

 

Christian Santoir

*Film disponible sur Yesasia.com

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