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MORYAKI

 

MORYAKI
Vo. Моряки

(Les marins)

 

Année : 1939
Pays : URSS
Genre : guerre
Durée : 1 h 25 min.
Noir et blanc

Réalisateur: Vladimir BRAUN
Scénario : Johann SELTZER, S. ABRAMOVITCH-BLECK

Acteurs principaux :
Vladimir OSVETSIMSKY (amiral Bellayev), Antonina MAKSIMOVA (lieutenant Galina Zorina), Sergei STOLYAROV (commodore Alexander Bellayev), Sergei TIOMKIN (commissaire Lobod), Elena YEGOROVA (lieutenant Ivanovskaya).

Photographie : Michael KAPLAN, Gregory EISENBERG
Musique : Yuri MILUTIN
Compagnie productrice : Odessa Film Studio

Avions :

  • Beriev MBR-2bis/AM 34

 

Notre avis :

Au moment où le film fut tourné, l'URSS n'était plus en guerre avec la Pologne, son compte ayant été rapidement réglé avec l'aide des Allemands…Bien que Staline ait toujours soutenu qu'il ne s'attendait pas à une attaque allemande, en juin 1941, on peut en douter, et les "alliés" nazis passaient néanmoins pour des ennemis potentiels. En 1939, on tourna ainsi "Eskadrilya n°5", une fiction dont le thème principal était une guerre (victorieuse) contre eux. Ce film qui met en scène la VVS, la force aérienne soviétique, a beaucoup de points communs avec celui-ci, tourné presqu'en même temps, qui en constitue, en quelques sorte, la version maritime.

"Moryaki", tourné par les studios d'Odessa, est donc dédié à la Voyenno-morskoy flot SSSR, à la Marine soviétique. Il débute sur des images de temps de paix, où les équipages chantent sur le pont des navires, alors que les officiers se réunissent autour d'un bonne table, notamment pour célébrer le jour anniversaire de la bataille de Tsushima (1905), qui rappelle l'héroïsme des marins russes (impériaux) face à l'agresseur japonais. La seconde partie du film est consacrée à l'action, quand une patrouille de vedettes lance torpilles repère un navire suspect qui leur tire dessus, alors qu'elles s'approchent. Une vedette est touchée et doit s'écarter; peu après, son moteur stoppe. C'est un sous-marin russe qui recueille l'équipage, juste au moment où le même navire survient. Il lance des grenades et le sous-marin doit se poser sur le fond, moteur arrêté, en attendant que l'attaquant s'éloigne. Une formation d'hydravions d'une unité féminine est envoyée à sa recherche. Au bout de plusieurs heures, il est enfin repéré et bombardé. Mais cet intrus n'était qu'une avant-garde, et bientôt l'ennemi (nationalité non indiquée) envahit les eaux soviétiques. Une bataille décisive aura lieu entre les navires de ligne, et la flotte soviétique sera, bien sûr, victorieuse. Le film se termine sur le slogan : "Pour la Patrie et Staline !".

 Le film fut tourné avec la coopération de la flotte soviétique qui prêta à la production une petite flottille de vedettes lance-torpilles ARM-019 Tupolev G-5, des bateaux en aluminium, très rapides, construits par le constructeur aéronautique du même nom. Les autres navires de guerre, des cuirassés de la classe Sébastopol, le croiseur "Krasnyi Kavkaz", un destroyer de la classe Novik (qui joue un navire ennemi), sont vus sur des extraits de documentaires. Le sous-marin secouru par les hydravions est un Shchuka de la série X, portant le code "P-81", vraisemblablement faux. Les bateaux de l'ennemi inconnu sont présentés sous la forme de maquettes qui semblent être très inspirées des bâtiments de guerre allemands, comme le "Bismarck", le "Graf von Spee" ou le "Prinz Eugen"...

Il faut attendre 51 minutes pour voir le premier avion, dans ce film de marins.

 

Les avions du film :

Le seul type d'avion du film est un hydravion Beriev MBR-2bis/AM 34 (Morskoy Blizhnii Razvedchik, ou hydravion de reconnaissance à court rayon d'action) qui, en 1939, était l'hydravion standard de la Marine soviétique. Il fut déployé principalement en Baltique et en Mer Noire (119ème Régiment aérien de la Flotte), pour des missions de reconnaissance et de sauvetage en mer. Il fut engagé dans la guerre et subit de fortes pertes, vu sa faible vitesse et un armement défensif minimum, constitué d'une mitrailleuse ShKAS de 7.62 mm, en tourelle à l'arrière, manœuvrée par le mécanicien, et d'une autre à l'avant. Mais dans le film, le mitrailleur avant, qui faisait aussi office de navigateur, dispose d'un jumelage de mitrailleuses Degtyarev DA sur un tourelle TUR-6 à ciel ouvert (en fait, un anneau Scarf ) qui équipait les premiers modèles de MBR-2 et qui avait été remplacée par une tourelle TUR-8; mais il s'agit de vues prises en studio…Comme montré, le MBR-2bis pouvait emporter sous les ailes jusqu'à 500 kg de bombes et de charges de profondeur, pour la lutte anti-sous marine. On n'a pratiquement pas de vues du cockpit, mais le manche en "Y", aperçu, est conforme.

On peut être étonné de trouver en 1939, une unité de l'aéronavale soviétique mixte, avec des femmes pilotes et des navigateurs masculins. Ce n'est qu'après le déclenchement de la Grande Guerre patriotique que des unités aériennes féminines furent créées, mais pas dans la Marine, où il y eut très peu de femmes, celle-ci n'étant pas dans des unités combattantes, mais dans l'intendance (hôpitaux,  administration…).

Le réalisateur a peut être voulu saluer la mémoire du major Polina Osinpenko, qui se tua le 11 mai 1939, lors d'un vol d'entraînement. Cette femme était devenue, en 1938, Héros de l'Union soviétique, après une série de records d'altitude, battus en 1937 (22 mai 1937, 8864 m; 23 mai 1937, 7605 m avec 500 kg de charge; 25 mai 1937, 7009 m avec 1000 kg de charge), avec un MP-1bis, la version civile du MBR-2bis. Avec le même hydravion, elle fit également avec ses coéquipières, V. Lomako et M. Raskova, un vol de 2 416 km sans escale : Sébastopol-Kiev-Novgorod-Arkhangelsk, le 2 juillet 1938.

 

 Christian Santoir

*Film à voir sur YouTube

 

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