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LETISTE NEPRIJIMA

 

LETISTE NEPRIJIMA

(L'aéroport est fermé)

 

 

Année : 1959

Pays : Tchécoslovaquie

Durée : 1 h 40 min.

Genre : Drame

Noir et blanc

 

Réalisateur : Cenek DUBA

Scénario : Cenek DUBA, Pavel KOHOUT

Acteurs principaux :

Josef BEK (Jendo Hochman), Irena KACIRKOVA (Martha épouse d'Hochman), Vladimír RAZ (Cermák), Otomar KORBELAR (Siroký), Mikulás HUBA (Lipták), Sylva DANICKOVA (Alenko), Ludek MUNZAR (Premek)

Musique : Evzen ILLIN

Photographie : Rudolf MILIC

Compagnie productrice : Filmové Studio Barrandov

Avions :

  • Aero L-60B Brigadyr
  • Convair CV-440 , en arrière-plan
  • Let L-200 Morava
  • Lockheed L-1049E/01 Super Constellation, en arrière-plan
  • Sud Aviation SE.210 Caravelle I , en arrière-plan
  • Tupolev 104A, OK-LDA
  • Tupolev Tu-114, en arrière-plan
  • Vickers Viscount 701, en arrière-plan

 

Notre avis :

Après avoir réalisé deux films d'aviation destinés à la jeunesse, en 1954 et 1958, Cenek Duba tourna ce troisième film, sur un sujet plus dramatique qui se déroule dans le milieu des pilotes de ligne de la compagnie nationale CSA (Ceskoslovenske Stetne Aerolinie), comme ne l'indique pas le titre…Le film sortit à une époque où le transport aérien, dans le monde, comme en Europe de l'est, subissait une profonde mutation avec l'arrivée des premiers jets fiables, après la mise en service prématurée du Comet anglais, au début des années 50.

Le film commence alors que le premier jet de transport, de construction soviétique, de la compagnie CSA, atterrit à Prague. Les équipages tchécoslovaque et russe descendent de l'avion, les bras chargés de fleurs, et sont accueillis par leur famille et les officiels. La femme du commandant de bord Jendo Hochman, Martha, arrive en retard. En fait, elle est la maîtresse de Siroky, un contrôleur aérien, ami de son mari…Le soir, pendant le dîner dansant qui célèbre l'événement, elle n'a d'yeux que pour lui et se montre très froide avec Jendo. Ce dernier est un des meilleurs pilotes de la compagnie et il le sait; sa suffisance irrite sa femme, comme certains de ses collègues, ce qui n'empêche pas la jeune hôtesse Alenko d'en pincer pour lui. Siroky presse Martha de parler à son mari, mais elle ne se décide pas. Un soir qu'Hochman rentre à la maison plus tôt que prévu, il surprend Siroky chez lui et il fait sa valise. Peu après, il participe à un exercice d'atterrissage de nuit avec le nouveau jet. Perturbé par sa séparation, il rate deux atterrissages et le copilote doit prendre la main. Le lendemain, il constate qu'il est rétrogradé au rang de copilote. Il est, en plus, obligé de subir une série de test médicaux. On lui donne aussi des vacances qu'il met à profit pour se rapprocher de Martha, mais en vain. Il essaie alors de sortir avec Alenko, qui accepte d'abord, avant de s'apercevoir qu'il ne pense en fait qu'à Martha. Hochman décide donc d'avoir une explication avec Siroky et il l'emmène à la maison. Là, Siroky se rend compte que Martha est incapable de choisir entre eux et qu'elle leur ment à tous les deux ! Hochman refait donc de nouveau sa valise, alors que Siroky, dépité, part de son côté. A la compagnie, le chef pilote lui propose finalement de piloter un avion taxi, ce qu'il accepte à contre cœur; c'est toujours mieux que de rester cloué au sol, même si sa fierté doit en souffrir.

Ce drame psychologique montrant l'impact des problèmes affectifs d'un pilote sur son activité professionnelle, est un thème récurrent des films d'aviation tchèques ou polonais. Il fut traité également par Hollywood dans plusieurs films, le plus connu étant "The high and the mighty" de Wellman, sorti cinq ans plus tôt. Dans la plupart des cas, voler de nouveau est présenté comme le seul remède. Face à un scénario peu intéressant, incitant les personnels à se dévouer entièrement à leur tâche, nous ne retiendrons que la partie aéronautique du film, bien plus intéressante.

On peut ainsi voir l'aéroport de Prague-Ruzyne, en 1959, avec sa tour de contrôle surmontée d'un radar. Lors d'un briefing, le chef pilote nous montre, sur un tableau, la disposition des pistes d'alors, avec le circuit de piste de la 04/22, équipée d'un localizer. Elle est aujourd'hui fermée, seule la 13/31 étant encore en service. Grâce aux avions stationnant sur le tarmac, on constate que Prague est alors relié, en dehors de l'URSS, à l'Angleterre, aux pays scandinaves, à la Belgique, à la France, parmi ses destinations principales, mais aussi avec des pays plus lointains, comme l'Ethiopie ou l'Inde.

En définitive, ce film est surtout l'occasion pour la CSA de présenter aux spectateurs et futurs passagers, son tout nouveau Tupolev Tu-104. Rien que pour ce très bel oiseau, rare sur les écrans occidentaux, le film vaut le détour, car pour le reste…

 

Les avions du film :

Le principal avion du film est donc le Tupolev 104A "OK-LDA" (c/n 76600503), baptisé "Praha", de la compagnie CSA. C'était le premier Tupolev 104 à être livré en dehors de l'URSS. Pris en charge en novembre 1957, il fut d'abord mis sur la ligne de Moscou, le 9 décembre 1957, puis, en août 1958, sur celle du Caire (atteint en sept heures de vol sans escale) et le 22 août 1959, sur celle de Bombay. Mais il desservit bien d'autres destinations par la suite. Il fit son dernier vol le 14 septembre 1973 et fut réformé peu après. Cet avion historique fut conservé au musée de Prague-Kbély où il est exposé dans sa livrée d'origine, après avoir été récemment restauré.

Le film offre quelques vues du cockpit où devaient travailler cinq membres d'équipage, dont le navigateur, installé dans le nez vitré (comme dans un bombardier), avec son écran radar suspendu à la paroi. On voit aussi la cabine, aménagée en basse densité, avec quatre sièges de front (soit 50 passagers, alors que le Tu-104A pouvait en emporter 70). Le galley se situe au niveau de l'aile à un endroit où le plancher est légèrement surélevé; il sépare la première classe, à l'avant, des classe touriste. On remarquera les filets à bagages (genre autocar) et les petites vitrines avec poupées, très kitsch…Extrapolé du bombardier Tupolev Tu-16, l'avion en avait conservé l'aile, le train, le nez vitré et les deux parachutes de freinage (vus déployés dans le film).

Le Tupolev 104 était en 1956, le seul jet en service régulier dans le monde et il fit grande impression dans les pays occidentaux. La compagnie CSA fut la seule compagnie des pays de l'est à mettre en service cet avion, après l'Aeroflot, dont on voit un des Tupolev Tu-104A (CCCP-42339), récemment livré.

Le seul autre jet vu sur l'aéroport de Prague-Ruzyne, en 1959, est une SE.210 Caravelle I de la SAS, que la compagnie venait de mettre en service, en avril. Tous les autres avions vus à Prague sont des avions à hélice. On voit ainsi un Lockheed L-1049E/01 Super Constellation d'Air India, un Douglas DC-6B Super Cloudmaster d'Ethiopian Airlines, un Tupolev Tu-114 d'Aeroflot, deux Vickers Viscount 701 de British European Airways et d'Air France, un Convair CV-440 Metropolitan de la Sabena.

Les autres avions à hélice sont des Ilyushin Il-14 de CSA, un avion piloté par Hochman dans le film. On entrevoit, en arrière plan, un Douglas C-47, qui fut l'avion le plus utilisé par la CSA (plus de quarante), entre 1946 et 1959.

Jendo, ex-commandant de bord sur Tupolev 104, en est réduit à piloter un petit Let L-200 Morava, un avion récent, puisqu'il avait fait son premier vol en 1957. Cinq Morava de présérie avaient été fournis, en juin/juillet 1958, pour essais, à CSA qui les utilisa comme avions-taxis. Jendo se rend à Karlovy-Vary avec le "OK-MEB" (s/n 00-002), le deuxième avion de présérie. Plus tôt, on voit sur l'aéroport, le premier avion de présérie le OK-MEE (s/n 00-001), qui fut réformé en 1965. Tous les deux portent la livrée de la CSA.

Enfin, le long d'une route, Jendo observe un Aero L-60B Brigadyr de la compagnie Agrolet, basée à Prague-Ruzyne (qui en possédait plus de soixante), en train d'épandre des produits phytosanitaires sur un champ.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

 

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