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Kato Hayabusa sentaÏ

 

Kato Hayabusa sentaï
Vo. 加藤隼戦闘隊

(L’escadrille des faucons de Kato)

 

Année : 1944
Pays : Japon
Genre : biographie
Durée : 1 h 39 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Kajiro Yamamoto
Scénario : Kajiro Yamamoto

Acteurs principaux :
Susumu Fujita, Minoru Takada, Denjirô Ôkôchi, Takashi Shimura, Yataro Kurokawa. 

Photo : Akira Mimura
Effets spéciaux : Tsuburaya Eiji
Compagnie productrice : Tôhô Company Ltd.

Avions :

  • Brewster Buffalo
  • Curtiss P-40E
  • Lockheed Hudson  II
  • Mitsubishi Ki-21, en arrière-plan
  • Nakajima Ki-27b
  • Nakajima Ki-34
  • Nakajima Ki-43 Hayabusa

 

Notre avis :

Le Japon en guerre produisit une douzaine de films d’aviation entre 1941 et 1945. Ces films sont généralement de bonne qualité et moins empreints de propagande pure comme leurs homologues allemands. Il n’y avait peut être pas de Dr. Goebbels nippon... Parmi ces films, une production de la Tôhô fut consacrée à la biographie de l’as Tateo Kato (1903-1942), un pilote de l’Armée impériale ayant combattu en Asie du sud-est. Lui et ses hommes volaient sur le Nakajima Ki-43 « Hayabusa » (Faucon pèlerin) d’où le titre du film, qui fut tourné un an après sa mort, survenue le 22 mai 1942, alors qu’il avait 39 ans. C’est que Kato était devenu un héros national au point qu’on l’appelait « Gunshin Kato », le Dieu de la guerre ! Ce film bénéficie d’une bonne réalisation sous la direction de Kajiro Yamamoto qui sera le maître de Kurosawa.

Le film commence au moment où le capitaine Kato retourne au Japon (mai 1938) en provenance de Chine où il s’était illustré, en devenant, avec neuf victoires, le plus grand as de l’époque. Il est nommé en avril 1941, commandant du 64th Sentaï qui échange ses vieux Ki-27 à train fixe, contre le nouveau chasseur Ki-43, qui est l’équivalent du Zéro au sein de l’Armée. Peu de temps avant Pearl Harbour, l’escadrille est envoyée sur l’île de Phu Quoc au large de l’Indochine, pour escorter les convois d’invasion de la Malaisie. Mais en raison du mauvais temps, trois avions disparaissent en mer. Kato prend la faute sur lui alors que c’est l’absence d’équipement de radio-guidage qui est responsable de ces pertes. Le début de la guerre voit l’escadrille Kato attaquer les terrains anglais en Malaisie où de nombreux avions sont détruits au sol. Il y a aussi des rencontres en plein ciel avec les Buffalo anglais. Le jour de Noël 1941, Kato escorte les bombardiers partis attaquer Rangoon. Il y rencontre des Buffalo, mais aussi les P-40 des « Tigres volants » dont deux tombent sous ses coups. Singapour capitule (février 1942) et Kato remporte une nouvelle victoire quand les parachutistes japonais sont largués aux environs de Palembang pour s‘emparer des installations pétrolières. Après la chute de Sumatra et de Java, l’escadrille de Kato se retrouve basée en Thaïlande, pour mener des missions à la frontière de la Chine. Une formation partie de nuit en direction de Loiwin, arrive à déjouer le service d’alerte chinois et réussit à détruire plusieurs avions au sol. Puis, l’escadrille est déplacée à Akyab, près de la frontière indienne. Cette base est découverte par les Anglais qui y envoient des bombardiers, souvent solitaires, pour maintenir les Japonais constamment en alerte. Plusieurs pilotes sont malades victimes des fièvres tropicales. Bien que lieutenant colonel, Kato participe encore à de nombreuses missions. Le 22 mai, alors qu’il attaque un Blenheim récalcitrant qui a déjà abattu deux de ses hommes, il est touché à son tour et percute les eaux du golfe du Bengale ! Tateo Kato avait alors seize victoires à son actif. Il sera nommé général à titre posthume.

Le film suit très fidèlement l’histoire de Tateo Kato à partir de 1941, alors qu’il combattait en Chine depuis 1937 ! Seuls sont racontés les faits marquants de sa vie. Dans le film, on le voit combattre uniquement des avions anglais ou portant l’étoile américaine, ce qui n’est pas très exact. Kato combattit aussi les Hollandais au dessus de Java. Quant aux avions américains, ils ne portaient pas l’étoile américaine à cinq branches au dessus de la Birmanie, mais l’étoile chinoise à douze branches. On remarquera certains détails de la vie de cette l’escadrille de l’Armée. Le confort des mess contraste avec les installations précaires de leurs collègues de la Marine, combattant dans les îles du Pacifique. Il est vrai que l’escadrille de Kato semble la plupart du temps, être installée dans les bases évacuées par les Anglais. Ce qui est étonnant dans ce film, c’est de voir l’adoption de certaines coutumes occidentales par le colonel Kato. On le voit montrer à ses pilotes le fonctionnement d’un moulin à café qui ne devait pas être la boisson habituelle de ces buveurs de thé (et de saké..). Plus tard, il leur fait manger des melons avec une petite cuillère avec laquelle ils ne semblent pas très familiers. On peut être étonné de voir les pilotes Japonais fêter Noël, comme leurs ennemis, avec un sapin décoré et un dîner spécial servi à table, par une serveuse en kimono d’apparat. En fait, la célébration de Noël, qui, au Japon, n’a aucun caractère religieux, fut introduite durant l’ère Meiji par les premiers Occidentaux installés à Kobé. Il est vrai que Tateo Kato, en tant que membre du Grand Quartier Général, avait visité l’Europe, et notamment l’Allemagne, lors de l’été 1939, et était par conséquent, au courant des coutumes occidentales qui restaient encore très étranges pour le « Japonais moyen » de 1942.

Le film est dénué de toute intrigue sentimentale, et la présence féminine se réduit à deux servantes. On n’apprend strictement rien de la vie privée de cet homme entré à quinze ans dans l’Armée. L’intérêt principal du film réside surtout dans l’utilisation par la production, de vrais avions mis à la disposition des studios par le Service aérien de l’Armée impériale.

 

Les avions du film :

Au début du film, Kato atterrit avec un Nakajima Ki-27b démuni de ses carénage de roue. Au moment du tournage, en 1944, cet avion avait été retiré du front, et servait à l’entraînement, sous la désignation Armée type 97.

L’avion principal du film est le Nakajima Ki-43 Hayabusa qui fit ses débuts au-dessus de la Malaisie et de la Birmanie, où il fut souvent confondu par les Alliés avec le Zéro. Avant 1942, tous les chasseurs japonais étaient des Zéro et tous les bombardiers des Mitsubishi ! Fin 1942, les Américains utilisèrent un nouveau système pour désigner chaque type d’avions ennemis et l’Hayabusa reçut le nom de code « Oscar ». Il apparaît dans le film sous ses versions Ki-43-Ia et Ki-43-II. Tous les appareils portent sur la dérive la flèche du 64th Sentaï.

Les Hayabusa/Oscar escortent souvent des bombardiers Mitsubishi Ki-21 (code Sally) que l’on voient parfois parqués, ou roulant, en arrière plan. Les parachutistes sont largués à partir de Nakajima Ki-34 (code Thora) qui ne pouvaient emporter que huit passagers. La cabine de l’avion utilisé par le tournage avec ses rideaux aux hublots, et ses aérateurs individuels, rappellent plus un avion civil qu’un transport de troupe.

Les combats aériens ont été filmés avec des avions réels. On assiste ainsi à des combats entre Hayabusa, Brewster Buffalo, et Curtiss P-40E. Kato abattit deux Buffalo, un Anglais et un Hollandais, et trois P-40B de l’American Volunteer Group. Dans le film, le Buffalo a des cocardes anglaises et aucun signe particulier. Les Japonais capturèrent de nombreux Buffalos en état de vol en Malaisie ou à Java, appartenant à la RAF, à la RAAF ou aux forces néerlandaises. Ils auraient pu en équiper tout un groupe de chasse ! Plusieurs furent essayés par le Koku Gijutsu Kenkyujo (Laboratoire aéronautique national) à Tachikawa, au Japon, mais aussi à Singapour. Lors des évolutions du Buffalo confronté à l’Hayabusa, on constate que cet dernier à un taux de montée bien supérieur au premier.

L’autre chasseur allié est un Curtiss P-40E que Kato ne rencontra pas au-dessus de la Birmanie. Les Tigres volants de l’AVG étaient équipés de Curtiss Hawk 81A (ou P-40B). Les Japonais capturèrent plus d’une dizaine de P-40E en état de vol, à Java et aux Philippines. Quelques uns furent même utilisés, un temps, pour la défense de Rangoon. La décoration du P-40E du film est approximative. Sur une image, il est paré de la gueule de requin/tigre caractéristique des Tigres volants ; sur une autre, il arbore l’étoile américaine entourée d’un cercle de couleur modèle 1942, mais avec un gouvernail à rayures comme des P-40 chinois en 1944.

Un Lockheed Hudson attaque le terrain de Kato. Cet avion ne ressemble pas à un Lockheed type LO, un avion de transport construit sous licence par Tachikawa. Avec son nez vitré et ses moteurs Wright Cyclone, il ressemble plutôt à un authentique Hudson II, mais sans sa tourelle de mitrailleuses. Plusieurs Hudson australiens furent effectivement capturés presque intacts en Malaisie et les Japonais avaient assez de pièces pour en restaurer un en état de vol.

Le film utilise pour les scènes de mitraillage de terrains, de nombreuses maquettes de Curtiss Tomahawk anglais, de Bristol Blenheim, de Buffalo, et même de Lockheed Lightning avec des gouvernails décorés de rayures .

 

Christian Santoir
 
*Film disponible sur YouTube

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