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HELL IN THE HEAVENS

 

HELL IN THE HEAVENS

 

Année : 1934
Pays : USA
Durée : 1 h 19 min
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : John G. Blystone
Scénario : Byron Morgan, Ted Parsons, Jack Yellen
Histoire originale : « The Ace » de Herman Rossman

Principaux acteurs :
Warner Baxter (Lieutenant Steve Warner), Conchita Montenegro (Aimée), Russell Hardie (Lieutenant Hartley), Herbert Mundin (Granny Biggs), (Andy Devine (Sergent Ham Davis), William Stelling (Teddy May), Ralph Morgan (Lieutenant Pop Roger), Arno Frey (Baron Kurt von Hagen)

Musique : Louis de Francesco
Photos :Bert Glennon
Conseiller : Ted Parsons
Producteur : Al Rockett
Compagnie distributrice : 20th Century Fox

Avions :

  • Nieuport 28 (modifiés)
  • Engineering  Division USD-9  
  • Garland Lincoln LF-1
  • Orenco F
  • Travel Air 2000
  • Waco INF
  • Waco RNF
 

Notre avis :

L’as de la première guerre mondiale (8 victoires) et auteur à sensation, Ted Parsons, vola en France avec William Wellman, qui n’appartenait à l’escadrille La Fayette comme Parsons , mais à la N87. Le futur réalisateur de « Wings » l’introduisit à Hollywood au milieu des années vingt. Parsons termina son premier contrat avec la Fox en 1934. Coopérant au scénario avec un autre écrivain prolifique, Byron Morgan, Parsons fut aussi le conseiller technique du film, et joua un petit rôle, celui d’un pilote allemand ! Le film fut relativement bien accueilli par la critique bien qu’il comportât nombre de clichés éculés, déjà utilisés par les films précédents. «Hell in the heavens»  est un des quatorze films d’aviation sur la première guerre mondiale sortis dans les années trente, après « Hell’s angels ».

L’histoire commence quand le lieutenant américain Steve Warner rejoint en France, l’« escadrille étrangère », la N124, quelque mois avant que son pays n’entre en guerre. Son objectif est d’abattre le « baron », l’allemand Kurt von Hagen, qui décime l’escadrille. Dans le château où sont logés les pilotes, vit Aimée et sa mère. La jeune fille qui s’occupe du linge des pilotes, jette son dévolu sur Steve qui finit par tomber amoureux d’elle. Mais descendre  le baron devient une obsession qui hante ses nuits. Il finira par le faire juste avant de se marier avec Aimée. Le baron qui n’est que blessé, lui avouera, que lui aussi, n’arrive plus à trouver le sommeil entre deux missions !

Ce film montre pour la première fois à l’écran des pilotes américains de la grande guerre sous l’uniforme français. Jusqu’ici ils étaient sous l’uniforme américain du Lafayette Flying Corps (Wings, Today we live, Ace of aces, Men with Wings) ou l’uniforme anglais du Royal Flying Corps (Hell’s angels, Dawn patrol, Eagle and the hawk), voire l’uniforme allemand (Crimson romance) ! Il faut y voir sans doute l’influence de Parsons qui fut pendant toute la guerre sous l’uniforme français dans l’escadrille 124, puis à la SPA 3, la célèbre escadrille des Cigognes. Dans le film, la N 124 est appelée « escadrille étrangère », mais en fait, cette désignation n’exista pas. L’escadrille s’appela d’abord l’«escadrille américaine » jusqu’au 16 novembre1916, puis à la suite des protestations de l’Allemagne, l’« escadrille des volontaires », enfin l’«escadrille La Fayette », le 6 décembre suivant. Mais l’insigne de la tête d’indien que l’on voit dans le film, est l’insigne «second genre » adoptée en février 1917 seulement, date à laquelle Parsons venait de rejoindre la 124. Grâce à lui, le film est plein de détails vrais. Ainsi, le commandant de l’escadrille qui est tué en combat s’appelle André de Laage. Une allusion transparente à l’adjoint du vrai commandant (capitaine Thénault) qui s’appelait Alfred de Laage de Meux et qui se tua dans un accident, en mai 1917. Pour les Américains, avant avril 1917, la seule solution pour combattre en France était effectivement de s’engager dans la Légion Etrangère, qui est évoquée dans le film. Le correspondant de guerre à l’escadrille n’est pas une invention et rappelle que la N124 avait été créée à grand renfort de publicité, et eut même l’honneur des actualités filmées. Chaque victoire d’un de ses membres était longuement relatée dans la presse française et américaine. Le pilote qui a peur de brûler vif dans son avion évoque la mort de Raoul Lufbery (janvier 1918) qui préféra sauter d’une hauteur de 300 mètres plutôt que de rôtir dans son cockpit. Dans le film, une bouteille de Bourbon, seule survivante d’une caisse mitraillée par les Allemands, est réservée aux pilotes ayant emporté une victoire, c’est la « bouteille de la mort ». Cette coutume fut effectivement instaurée après que Kiffin. Rockwell eut remporté la première victoire de l’escadrille, un biplace LVG, à proximité de Mulhouse, dans la matinée du 18 mai 1916. Informé de la nouvelle, son frère Paul qui travaillait à Paris, envoya à l'escadrille une bouteille de vieux Bourbon du Kentucky. Les pilotes décidèrent que seuls ceux qui obtiendraient une victoire auraient le privilège d'en déguster un petit verre.

Le « baron » qui « vole comme un ange, et tire comme un démon » fait penser inévitablement au baron Von Richthofen qui opérait dans le secteur de la Somme en avril 1917, et qui décima avec sa Jasta les escadrilles anglaises. Un pilote allemand prisonnier signale que le baron a déjà 32 victoires ce qui situerait la date au début de 1917; il aura 38 victoires fin mars 1917. Remarquons que von Richthofen se battit surtout contre les Anglais dans le Nord de la France où était basée la N124 dans le premier semestre 1917. Dans la Somme, les pilotes américains n’habitaient pas un château. A Cachy, ils étaient logés dans des baraquements ; à Ravenel, ils durent attendre dans des abris que leur cantonnement soit prêt, malgré un froid glacial. On retrouvera le même château, qui n’est qu’un décor, dans le film « Suzy ».(1936) de la MGM.

Dans ce film les Américains ne parlent que quelques mots d‘un français savoureux, alors que les Français parlent anglais avec un fort accent ; la belle Aimée ne parle, comme de juste, que français. Ceci contribue à donner au film une indéniable touche de vérité.  « Hell in the heavens » n’est pas un grand film, mais le thème traité, la peur et le courage au quotidien chez les pilotes, en temps de guerre, n’est pas inintéressant. Ce problème s’est posé à l’escadrille La Fayette, chez de jeunes hommes, pour la plupart élevés dans la sécurité et le confort, qui n’avaient jamais imaginé dans quelle aventure mortelle ils s’étaient engagés. A part quelques permissions à Paris pour se détendre, les pilotes étaient constamment en combat sur le front. Certains n’arrivaient pas à cacher leur peur et leur fatigue et cherchaient à éviter de voler ou de combattre. Ceci a causé de sérieux problèmes au sein de l’escadrille La Fayette, et certains des pilotes durent être chassés de l’unité.

 

Les avions du film :

Le tournage eut lieu sur le ranch des frères Russell, à Triunfo canyon (Thousand Oaks) où fut tourné, entre autres, « Dawn patrol ». (1930).

L’escadrille 124 vola jusqu’en juillet 1917 sur différends types de Nieuport dont des Nieuport Nie 28, très rapidement remplacés par des SPAD. L’armée française rejeta en effet cet appareil qui fut attribué aux nouvelles escadrilles américaines constituées en 1918 (94th, 95th, 145th, 147th Aero Squadron…). 

Les Nie 28 du film furent fournis par Garland Lincoln, qui entretenait la seule collection d’avions de la première guerre mondiale, disponible. Cinq « Nieuport 28 » (N4, N75W, N12237, N2539, N10415), furent utilisés pour le tournage dont trois étaient d’authentiques Nie 28 modifiés et remotorisés, et deux des répliques construites avec des ailes plus courtes, une dérive diminuée et un fuselage en tubes d’acier. C’est un des rares films où on peut admirer les évolutions d’un Nie 28, ou plus exactement d’un Garland Lincoln LF-1, à basse altitude, ces avions étant la plupart du temps utilisés pour les tournages au sol, seulement. Le reste des avions est constitué par six Travel Air (trois 3000, un B, un 12W, un 2000) jouant les méchants allemands,trois Waco (Deux INF et un RNF) sous couleur française, ainsi qu’un DH.9 (Engineering Division USD-9) et un Orenco F, surtout vus au sol. Il faut également ajouter un Curtiss Jenny détruit au sol. 

Le film utilise pour compléter les vues aériennes des extraits de « Hell’s angels » dont Howard Hughes avait des milliers de mètres à revendre. On remarquera ainsi le Sikorsky S-29A de ce film.

La décoration des avions français est sobre. En plus de l’insigne d’escadrille, on observe des lettres initiales sur le fuselage qui sont les insignes individuels : un W dans un Losange, lettres TM, ce qui est conforme à la coutume de l’époque. Les avions français sont équipés au lieu de Vickers, de mitrailleuses américaines Marlin avec une curieuse mise à feu au moyen d’une tige coudée, ce qui fait bricolage.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur https://ok.ru/video/

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