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TITANS DU CIEL

 

TITANS DU CIEL

Vo. Hell Divers

 

Année : 1931
Pays : Etats-Unis
Genre : Aventures
Durée : 1 h 53 min.
Noir et blanc

Réalisation : George W. Hill
Scénario : Harvey Gates, Malcolm Stuart Boylan
Histoire originale : Frank Wead

Acteurs principaux :
Wallace Beery (quartier maître H.W. 'Windy' Riker), Clark Gable (quartier-maître Steve Nelson), Conrad Nagel (D.W. 'Duke' Johnson), Dorothy Jordan (Ann Mitchell), Marjorie Rambeau (Mame Kelsey), Marie Prevost (Lulu Farnsworth), Cliff Edwards (Baldy), John Miljan (Lieutenant de vaisseau. Jack Griffin), Landers Stevens (l’Amiral), Reed Howes (lieutenant Fisher), Alan Roscoe (Commandant de l’ U.S.S Saratoga).

Photo : Harold Wenstrom, Harold Lipstein
Prises de vues aériennes : Charles A. Marshall
Producteur : George W. Hill
Compagnie productrice :Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)

Aéronefs :

  • Curtiss F8C-4 Helldivers
  • USS « Los Angeles », document.

 

Notre avis :

Depuis 1926, donc bien avant les Allemands et leurs fameux Stukas, les pilotes de l’US Navy maîtrisaient parfaitement le bombardement en piqué. Viser avec son avion était dans les années trente le seul moyen efficace pour toucher des cibles réduites et mobiles comme les navires. « Helldiver » (plongeur infernal!) est aussi le nom de deux bombardiers en piqué construits par la firme Curtiss, dont on voit ici le premier du nom. Le film sortit en Allemagne sous le titre de « Wolkenstürmer » ( les assaillants des nuages) et fut montré dans les écoles en 1933, pour justifier le réarmement et la construction d’une aviation forte. Aux Etats-Unis, il fut le départ de toute une série de films sur la Marine, comme «Devils dogs of the air » (1935), «Navy born » (1936), «Wings of the Navy » (1939) et «Dive bomber »(1941), montrant tous, que la Marine était prête à faire face, le cas échéant. Montrer sa force pour ne pas avoir en s’en servir, ne réussit pas toujours, comme les événements allaient le prouver.

Le scénario est basé sur une histoire de Frank « Spig » Wead, officier de Marine en retraite. Le film dédié « aux grands aviateurs de la Marine des Etats-Unis qui font face à la mort en temps de paix » a l’originalité de mettre en scène des sous-officiers et non des pilotes. L’histoire a pour toile de fond les opérations réelles d’une escadrille navale non moins réelle, la VF-1B (High Hat) équipée de Curtiss Helldivers, et basée à bord du porte avions USS « Saratoga » (CV-3).

Deux observateurs mitrailleurs de la VF-1B, Wendy et Steve, sont des camarades en perpétuelle compétition pour devenir le meilleur tireur de l’escadrille. Wendy est un bagarreur qui a souvent affaire à la police lors de ses virées en ville. Steve est un beau gosse plus réservé, qui a beaucoup de succès auprès des femmes. Le chef d’escadrille passe souvent l’éponge sur les frasques de Wendy car c’est l’un de ses meilleurs sous-officiers. Mais un jour, il est gravement blessé et doit prendre sa retraite, au grand dam de Wendy. Lors d’une escale à Panama, Wendy qui doit surveiller un chargement de bombes, abandonne son poste pour régler un différend avec Steve qu’il soupçonne de vouloir lui souffler sa petite amie, une patronne de bar. Ils en viennent aux mains, et Wendy est embarqué par la police. Il réussit à regagner son bord de justesse, mais il passe devant une commission de discipline qui le rétrograde au rang de simple matelot. Son poste est donné à Steve, ce qui n’arrange pas leurs relations. Lors d’un exercice en mer, l’avion de Steve se brise pendant un piqué et il doit sauter en parachute. Il tombe sur les rochers d’une île déserte et se casse une jambe. L’avion de Wendy se pose sur l’île, mais en voulant sauver Steve, le pilote se blesse gravement à la tête. Wendy se retrouve seul avec deux blessés. Les recherches lancées par le « Saratoga » ne donnent rien, car un brouillard dense s’est installé dans la zone. Wendy n’a d’autre solution que d’embarquer les blessés et de décoller lui même l’avion. Il réussit à retrouver le porte-avions mais s’écrase à l’atterrissage. Il meurt, mais Steve et le pilote sont sauvés. Son corps est immergé  alors qu’une formation ("missing man formation") de Helldivers survole le navire.

A part quelques maquettes, toutes les scènes aériennes furent effectuées par des pilotes de la Navy et photographiés par Charles Marshall un ancien instructeur de l’US Air Service. Marshall fit quinze piqués dans un Curtiss Helldiver pour obtenir les vues des bombardiers lors de leur attaque. Pendant onze semaines, il tourna des milliers de mètres de pellicule, mais la scène dure moins d’une minute à l’écran ! Des vues des Curtiss Helldivers furent prises sur le « Saratoga » à San Diego, à Panama, à Guantanamo et au dessus de la mer des Caraïbes. On remarquera la scène du passage du canal de Panama par le porte-avions qui occupe toute la largeur de l’écluse. Le 15 janvier 1929, le « Saratoga » avait quitté le port de San Diego pour participer à son premier exercice, le Fleet Problem IX, dans lequel il devait « attaquer » le canal de Panama. Une autre scène réelle est celle montrant le dirigeable « Los Angeles » (ZR-3) s’arrimant au pont du « Saratoga ». Cette première eut lieu un an auparavant, quand le dirigeable débarqua des passagers tout en se ravitaillant en carburant et en provisions, au large de Newport.

La Navy qui avait apporté sa totale collaboration au film ne censura qu’une scène où on voit des Helldivers apponter sur le « Saratoga ». Bien que l’on voit distinctement les crosses d’appontage des avions et les brins tendus en travers du pont, la censure militaire masqua les vues rapprochées du pont lorsque les avions sont arrêtés. Jusqu’en 1929, le pont du  « Saratoga » était équipé en plus de deux ou trois brins transversaux, de nombreux brins longitudinaux destinés à maintenir l’avion dans l’axe au moment de l’accrochage. L’expérience prouva qu’ils n’étaient pas nécessaires, et en septembre 1929, seuls les brins transversaux reliés à des freins hydrauliques furent conservés. C’est ce nouveau dispositif simplifié que les censeurs voulaient sans doute cacher. Les avions étaient en outre munis de freins (comme on peut le voir quand un pilote ayant freiné trop fort, et trop tôt, tord son hélice contre le pont); la béquille de queue avait aussi été remplacée par une roulette. On remarquera en outre, qu’il y avait deux batmen, un de chaque côté du pont, pour guider les avions en finale.

Aujourd’hui ce film est un brillant témoin des forces aéronavales américaines de l’époque. « Hell divers » reçut un bon accueil du public et reste un des meilleurs films d’aviation du début des années trente. Wallace Beery fut un des premiers acteurs d’Hollywood à obtenir sa licence de pilote ; il était lieutenant de vaisseau de réserve. Clark Gable, qui dans le film n’a pas sa célèbre moustache, tourna cinq films d’aviation après « Helldivers ». Il devait exercer ses talents de mitrailleur, pour de bon, en 1943, au dessus de la Rhur, comme capitaine de la 8th Air Force.

 

Les avions du film :

Sur la base de North Island, à San Diego, on aperçoit plusieurs chasseurs Boeing F4B-2 de la VF-6B. Cette escadrille du « Saratoga » fut une des premières à être équipées de ce type d’avion en 1931.

Dix huit Curtiss F8C-4 Helldivers de la VF-1B (dont les A-8425, A-8438) participèrent au tournage. Le A-8438 servit d’avion caméra pour filmer les décollages et les appontages sur le porte avions. Les Helldivers sont armés d’un jumelage de Lewis sur tourelle à l’arrière. On remarquera les quinze tours de manivelle nécessaires pour démarrer les 450 chevaux du Pratt et Whitney R-1340-88. Ces avions arrivèrent sur le « Saratoga » en 1930, donc peu avant le tournage. C’était des chasseurs biplaces qui furent transformés à bord, en bombardiers en piqué, avec quatre bombes de 52 kg. Mais dès 1931, ils étaient versés dans des unités de réserve ! Le film utilise plusieurs maquettes de cet avion pour les crashs.

L’escadrille VT-2B du « Saratoga » avait reçu en août 1928 des bombardiers torpilleurs triplaces Martin T4M-1, dont on voit deux exemplaires apponter de façon assez scabreuse. Enfin, on assiste à l’arrimage du dirigeable USS « Los Angeles » sur le « Saratoga », scène filmée en 1928.

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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