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ESCADRILLE PANTHERE

 

ESCADRILLE PANTHERE 

Vo. Men of the fighting lady

 

 

Année : 1955
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 19 min.
Genre : Drame
Couleur

Réalisateur : Andrew Marton
Scénario : Art Cohn
Histoire originale : Capitaine Harry A. Burns « The Case of the Blind Pilot » et James Michener « The Forgotten Heroes of Korea », articles parus dans The Saturday Evening Post (1952).

Acteurs principaux :
Van Johnson (Lieutenant Howard Thayer), Walter Pidgeon (Capitaine Kent Dowling),  Louis Calhern (James A. Michener), Dewey Martin (Enseigne Kenneth Schechter), Keenan Wynn (Lieutenant. Ted Dodson), Frank Lovejoy (Capitaine Paul Grayson), Robert Horton (Enseigne Neil Conovan), Bert Freed (Lieutenant. Andrew Szymanski), Lewis Martin (Capitaine Michael Coughlin), George Cooper (Cyril Roberts)

Musique : Miklós Rózsa
Photo : George J. Folsey  
Producteur : Henry Berman
Conseiller technique : Commandant Paul N. Gray, U.S.N.
Compagnie productrice : MGM

Aéronefs :

  • Douglas AD-1 Skyraider, dans un hangar
  • Grumman F9F-5 Panther
  • North American FJ-1 Fury, document.
  • Sikorsky HO3S

 

Notre avis :

Ce film dont le titre original est «Men of the fighting lady », ne doit pas être confondu avec « The fighting lady » (1944), un film documentaire de William Wyler sur le porte-avions USS Yorktown pendant la seconde guerre mondiale. « Escadrille Panthère » est centré sur une histoire réelle tirée d’un récit de Harry A. Burns intitulé « Le cas du pilote aveugle » et d’un article, « Les héros oubliés de la Corée » de l’écrivain James Michener, l’auteur du roman « Les ponts de Toko-Ri », dont le rôle est joué dans le film, par Louis Calhern.

Le film commence avec James Michener montant à bord d’un porte avion (dont le nom n’est cité) pour faire un reportage. Il est présenté au médecin de bord qui est en quelque sorte le confident des pilotes. Il raconte à Michener un conte de Noël qui a pour principal personnage, l’enseigne Schechter. Cette histoire commence par la description des missions qui consistent principalement à harceler le trafic ferroviaire nord coréen. Jour après jour, il faut revenir détruire ce que les Coréens ont reconstruit la nuit.. Le chef d’escadrille, le capitaine Grayson veut en finir à tout prix avec une certaine gare de triage, à Wonson. Il amène ses hommes à voler de plus en plus bas pour améliorer la précision de leur bombardement, ce qui entraîne aussi un taux de perte plus élevé. Les réactions de ses pilotes sont diverses, suivant leurs origines : militaires de carrière, jeunes recrues, vétéran de la dernière guerre ou simple réserviste. Un jour, Grayson est touché par la DCA, mais on réussit à le repêcher de justesse dans une eau glaciale. Un autre jour, un ancien qui commence à accuser son âge, épuisé par la mission, rate son appontage et se tue. Pour Noël, afin de maintenir le moral des pilotes, on leur projette un film où leurs familles restées au pays leur parlent et leur envoient leurs vœux.. A un moment, on voit une épouse s’adresser à son mari alors que celui-ci vient juste de se faire tuer.. Lors d’une autre mission de bombardement à basse altitude, l’enseigne Kenneth Schechter est grièvement blessé par la DCA, et c’est le Lieutenant Thayer qui le ramène vers le porte avion et l’aide à apponter, alors qu’il est à moitié aveugle. C’est sur cet exploit réel que le film, ou ce conte de Noël, se termine.

La scène principale du film est tirée d'un fait de guerre authentique survenu le 22 mars 1952 à l'enseigne de vaisseau Kenneth A. Schechter, lors du retour d'une mission d'attaque au sol sur Wonsan, non pas à bord d’un Panther, mais d'un Douglas AD-1 Skyraider de la flottille VF-194 (Yellow devils) stationnée sur le porte-avions USS Valley-Forge (CV-45). Il n’apponta pas sur le porte avions (un exercice qui demande la pleine possession de ses moyens) et se posa sur le ventre, juste derrière les lignes alliées, sur un petit terrain utilisé par les avions légers de l’Armée. L’attaque de la gare de triage de Wonsan rappelle l’ « Operation Strangle » et l’« Operation Saturate » visant à interdire tout trafic ferroviaire en Corée du nord, au début de 1952. Les Panther, Thunderjet, Skyraider, mais aussi Corsair, bombardaient de jour, alors que les B-29 intervenaient la nuit. Le résultat ne fut pas à la hauteur des espérances…D’autres personnages ayant existé apparaissent sous leur vrai nom, ainsi les lieutenants Andrew Szymanski et Howard Thayer. Le commandant Paul Gray, conseiller technique du film, a servi de modèle au Capitaine Paul « Cat »  Grayson.

Ce film ne comporte aucune histoire sentimentale, ni même aucun rôle féminin (ou si peu). Son thème est la dure expérience quotidienne des pilotes de jets qui partent en mission avec la crainte permanente de se faire descendre. Contrairement aux guerres actuelles, Koweït, Irak, lors de la guerre de Corée, comme pendant la seconde guerre mondiale, les pilotes de chasseurs bombardiers devaient encore attaquer à basse altitude pour avoir des chances de toucher des cibles réduites, ce qui les exposaient aux armes de tout calibre. Ce fut aussi la guerre où les jets firent leur début en intervenant massivement aux cotés des avions à hélice encore en service (Corsair, Skyraider, Mustang, B-26, B-29).

Parus un an avant, « Les ponts de Toko Ri » peuvent apparaître comme un meilleur film, mais la guerre y est montrée à travers une histoire émotionnelle. « Escadrille Panther » lui est supérieur dans la simple description de la vie réelle des pilotes de guerre, dans leur face à face solitaire avec la mort. Ce film montre aussi, que contrairement à la seconde guerre mondiale, le peuple américain n’était pas derrière ses pilotes, la guerre de Corée n’était pas une cause nationale ; quand ils allaient au combat, ils étaient seuls. Une solitude qu’ils rencontreront plus tard au Vietnam, et dans bien d’autres conflits ultérieurs !

Quelques scènes furent tournées à bord de porte-avions, principalement l’USS "Princeton" (CV-37) et l’USS "Oriskany" (CV-34); elles furent complétées par des films fournis par l’US Navy qui apporta sa pleine coopération au tournage. Des films de ciné-mitrailleuses datant en grande majorité de la seconde guerre mondiale et montrant des paysages japonais ou européens (un clocher typiquement germanique apparaît furtivement..) sont utilisés pour les scènes d’attaque au sol. Les séquences aériennes sont plus longues (40 minutes) que celles des « Ponts de Toko-Ri ». A sa sortie, le 7 mai 1954 à New-York, le film reçut un très bon accueil de la critique et fut un des films sur la guerre de Corée les plus réussis artistiquement et financièrement.

 

Les avions du film :

 Les avions que l’on peut voir ont été filmés sur deux porte avions, le "Princeton" et l’"Oriskany". Les plans sont souvent mélangés ; ainsi une vue de l’îlot de l’un, est associée avec le pont de l’autre. Un hélicoptère se pose sur l’"Oriskany", et redécolle du "Princeton", par un tour de passe-passe dont Hollywood a le secret !

 L’avion vedette est le Grumman F9F-5 Panther dont un exemplaire (Bu.No. 126172) accueille Michener, aux cotés d’un Douglas AD-1 Skyraider, dans le hangar du porte avions. Sur l’Oriskany, on assiste aux appontages et aux catapultages de plusieurs Panther de la VF-192 (Golden dragons-code B). Ces derniers appareils avaient déjà été vus dans « Les ponts de Toko-Ri ». La plupart des Panther appartiennent aux VF-191 ou 192. On en voit un seul de la VF-71 ou 72 (code L), basée sur l’USS Bonhomme Richard (CV-31) en 1952-1953.

Sur un document filmé avec un caméra montée dans la dérive de l’appareil, on voit  l’appontage d’un North American FJ-2 (seul l’arrière de la canopée et les ailes sont visibles) sur l’USS "Coral Sea" (CV-43), sans doute lors de ses essais de qualification. Plus tard, un autre North American d’un modèle plus ancien, un FJ-1 Fury de la VF-51, se vomit lamentablement sur le pont de l’USS "Boxer" (CV-21) en perdant l’aile gauche. Il est censé représenter l’atterrissage mouvementé de l’enseigne Schechter. Bien plus dramatique est l’appontage raté d’un Panther qui, se présentant trop bas, heurte le seuil de piste ; alors que l’avion s’embrase, le cockpit se détache et vient rouler jusqu’à l’îlot, avec le pilote à l’intérieur. Dans le film, le piloté est tué, mais la réalité dépasse souvent la fiction,  et le vrai pilote s’en sortit, secoué, mais indemne !

Un Sikorsky HO3S du squadron HU-1 (code UP) qui ne comportait que trois places, est chargé de repêcher les pilotes tombés à la mer. On doute qu’après avoir été recueilli dans l’eau glacée, le capitaine Grayson, resté accroché au treuil à l’extérieur, ait apprécié la promenade jusqu’au pont du porte-avions. Si la froideur de l’eau ne l’avait pas tué (ce qui arrivait souvent), cette ballade aurait dû l’achever !

 

 Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

 

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