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CONFLICT OF WINGS

 

 CONFLICT OF WINGS

 
 
Année : 1954
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 24 min.
Genre : Drame
Couleur

Réalisateur : John ELDRIDGE
Scénario : John PUDNEY, Don SHARP

Acteurs principaux :
ohn GREGSON (Bill Morris), Muriel PAVLOW (Sally), Kieron MOORE (Squadron Leader Parsons), Niall MacGINNIS (Harry Tilney), Harry FOWLER ('Buster'), Guy MIDDLETON (Adjudant), Sheila SWEET (Fanny Bates).

Musique : Philip GREEN
Photographie : Arthur GRANT, Moray GRANT
Producteur : Herbert MASON
Compagnie productrice : Group Three

Avions :

  • De Havilland F.B.5 Vampire
  • De Havilland Vampire T.11 , en arrière-plan
  • Gloster Meteor T.7
  • Supermarine Swift F.R.1

 

Notre avis :

En 1954, l'écologie n'était pas une préoccupation pour la plupart des gens et encore moins des états qui faisaient allègrement exploser des bombes atomiques bien sales dans l'atmosphère, alors que les usines polluaient à plein rendement pour cause de reconstruction…Mais déjà, les riverains des aéroports commençaient à se plaindre du bruit des avions, de plus en plus nombreux. Ici il s'agit d'une base de la RAF qui veut transformer une réserve d'oiseaux en champ de tir !

Basé sur une nouvelle du même nom, de Don Sharp, le film fut tourné en grande partie sur la base RAF de Leconfield (Norfolk). Paradoxalement, la RAF fournit sa pleine et entière collaboration à ce film où, a priori, elle ne tient pas le beau rôle…

L'histoire commence dans un petit village du Norfolk qui cohabite paisiblement avec une base de la RAF installée dans le voisinage. Des liens se tissent entre les aviateurs et les jeunes filles du village; ainsi, le caporal, Bill Morris, est tombé amoureux de la blonde Sally. Tout se passe bien jusqu'au jour où la RAF décide de transformer en terrain de tir un marais où se trouve une île, l'île aux Enfants, qui sert de lieu de reproduction à de nombreux oiseaux migrateurs. L'escadrille qui opère sur la base doit en effet être transformée en unité d'attaque au sol, avant d'être envoyée outre-mer, en opération. Sally s'insurge et prend la tête d'un mouvement de défense de l'île, auquel participent toutes les composantes de la petite société locale. Un pêcheur essaie bien de s'installer sur place, mais il est menacé d'être déménagé manu militari. L'attitude de Sally lui crée des problèmes avec Bill, partagé entre son devoir et ses sentiments, mais aussi avec le commandant de la base, le rigide Squadron Leader Parsons. Le terrain de tir est néanmoins aménagé. Le jour où les exercices de tir doivent commencer, Parsons fait plusieurs passes sur les cibles, en guise de repérage, mais la mouette que Sally avait apprivoisée se jette sur son avion et casse son pare-brise. La séance doit être interrompue, mais elle reprendra l'après midi. Cela laisse un peu de temps aux villageois pour s'organiser. Ils décident de prendre tous ensemble le chemin de l'île et de l'occuper. Quand les avions reviennent pour lancer leurs roquettes, les villageois font signe aux avions et ce n'est qu'au dernier moment que Parsons s'aperçoit de la situation et ordonne à sa section de faire demi-tour. Finalement, tout le monde, civils et militaires, se retrouve au pub devant une bière... L'île aux Enfants restera aux oiseaux et la RAF devra déménager sur une autre zone d'exercice. Quant à Sally, elle doit dire au revoir à Bill que le service appelle. Lui aussi a une île à sauver, l'Angleterre !

Ce film n'est pas seulement un film sur la défense de l'environnement. Il doit être replacé dans son époque, la guerre froide, avec en arrière fond, les conflits récents de Corée et de Malaisie où l'Angleterre était directement impliquée. L'intérêt particulier des villageois est en conflit avec l'intérêt supérieur de la nation, avec la Défense du territoire qui exige que la RAF soit toujours prête à faire face, en maintenant un haut niveau d'entraînement, comme l'explique d'ailleurs, le Squadron leader Parsons. Ce film qui fait de la propagande pour la RAF représente donc une exception, de par son scénario, dans l'après guerre. On est loin ici d'"Angel one five" (1951), des "Briseurs de barrage" (1955) ou de "Vainqueur du ciel" (1956). L'Information Division de l'Air Ministry prit un certain risque quant elle fut contactée par la production pour lui demander son aide... Cependant la promotion du film ne mit pas l'accent sur la préservation de l'environnement, mais plutôt sur la RAF, avec des slogans du genre : "Retrouvez la RAF en temps de paix, dans une aventure romantique à grande vitesse"…On remarque, en outre, que le héros du film n'est pas ici un pilote, comme d'habitude, mais un caporal qui est mécanicien, autrement dit, un "rampant"..

"Conflict of wings" reçut de bonnes critiques, et la plupart penchaient en faveur de la RAF et pas tellement des villageois. Virginia Graham du Spectator (02/04/54) écrivit ainsi :"Les gens qui apprécient le calme, agrémenté d'un petit chant d'oiseau, méritent notre sympathie, bien entendu, mais les temps changent et c'est seulement à l'abri d'ailes d'aluminium que l'Angleterre pourra construire son nid"… Bel exemple de pragmatisme anglo-saxon !

Ce petit film, servi par de bons acteurs, ne fit pas beaucoup d'entrées, les gens préféraient les films sur la RAF en guerre. Il plaira néanmoins aux aérocinéphiles, non pas tellement par son intrigue, assez banale, mais parce qu'il fut tourné avec des avions anglais, rares à l'écran. Il est en outre dans la tradition des films d'aviation britanniques, où tout est d'une grande authenticité. Ici, le réalisme est d'autant plus grand, que les avions et une partie des figurants, furent fournis par la RAF.

 

Les avions du films :

Les avions du film appartenaient à la Central Gunnery School de Leconfield, dont on voit la tour de contrôle (avec indication des pistes en service : 05/23), qui deviendra, en décembre 1954, la Fighter Weapons School.

Parsons atterrit au début du film avec un Gloster Meteor T.7 biplace, dont on peut apprécier, au passage, le bruit caractéristique des Rolls-Royce Derwent, ainsi que le sifflement des freins pneumatiques, au roulage…On remarque également la verrière qui s'ouvre d'un bloc vers la droite, façon Messerschmitt Me-262B et l'absence de siège éjectable. On aperçoit, en arrière plan, plusieurs chasseurs Gloster Meteor F.8, dans les hangars et sur le tarmac. Le film se termine sur un défilé de seize Gloster Meteor, filmés non pas à Leconfield, mais à Horsham St. Faith.

Mais l'avion principal du film est le De Havilland F.B.5 Vampire, filmé dans les airs comme au sol, et de très prés, ce qui permet d'observer une foule de détails (portes de visite, stencils..). C'est un véritable régal pour les amoureux du Vampire, comme pour les maquettistes. On voit ainsi que le F.B.5 n'est pas équipé de siège éjectable et que la verrière s'ouvre au moyen d'une manivelle, située à droite du cockpit. L'équipement du pilote dans ce jet non pressurisé, date aussi de la dernière guerre : casque en cuir type C, lunettes Mk.VIII, masque à oxygène type H, Mae West model 41…

Le film rappelle aussi que le petit Vampire était un chasseur-bombardier pouvant emmener une tonne de bombes et de roquettes, des RP-3 (Rocket Projectile 3 inch), comme celles que les armuriers fixent sous les ailes (entre le fuselage et le train). Les Vampires intervinrent ainsi, au début des années 50, contre les insurgés communistes malaisiens.

 Plusieurs Vampire, au sol, sont bien identifiables :

  • -Le VV624, livré en février 1949 et détruit en septembre 1956 après un atterrissage sur le ventre, alors qu'il appartenait à la 5 Flying Training School d'Oakington depuis juin 1954.L'avion fut ferraillé au.19 MU de St. Athan, le 26 février 1959.
  • -Le VZ150, livré en octobre 1949 et ferraillé en juin 1960 à St Athan.
  • -Le WA229, livré en octobre 1950 et rayé des effectifs en décembre 1958.
  • -Le WA231, livré en cotobre1950 et détruit par accident en janvier 1957, alors qu'il opérait au sein de la 5 Flying Training School d'Oakington.
  • -Le WA285, livré en décembre 1950 et détruit par accident en juin 1956, à Anglesey, alors qu'il appartenait à la 7 Flying Training School.

Dans un hangar et sur le tarmac, on voit également un De Havilland Vampire T.11 (WZ424), un des premiers exemplaires de série de la version biplace côte à côte du Vampire. Pris en charge par la RAF en septembre 1952, il sera ferraillé en octobre 1960 à Shawbury. Ce type d'avion remplaça le Gloster Meteor T.7 dans les écoles.

Deux Supermarine Swift F.R.1 (avec cloisons d'ailes) sans aucune marque, à part leurs insignes de nationalité, sont accueillis par le commandant de la base, après qu'ils aient passé le mur du son. La RAF nous présente ainsi son premier chasseur à aile en flèche dont le premier exemplaire de série avait fait son premier vol en mars 1953, mais le Swift ne sera mis en service qu'en février 1954. Cet avion, qui ne fut pas une réussite, était supersonique en léger piqué. Rappelons que le second prototype, le "VV119", fut la vedette du film "Le mur du son" en 1952. On remarque que l'équipement du pilote est un peu plus évolué que sur le Vampire, avec un casque rigide Mk.1, des lunettes US type B8 et un gilet de sauvetage gonflable Frankenstein.

A la fin du film, derrière les Vampire qui roulent sur le tarmac, on aperçoit, au coin d'un hangar, un Avro Lincoln. Ce type de quadrimoteur était utilisé par la Central Gunnery School pour l'entraînement des mitrailleurs.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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