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CONE OF SILENCE

 

CONE OF SILENCE

 

Année : 1960
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 28 min.
Genre: Drama
Noir et blanc 

Réalisateur : Charles Frend
Scénario : Robert Westerby
Histoire originale : roman de David Beaty « Cone of silence » (1958)
 

Principaux acteurs :
Michael Craig (Commandant Hugh Dallas), Bernard Lee (Commandant George Gort), Peter Cushing (Commandant Clive Judd), George Sanders (Sir Arnold Hobbes), Elizabeth Seal (Charlotte Gort), André Morell (Commandant. Edward Manningham), Gordon Jackson (Commandant Bateson), Delphi Lawrence (Joyce Mitchell), Noel Willman (Nigel Pickering), Charles 'Bud' Tingwell (Commandant Braddock)

Musique : Gerard Schurmann
Photo : Arthur Grant
Producteur : Aubrey Baring
Compagnie productrice : Aubrey Baring Productions

Avions :

  • Avro 706 Ashton Mk.III 

 

Notre avis :

Le titre alternatif du film, « Trouble in the sky », est plus explicatif que le titre principal. Un « cône de silence » ou d’ incertitude, est l’espace en forme de cône renversé situé à la verticale d’une balise VOR, la largeur de cet espace augmentant avec l’altitude. Cependant le sujet du film n’est pas la navigation aux instruments, mais plutôt les problèmes rencontrés par la mise en service des premiers jets de transport, en l’occurrence, du De Havilland Comet mis en service, un peu hâtivement, en mai 1952.

Le scénario est basé sur le livre de David Beaty qui s’inspirait d’événements réels. En octobre 1952, un des tout nouveaux jets de la BOAC était accidenté à Rome-Ciampino au décollage. L’enquête conclut que le pilote avait levé le nez de l’avion trop haut lors de la rotation, ce qui avait eu pour effet de faire perdre à l’aile une grande partie de sa portance; il fut donc accusé du crash et muté sur des avions cargo à hélices. L’année suivante, un autre Comet lors d’un vol de livraison à Canadian Pacific Airlines, s’écrasa en décollant de Karachi, dans les mêmes circonstances, mais on eut à déplorer onze morts. Cette fois-ci, l’enquête ne retint plus la responsabilité du pilote, mais un défaut dans le dessin de l’aile ! Le Comet connaîtra d’autres accidents, plus graves, avec d’autres causes…

Un pilote de transport âgé et très chevronné, George Gort, est impliqué dans un accident inhabituel alors qu’il décolle sur un nouvel avion à réacteur, le « Phoenix ». Devant une commission d’enquête, il est reconnu responsable alors qu’il pilote strictement suivant les instructions du constructeur. Sa fille Charlotte est révoltée. Néanmoins, après un contrôle très satisfaisant avec le commandant Dallas, le chef instructeur de la compagnie « British Empire Airways », il est autorisé à voler sur le même type d’appareil. Ceci n’empêche pas le chef pilote, le commandant Judd, de penser que Gort est trop âgé pour piloter ces nouveaux appareils. Il apprend en outre, que le commandant Dallas serait l’ami de la fille de Gort ; de là à penser qu’il est trop indulgent avec son père, il n’y a qu’un pas. Judd décide de contrôler lui même Gort. A Karachi, il fait le décollage et laisse Gort atterrir à Calcutta, sur une piste très courte. Après l’atterrissage, les mécaniciens ramènent à Judd des branches accrochées dans le train d’atterrissage ! De retour en Angleterre, Judd fait part au chef d’exploitation de l’incident en exhibant les branches, preuves d’un atterrissage trop bas. Un nouveau contrôle effectué par un autre instructeur que Dallas est décidé, mais Gort est déjà reparti. A Karachi, Gort ne réussit pas à décoller ; l’avion sort de la piste et s’enflamme. Gort est tué. Lors de la nouvelle enquête, il est tout naturellement de nouveau accusé, d’autant que le représentant de la compagnie au Pakistan, témoigne que le commandant Gort était le seul à lever très tôt le nez de l’appareil, au décollage. Mais Dallas n’est pas convaincu. Il trouve que le branches accrochées au train du « Phoenix » proviennent non pas de Calcutta, mais de Karachi, et que c’est Judd qui a fait un décollage trop bas et a failli se crasher ! Les instructions de vol, notamment la vitesse de rotation, seraient en cause. L’ingénieur du constructeur « Atlas aviation » est assez réticent à revoir ses calculs, mais sur l’insistance de Dallas, il finit par trouver que la vitesse de rotation prescrite est effectivement trop faible et qu’il convient de l’augmenter de huit nœuds ! Dallas apprend aussi que seul Gort appliquait à la lettre les paramètres édictés par le constructeur ; les autres pilotes pilotaient au feeling, et maintenaient la roulette de nez au sol plus longtemps que prévu par les instructions ! Le commandant Gort sera réhabilité, à la grande joie de Charlotte.

Ce film est de la même veine que «Le voyage fantastique » (1951) qui évoque un problème qui sera fatal au Comet : la résistance des métaux à haute altitude, et que «Le crash mystérieux » (1964) où un pilote accusé injustement d’un accident ne sera blanchi qu’après une enquête minutieuse. On remarquera que le « Phoenix » (un nom qui a l’écran semble désigner des avions qui volent mal...), comme le Comet, a fait ses essais à Khartoum et qu’il est accidenté au décollage à Karachi. Mais contrairement au film et au livre, le problème était plus grave qu’une simple erreur dans les instructions techniques concernant la vitesse de décollage. Il fallut revoir entièrement le profil de l’aile du Comet, notamment au niveau du bord d’attaque.

Ce film peu connu montre en outre, qu’il y a déjà cinquante ans, on avait bien compris l‘imbrication des intérêts entre fabricants d’avions et compagnies aériennes; les premiers pressés de mettre sur le marché de nouveaux appareils pour récupérer les sommes énormes qu’ils ont dépensées pour leur développement, et les secondes, pressées d’exploiter ces nouveaux appareils plus rentables, qui participent également à leur publicité, tout cela parfois, aux dépens de la sécurité des passagers. Mais quand il y a un crash, on incrimine d’abord le pilote. Rien n’a beaucoup changé depuis, si ce n’est que les avions mis en service sont mieux étudiés, et donc plus sûrs. Il reste que c’est lors de leur exploitation qu’on découvre des problèmes qu’aucun ordinateur, si puissant soit-il, n’est capable de prévoir. Les techniques d’enquête ont beaucoup évolué également et sont désormais tout à fait capables de déterminer les responsabilités réelles, encore faut-il que les autorités chargées de l’enquête en aient la volonté, et que la politique ne s’en mêle pas…

 

Les avions du film :

L’Atlas Aviation « Phoenix » est un rare Avro 706 Ashton Mk. 3 (WB493) construit en 1951 pour effectuer des essais à haute altitude. En 1955, il servit de banc d’essai pour le motoriste Bristol Siddeley (qui fait partie de Rolls-Royce actuellement) et fut équipé de deux réacteurs Bristol Olympus en plus de ses quatre Rolls-Royce Nene. Cet avion expérimental était destiné à faire toutes sortes d’essais, comme les cinq autres appareils du même type. On voit l’avion au sol, parfois de très près, et en vol. Une maquette est également utilisée pour les scènes de nuit.

L’avion reçoit dans le film plusieurs immatriculations, G-AKVF/VE/VM...Ces matricules correspondaient à de petits monomoteurs à empennage bi-dérive, des Chrislea CH.3 Ace. Les Avro 706 ne portèrent jamais de matricules civils, car ils appartenaient au Ministry of Supply.

En arrière plan, sur certaines images d’aéroports, on a un aperçu des avions de ligne à la fin des années cinquante  : Douglas DC-7, Vickers Vanguard, Vickers Viscount, Convair CV-340, Bristol Britannia et un Boeing 707 de Quantas.

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

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