Rechercher dans ce blog

TOP GUN

 

TOP GUN

 

Année : 1986
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 50 min
Genre : Action
Couleur

Réalisateur : Tony SCOTT
Scénario : Ehud YONAY , Jim CASH

Acteurs principaux :
Tom CRUISE (Maverick), Kelly McGILLIS (Charlie), Val KILMER
( Iceman), Anthony EDWARDS (Goose), Tom SKERRITT (Viper), Michael IRONSIDE (Jester), John STOCKWELL (Cougar), Barry TUBB (Wolfman), Rick ROSSOVICH (Slider)

Musique : Harold FALTERMEYER
Photographie : Jeffrey L. KIMBALL

Producteur : Jerry BRUCKHEIMER, Don SIMPSON
Compagnie productrice : Paramoun

Aéronefs :

  • -Douglas C-9B Skytrain II
  • -Douglas A-4F Skyhawk
  • -Grumman F-14A Tomcat
  • -Northrop T-38A Talon
  • -Sikorsky HH-3F Pelican

                

 Notre avis :

 L'idée de "Top Gun" vint aux producteurs après avoir lu un reportage publié dans un magazine californien, sur un pilote de F-14 et de son RIO (Radar Intercept Officer) à la "Fighter Weapons School" de la Marine, appelée plus simplement "Top gun" et située sur la base de Miramar, alias "Fightertown", au nord de San Diego. Cette école, fermée en 1996, était facile à repérer avec ses A-4 et F-5 frappés de l'étoile soviétique, intervenant dans un programme de formation de cinq semaines. Elle fut crée à la suite des déboires des aviateurs américains au Vietnam. Dans les premières années de la guerre, on enregistra trois avions vietnamiens abattus pour un avion américain. Pendant la guerre de Corée, le ratio avait été de dix sept à un. Rappelons que sur un avion comme le F-4 Phantom, les stratèges avaient d'abord fait débarquer les canons, pour faire une confiance aveugle aux missiles (pas encore très performants)… Aussi, en 1968, les meilleurs instructeurs de la VF-121 furent chargés de mettre sur pied une formation destinée à relever le niveau, en mettant l'accent sur le bon vieux "dogfight", que les pilotes vietnamiens, formés à l'ancienne, par les Russes, connaissaient bien. Le résultat de cet entraînement au "Air combat maneuvering" (ACM), furent assez spectaculaires, puisque dans la seconde moitié du conflit, la Navy compta douze  avions nord vietnamiens abattus pour un seul avion américain.

 Ce film disposa de très gros moyens et de l'entière collaboration de l'US Navy qui participa au tournage avec quatre escadrilles de F-14, les A-4 et F-5 de la "Navy Fighter Weapons School", trois porte-avions de la flotte du Pacifique, auxquels il faut ajouter un budget de 25 millions de dollars…A l'exception de "The final countdown" (1980), "Top gun" fut le seul film contemporain à recevoir la collaboration de l'aéronavale américaine, depuis "Les ponts de Toko Ri" (1954) de la même compagnie, la Paramount. On se rappellera d'autres films mettant en valeur l'aviation de la Marine, comme "Hell divers" (1931), "Devil dogs of the air" (1935), "Wings of the Navy" (1939), "Dive bomber" (1941) ou "Flight command" (1940). L'histoire de "Top gun" a d'ailleurs à peu près la même trame : un jeune pilote s'engage pour montrer ce dont il est capable dans un cockpit. Sa fougue et son enthousiasme doivent se conformer aux règles strictes du service pour devenir un pilote de chasse accompli, le plus souvent à bord d'un porte-avions lors de manœuvres en mer.

 Avant de commencer le tournage, le scénario dut être approuvé par le Pentagone. La Navy nomma un officier comme conseiller technique, un ancien instructeur de "Top Gun". Le principal personnage féminin fut copié sur Christine Fox, une civile employée au "Centre for Naval Analyses", spécialiste des combats aériens en milieu maritime. La révision du script terminée, le tournage commença le 26 juin 1985 à Oceanside (Ca.) Le 29 juin, l'équipe de tournage se déplaça à Miramar où elle devait rester plusieurs semaines. Des pilotes de Miramar reçurent de petits rôles dans le film. Les acteurs furent souvent perturbés par le bruit assourdissant des jets décollant, post combustion allumée. Vers la mi-juillet la majorité de l'équipe de tournage rejoignit le porte-avions USS "Ranger" (CV-61) pour filmer les scènes se passant à l'intérieur du navire. Début août, le tournage commença sur l'USS "Entreprise" (CV-65) croisant au large de San Diego. Puis, on filma les séquences aériennes à Miramar, la partie la plus délicate du film.

 Le plus gros problème pour les prises de vues aériennes, était constitué par l'espace de manoeuvre des jets qui n'avait rien à voir avec celui des avions à hélice utilisés dans les anciens films d'aviation. Un combat "rapproché" en jet se déroule à au moins 800 mètres de distance. Un dog fight de jets se déroule donc dans un vaste morceau de ciel. Ce qui pouvait être filmé et ce qui ne pouvait pas l'être, fut déterminé par un grand spécialiste des tournages aériens, Clay Lacy. Il employa un de ses quatre Learjet équipés du système Astrovision composé de trois cameras télécommandées. Beaucoup de ses 35.000 heures de vols, furent consacrées au tournage de plus de cent productions de télé et au moins trente films. Le problème était que le réalisateur n'avait jamais fait de film d'aviation et qu'il était difficile pour lui de s'en tenir aux limites de champ des caméras aéroportées. En outre, les évolutions très rapproches demandées aux pilotes étaient inhabituelles pour eux. Des F-14 furent aussi équipés de caméras fixées sur les pylônes des missiles Phoenix ou sous les ailes. Une tour fut érigée sur la base navale de Fallon pour filmer les scènes montrant des avions volant à basse altitude (comme pour "Hell's angels" !).

 Le tournage fut endeuillé par la mort du pilote cascadeur Art Scholl qui ne put se sortir d'une vrille à plat et s'abîma dans le Pacifique avec son Pitts. Le film est dédié à sa mémoire.

 L'histoire est centrée sur Pete Mitchell, le fils d'un pilote de chasse tué au Vietnam. Pete, code radio "Maverick", est un jeune pilote plein d'avenir affecté sur un porte-avions dans l'océan Indien. Son meilleur ami est son navigateur, l'opérateur radar, Nick Bradshaw, alias "Goose". Un jour, Pete réussit avec son coéquipier "Cougar" à éloigner deux avions hostiles qui se rapprochaient de leur porte-avions. Mais Cougar a été secoué par l'interception et craque. C'est grâce à Pete qu'il peut apponter avec succès. Le commandant de bord, après cet exploit, décide de l'envoyer à l'école Top gun de Miramar, où il pourra se mesurer à la crème des pilotes de la Marine. Le chef de la formation y est le commandant Mike Metcalf qui a bien connu le père de Maverick, au Vietnam. Il y aussi le professeur de tactique, spécialisé dans les chasseurs russes, la jolie Charlotte Blackwood, dont il tombe amoureux. Celle ci est fascinée par ses qualités de pilote et par son allant. Cependant, trop sûr de lui, il s'attire l'inimitié de ses camarades, dont Tom Kasanzky, alias "Iceman", un des prétendants au titre de meilleur "top gun" de la promotion. Lors d'un exercice, Pete et Nick doivent s'éjecter au dessus de la mer après l'extinction d'un de leurs réacteurs. Nick est tué et Maverick reste inconsolable. Il perd ses repères et veut démissionner. Même Charlotte n'arrive pas à lui remonter le moral et préfère le quitter. C'est le commandant Metcalf qui parvient à le remettre en selle, mais il n'a pas encore retrouvé tout son punch. Alors que Tom a remporté la coupe "Top gun", Pete est réaffecté avec lui sur son porte-avions dans l'océan Indien. Un jour, des avions inconnus s'approchent dangereusement du navire et Tom est envoyé en reconnaissance. Il tombe sur six Mig-28 hostiles ! Alors qu'il commence à être débordé, on envoie Pete à son secours. Après un moment de doute, ce dernier reprend ses esprits et abat un Mig-28. Tom est touché, mais trois autres Mig rejoignent le premier ! A leur retour sur le porte avions, Maverick est accueilli en héros. Ayant retrouvé la paix intérieure, il demande à être instructeur à Top Gun. Il y retrouve Charlotte qui l'attendait…

 "Top Gun" est dans la tradition des films d'aviation classique dont il reprend un certain nombre de poncifs : le pilote marié qui se tue en laissant derrière lui veuve et enfants, le coéquipier qui se sent responsable de la mort de son camarade et qui perd les pédales, le jeune pilote un peu fou qui enfreint les règles en "buzzant" la tour de contrôle, etc.. Seule entorse au genre, il n'y pas de triangle amoureux. Le beau Tom ne dispute à Pete que la coupe Top Gun (qui n'existe pas), mais pas la jolie Charlotte…Certaines scènes en rappellent d'autres, vues dans des films antérieurs, comme celle où Maverick aide à apponter Cougar, et qui se trouvait déjà dans "Escadrille Panthère" (1954).

 Le dogfight final est inspirée par l'"incident" du 19 août 1981, où deux F-14 furent engagés dans le golfe de Syrte par deux Sukhoi Su-22 libyens qui furent abattus par des Sidewinder. Le 4 janvier 1989, le même incident se répétera dans le même secteur, quand deux F-14 seront menacés par quatre Mig-23 Flogger libyens. Deux Mig furent descendus par des missiles Sidewinder et Sparrow, à une distance comprise entre 3 et 18 km. Notons que deux Sparrow tirés auparavant à une distance de 20 à 26 km, manquèrent leur cible.

 Ces faits rappellent que la scène finale du film où deux Tomcat affrontent six "Mig-28" est totalement inexacte. Le F-14 était capable d'engager six cibles à la fois, en distinguant les amis des ennemis. Aussi, quand on voit les avions se suivre à quelques dizaines de mètres, Pete devant s'occuper des cibles, une par une, on assiste à un combat de la seconde guerre mondiale, digne de la Bataille d'Angleterre ! Les F-14 lancent des AIM-9 Sidewinder (portée maxi 18 km) et AIM-7 Sparrow (portée maxi 50 km) qui sont totalement inefficaces à moins de 1500 mètres. Les F-14 auraient donc dû combattre uniquement au canon à cette portée. Maverick se montre très peu comptable de l'argent du contribuable…Les Mig-28 sont annoncés comme armés d'Exocet (français), entre autres, alors que dans le film, les avions ennemis sont armés de deux Sidewinder en bout d'ailes. Rappelons que l'Exocet, un missile anti navire, mesure 4,7 mètres de long contre 2,8 mètres pour le Sidewinder, et qu'on ne peut les confondre; il est en outre, vu son poids et sa taille, emporté sous les ailes et pas en bout).

 La Marine n'autorisa que le tir de deux vrais missiles d'exercice (Sidewinder avec bande bleue, au lieu de jaune). Les autres missiles sont des maquettes réalisées par les spécialistes des effets spéciaux.

 Le film est ainsi plein d'erreurs plus moins grossières, volontaires ou involontaires, dans l'intérêt du spectacle. Si l'armement réel du F-14 est très mal présenté et utilisé, on doit ajouter qu'un F-14 disposait de leurres contre les missiles à guidage infra rouge ou radar, que Tom n'utilise jamais. On voit un peu trop souvent, les F-14 avec leurs ailes déployés, alors qu'en attaque, on passe à la vitesse supérieure, les ailes étant alors totalement repliées. Les sièges éjectables (MBU GRU-8 ) ont encore leurs goupilles de sécurité quand l'avion est en l'air. "Iceman" et "Dlider" portent les insignes de la VA-25 (actuellement VFA-25 "Fist of the fleet"), mais la VA-25 n'a jamais volé sur F-14, seulement sur des A-7 Corsair et F/A-18 Hornet, etc…L'aérocinéphile familier du F-14 et de l'US Navy, s'amusera à retrouver ces "bugs".

 Malgré cela, Top Gun connut un immense succès et se classa à la tête du box office. Grâce à une action soutenue, entrecoupée de scènes plus intimistes, le tout sur un fond sonore propre à plaire aux jeunes ("Take My Breath Away" interprété par le groupe Berlin), il fit beaucoup pour le recrutement de l'US Navy, certains directeurs de salles allant jusqu'à accueillir les sergents recruteurs dans leurs locaux…La Navy ne regretta donc pas sa collaboration avec Hollywood, comme d'habitude.

 Cependant, les scènes aériennes, malgré leur qualité, laisseront les puristes quelque peu insatisfaits. Bien que les pilotes soient incités par un officier à se comporter comme s'ils étaient en guerre, il manque dans le film ce surcroît d'adrénaline, comme dans des films tels que "Wings" ou "Command decision"; la scène finale contre des ennemis mal identifiés, ne suffit pas à la fournir. En outre, la guerre moderne a tendance à faire passer l'homme au second plan, le pilote se contentant souvent de verrouiller le missile sur une "cible" qu'il ne voit que sur son "scope" (depuis le Vietnam les missiles air-air ont fait d'énormes progrès), puis de les lancer avant de dégager. Le scénario de "Top Gun" n'est pas plus mauvais que celui de "Wings", mais les évolutions des trapanelles de l'époque, faites de bois, de toile et d'un peu d'acier, montraient mieux la fragilité de l'homme dans d'authentiques corps à corps, au milieu des nuages. Ce fut d'ailleurs le challenge du réalisateur (et du photographe Clay Lacy) que de faire se comporter des engins supersoniques bourrés d'électronique, comme des SPAD ou des Fokker !

 Néanmoins, qu'on l'aime ou pas, ce film restera dans les annales du cinéma comme le plus grand air epic de la seconde moitié du XX° siècle. Un authentique film "culte".

   

Les avions du film :

 L'avion vedette de "Top gun" est le Grumman F-14 "Tomcat". On en voit une grande quantité qui apparaissent au sol à Miramar, dans les airs ou sur un porte avions.

 A Miramar, le tournage impliqua les Grumman F-14A de la de la VF-1 "Wolf Pack" (tail code NE), de la VF-51 "Screaming eagles" (tail code NL) et de la VF-111 "Sun downvers" (tail code NL). Sur l'USS "Enterprise", on filma les F-14 de la VF-114 "Aardvacks" (tail code NH), de la VF-213 "Black lion" (tail code NH). Plusieurs de ces avions fut ornés d'emblèmes fictifs sur leur dérive, pour représenter celui de l'escadrille de Maverick, la "VF-1", un aigle en piqué et celle d'Iceman, la "VF-213", un poing brandissant un éclair.

 A L'école de Miramar, les agresseurs sont des Douglas A-4F Skyhawk (alias Scooter) destinés à simuler les Mig-17 et des Northrop T-38A "Talon" empruntés à l'USAF, pour simuler le Mig-21. Ces derniers, un peu justes dans leur rôle, furent remplacés par des Northrop F-5E/F Tiger. Trois de ces derniers avions et un Talon, furent entièrement peints en noir pour jouer les Mig-28 (à Hollywood, les méchants ont toujours des avions noirs, depuis "Hell's angels" en 1930 !). Ces avions, sans nom de code OTAN, frappés de l'étoile rouge, sont d'un pays indéterminé, équipé par l'URSS, donnant sur l'océan Indien…Il n'y eut jamais de Mig-28, puisqu'on passa directement du Mig-27 au Mig-29.

 Le vétéran du Vietnam et président de la société "Jet Hangar Hobbies", Larry Wolfe, fut chargé d'exécuter des maquettes de F-14 et F-5  au 1/10° qui apparaissent brièvement dans le film.

 Se faufilant, si on peut dire, au milieu de ces appareils guerriers, on peut apercevoir au sol, un Douglas C-9B Skytrain II de la Navy, d'où descend la famille de Nick, et un Boeing 727-200 d'American Airlines.

 Maverick et Nick son retirés de l'eau par l'équipage d'un Sikorsky HH-3F Pelican (s/n 1467) des Gardes Côtes de San Diego. A la fin du film, c'est un Sikorsky SH-3A (BuNo. 14 9894). qui repêche Iceman et son RIO.

 Enfin l'avion caméra de Clay Lacy était son Learjet 25 (N564CL). L'équipe des cameramen utilisa aussi un hélicoptère Bell 206 JetRanger, pour filmer certaines scènes, comme celle du repêchage de Maverick.

  

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes