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CHEONG YEON

CHEONG YEON

(L’hirondelle bleue)
 
 
Année: 2005
Pays: Corée du sud
Durée: 2 h 13 min.
Genre: biographie
Couleur
 
Réalisateur: Yun Jong-chan
Scénario: Yun Jong-chan

Principaux acteurs :
Jin-Young Jang (Park Kyung-Won), Ju-hyuk Kim (Han Ji-Hyeok), Yuko Fuek. (Masako Kibe), Ji-min Han (Lee Jeong-Heui), Takeo Nakahara (le ministre des Affaires étrangères), Tôru Nakamura (l’instructeur)
 

Photographie : Yun Hong-shik
Musique : Michael Staudacher
Producteur : Kim Jae-young
Compagnie distributrice : Korea Pictures

Avions :

  • Boeing Stearman PT-13
  •  

    Notre avis:

    Très tôt, le sexe dit « faible » fut attiré par la conquête des airs, et ce, dans tous les pays, non seulement en Europe, en Amérique, mais aussi en Asie, où les mœurs étaient restées très traditionnelles, et où l’homme régnait sans aucun partage. L’aviation y fut, sinon un moyen de libération de la femme, du moins, de certaines femmes. On se rappellera de Tadashi Hodyo qui dut affronter la désapprobation de la société japonaise avant d’obtenir sa licence de pilote, en 1922. En Corée, Park Kyung-Won fut une des premières aviatrices de ce pays, et «Cheong Yeon » nous offre l’histoire (très) romancée de sa vie.

    Tout commence à la campagne, dans une Corée occupée par le Japon (1910). Park est maltraitée par son père qui lui interdit d’aller à l’école, pour mieux la mettre au travail ; mais elle ne rêve que de voler après avoir vu un avion se poser dans un champ. Soudainement, on la retrouve en 1925, inscrite à l’académie aéronautique de Tachikawa, au Japon. Elle y est traitée de la même façon que les autres pilotes masculins et y subit un entraînement très éprouvant. Pour gagner sa vie, elle travaille comme mécanicienne à la compagnie de taxi locale. Un jour, elle doit conduire un client d’origine coréenne, Isida (son nom japonais). Ils sympathisent, mais le père d’Isida, un riche homme d’affaires, fait engager son fils dans l’armée japonaise. Après quatre ans de dure formation, Kyung-Won obtient sa licence de pilote. Elle participe à plusieurs meetings aériens où elle se montre égale, voire supérieure, à ses camarades masculins. Elle retrouve Isida devenu officier, chargé du service météorologique de la base aérienne de Tachikawa. Lors d’un grand meeting où doivent s‘affronter les principales écoles du pays, le directeur de l’école de Tachikawa choisit une aviatrice japonaise, Kibe, amie du ministre des Affaires étrangères, pour représenter l’école, malgré les protestations de Kyung-Won. Les résultats de l’école seront vitaux pour son avenir. Mais lors d’un entraînement, Kibe est accidentée suite à une panne moteur ; elle est secourue par Kyung-Won qui l’emmène à l’hôpital. Le directeur décide alors de faire concourir à sa place Kyung-Won qui remporte le tournoi. Elle projette de s’attaquer à un vol à longue distance. Mais les fonds se font rares et ses compatriotes coréens la boudent. Le père d’Isida est devenu un homme politique influent, ami des Japonais. Un jour que les membres du congrès coréen visitent la base de Tachikawa, le père d’Isida est abattu, ainsi que des officiers japonais, par un nationaliste coréen. Isida est immédiatement arrêté par la police militaire et soupçonné de complicité. Kyung-Won est également incarcérée et torturée. Elle est libérée grâce à l’intervention de sa collègue japonaise, Kibe. Mais elle doit montrer sa loyauté en entreprenant un «vol d’amitié » entre le Japon, la Corée et la Manchourie que le Japon vient d’envahir (1931). Son ami Isida condamné par une court martiale, est fusillé. Les militaires commencent à prendre en main toutes les écoles d’aviation civiles, et après le 9 août 1933, tous les vols civils seront interdits. Aussi, Kyung-Won décolle t’elle le 7 août, pour la Corée, dans son avion baptisé « l’hirondelle bleue », en emmenant les cendres d’Isida. Elle entre dans le mauvais, temps et, malgré les ordres de Tokyo lui intimant de faire demi tour, elle continue. Elle désire en fait quitter le Japon. Alors qu’elle lutte contre les éléments, elle heurte le flanc d’une montagne.

    Si on ne connaît pas les amours de Park Kyung-Won, on sait qu’elle naquit en 1901 à Daegu (Corée) dans une famille aisée, et non dans une ferme ! Elle fut scolarisée dans un école de filles tenue par des missionnaires presbytériens américains. Elle partit en 1917 au Japon où elle suivit les cours d’une école technique à Yokohama ; c’est à cette époque, qu’elle se convertit au catholicisme. En 1920, elle retourne à Daegu pour gagner sa vie comme infirmière. En 1925, elle repart au Japon et entre dans une école d’aviation à Kamata (Tokyo). Sur trente trois élèves, dont six femmes, elle est la seule Coréenne. Elle obtient son brevet de pilote en juillet 1927. Park est alors choisie pour effectuer un vol de propagande entre le Japon et le nouvel état du Manchukuo, à la solde du Japon, dans l’objectif de resserrer les liens entre les deux pays. Le 7 août 1933, elle décolle de Tokyo-Haneda, mais pris dans le mauvais temps, elle percute 42 minutes plus tard, une montagne, prés d’Hakone (Kangawa) et meurt.

    A sa sortie, le film fit l’objet d’une virulente controverse quand furent révélées les activités pro-japonaises de Park. Certains Coréens protestèrent et demandèrent que le film soit retiré de l’affiche. Sur certaines photos d’époque, on la voit dans son avion, brandir le drapeau japonais. De là, à passer pour « collabo », il n’y a qu’un pas…On contesta le fait qu’elle soit présentée comme la première aviatrice d’origine coréenne, cet honneur revenant à Kwon Ki-Ok, enrôlée dans les forces aériennes chinoises pendant la dernière guerre. Park serait donc la première femme pilote civile.

    Dans le film, il est fait allusion à Victor Bruce qui est invitée par le ministre des Affaires étrangères. L’Honorable Miss Victor Bruce fut la première aviatrice à faire le tour du monde en solitaire, même si la traversée des océans fut effectuée en bateau. Avec son Blackburn Bluebird IV (« oiseau bleu », un nom proche de celui de l’avion de Kyung-Won), elle fit escale à Séoul et à Tokyo (24 novembre 1930), d’ou elle s’embarqua pour Seattle.

    Le film apparaît, par bien des cotés, irréaliste. La révolte d’une petite fille contre l’autorité paternelle, dans la campagne coréenne de 1910, est difficile à croire. L’absence totale de machisme et de sexisme dans l’école de pilotage au Japon, où les Coréennes à cette époque, étaient plus connues comme prostituées que comme aviatrices, est aussi étonnante. Par contre, la manipulation des élites coréennes par les Japonais est assez bien rendue. Le film présente des longueurs et s’étend un peu trop sur les scènes de beuverie (Kyung-Won est montrée comme une femme qui boit sec !) ou de tortures bien sanguinolentes, qui n’apportent rien à l’histoire.

    « Cheong Yon » ne fit que 500.000 entrées environ, ce qui pour un film à gros budget est un échec commercial. La controverse engagée par ce film ne peut à elle seule expliquer ce fiasco. Il souffre également d’une mauvaise réalisation et d’un scénario mal écrit, bien que le sujet soit intéressant et ait mérité mieux.. Le film est avant tout une histoire romantique sur fond d’aviation, avec une première partie pleine d’optimisme et d’entrain, et une seconde partie sombrant dans la tragédie la plus totale.

    A la fin du film, on salue, en plus de la pionnière Kwon Ki-Ok, la mémoire de Kim Kyung-Oh, la première aviatrice coréenne d’après guerre, qui s’engagea en 1949 dans l’Armée, où elle devint instructeur. Aujourd’hui, les forces aériennes sud-coréennes comptent trois femmes pilotes de chasse.

     

    Les avions du film :

    Il semblerait que le tournage n’ait utilisé que deux Boeing Stearman PT-13 dont on changea les décorations selon les scènes. L’un d’eux est muni d’un capot moteur. Ces avions portent de fausses immatriculations japonaises civiles de l’époque (dont J-BTRB, J-BTKR..). Ces avions sont parfois complétés par d’autres du même type, en images de synthèse, ou sous forme de maquettes téléguidées.

    Notons que Park Kyung-Won se tua dans un avion d’origine française, un Salmson 2A2 (c/n 244, J-BFYB) construit sous licence par l’arsenal de l’Armée impériale de Tokorozawa. Cet avion d’observation équipa, entre autres, le 5° Régiment d’aviation de Tachikawa où sert Isida, alias Han Ji-Hyeok, l’ami de l’aviatrice, dans le film.

    Le seul avion d’époque qui apparaît en arrière plan sous la forme d’une image ou d’une maquette, est une limousine Breguet 26T, mais avec les hublots semi circulaires du 280T. Nakajima construisit effectivement un avion de ce genre, avec un fuselage de Breguet 26T et des ailes de 280T…

     

    Christian Santoir

    * Film disponible sur amazon.com

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