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TONNERRE DE FEU

 

TONNERRE DE FEU

Vo. Blue Thunder

 

Année : 1983
Pays : États-Unis
Genre : thriller
Durée : 1 h 52 min.
Couleur

Réalisateur : John BADHAM
Scénario : Dan O'BANNON, Don JAKOBY

Principaux acteurs :

Roy SCHEIDER (Agent Frank Murphy), Warren OATES (Capitaine Jack Braddock), Candy CLARK (Kate), Daniel STERN (Agent Richard Lymangood), Paul ROEBLING (Icelan), David SHEINER (Fletcher), Joe SANTOS (Montoya), Malcolm McDOWELL (Colonel F.E. Cochrane)

Musique : Arthur B. RUBINSTEIN
Photographie : John A. ALONZO
Producteur : Gordon CARROLL
Compagnie productrice : Columbia Pictures Corporation

Aéronefs :

  • Bell 206 JetRanger, N2044C, N230CA, N200NP
  • Eurocopter AS-350D AStar 
  • Hughes 369D, N58428
  • Sud-Aviation SA341G Gazelle, N777GH, N51BT, modifiés


 Notre avis :

Tourné à Los Angeles, ce film parut un an avant les Jeux Olympiques d'été qui devaient se dérouler dans cette ville. Cet événement international évoqué dans le scénario, posait à la ville, comme à l'état de Californie, de gros problèmes de sécurité. La tragédie de Munich (1972) étaient encore dans toutes les mémoires. La sécurité fut justement le prétexte ayant servi aux pays du bloc communiste pour ne pas y participer (les vrais raisons étaient différentes..). Au delà des jeux, ce film correspondait aux préoccupations de l'époque, avec non seulement le terrorisme, mais aussi la montée de la violence dans des villes, de plus en plus cosmopolites et gonflées par une forte immigration (Cf. les émeutes à caractère racial de Los Angeles en avril 1992). L'insécurité dans les quartiers, les mouvements de foule incontrôlés, les heurts entre communautés, les tireurs fous...étaient autant de sérieuses préoccupations pour les édiles locaux.

Le scénario stigmatise les dangers et les déviances de la surveillance sécuritaire (notamment la vidéo surveillance) de plus en plus précise et sophistiquée. Mais le citoyen de base ne peut s'empêcher de penser que ces nouveaux moyens de lutte contre la criminalité pourraient être utilisés à d'autres fins moins avouables... On retrouve ainsi dans ce film, la thèse du complot, cher à Hollywood, complot tramé au plus haut niveau par les gens du complexe militaro-industriel qui cherchent à provoquer des troubles urbains pour mieux vendre leur tout nouvel hélicoptère de contrôle et de surveillance... En fait, tous ces problèmes sont toujours d'actualité et touchent maintenant tous les pays. On se rappelle le déploiement impressionnant des forces de police lors des Jeux de Pékin en 2008, quant à la vidéo surveillance, elle fait toujours débat en France.

Le film commence avec Francis McNeil "Frank" Murphy, un pilote d'hélicoptère de la section ASTRO (Air Support To Regular Operations) de la Police de Los Angeles. Ancien vétéran du Vietnam, il souffre depuis de troubles psychiques, étant sans cesse hanté par ses souvenirs de guerre. On lui a adjoint un nouvel observateur, le jeune Richard Lymangood appelé "JAFO". Un jour, on les désigne pour piloter un prototype d'hélicoptère de combat appelée "Tonnerre de feu". Cet engin n'est pas seulement armé de canons, mais c'est aussi une plateforme de surveillance munie de caméras infrarouges, de micros à longue portée, d'ordinateurs; il permet de surveiller les mouvements de foule et combattre les émeutes urbaines. Quand une conseillère municipale impliquée dans la lutte contre les violences urbaines, est tuée, soit disant après une tentative de viol, Murphy, qui a assisté du haut de son hélicoptère à cette attaque, est sceptique. En menant sa propre  enquête, il s'aperçoit qu'un groupe d'individus haut placés sont en train de mettre en place une opération au nom de code "Thor" (Tactical Helicopter Offensive Response), visant à provoquer des troubles pour mieux démontrer la valeur du "Tonnerre de feu" ! Le pilote d'essai de cette machine,  n'est autre que le colonel Cochrane, un ancien supérieur de Murphy au Vietnam, bien connu pour sa morgue et ses pratiques criminelles...Grâce aux équipements sophistiqués de l'hélicoptère, Murphy et JAFO surprennent une conversation de Cochrane avec de hauts responsables du gouvernement concernant un complot et sa propre élimination ! Murphy décide d'envoyer l'enregistrement des conversations à une télévision locale. Lymangood, chargé de récupérer la cassette, est assassiné mais il a eu le temps de la cacher. Murphy envoie son ex-épouse, Kate, la chercher. Grâce au "Tonnerre de feu", il peut protéger ses déplacements, alors que toutes les forces de police la recherchent. Cochrane part à la poursuite de Murphy dans un autre hélicoptère. On fait aussi décoller deux chasseurs ! Après une course poursuite au milieu des immeubles du centre ville, Murphy parvient à abattre Cochrane, puis il détruit le "Tonnerre de feu" en le posant devant un train de marchandises, jugeant que cette arme terrible ne devait pas tomber dans des mains mal intentionnées. Entre temps Kate a pu donner la cassette compromettante à un journaliste. L'affaire "Thor" va être exposée au grand jour.

Il est précisé au début du film que le matériel présenté dans le film est réel. Cette assertion est  toutefois un peu exagérée, certaines performances et systèmes présentés relèvent toujours, vingt sept ans plus tard, de l'anticipation, voire de la science-fiction. Si les micros, les caméras vidéo ont fait des progrès, on ne peut encore filmer ou écouter derrière les murs, à partir d'un hélico. Quant à l'accès de l'ordinateur de bord à de tous les fichiers gouvernementaux, il semblerait que seuls des hackers très qualifiés en soient capables aujourd'hui...

Lymangood dit à Murphy qu'il a compris ce que veut dire "JAFO", le surnom que ses collègues lui ont donné; selon lui, ça veut dire (en Français): "Jeune Andouille, Faudra Oser"...; en réalité, la vraie traduction (en Anglais) est "Just Another Fucking Observer" ! une traduction plus terre à terre.

Le tournage dans la ville dut se dérouler le week-end, la police devant isoler jusqu'à douze blocs d'immeubles à la fois. Il fallait arrêter tout trafic (voiture et piétons) pendant des périodes de trois minutes, pour permettre aux caméras de filmer. Puis, la circulation était rétablie pendant quinze minutes, et ainsi de suite...Il y eut aussi le cas où le moteur d'un hélicoptère tomba en panne alors qu'il était au niveau du quarantième étage d'un immeuble et dut atterrir en autorotation. A cela, il faut ajouter que Malcom McDowell a horreur de voler, dans un 747 et encore plus dans un hélicoptère...Ce tournage fut pour lui une véritable épreuve.

Ce film est sans doute le meilleur film d'hélicoptère paru dans les années quatre vingt, mais aussi jusqu'à maintenant. Il y a des images saisissantes de dogfights d'hélicoptères passant sous les ponts, jouant à cache cache autour des immeubles. Les scènes filmées dans le ciel de Los Angeles étaient alors une nouveauté. Le film mélange avec art, les vues aériennes avec des effet spéciaux de qualité faisant appel à des maquettes radio commandées, qui vous emmènent du sommet des gratte ciels de la ville jusqu'au niveau du sol. Ce film est une référence pour les films d'hélicoptères. Une petite série télévisée avec James Farnetino, fut issue de ce film, mais avec une réalisation beaucoup plus faible et sans les mêmes moyens; elle fut un échec, comparée à la série "Airwolf" et elle ne dura que onze épisodes.

 

Les avions du film :

Ce thriller de John Badham est centré sur l'essai d'un nouvel hélicoptère de combat surnommé "Tonnerre de feu" (faux serial 25102) un surnom plus "guerrier" que le "Tonnerre Bleu" du titre américain (bleu, de la couleur de l'hélico). Cet engin est une sorte d'Apache, en plus léger, adapté au milieu urbain.

Il dispose d'un blindage important et est équipé d'un canon rotatif Gatling de 20 mm pouvant tirer 4000 coups à la minute, comme sur un Bell Cobra. Il est propulsé par une turbine disposant d'une grande réserve de puissance lui permettant d'avoir de fortes accélérations et de faire des loopings. Le pilote peut passer à tout moment en mode vol silencieux. L'hélicoptère est équipé de détecteurs infrarouges ultrasensibles pour la vision nocturne, d'une caméra TV ayant téléobjectif à fort grossissement, de microphones à longe portée, d'un système d'enregistrement sonore et vidéo codé pouvant être effacé sur commande, de trois écrans TV connectés à un ordinateur ayant accès de très nombreuses banques de données. Il y aussi un système de micros pour enregistrer les conversations dans la cabine; une direction de tir du canon s'effectuant par les mouvements du casque du pilote, comme sur un AH-64 Apache...

Ce dernier équipement, situé sous le rotor, laisse sceptique, de même que le dispositif de suppression du bruit des pales (par quel moyen ?). En 2010, si les hélicos font moins de bruit, ils ne sont toujours pas silencieux (bruit de turbines, des rotors); le fenestrons est justement un moyen de diminuer le bruit du rotor de queue qui, sur certains appareils, a été remplacé par le NOTAR. L'hélicoptère en 2010, comme en 1987, reste bruyant et s'entend de loin, surtout lors de certaines évolutions....

Le "Tonnerre de feu" était en réalité une pacifique Gazelle SA341G (n°1075) construite en 1973, qui fut d'abord vendu aux États-Unis (N94494) à Vought Helicopters Co., puis à diverses sociétés sous un nouveau matricule (N777GH). Il fut acquis le 17 août 1981 par les studios Columbia et reçut, après avoir été transformé en "foudre de guerre" par la compagnie Cinema Air, une l'immatriculation N52BT, dans la catégorie "experimental". Il fut revendu après le tournage à  New Mexico Aero Salvage, en mars 1986, et vendu en pièces détachées.

Une deuxième Gazelle fut utilisée sur le tournage, pour remplacer la précédente en cas de problème technique. Cet appareil (n°1066) avait d'abord appartenu à la SNIAS (F-WKQD). Vendu en 1974 à Vought Helicopter Co. (N57936), il passa chez plusieurs sociétés (N37LR) jusqu'à son achat par Columbia en août 1981. Après transformation, il fut réimmatriculé N51BT, en novembre. Il fut racheté par la même société du Nouveau Mexique que la Gazelle précédente, en octobre 1984. En 1985, il apparut dans un épisode de "Motiver" et en 1987, il participa au tournage de la mini série télé "Amerika". Rayé des registres en juin 1994, il fut vendu lui aussi en pièces détachées.

Le choix de cet hélicoptère européen avait été dicté par le fait que la production ne voulait pas qu'un constructeur américain, comme Bell, Hughes ou Sikorsky, puisse reconnaitre en "Tonnerre de Feu" l'un de ses modèles, et ne pas apprécier le rôle qu'on lui faisait jouer dans le film (d'autant que le Tonnerre de feu a des problèmes avec son canon...). De plus, la présence du fenestron lui donnait une apparence moderne et originale pour l'époque. Afin de donner à la Gazelle une allure plus agressive, en accord avec le scénario, l'appareil fut profondément modifié, notamment la partie avant de la cellule qui s'inspire de l'hélicoptère d'attaque AH-64 Apache. Toutes les modifications : cockpit en tandem, verrière anguleuse non profilée, ajout d'une énorme tourelle dans le nez, ajout de sortes de filtres sur les côtés du fuselage (qui servent à quoi ?), de micros sur la cabine, dégradèrent fortement les performances de la machine qui avait tendance à piquer du nez et se comportait comme un veau en vol.

Quant à la réplique grandeur nature utilisée pour les plans du cockpit. Elle servit durant le tournage du film "Firefox, l'arme absolue" (1982) avec Clint Eastwood, pour représenter le cockpit de l'hélicoptère de combat Mil Mi-24 qui poursuit le héros. Cette maquette finit dans les réserves des studios MGM, en Floride. Elle a été envoyée à la casse en 2009.

Les hélicoptères réels ne furent pas utilisés dans toutes les scènes. Ils étaient parfois remplacés par une simple maquette radio commandée. On utilisa ainsi deux maquettes au 1/6°, longues de 1,5 m. Leur rotor était bipale (avec barre stabilisatrice, comme sur un Bell 47) et non tripale comme celui de la Gazelle, ce qui permet de voir que le looping du "Tonnerre de feu" a été réalisée avec un modèle radio commandé...

Cochrane affirme qu'aucun hélicoptère n'est capable de faire un looping, ce qui n'est pas exact. Le premier looping en hélico date de 1948, effectué par un Sikorsky S-52. Au salon du Bourget de 1967, les spectateurs purent voir le Lockheed Model 286 enchaîner plusieurs loopings. Aujourd'hui, les hélicoptères capables de faire une boucle sont plus nombreux; on trouve ainsi toute une petite "ménagerie" allant du Lynx, au Tigre, en passant par le Super Puma...Mais cette figure ne sert qu'aux démonstrations et n'a pas d'utilité opérationnelle, sauf au cinéma, bien sûr.

L'hélicoptère du "méchant", Cochrane, est un petit Hughes 369D (N58428), lourdement armé de deux canons M230 de 30 mm (l'arme de l'Apache), que l'on retrouvera dans un emploi similaire dans le film "Fire Birds" en 1990. Une maquette de MD500 (longue de 1,2 m) fut également construite par Ernie Huber qui fut chargé des maquettes de "La tour infernale", et de "Firefox". Cette maquette à également un rotor bipale au lieu d'un quadripale sur le véritable appareil.

Le tournage utilisa également deux Bell 206 JetRanger décorés comme ceux de la Police de Los Angeles et équipés de projecteurs, ou de hauts parleurs, sous le cockpit. Ces appareils (le Bell 206BIII c/n 3363, N2044C, qui apparaîtra dans Airwolf en 1984, et le Bell 206B c/n 2779, N230CA) appartenaient à la société Cinema Air qui avait transformé les Gazelle. L'appareil saboté par Cochrane est un Bell 206 civil (c/n 3264, N200NP) construit en 1981, il sera réimmatriculé N101HX et exporté en septembre 2011 au Kazakhstan (UP-BL012).

Un hélicoptère rouge et blanc appartenant à une chaîne de télévision couvrant les évènements se déroulant dans le ciel, mais aussi dans les rues de Los Angeles, est un Eurocopter AS-350D AStar .

Les seuls avions du film sont deux chasseurs General Dynamics F-16; ce sont en fait des maquettes construites par Gregory Jein qui s'illustra dans des films comme "Star wars" (1977) et "Rencontre du troisième type" (1977). On peut juger bizarre la décision d'envoyer des chasseurs supersoniques pour descendre un hélicoptère, qui de plus, se cache en milieu urbain. Tirer sur lui des missiles est en outre inutile, et a des effets désastreux pour les immeubles, comme on peut le voir ! Il aurait fallu envoyer des hélicoptères Apache qui étaient plus appropriés.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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