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THUNDERBOLT

 

THUNDERBOLT

 

Année : 1947
Pays : Etats-Unis        
Genre : documentaire
Durée : 56 minutes
Technicolor

Réalisateurs : William Wyler
Scénario : Lester Koenig

Acteurs :
James Stewart (lui-même), Lloyd Bridges (la voix d'un pilote), Robert Lowery (le narrateur)

Musique : Gail Kubik
Compagnie productrice : Carl Krueger Productions pour l'U.S. Army Air Corps

Avions :

  • North American P-51B
  • Republic Thunderbolt P-47D

 

Notre avis :

 Ce documentaire fut tourné pendant la guerre, en Corse et au dessus de l'Italie, mais ne fut montré au public qu'en 1947. Une grande partie des scènes aériennes ont été filmées à partir de petites caméras fixées à différents endroits d'un P-47. Deux caméras furent installées derrière le pilote, une dans le tableau de bord, une dans un des puits du train d'atterrissage, une dans le bord d'attaque de l'aile, près des mitrailleuses, une autre sur un support de bombes.

 Le film commence par une introduction du colonel de réserve de l'USAAF, James Stewart, qui précise que le film fut tourné en 1944, et que c'est donc de l'"histoire ancienne". Puis, il lit un message du commandant en chef de l'USAAF, le général Carl Spaatz, indiquant, que bien que l'unité montrée dans le film soit américaine, elle aurait pu être tout aussi bien anglaise, ou appartenant à tout autre pays ayant choisi le camp de la liberté. Il aurait pu ajouter, qu'il aurait pu s'agir d'une unité française, comme celle qui partage le terrain corse (Folelli/Alto) sur lequel est stationnée l'escadrille de Thunderbolt qui fait l'objet du film. Cette unité française était le Groupe de Chasse II/5 Lafayette.

 Le documentaire commence par montrer les paysages dévastés de l'Italie, qui sont, selon le commentateur, "le résultat des promesses du fascisme qui stipule que des hommes doivent être les esclaves d'autres hommes". Puis, le film se déplace en Corse, et présente les membres du 65th Squadron du 57th Fighter Group de chasseurs bombardiers Thunderbolt, dont son chef, un vétéran de vingt quatre ans, le lieutenant colonel Wymond. On nous explique les objectifs de leur missions, au moyen d'une carte montrant les Alliés arrêtés sur la ligne Gustav. La mission des Américains est donc de couper les lignes d'approvisionnement allemandes, en détruisant les ponts et les routes dans l'Italie du Nord. Dans la Corse libérée (depuis octobre 1943), le lieutenant général Ira C. Eaker, commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, le major général John K. Cannon, chef de la 12° Air Force, et le brigadier général Gordon Seville du 12° Tactical Air Command, lancent l'opération "Strangle". Ce plan est destiné à aider l'avance de la 5° Armée américaine et de la 8° Armée britannique qui ont été stoppées près d'Anzio et Cassino, depuis cinq mois. Cette opération implique le 57th Fighter Group équipés de P-47 Thunderbolt. Le jour de l'attaque, les chasseurs bombardiers décollent par paires et se regroupent en sections, derrière leur leader. La plupart des pilotes qui ont tout juste la vingtaine, ont déjà accompli plus de 170 missions. Bien que beaucoup de bombes tombent à coté, les objectifs, des ponts sur une fleuve, sont détruits. Les avions partent alors à la recherche de cibles potentielles. Repérant un train, ils ouvrent le feu avec leurs huit mitrailleuses, et font exploser le carburant qu'il transporte. Ils détruisent ensuite une station radio, et une ferme suspectée d'abriter un poste de commandement. Entre temps, au terrain, une autre escadrille décolle pour une nouvelle mission. Peu après, un groupe de Thunderbolt revient, avec un avion en moins. Un P-47 s'écrase à l'atterrissage et brûle aussitôt, avec son pilote dedans. Entre les missions, les pilotes essaient de se relaxer, en se baignant, en jouant, ou en buvant quelques bières au "Country club", une baraque en planches construite au bord de la mer. A la mi avril 1944, les voies ferrées italiennes sont paralysées. Les Allemands acheminent alors leur approvisionnement par route et par mer, et les Thunderbolt attaquent sans relâche véhicules et bateaux, en tirant sur tout ce qui bouge. Finalement, l'infanterie passe à l'attaque, et trois semaines plus tard, les Alliés arrivent à Rome. Le commentateur note que c'est la fin de la mission en Corse, mais pas la fin de la guerre. Le mot "Fin" apparaît avec un point d'interrogation superposé.

 La présence d'un groupe de chasse français aux cotés de l'unité américaine permet de dater le tournage du film entre mai et juin 1944, date de la libération de Rome, qui marque la fin du documentaire. On remarque que certaines scènes ont été un peu "travaillées" : le chef de section qui habite dans une remorque et qui se débarbouille à sa fenêtre, le pilote qui tend dédaigneusement son bout de cigare au mécanicien, avant de s'envoler..Par contre certaines autres scènes ont été prises sur le vif et sont montrées telles quelles : les cadavres dans les maisons italiennes bombardées, le pilote brûlé dont on retire le cadavre du cockpit, avec des crochets; la cuite des pilotes titubant dans la rivière…Le film décrit un monde d'hommes, la seule présence féminine étant une infirmière de la Croix Rouge qui sert du café et des donuts. On ne voit pas les pilotes français (peut être lors de la scène au bar..), qui, comme le commentateur le précise, "volent sur les mêmes avions et combattent le même ennemi" que leurs camarades américains.

 Les réalisateurs ont voulu se concentrer sur les combats et sur la vie à la base. On imagine qu'il y avait des "à cotés" qu'on n'a pas jugé bon de nous montrer. Le pilote américain est en Corse pour combattre, et quand il ne combat pas, il s'amuse avec ses copains, et écrit à ses parents. Point ! C'est donc un film pour les familles restées au pays, mais aussi et surtout, pour les adorateurs du P-47. Rappelons que cet avion est plutôt rare au cinéma; il est néanmoins la vedette des films "Les géants du ciel" (1948) et "Fighter Attack" (1953) qui utilisent de nombreux extraits de "Thunderbolt".

 

Les avions du film :

 Le film ne montre qu'un seul type d'appareil, le "Jug", autrement dit le Republic Thunderbolt P-47. Les avions appartiennent tous au 57th Fighter Group (12° Air Force). Le 57th FG fut la première unité tactique à être équipée de P-47, à partir de janvier 1944. La majorité des appareils vus à l'écran, appartiennent au squadron 65 "Fighting cocks" (P-47 n° 40, 53, 55, 56, 59, 60, 61, 63, 64, 66, 67) et quelques uns, au squadron 66 "Exterminators" (n° 90, 92). Ces avions sont des "Razorback" comme le P-47D-23-RA (s/n/42-27910, n°40) "Hun Hunter XIV", du chef de section, et le P-47D-15-RE (s/n 42-75640), un avion qui sera perdu le 3 janvier 1945. Mais il y a aussi des P-47 "Bubble top", plus récents, avec une canopée à vision totale, comme le P-47D-26-RA (s/n 42-28358) et le P-47D-27-RE  (s/n 42-26795), détruit le 31 octobre 1944.

"Fighting cocks" 65th Sqaudron, 57th FG

 

"Exterminators"  66th Squadron, 57th FG

         

 Ces avions sont soit camouflés, soit couleur métal. Ils portent tous les couleurs du 57th FG, à savoir une bande rouge à l'avant du capot moteur et des bandes d'identification jaunes à bord noir (sauf sur les avions camouflés), sur les ailes, à l'extérieur des mitrailleuses, et sur la dérive. Leurs numéros individuels sont peints en noir, (en blanc sur les avions camouflés), sur le fuselage, en avant des ouies du turbocompresseur. Ils sont armés de deux bombes de 500 livres et de tubes lance-roquettes. Un réservoir largable est fixé sous le fuselage.

 On ne voit pas les avions du GC II/5 "Lafayette". Ils n'apparaissent que sur le documentaire de Daniel Costelle, "Les ailes des héros" (2004) qui parle du film de Wyler, et dont des images ont été publiées dans "Images inconnues de l'aviation" du même auteur. On y voit ainsi des P-47 français des deux types (Razorback et Bubble top), au sol et au décollage. Ils sont de couleurs sombres (un kaki qui semble mélangé de marbrures gris bleu foncé, au point que l'avion apparaît bleu sombre sur le film…) et portent les marques (bande rouge de capot, et bandes jaunes d'ailes et de dérive) du 57th FG. L'insigne blanche de la "cigogne de Fonck" se détache très clairement sur le camouflage sombre, alors que la fameuse "tête de Sioux" est peu visible. Le groupe de chasse II/5 rassemblait en effet, deux escadrilles, les anciennes SPA167 et N124.

 On remarquera l'absence de chasse ennemie, pourtant présente, et le grand gaspillage de bombes pour toucher les ponts en l'absence de viseur approprié, et malgré des attaques en piqué prononcé. Les ponts détruits se dressent au milieu d'un paysage lunaire, formé de très nombreux cratères !

 Au début du film, on voit le major général John K. Cannon monter dans son P-51B, puis fermer la verrière, plutôt compliquée (deux volets comme sur le P-38).

 

Christian Santoir

*Film disponible sur sur amazon.com

 

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