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TAG DER FREIHEIT

 

TAG DER FREIHEIT 

Unsere Wehrmacht

 

 

Année : 1935
Pays : Allemagne
Durée : 28 min.
Genre : Documentaire
Noir et blanc

 Réalisateur : Leni RIEFENSTAHL
Acteurs principaux :
Adolf HITLER (lui-même), Rudolf HESS (lui-même), Herman GÖRING (lui-même)…

 Musique : Peter KREUDER
Photographie : Hans ERTL, Walter FRENTZ, Albert KLING, Guzzi LANTSCHNER, Willy ZIELKE.
Producteur : Leni RIEFENSTAHL
Compagnie productrice : Reichsparteitagfilm

 

Avions :

  • -Curtiss Hawk II
  • -Heinkel He.51
  • -Heinkel He 46b
  • -Junkers Ju-52 3m g3e

 

Notre avis :

 Lors du montage du documentaire "Triumph des Willens" (Le triomphe de la volonté) sur le congrès du parti nazi de Nuremberg, du 5 septembre 1934, Leni Riefenstahl avait supprimé les images de l'armée qui participait pour la premiere fois à un tel rassemblement, jugeant que ces prises de vues étaient mauvaises (selon elle…), suite à de médiocres conditions météo. Elle s'était ainsi attiré l'ire des officiers supérieurs de la Reichwehr, qui allait s'appeler bientôt la Wehrmacht. Sur l'ordre d'Hitler, elle dut trouver une solution pour satisfaire l'Armée. C'est ainsi que naquit le second documentaire, appelé "Tag der Freiheit" (La journée de la liberté) dont la première eut lieu le 30 décembre 1935, à l'Ufa Palast am Zoo de Berlin. Cette œuvre de commande, dans laquelle Leni Riefenstahl ne s'impliqua pas beaucoup, utilise de nombreuses vues tournées par Willy Zielke, lors de la Journée de l'Armée qui se tînt le 17 septembre 1935, sur le Zeppelinfield (un ancien terrain d'atterrissage pour les Zeppelins) de Nuremberg. Elle clôturait le congrès du parti de cette année là.

 Ce documentaire, fut considéré comme perdu, à la fin de la guerre, mais une copie incomplète fut retrouvée dans les années 70. La majeure partie du film est donc consacrée à l'armée de terre; la caméra suit les soldats qui se préparent, le matin, dans leur vaste campement, puis qui marchent en chantant vers le terrain de manœuvre. Après le discours du Führer, a lieu une mini guerre impliquant l'infanterie, l'artillerie, la cavalerie, les blindés légers, avec simulation d'un bombardement aérien. Certains passages du film, montrant en détail la mise en batterie des obusiers de 150 mm (Kanone 16), des canons anti-chars (PaK 36), des canons anti-aériens de 88 mm (Flak18) et de 20 mm (Flak 30), auraient leur place dans un film de formation pour artilleurs…Le film se termine sur les drapeaux nazis et le son du Deutschlandlied, pendant que des avions forment une croix gammée dans le ciel.

 Goebbels écrira dans son journal, au sujet de cette journée : "Présentation brillante, avec toute les armes techniques. Chars d'assaut, artillerie lourde. C'est magnifique. Nous sommes de nouveau une puissance…". L'Allemagne osait montrer, en effet, pour la première fois, ce qu'elle préparait en secret, et que le traité de Versailles lui avait interdit, les avions de la Luftwaffe et les chars de la Wehrmacht; la coopération étroite de ces deux armes allait avoir rapidement raison de l'armée française, la "plus grande armée au monde", cinq ans plus tard…

 "Tag der Freiheit" ne consacre que six minutes à la Luftwaffe qui simule un bombardement, devant un Göring tout émoustillé. Pour nous, le principal intérêt du film est qu'il nous présente une grande partie du matériel de la toute nouvelle Luftwaffe, dont l'existence fut rendue officielle, peu avant, le 1° mars 1935.

 

Les avions du film :

 Le défilé aérien commence par une formation de bombardiers moyens, Dornier Do.23F, à moteur BMW VID. Ces avions sont filmés en l'air, avec une caméra embarquée dans le poste du mitrailleur avant. On peut voir ainsi certains détails, comme les deux mains courantes qui longent le dos du fuselage, entre le cockpit et le poste du mitrailleur arrière; était-ce pour faciliter la communication entre les deux postes, en plein vol ? Un avion porte le code "42 + A11" ce qui en fait un avion du tout nouveau Geschwader "Boelcke", le K.G. 154 (1° Gruppe, 1° Staffel) formé en avril 1935, à Fassberg (Luftkreiss de Munster). Cet avion, comme tous les autres, porte les anciennes marques de nationalité, le drapeau allemand sur le coté droit de la dérive (bandes horizontales noir blanc rouge) et la croix gammée (sur bande rouge) sur le coté gauche.

 Autre bombardier participant à cette revue aérienne, le Junkers Ju-52 3m g3e, que l'on voit en plus grand nombre, mais dont on ne peut identifier l'appartenance, vu la mauvaise qualité de l'image, les avions étant filmés du sol. Ces avions équipaient, en octobre 1935 les treize Staffeln de bombardement qui venaient d'être crées. Le Ju-52 3m g3e était la version militaire du Ju-52 avec adjonction d'une soute à bombe, d'un poste de tir sur le toit du fuselage et d'un autre poste de tir inférieur prenant la forme d'une sorte de "poubelle" semi-rétractable, que l'on aperçoit pendre sous les avions. (Cf. D.III 88-1939).

 Côté chasse, un seul type d'avion est montré, le biplan Heinkel He.51, du J.G.132 "Richthofen" (code 21+***) de Döberitz (Cf. Verräter-1936 ). Ces chasseurs sont vus très rapidement, filmés du sol.

 L'aviation de reconnaissance est représentée par un vol de monoplans à aile haute,  Heinkel He 46b. On voit également un modèle antérieur, le Heinkel He 45C, conçu au départ comme bombardier léger et avion de reconnaissance, mais qui servira surtout comme appareil d'entraînement dans la Luftwaffe naissante.

 Enfin, au milieu de tout cette armada aérienne, on remarque un avion solitaire, dont le piqué préfigure les Stukas. C'est un avion américain, un Curtiss Hawk II (type 35B F-11C-2), un modèle d'exportation, acheté en octobre 1933, à deux exemplaires, par Göring, pour Ernst Udet. L'avion que l'on voit, piloté par Udet, est le D-IRIK (c/n H-80, ex D-3166) (Cf. Wunder des Fliegens-1936), qui a survécu à la guerre et est exposé au musée de l'aviation polonaise de Cracovie. L'autre exemplaire, le D-IRIS (c/n H-81, ex D-3165) avait été détruit le 20 juillet 1934 à Berlin-Tempelhof, quand Udet avait dû se parachuter, suite à un blocage des commandes, lors d'un piqué.

 En voyant ces bombardiers à train fixe, tous ces biplans, une question vient à l'esprit : qu'est ce que l'Armée de l'Air (créée en 1934) alignait, en face, à la même époque ?

 Coté bombardier, nos escadrilles étaient équipées, à la fin de 1935, de Lioré et Olivier Leo 20 (un biplan bimoteur à train fixe) et de Bloch 200 (monoplan bimoteur à train fixe), guère plus valable que le Do.23 ou le Ju-52. Les chasseurs étaient des Nieuport Delage 62 et 622 (sesquiplan), des Gourdou 32 (monoplan parasol), des Morane-Saulnier 225 (monoplan parasol) et des Dewoitine 500 et 501 (monoplan), le seul avion moderne parmi toutes ces machines dépassées. Pour le renseignement, les escadrilles disposaient de Potez 25, Potez 39 et Breguet 27, dont les performances ne dépassaient pas celles du Heinkel He.46, qui servira pendant toute la guerre. Un exemplaire, unique au monde, non restauré, figure d'ailleurs dans les réserves du Musée de l'Air du Bourget.

 L'Armée de l'air disposait donc d'un matériel beaucoup plus varié (ce qui n'est pas une bonne chose en temps de guerre…) et aussi, en plus grand nombre (mais sans la qualité). En ce sens, ce que montraient les nazis, la première surprise passée, n'était pas fait pour impressionner les experts et devait même les rassurer, voire, les endormir... Certes, le matériel français allait être renouvelé (très) progressivement à partir de 1936, avec l'arrivée d'avions plus modernes; cela permit à nos hommes politiques de voir l'avenir avec confiance... Mais, dès 1936, l'Allemagne allait radicalement changer sa production aéronautique, en la rationalisant, en construisant moins de modèles, plus modernes et en très peu de temps. En 1937, la chasse allemande allait passer du He-51, au Messerschmitt Bf.109, le bombardement du Do 23 au Heinkel He.111 ! Le meeting aérien international qui se tint en juillet 1937, à Dübendorf, en Suisse, sera une vraie (mauvaise) surprise pour les démocraties qui, d'un seul coup, prirent conscience de leur retard…

  

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

 

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