THE BATTLE OF MIDWAY
Année : 1942
Pays : Etats-Unis
Durée :18 min.
Genre : documentaire
Couleur
Réalisateur : John FORD
Scénario : John FORD, Dudley NICHOLS
Acteurs principaux :
Henry FONDA (narrateur), Jane DARWELL (narrateur), Logan RAMSEY (lui-même),
Major James ROOSEVELT (lui-même).
Musique : Alfred NEWMAN
Photographie : Joseph H. AUGUST, John FORD
Producteur : John FORD<
Compagnie productrice : US Navy
Avions :
- -Boeing B-17E
- -Consolidated PBY-5 Catalina
- -Douglas SBD Dauntless
- -Douglas TBD-1 Devastator
- -Grumman F4F-4 Wildcat
- -Vought SB2U3 Vindicator
Notre avis :
En août 1941, John Ford avait repris du service, avec le grade de commander de l'US Navy, et dirigeait la Field Photographic Branch de l'OSS (Office of Strategic Services), chargée de réaliser des reportages filmés sur les combats en cours. La plupart des membres de son équipe (scénaristes, acteurs, techniciens, monteurs…) venaient d'Hollywood. En mai 1942, il fut envoyé à Midway par l'amiral Nimitz, pour faire un film sur l'histoire de l'île. Il prétendit, plus tard, ne pas savoir se qui se préparait...On sait, depuis, que les messages de la Marine japonaise étaient décryptés et qu'à Pearl Harbour, on savait très bien que l'attaque de Midway était programmée, sans toutefois savoir quand, exactement. Arrivé en bateau à Midway, Ford filma les vedettes lance-torpilles, les albatros peuplant l'île (appelés "goonie birds".), et assista à l'arrivée des renforts aériens sur l'aéroport d'Eastern Island. Mis au courant de l'attaque japonaise imminente, il participa même à une patrouille aérienne où, selon lui, il faillit être abattu par des avions japonais. Son engagement ne peut, cependant, être mis en doute, car lors du tournage du documentaire pendant l'attaque japonaise, il fut légèrement blessé, ainsi que son cameraman, Joseph H. August.
Le film commence par une affiche rappelant que Midway est "La plus grande victoire navale au monde, à cette date"…Puis, le commentateur montre où se situe l'île de Midway et explique l'importance stratégique de cet atoll minuscule, perdu en plein Pacifique. Ford filme ensuite les GI, au travail sur l'île, et les avions qui atterrissent sur Eastern Island. Une voix féminine prend l'apparence d'une femme d'âge mur de Springfield (Ohio), qui est la mère d'un des aviateurs vus sur le film. Elle nous présente aussi le père d'un autre pilote, la sœur d'un troisième...Puis, c'est l'attente. Après ce prologue, qui a duré six minutes, on passe à l'attaque des avions japonais, à l'aube du 4 juin, qui ne constitua qu'une partie de la bataille qui dura quatre jours. Pendant trois minutes, on voit les avions japonais bombarder l'île, les servants d'une mitrailleuse leur tirer dessus et les réserves de carburant brûler. Trois autres minutes sont consacrées à la bataille navale, par avions interposés, filmée à partir des navires américains. La dernière partie du film, après la fin des combats, est consacrée aux pilotes des chasseurs qui se sont illustrés lors de l'engagement, dont Jimmy Thach. Une séquence est consacrée à la recherche des pilotes perdus en mer, certains depuis quinze jours, et leur arrivée à Midway où ils sont pris en charge par les infirmiers, bien que l'hôpital ait été détruit. On voit également les funérailles des morts, dont les corps sont embarqués sur des vedettes lance-torpilles, puis immergés. Le documentaire se termine sur le tableau des pertes japonaises : 4 porte-avions coulés, 28 bateaux coulés ou endommagés, 300 avions abattus (248 en réalité, contre 150, côté américain)…
L'attaque japonaise survint à 6.30 h. du matin. Vingt minutes de bombardement et de mitraillage réussirent à détruire quelques infrastructures sur Eastern Island (le PX, le mess, le réseau de distribution d'eau et de carburant..), sans toutefois, détruire les pistes. Les réservoirs de Sand Island, le hangar à hydravions, et d'autres bâtiments (dont l'hôpital), furent incendiés ou détruits. La DCA de l'île descendit quatre avions japonais, dont un Mitsubishi Zéro. Les onze vedettes lance-torpilles, montrées au début et à la fin du documentaire, servirent de postes de DCA mobiles en faisant des ronds dans l'eau du lagon, après avoir embarqué des mitrailleuses supplémentaires.
La "Bataille de Midway" est un mélange d'images tournées sur place, lors des combats sur l'île, et d'extraits de films de l'US Navy, pris à bord des navires (pas forcément à Midway). Des vues d'avions en vol, prises à une date antérieure (avant mai 1942), voire même des images de Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, ont été insérées ici et là, au montage, pour compléter les vues prises début juin 1942. L'utilisation de la couleur permet de dramatiser la bataille et de la rendre plus réelle. John Ford ajoute une touche humaine à la froideur des faits, en faisant intervenir les familles (fictives) des combattants. Ce film est néanmoins typique des films de propagande américains de l'époque, mélangeant patriotisme et ironie vis-à-vis de l'adversaire.
Ce film de l'US Navy fut distribué par la 20th Century Fox et fut l'un des quatre gagnants d'un Academy Award pour le meilleur documentaire, en 1942.
Les avions du film :
Le film ouvre sur un hydravion Consolidated PBY-5 Catalina. Arrivés à Midway, dès le 14 mai, les Catalinas, au nombre de trente deux, appartenant aux VP-11, 12, 14, 23, 24, 44, 51, 72 et 91 de l'US Navy, commencèrent leurs recherches de la flotte japonaise, dès le 30 mai. Seules, les VP-11 et 23 étaient équipés d'hydravions PBY-5 (comme celui que l'on tire sur un slip, pour être mis à terre), alors que toutes les autres unités étaient équipés d'amphibies PBY-5A. Ils furent répartis en deux groupes, l'un de 22 appareils, basé à Sand Island, l'autre, de dix appareils, basé à Eastern Island. Au moins, un appareil, filmé en vol (peut-être celui dans lequel avait pris place John Ford), est équipé d'un radar ASV, avec antennes Yagi, mais ce fut avec un "Mk.1 Eyeball", autrement dit, à l'œil nu (plus jumelles), que la flotte japonaise fut repérée, au matin du 3 juin. Certains furent alors armés d'une torpille, pour attaquer les bateaux japonais, mais sans grand résultat.
On voit le décollage des Boeing B-17E du 431st Bomb Squadron (92nb B.W.). Ces vingt deux appareils, venus de Pearl Harbour, arrivèrent les 30 et 31 mai et partirent à l'attaque de la flotte japonaise, dès le 3 juin à 12 h 30, quand elle fut repérée. On remarque que certains appareils, revêtus d'un camouflage deux tons de marrons, ont une tourelle inférieure télécommandée (avec le blister du viseur, derrière) et d'autres, camouflés en olive drab, ont une tourelle boule avec le mitrailleur (de petite taille..) installé dedans (comme le s/n 41-2648, vu dans le film, un avion qui se retrouvera temporairement en Angleterre, au Royal Aircraft Establishment, de Farnborough, en février-mars 1943). Ce dernier système, plus simple, fut installé à partir du 113ème exemplaire de série. Ces avions servirent d'abord à patrouiller, comme les Catalina, et se révélèrent bien incapables de toucher un navire, vu leur altitude de croisière (6 000 mètres).
On assiste également, sur Eastern Island, au décollage de bombardiers en piqué Vought SB2U3 Vindicator, du 1° Groupe de la VMSB-241 (Marines) basée à terre, pour un vol d'entrainement, avant le 4 juin. Cet avion lent, mal armé, plus communément appelé par ses pilotes "Wind indicator" (giroueete !), ne fit pas des merveilles et rata ses cibles, tout en se faisant sévèrement étrillé. Le seul exploit d'un pilote de Vindicator fut celui du capitaine Fleming qui, selon les témoins, se précipita délibérément sur le croiseur "Mikuma" qu'il endommagea gravement; comme quoi, en 1942, les kamikazes n'étaient pas japonais !
En fait, le vrai héros de Midway fut le Douglas SBD Dauntless qui réussit à couler les porte-avions japonais. On le voit peu dans le film, bien que le 2° Groupe de la VMSB-241 basée à Midway, en soit équipé. Mais la plupart des Dauntless étaient des avions embarqués sur les porte-avions USS "Entreprise"-CV-6 (VB-6 et VS-6), USS "Hornet"-CV-8 (VS-8 et VT-8) et USS "Yorktown"-CV-5 (VB-3, VS-5).
Des avions aperçus sur le pont d'un porte-avions, non identifiable, sont des torpilleurs Douglas TBD-1 Devastator, les mal nommés, puisqu'à Midway il se firent pratiquement anéantir par la chasse et la DCA (35 abattus sur 41, appartenant aux VT-6, VT-8 et VT-3). Eux aussi, étaient pilotés par des sortes de kamikazes, partant au combat sur des machines trop lentes, mal défendues et lançant des torpilles totalement inefficaces.
On voit également, sur un porte-avions, des chasseurs Grumman F4F-4 Wildcat, qui étaient, à l'époque, le chasseur embarqué standard des VF-6, VF-8 et VF-3, cette dernière escadrille étant commandé par le commandant John "Jimmy" Thach, un as et un grand tacticien, que l'on voit à la fin du film.
Ce film ne présente pas tous les avions qui ont participé à la bataille de Midway. Les grands absents sont les vingt et un Brewster F2A-3 Buffalo (totalement obsolètes, eux aussi) et les sept Grumman Wildcat de la VMF-221, basée à Midway. On ne voit pas, non plus, les quatre Martin B-26A torpilleurs qui constituait une unité expérimentale de torpillage, ni les six Grumman TBF-1 de la VT-8 qui firent ici leurs premières armes (mais un seul sur six revint à Midway), ni un Grumman J2F-5 Duck, qui étaient, eux aussi, basés sur l'île.
Par contre, ce documentaire nous montre des avions qui ne furent jamais à Midway. Sur un extrait de film, tourné vraisemblablement à Hickam Field (Pearl Harbour), le 7 décembre 1941, après le passage des avions japonais, on peut distinguer un Douglas B-18 Bolo, très abimé, et un vieux biplan Douglas O-38, entièrement calciné.
Les avions japonais sont filmés de loin et sont, par conséquent, non identifiables. Le seul que l'on voit à peu près bien est un Aichi type 99 D3A2 Val qui se fait descendre. En plus de ce type d'appareil, l'île fut bombardé par des Nakajima type 97 B5N2 Kate et mitraillé par des Mitsubishi Zéro A6M2. Ce qui passe pour un chasseur japonais faisant un passage rapide à basse altitude, est en fait un Curtiss H-75... On peut même entrevoir, très furtivement, à la fin du film, deux hydravions de reconnaissance Mitsubishi F1M2, issus vraisemblablement d'un bout de documentaire.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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