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THE MEMPHIS BELLE

 

THE MEMPHIS BELLE : A story of a Flying Fortress

 
 
Année : 1944
Pays : Etats-Unis
Durée : 45 min.
Genre : documentaire
Technicolor
 
Réalisateur : William Wyler
Scénario : Jerome Chodorov, Lester Koenig

Acteurs principaux :
Robert Morgan (Lui-même; pilote), James VERINIS (lui-même, co-pilote), Capitaine Vincent B. Evans (Lui-même; bombardier), Robert J. Hanson (Lui-même; opérateur radio), Jacob L. Devers (Lui-même; commandant du théâtre d'opérations européen), Ira C. Eaker (Lui-même; commandant de la 8th Air Force), Eugene Kern (Narrateur)

Musique : Gail Kubik
Photographie : Lieutenant Harold J. Tannenbaum, William H.Clothier, William V. Skall, William Wyler
Compagnie productrice :First Motion Picture Unit, USAAF

Avions :

  • Boeing B-17F

 

Notre avis :

Le célèbre documentaire de guerre "Memphis belle" se démarquait nettement des productions hollywoodienne de l'époque. Sorti en avril 1944, le film suit un groupe de bombardiers de la 8th Air Force en Europe, dont la vingt cinquième, et dernière mission du B-17 "Memphis Belle". C'était le premier bombardier à compléter son tour d'opération et à revenir au pays par ses propres moyens. Cet avion aura parcouru plus de 30 000 kilomètres dans sa carrière, et descendu huit chasseurs allemands.

La Paramount distribua ce film dédié aux hommes de la 8th Air Force, sous l'égide de l'"Office of War Information". Il est précisé au début du film que "toutes les scènes aériennes ont été tournées pendant les combats au dessus du territoire ennemi".

La production commença quand le général Ira C. Eaker chef de la 8th Air Force, demanda à Wyler de faire le film. L'équipe partit pour l'Angleterre au début de l'été 1942, mais leurs cameras 35 mm et leur matériel d'enregistrement du son, embarqués à bord d'un bateau, n'arriva jamais.. La majorité du film fut donc filmée avec des caméras portables de 16 mm. Elles durent être munies d'un système chauffant pour les empêcher de geler à haute altitude (–50°C à 8000 m !), le B-17 n'étant pas pressurisé, et l'air glacial entrant dans la cabine, par les sabords et les tourelles de mitrailleuses.

La paisible campagne anglaise est en réalité une zone de guerre, parsemée de bases de bombardiers. Ces avions appartiennent au 324th Bomb Squadron du 91st Bomb group (Heavy) de la 8th Air Force. Le jour commence avec le personnel au sol, dont les mécaniciens, responsables chacun, d'un avion. Une mission sur les abris de sous-marins de Wilhemshaven est en préparation. Lors du briefing, les hommes apprennent leur destination et leur objectif. L'un des bombardiers de cette mission, le "Memphis Belle" a déjà effectué vingt quatre missions. Son équipage, le capitaine Robert K. Morgan, pilote; le capitaine James A. Verenis, copilote, , le capitaine Vincent B. Evans bombardier, le capitaine Chuck Layton, navigateur, le sergent Bob Hanson radio mitrailleur, le sergent Harold Loch; mécanicien et mitrailleur supérieur; le sergent John P. Quinlan, mitrailleur de queue, le sergent chef Cecil Scott mitrailleur inférieur, et les mitrailleurs de sabords, les sergents Clarence E. Winchell et Casimir Nastal, sera renvoyé aux Etats-Unis après cette mission. Alors que les avions gagnent de l'altitude après le décollage, les pilotes s'arrangent pour garder leur formation tout en évitant les collisions. Quand l'avion passe les dix mille pieds, l'équipage met ses masques à oxygène. Dès que le "Memphis" Belle survole la côte allemande, il est encadré par les tirs de la flak. Certains membres de l'équipage prennent leur casque anti-flak. A l'approche de l'objectif, la DCA redouble d'intensité. Le capitaine Morgan effectue des manœuvre évasives en changeant de cap toutes les quinze secondes, mais pendant le "bomb run", l'avion, piloté par le viseur du bombardier, ne doit pas dévier de sa course. Après le largage des bombes, commence la partie la plus dure de la mission, le retour. La flak s'arrête, ce qui indique que les chasseurs vont passer à l'attaque. Les hommes, reliés entre eux par l'interphone, s'avertissent mutuellement des avions ennemis qui approchent. Un des bombardiers est touché et quitte la formation. Les autres ne peuvent rien pour lui, et doivent se contenter de compter les parachutes, du moins quand l'équipage n'est pas bloqué par la force centrifuge, dans un avion qui part en vrille. A la base, les équipes au sol attendent avec anxiété le retour de leurs avions. Les premiers apparaissent, certains lacent des fusées, indiquant qu'il y des blessés à bord. D'autres sont fortement endommagés, avec des morceaux en moins ! D'autres encore, reviendront jamais. Finalement, le "Memphis Belle" atterrit après que le capitaine Morgan ait effectué un passage très bas au dessus de la tour de contrôle, une manoeuvre formellement interdite, mais qu'on lui pardonnera. Tous les membres de l'équipage reçoivent la Distinguished Flying Cross et, quelques jours plus tard,  sont présentés au roi George VI et à son épouse. Leurs ordres sont maintenant de rentrer aux Etats-Unis, pour entraîner de nouveaux équipages.

Bien que le film soit censé être un condensé de toutes les missions de bombardement de la 8th Air Force, Wyler choisit de se focaliser sur la dernière mission du B-17 "Memphis belle", qui eut lieu le 17 mai 1943 sur Wilhemshaven. A un moment où la Luftwaffe avait encore l'avantage, la "Belle" réussit à ramener ses dix hommes d'équipage, indemnes, pendant vingt cinq missions au dessus de la France, de l'Allemagne, et de la Belgique. Ce ne fut pas toujours sans mal, ayant été touchée par les chasseurs et la flak, à cinq reprises. Le 6 juin 1943, l'avion et son équipage furent retirés du service et retournèrent aux Etats-Unis pour un repos bien mérité. Mais le doute subsiste, le «Memphis Belle» est-il bien le premier avion à avoir bouclé son tour d’opération ? Il convient de préciser que les équipages ne volaient pas forcément toujours ensemble, et en outre, pas toujours sur le même avion…Qui a donc effectué la vingt cinquième mission, l’équipage ou l’avion ? Le premier avion serait en fait, le B-17 «Hell’s angels » du 303 th BG qui aurait terminé sa vingt cinquième mission le 13 mai 1943, alors que le « Memphis Belle » n’en avait fait que vingt et une, à cette date. L'équipage de Morgan n'effectua pas toutes ses missions ensemble. Le capitaine Verinis était le copilote de Morgan au début de leur tour d'opération, puis était devenu en décembre 1942, pilote et commandant de bord d'un B-17 qu'il avait baptisé "Connecticut Yankee". Verinis avait achevé son tour, deux jours avant le reste de l'équipage de Morgan. L'équipage de Morgan n'était pas non plus celui que Wyler avait sélectionné au début pour son film. Il avait d'abord suivi celui du capitaine Oscar O'Neill et de son avion l'"Invasion 2", du 401st BS, jusqu'à ce qu'Oneil et cinq autres, avions fussent descendus au dessus de Brême, le 17 avril 1943. Morgan fut donc à son tour sélectionné, et son équipage réuni par la 8th Air Force pour terminer leur tour ensemble.

On nous explique, avec croquis animé à l'appui, que la mission sur Wilhemshaven n'est qu'un partie d'un vaste plan comprenant l'intervention simultanée de chasseurs d'escorte (sur le début du parcours), de plusieurs vagues de bombardiers, dont des bombardiers moyens lancés sur des objectifs plus proches de la côte, et des bombardiers lourds envoyés sur des objectifs secondaires. On envoie même au dessus de la mer du Nord des bombardiers lourds sans bombe, pour servir de leurres, afin de forcer la Luftwaffe à disperser ses forces, et de cacher aux radars, jusqu dernier moment, l'objectif principal !

La Paramount distribua gratuitement, cinq cent copies de ce film de quatre bobines à près de neuf mille cinémas en avril 1944, un geste qui détermina le général H.Arnold à écrire une lettre de remerciement au président de la Paramount. Une projection spéciale fut organisée pour les officiers et les cadets de l'académie militaire de West Point.

Le film de Wyler reste à ce jour un des meilleurs documentaires produit pendant la guerre. Tourné en Technicolor et ayant nécessité prés de quatorze  mois à produire, le film montre en termes simples, les réalités de la vie de tous les jours des équipages de bombardiers en Angleterre. Wyler et les cameramen de l'Army Air Force, le major  William Clothier et le lieutenant Harold Tannenbaum, étaient affectés au 91st Bomb Group, basé à Bassingbourne-Cambridgeshire. Ce groupe fut celui qui subit les plus fortes pertes de toute la guerre. Tannenbaum, un vétéran de la Grande Guerre, trouvera la mort lors de sa quatrième mission, quand son B-17 sera abattu au-dessus de Saint Nazaire. C'était la première perte de la First Motion Pictures Unit de l'USAAF, commandée par le major Paul Mantz, mais pas la dernière. Six mille mètres de pellicule furent utilisées lors de treize missions, au dessus d'objectifs, tels les abris à sous-marins de Lorient, les usines d'aviation de Brême, et les gares de triage de Rouen, d'octobre 1942 à mai 1943. Wyler et William Clothier firent chacun cinq missions, et Wyler embarqua à bord du "Memphis Belle" pour sa dernière mission. Le montage du film eut lieu aux Etats-Unis, aux studios du FMPU, à Fort Roach (Ca.).

Sorti en avril 1944, "The Memphis Belle" reçut un accueil élogieux de la critique, à travers tout le pays. Pour sa direction, le major Wyler reçut la Distinguished Service Medal et fut promu lieutenant-colonel. Avec le film de John Huston "San Pietro", "Battle of Midway" de John Ford, "The figting lady" de Louis de Rochemont, "The Memphis Belle" apporta aux gens de l'arrière un aperçu de la vraie guerre, et devint un des films les plus fameux de la seconde guerre mondiale. En 1990, une version romancée du documentaire, appelé "Memphis Belle", fut produite par David Putnam et la fille de Wyler, Catherine.

 

Les avions du film :

Le B-17F "Memphis Belle" aurait été nommé ainsi, d’après une certaine Margaret Polk de Memphis, qui était la petite amie du pilote, Robert K. Morgan. Le départ pour l’Angleterre de Morgan avait cependant mis fin à la liaison. Morgan aurait tout aussi bien pu être inspiré par le film « Lady for a night » (sorti le 13 avril 1942 en Angleterre), où John Wayne s’appelle Jack Morgan, et Joan Blondell est surnommée «Memphis Belle»…Rappelons qu' en Anglais, un avion comme un bateau, est du genre féminin.

Le vrai «Memphis Belle», un B-17F-10-BO (s/n 41-24485), fut célébré comme une star. Après sa tournée de propagande à travers les Etats-Unis, il fut utilisé pour l’entraînement en Floride, avant d’être réformé vers la mi 1945, à Altus AFB (Oklahoma). Il fut sauvé du parc à ferraille par les notables de la ville de Memphis, et exposé à l’aéroport, puis dans un parc de loisirs de la ville. En 2004, cet avion fut pris en charge par la Memphis Belle Memorial Association de Millington (Tn.). En octobre 2005, déclaré monument  historique, il fut acheminé au musée de l’USAAF de Wright Paterson. (Ohio), où « Memphis Belle » y subit actuellement un lifting approfondi.

Le "Memphis Belle" porte le code DF-A du 324th BS, 91st BG, comme le "Desperate Journey" (s/n 42-305) du film, qui sera descendu le 21 mai 1943. Mais le documentaire montre aussi des avions d'autres squadrons du même groupe : le 323nd (code QR), le 322nd (code LG) dont "Dame Satan" (s/n 42-2990) descendu le 17/08/43 sur Schweinfurth, le 401st, comme le "Royal Flush" (s/n 42-5132) qui s'écrasera en mer du Nord le 22 juin 1943, ou le "Hitler's Gremlins" (s/n 42-3043) qui devra amerrir, à court de carburant, dans la Manche.,en août 1943, au retour de Schweinfurth.

Mais, lord des scènes de décollage, apparaissent dans le film des B-17 du 305th BG. basés successivement à Grafton Underwood, puis à Chelveston (Northamptonshire), appartenant à divers squadrons : le 365th BS (code XK), le 422nd BS (code JJ), le 366th BS (code KY) et le 364th (code WF), auquel appartient le B-17F-25-BO (s/n 41-24617) "Southern Comfort", dont l'équipage dut se parachuter au dessus de l'Angleterre, au retour d'une mission.

Au début du film on a droit à quelques échantillons de "nose art"". En plus de "Desperate journey" et de "Royal Flush", susmentionnés, on a ainsi, "Elno Gal", "In des Fuehrer's Face". A la fin du film, on voit le B-17 "Old Bill" revenir avec le poste du bombardier entièrement détruit par une attaque frontale d'un chasseur allemand. Cela arriva le 15 mai 1943, au retour d'une mission sur Helgoland. Neuf hommes d'équipage sur onze (il y avait un photographe à bord) furent blessés. L'avion dut être ferraillé. Un autre avion, "Old Battle Axe" (s/n  42-29699) du 547th BS (384th BG), revient avec une dérive fortement endommagée. En septembre 1943, il aura moins de chance, et finira dans la Manche, au retour de Nantes.

Coté allemand, les apparitions sont plutôt furtives.. Certain silhouettes peuvent être identifiées comme des Messerschmitt Bf.109, d'autres,  comme des Focke Wulf 190, mais c'est tout.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur  amazon.fr

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