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07 Y MENYAET KURS

 

07 Y MENYAET KURS

(07 a changé de cap)
 
 
Année : 2007
Pays : Russie
Genre : action
Durée : 1 h 31 min.
Couleur
 
Réalisateurs : Vladimir POTAPOV, Olga POPOVA
Scénario : Ruslan CHURAKOV, Yevgeni MESYATSEV

 Acteurs principaux :

Sergey MAHOVIKOV (Viktor Kirsanov), Anna TARATORKINE (Olga Krasnov), Sergei BATALOV (Bulygin), Dmitry MULIAR (Leonid Rybikov), Vladimir MENCHOV (le président russe), Boris KLUEV (le président américain), Mikhail ZHIGALOV (grand-père Kirsanov), Boris GALKIN (le père d'Olga), Georgi MARTIROSYAN (major George Beeks), Oleg KAZANCHEEV (Ghafoor)

Producteur : Aleksei GOLODNITSKY
Musique : Roman DORMIDOSHIN, Viktor LEBEDEV
Photographie : Yuri NEVSKY
Compagnie productrice : Kinomir
 

Aéronefs

  • -Antonov An-12BP 
  • -Beriev A-50 
  • -Eurocopter AS.350B2 Ecureuil 
  • -Sukhoi Su-27
  • -Sukhoi Su-30M
  • -Tupolev Tu-160 
  • -Tupolev Tu-95MS

Notre avis :

Ce film est à la gloire des forces aériennes stratégiques russes. Il célèbre la bravoure des officiers russes, l'amour de la patrie et le sens des responsabilités envers leur pays...Il est caractéristique de l'ère Poutine qui coïncida avec le retour de l'Armée soviétique sur la scène internationale et sa volonté de redevenir une puissance militaire majeure. Depuis, les bombardiers russes ont été vus dans le golfe de Gascogne, au Venezuela, au large de Guam, dans l'Arctique, aux frontières du Canada...Mais ce film ne marque pas le retour à la guerre froide. Les États-Unis sont les "amis" de la Russie depuis que cette dernière est devenue plus capitaliste que l'oncle Sam. Le film va même plus loin. L'histoire se déroule lors de manœuvres communes de l'OTAN et des forces armées russes ! On n'en est pas encore là...

 Sur une île de l'Atlantique, un avion cargo livre, grâce à la complicité d'un officier russe, un simulateur de vol du nouveau bombardier russe, à un groupe de terroristes menés par un certain Gahfoor. Quand l'avion repart, ce dernier le fait exploser en vol ! Peu après, un officier américain, le major Beeks, rencontre Ghafoor sur un bateau, par l'intermédiaire de Lester, un trafiquant d'armes . Les Américains sont intéressés par le nouveau système électronique "Gorgone" installé à bord du bombardier russe et qui permet de le rendre invisible sur les écrans radar. Ghafoor accepte de leur livrer moyennant finance. Pendant ce temps, à Moscou, on prépare les manœuvres conjointes avec l'OTAN qui doivent se dérouler dans l'océan Atlantique. Les forces aériennes russes emploieront deux bombardiers, un avion radar et deux chasseurs. Ce sera l'occasion de tester le nouveau matériel ultra secret qui sera mis œuvre par l'ingénieur Olga Krasnov, que le pilote du Tu-160, Viktor Kirsanov, connait bien puisque c'était son ancienne petite amie avant son entrée à l'académie militaire. Mais la base des bombardiers est étroitement surveillée par les terroristes qui disposent de systèmes d'écoute sophistiqués. Un mécanicien à leur solde installe discrètement à bord du Tu-160, un boitier électronique. Le jour des manœuvres, les avions russes décollent et se dirigent vers l'Atlantique. Quand ils arrivent à proximité d'un porte-avions américain chargé de les intercepter, Olga active le système "Gorgone" et les avions disparaissent des écrans américains ! Mais peu après, Viktor se rend compte qu'il ne contrôle plus le bombardier qui change de cap tout seul ! Les terroristes installés dans le simulateur du Tu-160, ont pris le contrôle de l'avion, via un satellite. Dans le bombardier, l'équipage essaie de comprendre. A Moscou, on est prêt à donner l'ordre d'abattre le Tu-160, mais Viktor obtient un sursis auprès du président russe. Olga finit par trouver qu'un émetteur étranger a été installé dans la soute à bombes. Le copilote ouvre un panneau dans le fond du cockpit qui permet à Olga d'y pénétrer, mais elle ne peut manipuler l'émetteur sans tout faire exploser. Le président russe intervient alors auprès de son homologue américain pour que la station spatiale internationale qui est en orbite autour de la terre, capture le satellite par l'intermédiaire duquel les terroristes donnent des ordres au bombardier. Le major américain Beeks et Lester se rendent chez Ghafoor pour lui remettre l'argent. Une fois payé, celui-ci les tue aussitôt ! Dans le bombardier, Olga cherche toujours le moyen de couper la communication avec le satellite, mais quand celui est capturé par la station spatiale, le bombardier redevient pilotable. Ayant localisé le repaire de Ghafoor, Viktor et son équipage préparent la riposte et envoient un missile de croisière dans le PC des terroristes. De retour à leur base, l'équipage du Tu-160 est chaudement félicité. L'épreuve a en outre rapproché Olga de Viktor. Le lendemain, est organisée une cérémonie officielle pendant laquelle le président russe les décore.

 Si la guerre froide est terminée, le film n'hésite pas à compromettre un officier américain en uniforme (le major Beeks) avec un trafiquant d'armes (qui a une petite amie munie de deux véritables ASM, Armes de Séduction Massive...) et des terroristes islamistes, au teint basané, portant barbes et keffieh, sans doute originaires de pays dont le nom se termine en "stan"...Mais les Américains ne sont pas les seuls visés. Au tout début du film, on voit un officier livrer aux terroristes un simulateur de vol (on n'est d'ailleurs pas sûr que le simulateur du Tu-160, avec tous ses systèmes, ait pu loger dans la soute d'un An-12..). Son avion porte les couleurs ukrainiennes jaune et bleu, mais mises à l'envers et son matricule commence par "U"... De là, à penser que cet officier est ukrainien, il n'y a qu'un pas. En 1991, lors de l'indépendance de l'Ukraine, le pays hérita de dix-neuf Tu-160 basés sur son territoire et le gouvernement envisagea un moment d'en vendre quelques uns à une société américaine... En 1999, la Russie en racheta neuf en annulant certaines dettes ukrainiennes et les autres furent détruits, à l'exception d'un seul destiné à être exposé. On voit donc que le scénario du film est aussi inspiré par le climat de méfiance qui s'est installé en Russie vis à vis de l' Ukraine, soupçonnée de vouloir passer dans le camp occidental et d 'adhérer à l'OTAN.

 Ce film n'est pas exempt d'invraisemblances, même si le pilotage du Tu-160 à distance, à partir d'un centre de contrôle à terre, semble possible. La première invraisemblance est le système "Gorgone"capable de faire disparaitre des écrans un avion de près de 270 tonnes...Le Tu-160 a seulement des formes conçues pour diminuer sa signature radar, sans plus. La mission dure, dans le film, environ six heures, ce qui est tout à fait acceptable pour un bombardier ou un avion de surveillance, mais pas pour un chasseur, sans ravitaillement. Il est impossible de démonter (surtout en vol) ou de passer à travers la cloison étanche située à l'arrière du cockpit (et contre laquelle se situent les toilettes, séparées du couloir par un rideau). On ne peut reprogrammer, en l'air, les coordonnées des cibles qui sont entrées au sol. L'équipe technique en charge de l'avion au sol se compose de neuf personnes et pas d'une seule. L'équipage du bombardier est fixe et on n'en change pas les membres au gré des missions, comme dans le film. Il n'y a pas de femme dans les équipages de bombardiers (on n'est plus en 1944..). Pour ne gêner personne (à part les Ukrainiens..), les scénaristes ont basé les terroristes sur une île isolée dans l'océan Atlantique, au NE de l'Islande, une île qui n'existe pas...

 Cette production russe, agrémentée à la sauce hollywoodienne, est intéressante dans la mesure où elle nous permet de voir du matériel russe récent et notamment le bombardier stratégique Tu-160,  toujours en service. Les Russes font là mieux que les réalisations d' Hollywood, avec leurs copies plus ou moins exactes de F-117 ou avec l'éternel B-52... A quand un film américain avec le B-1, le cousin américain du Tu-160, ou avec le B-2A Spirit ?

 

Les avions du film :

Le film a été tourné à Moscou et à Saratov, mais aussi sur les bases aériennes d'Ivanovo, de Chkalovsky, d'Engels et à Naro-Fominsk, dans la zone de déploiement de la division blindée Kantemirovskaya.

 Le premier avion du film est un Antonov An-12BP, interlope, muni d'un faux matricule "UA-12124" et portant un drapeau bleu et jaune ressemblant beaucoup à celui de l'Ukraine, mais avec le jaune en haut...Malgré sa livrée de l'Aeroflot, c'est un ancien avion de l'Armée (c/n 402505, RA-12124) qui est actuellement stocké sur la base de Chkalovsky, près de Moscou où il a été filmé.

 Les bombardiers furent filmés sur la base d'Engels où est stationné le 121° Régiment de Bombardement lourd de la Garde, qui est la seule unité à mettre en œuvre le Tupolev Tu-160, code OTAN "Blackjack". Sur le film, on n'en voit pas plus de quatre, mais il y en aurait quinze ou seize  en service. Chaque avion a reçu le nom de militaires ou de sportifs célèbres. Ainsi on reconnait en arrière plan, le Tu-160 n°05 "Alexandre Golovanov" (un maréchal d'aviation). L'appareil de Kirsanov est le n°07 "Alexander Molodchiy" (un pilote de bombardier de la dernière guerre mondiale) dont le nom a été effacé. Ce bombardier fut livré le 5 mai 2000, certains appareils anciens étant modernisés et remis en service. Le "Blackjack" est entièrement revêtu d'une peinture... blanche, supposée réfléchir certaines radiations thermiques d'une explosion nucléaire (une peinture adoptée par les bombardiers anglais "V" dans les années cinquante..). C'est de cette livrée immaculée que l'avion tire son nom russe de "Cygne blanc" (Belyj Lebed).

 L'entrée de l'équipage se fait, comme sur le Tu-95, par la soute du train avant. La trappe d 'accès au cockpit est située dans le logement de la roue. Mais il n'y a pas d'échelle escamotable et l'équipe au sol doit installer une échelle amovible. Le cockpit abrite quatre membres d'équipage installés sur des sièges éjectable Zvezda K-36LM. Les sièges des pilotes, comme on peut le constater, s'inclinent pour leur permettre de s'installer à leur poste. Derrière le pilote, s'installe le navigateur qui s'occupe également des systèmes d'armes, et derrière le copilote, prend place un autre navigateur-radio chargé des contremesures électroniques. Ces deux navigateurs disposent d'un hublot qui peut s'ouvrir vers l'intérieur. L'avion se pilote avec un manche identique à celui d'un chasseur; le pilote dispose de commandes de gaz à sa gauche. Le tableau de bord est clair et bien ordonné, mais tout à fait classique voire suranné, sans aucun écran, avec cadrans et voyants; on y trouve deux ventilateurs anachroniques, présents dans les cockpits russes depuis plus de cinquante ans....Rappelons que la conception du "Blackjack" remonte à plus de vingt ans. Cependant, il n'est pas sûr que le cockpit montré dans le film soit celui du n°07, un appareil relativement récent. Certains Tu-160, remis dernièrement à niveau, ont des systèmes électroniques améliorés et un tableau de bord différent, encore tenu secret.

 On remarque au décollage, la fumée orangée caractéristique de ses réacteurs Kuznetsov NK-321 (30 tonnes de poussée unitaire, jusqu'à 55 tonnes avec postcombustion !). Toutes les vues du film ont été prises avec les ailes déployées (52 mètres d'envergure), en configuration basse vitesse. Seuls les images de synthèse de l'avion montrent les ailes repliées. L'équipage n'est pas équipé pour les vols à haute altitude pour lesquelles le Tu-160 est optimisé, et ne porte pas de combinaisons pressurisées. Pour détruire le PC des terroristes, Kirsanov lance un missile de croisière KH-55 Granat, qui fait partie de la panoplie du Tu-160.

Le deuxième bombardier montré dans le film, surtout au sol à Engels, est un Tupolev Tu-95MS Bear-H. Ce modèle peut également servir d'avion de reconnaissance. On en voit sept alignés sur un parking de la base d'Engels, leurs cockpits recouverts d'une bâche.

 Ces deux bombardiers sont accompagnés par un avion de surveillance aérienne, un Beriev (Ilyushin) A-50. Celui du film, le n°42, (c/n 0093484538, s/n 64-05) opère au sein des forces aériennes soviétiques et russes depuis 1989. Cet AWACS, toujours en service, fut filmé sur sa base d'Ivanovo.

 On voit deux chasseurs décoller de la base de Koubinka, des Sukhoi, code OTAN Flanker : un Su-27 (n°06) monoplace et un Su-30M biplace (le n°62 alternant, avant le décollage, avec le n°67). Ce dernier appareil a un faux cockpit peint sur le dessous, à la façon de certains F-18. Ces avions ont un rayon d'action d'environ 1500 km, un peu juste pour suivre un Tu-160 (7300 km de rayon d'action).

 Des chasseurs Grumman F-14 Tomcat décollent du porte-avions américain, mais ce sont des images de synthèse. Rappelons que cet avion a déserté les ponts d'envol depuis 2006, pour laisser la place au F-18.

Les trafiquants américains se déplacent dans un hélicoptère Eurocopter AS.350B2 Ecureuil immatriculé "A-04106" (c/n 3320, RA-04106). Lors des manœuvres ont voit un hélicoptère Kamov Ka-27 de lutte anti sous marine ayant immergé un sonar.

 Sur mer, plusieurs navires russes participent aux manœuvres: deux frégates lance-missiles anti sous-marines de type Krivak I (n°702), et Neustrashimyy (n°714 ?) et un destroyer lance-missiles de type Sovremennyy, le "Nastoychivyy" (n°610), dont le commandant envoie des signes amicaux à son homologue américain sur la passerelle d'un porte-avions non identifiable (classe Nimitz).

 

Christian Santoir

  *Film disponible sur amazon.fr

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